Chapitre 10
Nelly était assise à la table de la cuisine, un sourire tendre aux lèvres alors qu'elle tient une petite cuillère remplie d'une purée maison, soigneusement préparée pour Louis. Le petit garçon, installé dans sa chaise haute, observait sa mère avec de grands yeux ronds, les lèvres entrouvertes, impatient de goûter la prochaine bouchée. Il gazouillait joyeusement, agitant ses petites mains potelées, comme s'il encourageait sa mère à continuer.
— Et voilà, mon cœur, une cuillère pour tata ! dit-elle en lui tendant une bouchée de la purée. Mmm... elle est délicieuse, tu vas voir.
Louis ouvrit grand la bouche, et Nelly déposa délicatement la cuillère entre ses lèvres. Le petit garçon fronça d'abord les sourcils, un peu surpris par la texture et la saveur, avant de se détendre et de sourire, révélant quelques petites dents.
Leticia, assise en face de Nelly, observait la scène avec un regard attendri, son visage radieux, malgré la fatigue qui semblait peser sur ses épaules. Ses yeux pétillaient de chaleur et de complicité.
— Quelle maman dévouée tu fais, Nel.
Leticia sourit.
— Je crois qu'il aime vraiment ta purée. Regarde-le, il te dévore du regard autant que son repas.
Nelly rit doucement, jetant un coup d'œil complice à son amie.
— Il sait reconnaître la qualité, répondit-elle, malicieuse. Je te prépare une assiette aussi, Leti ?
Leticia éclata de rire, secouant la tête.
— Oh non, merci. Je vais m'en tenir à ce qu'il y a au menu pour les adultes. Mais c'est tentant, je te l'accorde.
Après avoir nourri Louis, Nelly le prit doucement dans ses bras, le berçant avec tendresse. Elle respirait l'odeur sucrée de son bébé, se laissant emporter par cette bulle de douceur et de sérénité.
— Allez, petit ange, il est l'heure d'aller au dodo, murmura-t-elle en déposant un baiser sur son front.
Elle monta à l'étage et coucha Louis avec soin dans son lit, fermant sa gigoteuse délicatement autour de lui. Il baille déjà, les yeux lourds, prêt à sombrer dans le sommeil. Nelly lui caressa doucement la joue, murmurant des mots tendres avant de quitter la chambre, son cœur rempli d'amour. La vue de son fils endormi avait toujours ce pouvoir magique de la calmer.
En descendant les escaliers, elle rejoignit Leticia, qui avait déjà préparé la table pour leur dîner. La lumière tamisée ajoute une ambiance apaisante, tandis que l'odeur d'une salade fraîche et d'une bouteille de vin blanc remplissait la pièce.
— Bertrand n'est pas rentré à ce que je vois ? constate Leticia, en la regardant avec une pointe compatissante dans les yeux.
Nelly secoua la tête, essayant de dissimuler l'ombre d'agacement mêlé d'inquiétude qui commençait à se loger en elle.
— Non... Il m'a dit qu'il rentrerait vers vingt et une heure mais son tournage s'éternise, j'imagine.
Leticia la regarda en silence un moment, puis, tout en versant le vin, elle reprit la parole avec un sourire espiègle.
— Bon... on peut parler d'autre chose pour changer, mais je ne peux m'empêcher de ramener le sujet sur... Jonas Dupré ! dit-elle, les yeux brillant d'excitation. Sérieusement, Nel, tu vas passer tes journées avec lui !**
Nelly poussa un soupir exagéré, mais son sourire trahissait son amusement.
— Leti, pitié... Jonas Dupré, encore ? Je vais le supporter, oui, apparemment, je n'ai pas le choix.
Leticia rit franchement, amusée par l'exaspération feinte de son amie.
— Comment fais-tu pour ne pas être plus excitée que ça ? Ce mec est un dieu vivant pour la moitié de la planète !
Nelly roula des yeux, attrapant sa fourchette et piquant dans sa salade.
— Un dieu vivant... franchement. Il reste un homme, et un homme, ça se gère.
— Oh, arrête de jouer les blasées ! Leticia la taquinait, savourant chaque mot. Tu sais très bien que toute la ville, voir toute la France, fantasme déjà sur son arrivée.
Nelly secoua la tête, amusée.
— Pas moi. Tout ce que je veux, c'est survivre à ces quelques mois sans drame et... éviter le plus possible les paparazzis qui vont certainement envahir notre petite ville.
Un silence s'installa un instant, interrompu seulement par le bruit de leurs couverts. Puis, Nelly pose son verre de vin, son regard devenant plus sérieux.
— Dis-moi, Leti, tu es sûre que tu veux venir avec vous en Vendée ? Je sais que... tu n'apprécies pas vraiment Bertrand.
Nelly sentit son cœur se serrer légèrement à la mention de son mari. C'est vrai que Leticia et Bertrand n'avaient jamais vraiment accroché, et elle savait que Leti n'avait jamais été la plus grande fan de son époux.
— Je le fais pour toi, et pour Louis, dit Leticia d'un ton doux, mais ferme, ses yeux reflétant toute l'affection qu'elle portait à son amie. Vous êtes ma famille.
Nelly sentit les larmes lui monter aux yeux, touchée par la sincérité de son amie. Elle savait à quel point Leti tenait à elle, à Louis... et cela lui réchauffait le cœur.
— Merci, Leti, murmura-t-elle, sa voix légèrement tremblante. Je ne sais pas ce que je ferais sans toi.
Leticia sourit, tendant la main pour la poser sur celle de Nelly.
— On est une équipe, toi et moi. Toujours.
Leur regard se croisa, et dans ce moment de complicité, le poids des inquiétudes, des absences de Bertrand, des doutes semblait s'effacer. Il ne restait que l'amitié indéfectible qui les liait, ce lien si fort et si précieux qui les soutenait à travers toutes les épreuves.
Elles trinquèrent, leurs verres de vin se rencontrant dans un tintement léger, avant de continuer à discuter de leurs vacances en Vendée, imaginant déjà les balades en bord de mer et les éclats de rire sous le soleil. Nelly se sentait un peu plus légère, reconnaissante d'avoir Leti à ses côtés, même quand tout le reste semblait incertain.
Mais, en silence, Nelly ne pouvait s'empêcher de jeter des coups d'œil furtifs à son téléphone, espérant un message de Bertrand qui tardait toujours à venir...
Après le départ de Leti, le silence de la maison retomba comme une couverture épaisse. Nelly se laissa choir sur le sofa, un livre à la main, cherchant désespérément à se plonger dans l'histoire pour se distraire des pensées tourbillonnantes qui l'assaillaient. Capuchon, son fidèle chat, s'est roulé en boule à ses pieds, confortablement installé sur le plaid doux, émettant de légers ronronnements de contentement. Tout semblait paisible, du moins en apparence.
Mais Nelly ne parvenait pas à se détendre. Bertrand n'est toujours pas rentré. Son regard glissa automatiquement vers son téléphone posé sur la table basse. Elle hésita une seconde, les doigts flottant au-dessus de l'écran, puis elle tapa rapidement un message.
23:16 – Nelly : Tout va bien ? Tu as pu manger ?
Elle fixa l'écran, comme si son mari pouvait sentir l'urgence discrète de son message et répondre immédiatement. Les minutes s'étiraient, lourdes et interminables, chacune d'elles accentuant un peu plus son malaise. Elle tenta de lire quelques lignes de son livre, mais les mots ne faisaient que glisser devant ses yeux sans laisser de trace. Son esprit était ailleurs, complètement absorbé par cette attente.
Capuchon leva la tête un instant, sentant l'agitation intérieure de sa maîtresse, avant de se rendormir tranquillement, inconscient du tumulte émotionnel qui régnait en elle.
Nelly, elle, sentait monter une vague d'impatience, mêlée d'inquiétude. Bertrand avait eu un emploi du temps imprévisible depuis sa récente nomination pour cette série française, et elle avait toujours su l'accepter, mais ce soir-là, quelque chose la dérangeait plus que d'habitude. Peut-être était-ce le ton détaché de ses réponses récentes, ou simplement le fait qu'il ne semblait pas avoir conscience de la frustration croissante qui l'envahissait.
Finalement, le téléphone vibra doucement, rompant le silence.
23:52 – Bertrand : Pas encore parti.
Pas encore parti. Les trois mots résonnèrent en elle comme une cloche, amplifiant l'agacement qui s'était subtilement insinué dans son esprit. Nelly fronça les sourcils, ses lèvres se pinçant dans une expression de contrariété. Il était tard, très tard, et Bertrand n'était même pas encore en route pour rentrer.
23:54 – Nelly : Comment ça, pas parti ? Mais tu rentres ce soir ?
Elle envoya le message presque instantanément, ses doigts tapant plus fort que nécessaire sur l'écran, trahissant sa nervosité. L'attente pour une réponse se fit plus longue cette fois. L'horloge cliquetait doucement, chaque tic-tac amplifiant la tension sourde qui commençait à se propager dans son corps. Nelly sentit la colère monter, se mêlant à l'inquiétude qui ne cessait de grandir.
Ce n'était pas seulement le fait qu'il soit en retard. C'était le silence, son manque de communication, cette sensation qu'elle était laissée dans le flou, sans explication, sans considération. Elle n'était pas jalouse, non, ce n'était pas ça. Elle savait que Bertrand l'aimait, elle savait qu'il était fidèle et dévoué. Mais il y avait cette absence de présence émotionnelle, cette distance qu'il créait parfois sans même s'en rendre compte.
00:22 – Bertrand : Dans la nuit, sans doute.
Le message était bref, presque impersonnel, et Nelly ressentit un pic de frustration percer son calme habituel. « Dans la nuit, sans doute » ? Ce n'était pas une réponse. C'était comme s'il se dérobait à nouveau, fuyant un engagement concret. Elle serra les dents, son regard se durcissant alors qu'elle fixait l'écran. La nuit... elle était déjà tombée depuis longtemps !
Elle tapa rapidement une réponse, mais cette fois, son ton se voulait plus résigné, moins combatif.
00:25 – Nelly : OK. Fais attention à toi. Je t'aime.
Elle laissa tomber son téléphone sur la table avec un soupir exaspéré, se laissant complètement retomber contre les coussins du canapé. Elle se sentait vide, épuisée émotionnellement. Nelly fixa le plafond, son esprit incapable de se calmer. Elle aimait Bertrand, bien sûr, mais parfois, elle se demandait si lui comprenait vraiment ce que cela signifiait de la laisser ainsi, dans l'incertitude.
Le silence de la maison était devenu presque oppressant, les murs semblaient se rapprocher autour d'elle, l'enfermant dans ses pensées tourmentées. Nelly ferma les yeux un instant, espérant que le sommeil viendrait la libérer de cette spirale de frustration. Mais au lieu de cela, les minutes passaient lentement, marquées par le doux ronronnement de Capuchon à ses pieds, et les battements réguliers de l'horloge, comme autant de rappels du temps qui s'étirait entre elle et Bertrand.
Les heures avançaient, sans nouvelles de lui. Nelly finit par sentir ses paupières devenir lourdes, sa fatigue prenant enfin le dessus. Elle jeta un dernier coup d'œil à son téléphone, l'espoir ténu d'un message en suspens, puis se laissa aller, doucement, au sommeil.
À 00:47, son corps céda, et elle s'endormit sur le canapé, son téléphone posé sur sa poitrine, attendant toujours une réponse qui ne viendrait peut-être pas cette nuit.
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