Chapitre 11 bis

Elle avait osé lui écrire un courrier qu'elle avait glissé dans son casier, un geste audacieux qu'elle n'aurait jamais imaginé faire quelques semaines plus tôt. Son cœur avait battu la chamade, sa voix tremblante d'appréhension, mais, à sa grande surprise, il avait répondu.

Les premiers échanges étaient hésitants, maladroits, comme un bal timide entre deux âmes cherchant leur rythme. Mais, très vite, quelque chose de spécial s'était installé entre eux, un lien fragile mais indéniable qui n'avait cessé de se renforcer au fil des conversations. L'adolescente souriait souvent bêtement dans son lit, ses doigts caressant le papier qu'il avait choisi. Jamais le même, pour la surprendre peut être ?
Chaque soir, impatiente de lire ses messages, de découvrir une nouvelle blague, une réflexion profonde ou même juste un simple « salut » qui faisait battre son cœur plus vite, elle se hâtait de monter dans sa chambre pour y lire quelques lignes ou des pages entières en fonction de l'inspiration de son correspondant. Il paraissait tellement différent sur le papier, comme un autre lui-même, un garçon plus confiant, plus ouvert. Là où il se montrait réservé et distant au lycée, ses courriers révélait un jeune homme drôle, brillant, dont les mots semblaient se libérer sans les chaînes de la timidité.

C'était étrange, cette impression de liberté, cette sensation de pouvoir tout lui dire sans crainte, alors qu'ils étaient simplement deux adolescents derrière des stylos. Éloignés mais plus proches que jamais. La distance physique disparaissait, laissant place à une connexion intime, presque secrète, où aucun regard extérieur ne pouvait juger ou interférer. Leur complicité croissait à chaque message échangé, loin du tumulte du lycée et des rumeurs qui y circulaient.

Pourtant, rien n'était secret dans le monde réel. Elle l'approchait souvent durant les pauses, dans les couloirs ou près des casiers, malgré les moqueries et les regards en coin des autres élèves. « Mère Teresa », certains l'appelaient ainsi, insinuant qu'elle s'approchait de lui par pitié, comme si il n'était qu'un cas désespéré, un solitaire qu'il fallait secourir. Mais ils ne comprenaient rien. Ils ne voyaient pas ce qu'elle voyait. Ce n'était pas de la pitié qu'elle ressentait. Non, c'était quelque chose de bien plus fort, plus profond. Elle l'aimait bien. Beaucoup, même.

Assise en tailleur sur son lit, elle laissa échapper un léger soupir, sentant son cœur se gonfler à la simple pensée de lui. Elle referma la lettre et la glissa dans l'enveloppe avec de la glisser dans une boite, cachée sous son lit. Elle éteignit la lumière, faisant tomber l'obscurité dans un soupir résigné. Le calme de sa chambre l'envahit, contrastant avec l'agitation de ses pensées, le regard fixé vers le plafond. Les petites constellations fluorescentes qu'elle avait collées sur le plafond quand elle était enfant scintillaient faiblement dans l'obscurité, dessinant un ciel imaginaire au-dessus de sa tête. Elle aimait cet effet. Chaque soir, elle se perdait dans ces étoiles artificielles, laissant son esprit vagabonder, rêver, et ces derniers temps, ses rêves ne tournaient qu'autour d'une seule personne. Lui.

Elle repensait à leurs échanges, à ces moments volés où, pour quelques instants, il semblait lui appartenir, rien qu'à elle. Il la faisait rire, avec ses blagues parfois maladroites, mais tellement sincères. Il parlait de ses rêves, de ses peurs, des choses qu'il n'osait pas dire à voix haute devant les autres. C'est en le lisant qu'elle avait appris à vraiment le connaître, à découvrir qui se cachait derrière cette façade discrète qu'il affichait au lycée. Il n'était pas le garçon que tout le monde voyait. Non, il était bien plus que cela. Il était profond, sensible, drôle, et terriblement attachant. Elle sentait son cœur battre plus fort à chaque pensée qui le concernait, une douce chaleur se répandant dans sa poitrine. Était-ce de l'amour ? Peut-être. Elle n'osait pas encore se l'avouer pleinement, mais chaque fois qu'elle fermait les yeux, c'était son visage qu'elle voyait, son sourire timide, et cette lueur particulière dans ses yeux qu'elle avait l'impression d'être la seule à percevoir.

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