Chapitre 18
« Et je crois bien que Severus n'a jamais cessé de l'aimer. »
La voix de Sirius enveloppait Hermione qui se laissait bercer par ses paroles. Le sommeil la prenait de plus en plus alors que la soirée continuait son cours. Le parrain de Harry était venu discuter avec elle et Ron, mais ce dernier avait fini par partir chercher quelques friandises. Par associations d'idées, le cours de la conversation avait dérivé sur le groupe des Gryffondor d'une autre promotion, que l'homme, qui n'était plus tout à fait jeune, avait bien connu. Il lui parlait de l'amour qu'avait éprouvé Rogue pour la mère de Harry et Hermione, elle ne savait comment, se souvint de la première question que le professeur avait posé à son ami : « Qu'est-ce que j'obtiens quand j'ajoute de la racine d'asphodèle en poudre à une infusion d'armoise ? ». Quelques années plus tard, la jeune femme avait appris que l'asphodèle faisait partie de la famille des liliacées et que dans le langage des fleurs, à l'époque victorienne, elle signifiait un regret du passé. Cela pouvait être une coïncidence quant au prénom de la mère de Harry, si seulement l'armoise ne signifiait pas les peines de cœur. Hermione le savait, Rogue aimait toujours Lily. Son regard se perdit sur Fred, un peu plus loin, et elle se mit à espérer que ses sentiments envers lui finiraient par se dissiper avec le temps. Elle pensait que cela était une idée raisonnable, un espoir pour trouver un jour le bonheur. Car même si elle aimait passer ce temps avec lui et qu'elle chérissait chacun de leurs sourires échangés, elle savait qu'elle ne pourrait pas supporter infiniment cette relation.
Hermione avait toujours préféré dire la vérité que de la cacher. Auprès de Fred, lui cacher ce qu'elle ressentait pour lui s'avérait une tâche difficile. Si elle ne le faisait pas pour son propre bien, la jeune femme n'aurait pas tenu aussi longtemps. Elle se disait, alors que Sirius partait chercher lui aussi quelque chose à manger, que Fred devait être bien aveugle s'il n'avait rien remarqué de ses sentiments. A moins qu'il préférât tout simplement ne pas en tenir compte. Elle y réfléchissait régulièrement et cela faisait fuir son sommeil et son sourire. Puis elle se rappelait qu'elle passait de bons moments en sa compagnie, et pour le moment c'était sans doute tout ce qui importait. Ainsi, comme chaque fois que des pensées tristes venaient envahir son esprit, elle décida de se changer les idées.
Elle se dirigea vers la porte, offrant un sourire à Remus qui venait de lui souhaiter un joyeux noël pour la troisième fois de la nuit. En refermant la porte derrière elle, et en savourant l'air frais qui venait la réveiller un peu, elle s'aperçut que Ron avait rejoint Harry dehors. Elle en fit de même et ils se retrouvèrent ainsi tous les trois installés sur le banc, près du mur de la maison. Ils observaient la ligne d'horizon où le champ à perte de vue leur offrait mille perspectives. Hermione soupira, elle se sentait bien.
« Il y avait une partie de l'âme de Voldemort à l'intérieur de moi. »
Elle tourna la tête aussi vite que le rouquin vers leur ami. Il lui fallut quelques secondes pour assimiler l'information et, une fois les émotions passées, tout pris sens.
« C'était à cause de ça que tu parlais le fourchelangue ? »
Harry hocha la tête.
« Elle n'est plus là ?, demanda Ron.
-Si mais... elle ne devrait plus poser de problème. »
Hermione lui lança un regard entendu et il précisa.
« Dumbledore et Rogue me l'ont dit. Il... Voldemort va disparaître petit à petit. Ma personnalité va prendre le dessus. »
Un nouveau poids, dont elle n'avait pas pris conscience, s'envola de ses épaules. La jeune femme soupira et s'autorisa un sourire tout en continuant à regarder à l'horizon.
« Alors c'est sûr, reprit Ron, on passera plus une année sans être en danger de mort ? »
Hermione laissa échapper un rire, bientôt suivit de Harry. Cette complicité qu'ils avaient tous les trois prenait une autre saveur. La nouvelle de Voldemort décimé procurait, en quelque sorte, une nouvelle insouciance à leur amitié. Aussi cruel tout ce qu'avait pu faire le Seigneur des Ténèbres, il leur avait permis à tous les trois de se rapprocher et de se lier d'une manière qui n'aurait pas été possible autrement. Hermione prit la main de Harry dans la sienne et ce dernier fit de même avec Ron. Le regard de nouveau touré vers le champ, et le bruit des conversations et des rires venant de la maison, ils se sentaient bien.
*
« Bonne nuit ma chérie. »
Ses salutations venaient de se terminer par Molly qui lui avait pris le visage entre les mains pour l'embrasser sur la joue. Avec un dernier signe de la main, Hermione monta l'escalier. Ses pas la conduisirent tout naturellement vers la chambre des jumeaux. Elle ouvrit la porte sans se poser de questions. Elle les savait en bas.
Sans attendre, elle se glissa dans les draps de Fred. Elle prit son oreiller dans ses bras et ferma les yeux. L'odeur du jeune homme l'enveloppa bien vite et elle eut l'impression de se sentir sur un petit nuage. Elle savait qu'elle ne devrait pas se trouver ici. Son cœur se trouvait au bord d'une falaise, avec l'irrésistible envie de sauter dans le vide. Toute sa raison lui hurlait de retourner dans la chambre de Ginny et de s'endormir bien vite, d'oublier sa tristesse de la soirée et de se lever avec le soleil dans une humeur agréable. Cependant, elle souhaitait profiter de cet instant pour graver dans son esprit l'odeur de Fred. Elle ne savait pas si elle l'aimerait encore dans plusieurs années, si elle penserait encore à lui quand elle atteindrait l'âge des cinquante ans, ou même s'ils seraient tous les deux encore en contact. Elle ne cherchait aucune réponse, elle trouvait toutes ces incertitudes normales. Hermione voulait simplement garder un souvenir de Fred Weasley. C'était pour cette raison qu'elle tenait son oreiller entre ses bras, le visage presque enfoui dedans.
De longues minutes s'écoulèrent qui la firent entrer petit à petit dans le sommeil. Néanmoins, elle n'en avait pas encore franchi le seuil quand la porte de la chambre s'ouvrit légèrement. La jeune femme ne fit aucun effort pour ouvrir un œil. Bien vite, elle sentit un poids prendre place à ses côtés et, tout naturellement, elle se décala un peu plus contre le mur pour lui laisser de la place. L'odeur venait de s'intensifier, Fred se trouvait à côté d'elle. Elle sentit ses bras la tirer vers lui, elle n'ouvrit toujours pas les yeux. Ils ne dirent rien.
Aucun mot ne fut prononcé. Ils se trouvaient tous les deux, réunis en solitaires avec pour seules compagnes les étoiles brillant à retardement. Leurs respirations s'accordèrent. La main de Fred glissa dans la sienne. Le temps s'écoula. Puis la voix d'Hermione, enrouée par le sommeil, vint se poser délicatement dans la pièce :
« Fred, je t'aime. »
Et sans attendre bien longtemps, elle le rejoignit dans le sommeil.
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