🌼 CHAPITRE 47 🌼

Alors que l'ensemble du palais semblait doucement s'éveiller tandis que l'aube se levait sur la ville de Mythra, dans la pénombre de l'obscurité restante, non loin des établis, une expédition fut montée dans la plus grande dès précipitations. N'ayant eu que la nuit pour se préparer et ne possédant que quelques informations, le Prince Amir eut rassemblé ces hommes les plus loyaux et les plus entraînés afin de les accompagner, lui et ses deux invités, dans ce qui avait tout l'air d'être une opération de sauvetage plus que bancale. Néanmoins, si le jeune prince émit de gros doutes quant à la réussite de cette mission, Joséphine, elle, y croyait dur comme fer car il ne lui restait que ce fin brin d'espoir auquel s'accrocher si elle voulait revoir le Duc.

Les chevaux fut préparés, chacun n'ayant pris avec lui que la plus grande nécessité : Armes, provisions et premiers soins. Cela allait-il réellement leur suffire dans la traversée qui les attendait ?

- N'oubliez pas, lança le prince, Nous nous apprêtons à pénétrer sur le territoire ennemi. Je vous demanderais donc de faire preuve de la plus grande vigilance ainsi que de la plus grande prudence. Nous ne savons pas ce que ces hommes peuvent nous réserver et nous pouvons d'ores et déjà parier sur le fait que nous ne serons pas les bienvenus. Notre mission est donc simple : Nous repérons le lieu où est retenu le Duc de Varsox, un portrait vous a été fourni par la Baronne Conquérant que voici. Une fois que cela est fait, nous passons à la phase d'extraction et nous nous retirons. Est-ce clair ?

- Oui !

Bien que le regard de Joséphine croisa celui d'Amir durant le rappel des consignes, elle ne put s'empêcher d'éprouver une pointe de regret à son égard. Peut-être ne s'était-elle jamais réellement montrée reconnaissante envers les efforts qu'il déployait pour elle et peut-être n'avait-elle pas prêté suffisamment attention à sa personne, trop occupée par la moindre pensée ayant un lien avec Jonah.

Quelques minutes plus tard, sous le coup des premiers rayons du soleil venu frapper la façade nord du Palace, l'expédition du prince partie au galop et disparue à l'horizon. La forteresse indiquée par l'homme violemment interrogé était à plusieurs jours de cheval de la ville et bien que Lucien eut une vague idée de ce qui les attendaient durant ces quelques jours de voyage, Joséphine était encore novice dans ce genre d'aventure. Une chaleur étouffante en journée, un froid glacial durant la nuit, rien ne l'épargnait comme si chaque grain de sable du désert entourant la capitale d'Omyr était présentement en train de tester sa détermination, comme si chaque gifle du vent sec tentait de lui faire rebrousser chemin, comme si chaque brûlure du soleil sur sa peau porcelaine désirait lui laisser un souvenir intarissable de sa venue en ces terres désolées.

Voyant visiblement l'état d'épuisement de la jeune femme n'ayant presque pas dit un mot depuis leur départ, Amir tira sur les rennes afin d'arrêter son cheval tandis que le reste du petit groupe lui passa devant.

- Arrêtons-nous, dit-il en regardant Joséphine

- Je ne vous ai rien demandé, répliqua-t-elle en soutenant son regard

S'approchant d'elle, il se pencha légèrement vers son corps frêle.

- Vous nous serez d'aucune utilité si nous devons vous enterrez parmi les scorpions et les vautours, siffla-t-il plus sèchement, Le désert est l'ennemi de plus d'un homme, Joséphine.

Tandis que les hommes d'Amir s'affairèrent à dresser le camp, Joséphine se coucha sous un des rares arbres présents capable de lui fournir de l'ombre.

- Comment allez-vous ? demanda Lucien en la rejoignant avant de lui tendre une gourde d'eau fraîche

- Je me porte comme un charme, cela ne se voit-il dont pas ?

- Vous devriez reconnaître vos mérites. Peu de femmes feraient ce que vous faites, et ce, même par amour. Une telle épopée...

- Ne suis-je pas plutôt une gêne ? N'aurais-je pas dû attendre au Palace ?

Lucien sourit tout en regardant Amir s'agiter plus loin avec ses hommes.

- Je pense qu'il s'inquiète sincèrement pour vous.

- Je m'en doute, mais je me dis qu'il y a plus que de la simple inquiétude.

- Probablement un soupçon de jalousie ? souleva Lucien avec un sourire en coin, Cela ne devrait en rien vous surprendre maintenant. Être amoureux d'une personne qui se donne corps et âme, et ce, jusqu'à risquer sa vie pour une autre personne, il n'y a pas plus blessant. Laissez-lui le temps de faire le deuil de ses sentiments.

- Comment peut-on aimer une personne que nous n'avons jamais vu ou connu ? Je trouve cela tellement risible, soupira Joséphine

S'asseyant à ses côtés et levant les yeux vers le ciel, Lucien dit alors :

- Vous êtes nouvelle dans le milieu des émotions, mais croyez-moi sur ma parole quand je vous dit qu'il n'y a rien de plus imprévisible et incontrôlable qu'un cœur humain. Nous ne choisissons pas qui nous aimons ou comment nous l'aimons. Cela se produit la majorité du temps contre notre gré et nous nous retrouvons incapable de contrôler ce que nous ressentons. Je vous accorde que ce phénomène peut-être étrange ou ridicule car nous devrions être maître de nous-mêmes, mais quand les émotions sont en jeu ou en première ligne, nous perdons étrangement toute raison et toute logique. Nous devons idiots , irrationnels et hâtifs dans nos jugements et dans nos actes. Je pense que vous êtes familière avec cette dernière partie, n'est-ce pas ?

Effectivement. Jamais Joséphine ne se serait vue abandonner sa propre famille pour partir à l'étranger, même si elle en avait toujours secrètement rêvé. La jeune femme qu'elle était devenue au contact du Duc lui était parfois étrangère, mais ce changement n'était guère désagréable car pour la première fois depuis ce qui lui semblait être une vie éternelle, Joséphine s'épanouissait. Elle vivait, elle ressentait, elle riait, elle se fâchait. Enfin, elle savourait le fait d'être une jeune femme comme une autre. Tantôt amoureuse, tantôt colérique.

C'est en repensant à toute cette folle aventure qu'un sourire vint naturellement naître sur le bord de ses lèvres. Elle reconnu son imprudence, sa témérité et son insouciance. Elle qui avait toujours marché sur le chemin qui semblait lui être prédestiné, voilà qu'aujourd'hui elle se retrouvait à un carrefour lui offrant plus d'une possibilité et plus d'une perspective d'avenir. La question qui demeurait été à présent de savoir ce que la jeune femme choisirait comme vie : Celle de princesse ? Celle de future duchesse ? Ou bien celle de simple baronne ?

Soudain, elle éclata de rire et surprit le groupe d'hommes se retournant vivement vers elle.

- Quand je pense que vous avez osé me dire que vous aviez toujours raison, rit-elle.

- Mais la question est là : N'ai-je pas raison ? Non pas que cela me fasse plaisir ou devienne une quelconque fierté personnelle, mais avec tout le respect que je dois à notre amitié, vous n'êtes pas une personne difficile à cerner Joséphine. Il suffit de vous observer pour savoir que votre cœur guide vos actions plus que votre raison.

- Disons que j'ai laissé ma raison au port quand nous avons embarqués. Si je devais l'avoir avec moi, j'en serais fortement contrariée car je pense qu'elle m'obligerait à rebrousser chemin.

- Parce que votre raison serait en accord avec le prince ?

- Oh oui. A plus d'un titre.

Hélas, il était à présent trop tard pour revenir en arrière et espérer que rien de tout ceci ne se soit déroulé.

Se redressant et tapotant sa jupe pleine de sable, Joséphine marcha d'un pas fermé et décidé vers le prince qui semblait revoir les cartes et les instructions données au départ.

- Il faut y aller. Ne perdons pas de temps.

- Vous semblez être suffisamment reposée, constata le prince ravi, cependant nous ne pouvons pas repartir de suite. Nous passerons la nuit ici. Une journée de cheval nous sépare de la forteresse et il nous faut nous préparer.

- Très bien, dans ce cas, préparons-nous.

Attrapant un sabre accroché à la ceinture d'un des hommes suivant le Prince, Joséphine pointa la lame aiguisée et scintillante de l'acier vers le jeune homme ne pouvant s'empêcher de la dévisager tout sourire et incontestablement amusé.

- Que faites-vous ? demanda-t-il confus en tentant de se retenir de rire.

- Cela ne se voit-il pas ? Je me prépare en vous défiant. En duel. Juste vous et moi et cette immense étendue de sable. Peut-être ainsi arrêterez-vous de me voir comme une petite chose fragile ?

- Voyons, cela n'est guère sérieux. Je pourrais vous faire mal.

- Si j'étais vous, je ne me fierais pas à son petit gabarit, rajouta Lucien en les rejoignant.

- Je vous le demande une dernière fois, par égard pour vous, supplia le Prince tout en dégainant à son tour, Ne m'obligez pas à vous faire le moindre mal.

- Vous partez si certain que vous arriverez ne serait-ce qu'à m'égratigner le poignet, défia Joséphine

- Dans ce cas pimentons le jeu, voulez-vous ?

- Avec plaisir. Votre mise sera la mienne.

- Parfait.

Jetant l'étui du sabre à même le sol, le duo s'écarta du petit groupe prenant place en tant qu'observateur. Jamais encore le prince n'avait été défié par une femme. Cela ne pouvait être qu'amusant à regarder.

- Au premier sang versé. Si je gagne, vous me devrez une faveur. Si vous gagnez...

- Je demanderais la même chose, sortit Joséphine en se mettant en garde.

- Nous voilà donc d'accord. Prête ?

Plus que jamais.

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