Chapitre 1

   Cette cinquième année était insupportable. Alors que le titre de préfète lui avait été accordée, Hermione avait eu le temps de s'imaginer passer une année certes compliquée mais agréable. Elle avait obtenu ce poste important, elle allait pouvoir montrer ses preuves lors des B.U.S.E., cela lui servirait même de prétexte pour passer encore plus de temps à la bibliothèque, ce que ses amis lui avaient reproché de trop nombreuses fois à son goût l'année passée. Ceci dit, quand elle en était sortie, elle avait croisé Victor Krum et ça aussi ils le lui avaient reproché.

   A la place de quoi, ce bonbon rose sur patte qui leur servait de professeur prenait de plus en plus de place. Heureusement que le professeur Dumbledore se trouvait encore là, sinon Hermione aurait eu toutes les raisons d'abandonner chaque espoir possible. Même Harry devenait incontrôlable avec ses visions. Les Serpentard restaient incroyablement stupides, se contentant de penser aux points de leur maison plutôt qu'à la signification de la présence d'Ombrage. Parfois, Hermione se sentait incroyablement seule. Et pour faire déborder le vase de ses problèmes, voilà que Fred Weasley semblait lui faire des avances. Non que cela la dérangeait particulièrement, elle avait toujours eu un petit faible pour le jumeau, mais elle avait la désagréable sensation qu'il se jouait d'elle. Elle n'avait pas besoin de ça cette année, elle sentait qu'elle allait bientôt perdre pied.

   Cette nuit, elle avait convenu avec Ron de leur itinéraire. Bien entendu, ils s'étaient séparés peu de temps après avoir quitté le dortoir des rouges et or et elle s'était tout naturellement dirigée vers la tour d'astronomie. Elle devait faire un tour dans cette partie du château et retourner à son lit tout de suite après. La jeune fille savait déjà qu'une fois sur son matelas, elle ouvrirait un livre pour se distraire, mais elle devait reconnaître que le droit de pouvoir marcher seule lui procurait une agréable sensation de calme. Dans le dortoir, il y avait toujours quelqu'un, et même si elle fermait les rideaux, elle ne se retrouvait jamais totalement seule. Mise à part ses moments privilégiés à la bibliothèque, elle n'avait que rarement droit à du calme, et ce n'était certainement pas la Salle Commune des Gryffondor qui allait l'aider à en trouver. Parfois elle enviait les Serdaigle qui devaient être beaucoup plus disposé au silence.

   Elle tourna à l'angle d'un mur, ne faisant même plus attention à l'étage dans lequel elle se trouvait. Elle s'immobilisa net en apercevant sa silhouette. Adossé contre un mur, les mains dans les poches de son pantalon, légèrement penché et le regard tourné vers elle. La lune faisait légèrement briller ses cheveux roux, et Hermione n'eut pas à s'approcher de trop près pour être certaine de se trouver en présence de Fred. Elle s'approcha, regardant de tout côté pour vérifier que son frère ne se trouvait pas dans les parages.

« Il n'est pas là. »

   Elle lui jeta un regard interrogateur, se demandant s'il avait lu dans ses pensées ou si cela n'avait aucun rapport avec ces dernières.

« George, il est dans la Salle Commune avec les autres. »

   Elle hocha vaguement la tête, s'approchant encore un peu. Elle fit attention à laisser un mètre de distance entre eux avant de croiser les bras et d'adopter un regard sévère. Son insigne de préfète se trouvait bien visible sur son pull.

« Tu ne devrais pas te trouver là.

-Je t'attendais.

-Je crois le deviner. »

   Elle pencha légèrement la tête sur le côté pour signifier qu'elle attendait des explications. Fred se décala du mur, retira les mains de ses poches et s'approcha, réduisant ainsi la distance qu'elle avait laissé entre eux. Constatant qu'il ne semblait toujours pas enclin à lui donner des explications, elle combla le silence, soudain un peu anxieuse à l'idée de Fred qui se rapprochait.

« Tu as demandé à Ron notre trajet ?

-Va savoir. »

   Comme à son habitude, Fred se montrait avec une assurance certaine. Mais à son habitude, Fred ne cherchait pas à la coincer par surprise au beau milieu de la nuit.

« Qu'est-ce que tu fais là ?

-Tu ne devines pas ? »

   Il répondait si vite qu'Hermione avait à peine le temps d'analyser ses réponses et de trouver de nouvelles questions. Il était si proche qu'elle se mettait à reculer.

« Fred, je vais te demander de rentrer au dortoir. »

   Elle venait d'atteindre le mur et un sourire malicieux se peignit sur les lèvres du garçon. Il se pencha alors légèrement vers elle, laissant quelques centimètres de distance entre leurs visages qui se trouvaient à même hauteur, et plaça ses mains de part et d'autre de la tête de la jeune fille qu'il avait sous les yeux.

« Sinon quoi ? »

   Elle ouvrit la bouche pour répondre mais rien n'en sortit. La présence de Fred, si proche d'elle, la déstabilisait. Il s'était déjà montré aussi près de son visage, mais le fait que personne d'autre ne se trouvait là ne jouait pas en sa faveur. Une chaleur venait de grossir dans le bas de son ventre, et elle redoutait légèrement ce que cela signifiait.

« Sinon, je vais retirer des points à Gryffondor. »

   Elle avait prononcé la première phrase lui venant en tête, ayant déjà conscience que c'était stupide mais retardant un moment fatidique qu'elle sentait venir.

« Et supprimer le reste qu'Ombrage nous a si gentiment laissé ? »

   Il pencha légèrement la tête en laissant ses yeux descendre un peu plus bas. Voilà qu'il regardait sa bouche, fixant ses lèvres et entrouvrant légèrement les siennes. Peut-être que s'il n'était pas question de Fred Weasley, Hermione aurait pu réagir autrement.

« Sinon je vais en parler à ta mère. »

   Ceci eu le mérite de lui faire lever les yeux à la hauteur des siens. Toujours aussi proche cependant, le garçon ne semblait toujours pas enclin à reculer.

« Ce ne serait pas très gentil.

-Je n'ai jamais dit que j'étais gentille. »

   Elle avait durci sa voix d'un naturel qui la surprit elle-même. Elle ne le laissa cependant pas voir son étonnement et planta son regard dans le sien avec la fermeté qu'elle avait l'habitude d'adopter. Cela sembla déstabiliser quelque peu Fred qui perdit la superbe de son sourire.

« Je sais que tu ne le feras pas.

-Demande à Ron si je n'en suis pas capable. »

   Elle haussa un sourcil pour appuyer sa remarque et se rendit compte dans le même temps qu'elle n'avait aucune envie que Fred Weasley ne s'éloigne. Et pourtant, il le fit. Il venait de reculer d'un pas, se redressant de toute sa hauteur et la dépassant ainsi de plus d'une tête.

« J'aimerais éviter de mêler mon frère à cette histoire.

-Libre à toi. »

   Elle se décala du mur et descendit son pull un peu plus sur sa taille, davantage pour occuper ses mains que par désir de se rhabiller. Elle prit la décision de partir, sachant que rester seule avec Fred Weasley en pleine nuit dans un couloir désert n'était pas bon pour elle. A peine eut-elle le temps cependant d'atteindre l'angle du mur que des bras puissants l'enveloppèrent par la taille. Son dos percuta le ventre du rouquin alors que ses pieds cherchaient l'équilibre. Le souffle chaud du jeune homme vint se glisser à son oreille et le murmure de ce dernier lui procura un long frisson tout le long de son dos :

« Ne pars pas si vite, s'il te plaît. »

   Malgré elle, elle constata que son corps venait de se détendre à la seconde où Fred avait achevé sa phrase. Il lui restait néanmoins un brin de volonté pour protester :

« Je dois finir mon tour de garde.

-Mais pourquoi ? Tu sais aussi bien que moi qu'il n'y a personne.

-On ne sait jamais, peut-être que d'autres Fred Weasley sont dans les parages. »

   Il lui fallut une seconde pour qu'elle se rende compte que le Gryffondor venait de la faire tourner sur elle-même et de la plaquer contre le mur. Une main près de sa tête, la paume contre la pierre, l'autre s'était malicieusement glissée jusqu'à sa taille. Fred la fixait dans les yeux, son sourire éternellement accroché à son visage. Et ce dernier prit un malin plaisir à s'agrandir quand Hermione resta concentrée quelques secondes dessus.

« Quelque chose me dit que tu n'es pas mécontente de te retrouver ici avec moi. »

   Elle tenta malgré tout de retrouver une expression sévère, sinon neutre, mais la défaite n'en fut que trop flagrante. La prise sur sa taille se resserra quelque peu et Fred s'approcha un peu plus d'elle. Sentant à présent la chaleur de son corps près du sien, Hermione peinait à trouver des mots et à former des phrases grammaticalement correctes dans son esprit.

   Le rouquin approcha son visage et elle eut la certitude qu'il allait lui murmurer quelque chose à l'oreille. Le souffle de ce dernier vint s'y percuter, mais à la place de mots, ses lèvres vinrent s'abandonner sur les courbes de son cou. La jeune fille se sentit défaillir et ses yeux se fermèrent instantanément. Elle se savait sensible à cet endroit, Victor lui ayant permis de le repérer, et Fred semblait parfaitement le comprendre. Prenant son temps, il faisait passer ses lèvres tout autour de son cou, tendrement, calmement, comme s'il désirait y passer toute la nuit. Elle sentit également les doigts du garçon se resserrer un peu plus à sa taille et la boule de chaleur dans son bas ventre devint rapidement boule de feu. Elle ferma les poings pour tenter de garder contenance mais Fred choisit ce moment pour relever le regard. Un regard plein d'assurance, empreint d'un certain mystère et assurément beau. Elle ne cilla pas une seule seconde, pas même lorsqu'il se rapprocha de son visage.

   Leur baiser fut long. Il évoluait au fur et à mesure de leur respiration, et bientôt la chaleur fut trop importante dans le corps d'Hermione pour qu'elle reste de marbre, immobile, neutre. Alors que Fred ouvrait un peu plus la bouche et commençait à faire glisser sa langue sur les lèvres de la jeune fille, Hermione agrippa sa nuque pour approfondir un peu plus leur échange. Le corps du rouquin vint se plaquer un peu plus contre elle et elle bénissait le mur froid derrière elle qui lui permettait de sentir les courbes de Fred sur son corps. Leurs lèvres terminèrent la danse avec quelques caresses et un courant d'air désagréable vint se glisser sous le pull de la jeune fille. Fred venait de se décaler, lui jetant un regard amusé. Elle venait de retrouver la liberté trop rapidement à son goût.

   Elle reprenait doucement son souffle alors que le rouquin s'éloignait. Il la regardait toujours, le même sourire goguenard pendu aux lèvres. Il lui fit un petit signe de la main et lui lança avant de disparaître :

« A plus tard, préfète. »

   Elle l'avait toujours su, Fred semblait prendre un malin plaisir à se jouer d'elle. Et ce soir, il venait de réussir un coup formidable.

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