Chapitre 25

   Le week-end venait d'arriver et Hermione l'inaugurait avec un petit déjeuner digne de ce nom. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu aussi faim et elle ne se privait pas pour satisfaire son estomac. Fred, à ses côtés, souriait en la voyant se servir et l'encourageait dans sa démarche. Cormac n'était pas apparu et quand le professeur McGonagall s'avança vers eux Hermione avala de travers.

« Mr. Weasley. »

   La jeune femme comprit que sa présence et l'absence de George avait confirmé au professeur qu'il s'agissait de Fred.

« Veuillez me suivre dans mon bureau, s'il vous plaît. »

   Le rouquin ne dit rien et se leva pour la suivre. Hermione ne put s'empêcher de s'emparer de sa main avant qu'il ne s'en aille trop loin. Il se tourna alors vers elle et lui fit un sourire encourageant. Il se pencha sur elle et lui embrassa le front. Quand elle le laissa partir, il se retourna une dernière fois vers elle en lui faisant un clin d'œil. Fred avait réussi, par ces gestes, à la rassurer quelque peu.

   Une heure entière s'écoula avant que ne vienne son tour. Elle s'y était attendu, mais se retrouver dans le bureau du professeur McGonagall restait un évènement assez intimidant. Elle relata au professeur ce qu'il s'était passé avec Cormac et la scène à laquelle elle avait assisté le matin même entre les deux jeunes hommes. McGonagall s'assura qu'elle se portait bien et l'envoya à l'infirmerie. Quand elle en ressortie, une heure plus tard, Fred l'attendait à la sortie.

« Alors... ? »

   La jeune femme se trouvait anxieuse. Elle n'avait pas osé demander à son professeur ce qu'avait récolté Fred et n'avait cessé de se poser la question depuis.

« Rien du tout.

-Rien du tout ?, répéta-t-elle.

-Non, et Cormac a reçu un gros avertissement. La position de son père le protège, mais il a écopé de plusieurs longues punitions qu'il n'est pas près d'oublier. »

   Hermione se sentit soulagée. Elle se fichait bien du cas de Cormac, elle ne songeait qu'à Fred et à elle-même. Mais elle fut satisfaite qu'une certaine justice soit prononcée, elle s'en sentait comme soulagée.

« Ça va aller ?, lui demanda-t-il.

-Elle va prévenir mes parents. »

   Fred sembla comprendre que cette idée ne lui plaisait pas, mais elle l'acceptait quand même. Ils avaient le droit d'être au courant, même s'il serait plus facile pour elle d'oublier toute cette histoire.

   Fred lui prit alors la main et ils se dirigèrent vers le parc. Il lui prêta son écharpe pour la protéger du vent et ils promenèrent ainsi quelques heures. Aucun d'eux ne parla, pas un mot ne fut prononcé. Hermione passa alors, à la surprise générale, une très bonne journée, une de celles qu'elle n'avait pas pu vivre depuis un bon moment.

*

   Les journées commencèrent alors à passer. Doucement, les heures défilaient devant Hermione sans qu'elle n'y accorde une grande importance. Elle occupait son temps en le répartissant entre le travail qu'elle avait à fournir pour ses différents examens et ses amis. Elle répondait aux lettres de ses parents sans les faire attendre, les rassurants du mieux qu'elle le pouvait. Elle se rendait également compte qu'elle s'était mise à leur parler de Fred, à leur décrire, sans trop de détail, la façon dont il prenait soin d'elle et dont il se montrait présent. Elle ne leur avait pas révélé tout ce qu'il s'était passé entre eux, mais elle devinait, par les réponses qu'elle recevait, que cela faisait du bien à ses parents de la savoir bien entourée.

   Fred passait effectivement plus de temps avec elle. Régulièrement, quand il n'avait pas cours, il venait la rejoindre à la fin du sien quand les obligations de la journée étaient terminées. Il restait avec elle lorsqu'elle révisait, l'aidant à répéter certaines notions ou à s'entraîner. La jeune femme se sentait mieux en sa présence, et lorsqu'il n'était pas avec elle, elle pensait à lui et à leurs bons moments et retrouvait le sourire grâce à cela. Ses amis semblaient d'ailleurs ravis pour elle.

   La fin d'une de ces journées venait d'avoir lieu et Fred, comme il en avait pris l'habitude, l'attendait à la sortie du cours. Elle sourit en l'apercevant, réalisant qu'elle l'avait attendu.

« Sortilège ou potion, aujourd'hui ?

-Aucun des deux, nous allons nous promener. »

   Il semblait surpris mais la suivit sans discuter. Fred lui souriait. Ils marchèrent ainsi, échangeant des banalités sur les professeurs, les camarades et des concepts appris en classe. Ils trouvèrent un banc de libre et s'y installèrent. Hermione aimait quand il faisait froid car les élèves sortaient beaucoup moins. Tranquillement assise avec Fred, elle espérait avoir des réponses. Elle se sentait prête à les entendre, et surtout elle ne s'imaginait pas continuer ainsi sans les avoir.

« Fred... Je veux te remercier pour ce que tu as fait. »

   Il comprit le sujet abordé et ne fit aucune remarque, aucune plaisanterie. Il l'écoutait avec attention.

« Merci de t'être montré présent pour moi après... ce qui est arrivé. Je veux que tu saches que ça m'a beaucoup aidé.

-Je ne m'imaginais pas faire autrement.

-Alors pourquoi tu m'as laissé tomber ? »

   Hermione ne s'était pas attendue à poser la question si abruptement. Elle réalisa qu'elle avait été en colère contre lui, en colère de l'avoir abandonné si rapidement, sans préavis, sans, semblait-il, une seule once de regret. Après avoir passé ce temps avec lui, après avoir constaté qu'il semblait bel et bien aimer être en sa compagnie, elle s'était mise à songer que, peut-être, ça n'avait rien avoir avec ce qu'il pouvait potentiellement penser d'elle, qu'il aimait réellement passer du temps avec elle.

   Ils n'avaient pas échangé un seul baiser depuis qu'ils s'étaient retrouvés. Ils s'étaient pris dans les bras, quelques fois, mais pas un geste plus intime n'avait été réalisé. Hermione ne cherchait pas à créer des occasions, elle ne voulait pas le brusquer et ne surtout pas le faire fuir. Elle se contentait très bien de la relation qu'ils avaient lors de cette période et n'en demandait pas plus. Mais maintenant, après ces jours dont elle avait pu profiter avec lui, elle voulait savoir pourquoi il avait fait ça. Et elle se pensait capable d'entendre la réponse. Peut-être n'avait-elle pas le recul nécessaire, mais elle se pensait capable de connaître cette vérité.

   Fred mit quelques instants avant de répondre. Il avait regardé le sol, l'avait scruté et, finalement, avait remonté son regard à sa hauteur. Se tournant vers elle, il lui avait alors répondu d'une voix faible :

« Je ne voulais pas t'empêcher de rencontrer d'autres garçons. »

   D'abord muette, elle prit du temps à comprendre ce qu'il venait de lui dire.

« Mais si j'avais su ce que Cormac ferait... Peut-être qu'il se serait abstenu s'il avait pensé que nous étions toujours ensemble...

-Tu n'y es pour rien.

-J'aurais pu l'en empêcher. J'aurais pu éviter qu'il se passe...

-Non, Fred. »

   La voix ferme, Hermione s'était complètement tournée vers lui. Elle affichait son expression sévère, celle où elle étriperait quiconque la contredirait.

« Tu ne pouvais pas prévoir ce qui allait se passer. Comme tu ne peux pas prévoir ce qui se serait passé. Peut-être que rien n'aurait changé. »

   Il plongea ses yeux dans les siens. Il culpabilisait, mais elle lisait également autre chose.

« Je regrette de t'avoir dit ça, Hermione.

-Il faut que tu me précises ce que tu regrettes exactement, Fred. »

   Elle le savait bien, mais elle voulait en être sûre. Elle voulait l'entendre de sa bouche.

« Je regrette de t'avoir dit que j'arrêtais le jeu, je... »

   Il s'interrompit brusquement. Un instant il observa le sol avant de revenir vers elle. Il lui prit alors la main entre les siennes, bien qu'elles soient toutes habillés de gants en laine. Ils n'échangèrent qu'un seul regard, un seul car aucun deux ne détournèrent les yeux.

« Non Hermione, je me suis trompé. Je ne regrette pas d'avoir mis fin à ce jeu. »

   Elle ne l'interrompit pas, bien qu'elle ne sentît plus son cœur battre dans sa poitrine.

« Je ne regrette pas d'avoir mis fin à ce jeu car pour moi ce n'était plus un jeu. Je... Hermione... »

   Il s'apprêtait à continuer, il avait toujours ses yeux plongés dans les siens, les joues rougis par le froid, la bouche ouverte prête à parler, quand Harry arriva devant eux, tout essoufflé. En le voyant sans sa cape, Hermione ne put s'empêcher de lui demander :

« Mais qu'est-ce qui te prend de sortir comme ça ?

-Il faut absolument que voyez ça ! »

   Fred et elle échangèrent un regard avant de se lever dans une synchronisation parfaite et de suivre leur ami en direction du château.

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