Chapitre 19

   Le Poudlard Express n'attendait pas. Tout le monde se dépêchait de monter dans les différents wagons, saluant leur famille de plusieurs signes de mains. Les parents d'Hermione lui avait fait la surprise de venir assister à son départ. Cela avait énormément fait plaisir à la jeune femme qui avait eu un pincement au cœur en pensant que ses parents la voyaient pour lui dire de nouveau au revoir. Elle profita néanmoins de leur étreinte autant que possible et ne rejoignit le wagon où ses amis se trouvaient qu'à la dernière seconde.

   Fred l'aida à monter la marche et referma la porte derrière elle. Hermione passa sa main par la petite fenêtre et salua sa famille et les Weasley qui l'avaient si bien accueilli. Quand le train fut complètement sorti de la gare, Fred passa ses bras autour de ses épaules et approcha sa bouche de son oreille pour lui confier :

« Je suis content que tu sois venu pour les vacances. »

   Elle lui sourit en réponse et ne put empêcher ses joues de rougir légèrement. Le matin même elle s'était réveillée dans les bras du jeune homme, comme plusieurs fois depuis cette fameuse nuit où elle avait rejoint son lit avant même qu'il n'y vienne. Elle se souvint de lui avoir révéler son cœur avant de plonger dans le sommeil, et la peur de sa réaction le lendemain n'eut d'égal que son soulagement lorsqu'elle s'était aperçue que le rouquin n'avait rien entendu. Pas un sous-entendu n'avait fait surface, pas un seul indice n'était apparu. Ainsi, ils avaient simplement continué à agir comme ils le faisaient depuis déjà plusieurs mois.

   Le rouquin partit rejoindre un compartiment et, alors qu'elle s'y dirigeait elle-même, elle trébucha sur un coin de la moquette qui commençait à se décoller. Des mains ferment la rattrapèrent et elle sourit en pensant qu'il s'agissait de Fred. En relevant la tête, son regard rencontra celui d'un jeune homme qu'elle ne connaissait pas. Elle l'avait déjà croisé, certes, mais elle ne se souvenait pas lui avoir un jour adressé la parole.

« Merci. »

   Sa voix était toute petite et elle craignait qu'il ne l'ait pas entendu. Cependant il lui offrit un large sourire.

« C'est tout à fait normal. Si je ne suis pas capable de sauver les jeunes demoiselles quand l'occasion se présente, je n'ai rien à faire à Gryffondor. »

   « Habile », pensa Hermione. Le jeune homme venait de lui indiquer sa maison sur le ton de la conversation. Elle préféra ne rien répondre et s'apprêtait à partir quand il la retint de nouveau :

« Tu es Hermione, n'est-ce pas ? Hermione Granger ? »

   La jeune femme se contenta d'hocher la tête après s'être tournée vers lui.

« Je suis ravie de te rencontrer, les rumeurs à ton sujet circulent depuis ta première année.

-Les rumeurs ?, ne put-elle s'empêcher de demander.

-Beaucoup disent que Potter serait mort si tu n'avais pas été là. »

   Elle fronça d'abord les sourcils, s'apprêta à dire quelque chose mais se ravisa.

« Tu ne me crois pas ?, insista-t-il.

-Ils ne doivent pas être nombreux à dire ça.

-Et en plus elle est modeste. »

   Hermione n'aimait pas sa façon de parler. Elle ne doutait pas que son sourire charmeur fasse fondre plus d'une fille, mais elle n'aimait pas ça non plus. Il ne semblait pas s'en rendre compte car il lui tendit la main :

« Cormac. Je m'appelle Cormac McLaggen. »

   Elle hésita une seconde puis choisit de lui serrer la main, afin de pouvoir partir rapidement sans manquer de politesse. Neville fut le dernier obstacle sur son chemin mais ils bavardèrent si bien tous les deux qu'une grande partie du chemin fut parcouru sans qu'aucun des deux ne rejoignent un compartiment.

*

« Et c'est pourquoi nous célébrerons cette victoire en fin de semaine avec une petite fête. »

   Le professeur Dumbledore, debout derrière la table des professeurs, leur confiait quelques paroles. Il venait d'expliquer aux élèves ce qui était arrivé à Lord Voldemort, sans entrer dans les détails. Il n'évoqua ainsi pas le processus par lequel était passé le mage noir pour survivre aussi longtemps. Il confirmait de ce fait ce que la Gazette du Sorcier et tous les autres journaux sorciers répétaient depuis une semaine.

« Ainsi, je vous souhaite un bon appétit. »

   Son petit sourire naquit sur ses lèvres et Hermione eut l'impression de retourner en premier année. La salve d'applaudissement qui survint fut ahurissante et la jeune femme se serait bouché les oreilles si elle n'avait pas été aussi heureuse. Bien qu'elle connût déjà la nouvelle, elle partageait entièrement la joie de ses camarades.

   Pendant que tous applaudissaient à tout rompre, Fred se pencha vers elle pour lui demander à l'oreille :

« Tu veux bien m'accompagner à cette fête, vendredi soir ? »

   En temps normal, elle aurait fait semblant d'hésiter. Mais Hermione hocha vigoureusement la tête, le rouge aux joues et le sourire plus grand que jamais. Le jeune homme cessa alors un instant d'applaudir et posa une main sur sa cuisse. Alors qu'il serrait légèrement ses doigts, il fit semblant de lui murmurer quelque chose à l'oreille mais lui mordillait en fait l'hélix. Elle ferma les yeux le temps de cet instant. Elle voulait passer du temps avec Fred, elle voulait l'avoir dans ses bras et lui faire mille et une caresse. Elle savait que cette envie n'était pas guidée que par les besoins physiques du corps humain, mais elle s'en fichait. La joie qu'elle éprouvait à ce moment au milieu de cette salle, au milieu de toutes ces personnes, lui prodiguait l'envie d'en donner aussi. Elle garda donc cette idée dans un coin de sa tête, pensant déjà à la salle de bain des préfets, quand tout le monde commença à manger.

   Le repas se déroula assez rapidement, même si Hermione convenait qu'elle n'avait pas vraiment conscience du temps qui défilait. Le picotement de fatigue à ses yeux disparu en quelques battements de paupières. Elle avait repéré Cormac qui, plus loin sur la table des Gryffondor, lui lançait de trop nombreux regards à son goût. Elle n'avait ceci dit aucun de mal à l'ignorer, elle peinait en revanche à contenir l'envie qu'elle éprouvait pour Fred en cet instant.

   Quand tout le monde eut enfin terminé de manger, Hermione s'assura de rester près de Fred. Elle lui tenait la main. Elle avait l'impression de flotter légèrement, sa démarche était légère et elle devinait facilement à la chaleur de son visage que ses joues se trouvaient rouges. L'euphorie de la soirée lui faisait pousser des ailes et elle n'attendait qu'une chose : réussir à éloigner Fred de la cohue. Tous les élèves de Poudlard avaient décidé de sortir de la Grande Salle au même moment. Ils réussirent tout de même à rester avec leurs amis, ce que la jeune femme ne considéra pas comme une aubaine aux vues de ce qu'elle avait prévu. Elle ne discuta avec personne sur le chemin. Fred faisait la conversation avec George et bien qu'elle n'en écoutât pas un mot, elle comprenait qu'ils étaient tous deux passionnés par leur récit. Alors qu'ils s'apprêtaient à accéder au dernier étage avant d'atteindre l'escalier menant à la Grosse Dame, Hermione resserra sa prise sur la main de son « copain » et l'entraîna à l'angle d'un mur proche. Ils furent rapidement hors de vue.

   Hermione n'avait pas fait attention s'ils s'étaient ou non fait remarqués. Elle conduisait Fred en courant dans le couloir, sa main toujours dans la sienne. Ce dernier ne prononçait pas un mot, probablement surpris par son comportement. Cette manière de se déplacer dans l'obscurité de l'école lui rappelait la façon dont Fred l'avait mené à la bibliothèque, quelques mois plus tôt. Qu'elle avait aimé ce moment...

   Ils arrivèrent bien vite devant la salle de bain des préfets. Elle n'était pas sûre que le rouquin la connaisse. Elle regarda dans toutes les directions avant d'y pénétrer, tenant toujours la main du Gryffondor. Elle se tourna vers lui et recula tout en lui tenant les mains. Ils avancèrent ainsi dans la pièce alors que la lourde porte se refermait derrière eux. Hermione lui souriait. Il la regardait mais, bien vite, ses yeux se perdirent sur l'architecture du lieu et il se mit à observer la pièce, fasciné. Ils arrivèrent alors au milieu de la marque laissée sur le sol par la fenêtre éclairée par la nuit, et les rayons de lune vinrent se poser sur le visage de Fred. Hermione put ainsi distinguer sans peine ses tâches de rousseurs, ses quelques grains de beauté, le reflet de ses cheveux roux dans la nuit que peu de gens avaient dû avoir la chance d'observer. Elle pouvait aussi voir le fin duvet sur ses joues et chaque petit détail qu'une lumière superficielle ne permettait pas toujours de remarquer.

   A ce moment, elle eut envie plus que tout de lui donner toutes les douceurs du monde.

   Toujours en souriant, elle l'attira doucement à lui. Il reporta alors sur elle toute son attention et se mit à sourire. Elle cessa de reculer et plaça ses mains sur le bas de son dos. Elle savait son sourire niais mais n'y prêta aucune attention, refusant de le retirer. A la place, elle approcha doucement son visage vers le sien et fut ravie de redécouvrir son odeur. Ce détail faisait partie intégrante de ses souvenirs et lui procuraient de multiples sensations. Pendant leur baiser, elle ferma les yeux, et sans le savoir elle devina que lui aussi. Puis au fur et à mesure, ses mains virent se perdre dans ses cheveux alors que Fred la rapprochait toujours plus de lui.

   Ils furent bientôt penchés dans leur échange, le dos d'Hermione presque arqué. Ils se redressèrent mais sans interrompre le baiser. Ils ne cessèrent même pas pour reprendre leur souffle, échangeant les positionnements de tête pour prendre une nouvelle inspiration. Peu à peu, Hermione sentit l'entre jambe de Fred contre le bas de son ventre qui durcissait. Cela eut l'effet de faire naître définitivement une chaleur dans son corps et elle l'attira encore plus à elle. Quelques pas furent fait pour atteindre un support.

   Ils restèrent ainsi un long moment. Aucun mot ne fut prononcé. Ils firent l'amour dans cette pièce, sans un seul témoin, et uniquement une pensine pourrait refléter ce qu'ils avaient échangé. Pourtant, ils ne firent rien de plus que d'habitude. Mais ce soir-là, une certaine magie flottait dans l'air. Un « on-ne-savait-quoi » qui rendait chaque geste propre à la personne qui le donnait et à celle qui le recevait. Mais bien sûr, ce n'est pas parce que deux personnes ont vécu la même chose au même instant qu'ils se le rappellent mutuellement plus tard. Ainsi, cet instant fut gravé dans le présent et dans leur mémoire, sans qu'aucun d'eux n'ait l'idée de décrire à l'autre tout ce qu'il pouvait ressentir.

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