Chapitre 2 bis
Aujourd'hui, elle regarde Louis et se dit que tout en valait la peine. Son fils est la lumière de sa vie, et même si Bertrand n'est pas toujours présent, Louis comble une partie du vide qu'elle ressent. Nelly s'avance lentement, dépose un léger baiser sur le front de son bébé, et se promet que, peu importe les absences de Bertrand, elle sera là pour lui, toujours.
Lorsque Nelly descend les escaliers, elle sent une douce chaleur se faufiler autour de ses chevilles. Capuchon, son vieux matou, vient à sa rencontre, frottant sa tête contre ses jambes avec un petit miaulement étouffé. Ses longs poils sombres et soyeux glissent contre sa peau, et elle s'arrête un instant, savourant ce moment de tendresse silencieuse.
— Ah, toi au moins, tu es là, murmure-t-elle en se penchant pour caresser son chat.
Capuchon ronronne doucement, un son apaisant qui fait vibrer l'air. C'est l'une des rares constantes réconfortantes de ses journées. Le ronronnement grave et régulier du chat résonne dans son cœur, lui apportant un peu de réconfort. Ses doigts s'enfoncent dans le pelage duveteux, et pendant un instant, elle se laisse aller à cette simple joie.
Elle se redresse avec un soupir, traverse la pièce et retourne dans la cuisine. Le verre de jus de fruits qu'elle a laissé sur le plan de travail l'attend, immobile. Elle le prend et se dirige vers le canapé du salon, s'y enfonce avec un mélange de lassitude et de résignation. Elle jette un coup d'œil à son téléphone, posé à côté d'elle. Pas de message de Bertrand. Toujours rien. Cela fait maintenant plusieurs jours qu'il est à Paris pour son tournage, et il n'a même pas pris le temps de lui envoyer un simple texto d'encouragement pour sa représentation.
Elle soupire, frustrée, puis compose le numéro de l'hôtel où il séjourne. Les premières sonneries résonnent dans son oreille, longues et froides. Une, deux, trois... À la cinquième sonnerie, il finit par décrocher, sa voix légèrement agacée.
— Oui, bonsoir ma puce, ça va ?
Son ton est cordial, mais Nelly sent une certaine distance. Comme s'il prononçait ces mots par automatisme, sans réel intérêt.
— Merci, et toi ? réplique-t-elle, espérant capter une vraie attention de sa part.
— Je bosse, lâche-t-il, comme une excuse. Je rentrerai que vendredi... tard. M'attends pas, je mangerai sur la route.
Une vague de déception la submerge. Encore une promesse non tenue. Il avait dit qu'il serait là plus tôt, qu'ils pourraient passer du temps ensemble. Mais non, une fois de plus, le travail passait avant elle, avant leur famille.
— Je voulais m'endormir avec toi, avoue-t-elle, sa voix douce mais teintée de tristesse.
Le silence de Bertrand à l'autre bout du fil est palpable, comme si ce qu'elle venait de dire était un simple caprice, un détail insignifiant à ses yeux.
— Écoute, Nelly, j'ai vraiment beaucoup de boulot. Ce week-end, d'accord ?
Son ton se fait plus pressant, comme s'il cherchait à éteindre la conversation rapidement. Mais Nelly n'en peut plus de ces éternelles promesses qui ne se réalisent jamais.
— Tu m'as dit ça la dernière fois, réplique-t-elle, un soupçon de reproche perçant sa voix. Et tu n'es même pas venu.
Bertrand soupire à son tour, et son exaspération commence à transparaître.
— Oh, ça va, hein ! Tu sais bien que je fais ça pour nous ! Tu pourrais être reconnaissante, non ?
Ces mots la frappent en plein cœur. La culpabilité, comme un poison lent, commence à se répandre en elle. Il avait toujours cet art de retourner la situation, de lui faire sentir qu'elle était celle qui n'en faisait jamais assez, celle qui ne comprenait pas les sacrifices qu'il faisait.
— Je sais, murmure-t-elle, tentant d'apaiser les choses. Mais...
— Fais un effort et prends sur toi, ma puce, s'il te plaît, l'interrompt-il, d'un ton doux mais ferme, presque condescendant. Je révise mon texte, là... Tu sais, Paris serait tellement plus sympa si tu étais là.
Ses mots sont comme une caresse empoisonnée. Il la fait se sentir coupable, mais en même temps, il insinue qu'elle pourrait être plus présente, plus compréhensive. Nelly sent son cœur se serrer, et elle essaye de trouver un compromis.
— Je peux monter avec Louis, si tu veux ? propose-t-elle, une étincelle d'espoir dans la voix.
Elle veut croire qu'il a encore envie d'elle, de leur famille, qu'il désire passer du temps ensemble. Mais sa réponse tombe comme une douche froide.
— Je n'aurais pas le temps de vous voir entre les différentes scènes du tournage, rétorque-t-il. Mais vous me manquez, ajoute-t-il, sans réelle conviction. Je t'aime.
Les mots sonnent faux, comme une formule qu'il prononcerait par habitude.
— Je dois me coucher, pour être frais demain ! conclut-il, mettant fin à la conversation de manière abrupte.
Nelly se mord les lèvres, une dernière tentative de le garder avec elle, ne serait-ce que par téléphone.
— Tu ne veux pas t'endormir avec moi ? Juste cinq minutes, le temps de te dire bonne nuit...
Mais Bertrand soupire à nouveau, cette fois clairement agacé.
— Écoute, mon ange, je suis vraiment crevé. Une autre fois, d'accord ? Et tu sais que j'ai besoin de sommeil pour que mon teint reste parfait, non ?
Le dernier coup, léger mais cruel. Toujours cette façon de se dédouaner, de faire passer ses besoins avant tout. Nelly sent une boule se former dans sa gorge, mais elle ravale ses émotions. Elle a appris à ne pas trop se plaindre, à ne pas demander plus que ce qu'il était prêt à donner. Elle s'efface, comme d'habitude.
— Je sais. Dors bien, finit-elle par dire d'une voix faible, presque résignée.
Il raccroche sans un mot de plus, et le silence se fait lourd autour d'elle. Nelly pose son téléphone sur la table basse, les yeux baissés, le cœur lourd. Encore une conversation où elle a l'impression d'avoir tout donné, sans rien recevoir en retour.
Capuchon choisit ce moment pour sauter sur le canapé, se lovant contre elle. Sa présence chaleureuse est un baume pour ses émotions meurtries. Elle se penche pour caresser son chat, ses doigts glissant lentement dans son pelage doux. Le ronronnement rassurant de Capuchon résonne à ses oreilles, lui apportant un peu de réconfort. Au moins, lui est toujours là, fidèle et aimant, sans attendre quoi que ce soit en retour.
— Un p'tit film, Capu ? Allez, juste un peu, murmure-t-elle en se laissant tomber plus profondément dans le canapé, allumant la télévision pour combler ce vide immense laissé par l'absence de Bertrand.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top