🌼 CHAPITRE 39 🌼

N'y avait-il pas de place pour le doute à l'heure où les dernières préparations étaient en train d'être faites ? Sans doute pas. Pourtant, c'est en regardant sa malle posée à proximité du hall d'entrée de la demeure, que Joséphine éprouva une légère appréhension comme si, soudainement, un lien invisible la retenait en ces lieux, mais quoi exactement ? Elle savait ses cadets en sécurité et quand bien même, elle avait donné des instructions très précises à Ninon. Cette dernière continuerait à s'occuper de Maximilien tout en veillant sur la maisonnée. Elle en était la nouvelle maîtresse de maison, par intérim cela dit.

Près du hall d'entrée, en bas des escaliers menant à l'étage des diverses chambres, se trouvait un portrait. Il s'était terni avec le temps, mais malgré cela, il n'avait jamais eu de cesse de faire sourire la jeune femme, et ce, même dans ses heures les plus sombres. Ce portait, c'était celui de ses parents. Qui l'aurait cru ? Un marchand et une princesse. Cela aurait pu faire les gros titres de la presse à scandale à l'époque, mais leur relation fut l'un des secrets les mieux gardés de ce Royaume curieusement.

- Bien que quelques pièces du puzzle semble s'être rassemblées ces derniers mois, ces derniers jours, il y a encore tant de questions dans ma tête, murmura-t-elle les yeux rivés vers l'oeuvre, J'aurais tant aimé que vous me laissiez plus de choses. Plus de réponses car aujourd'hui plus que jamais, je semble être grandement dans le besoin. J'ai l'impression d'avoir mené bien des combats et bien que je doute de leurs utilités à tous, certains m'ont épuisée. Vraiment. Je ne suis pas certaine d'être suffisamment forte pour cela.

- Vous l'êtes, interrompit une voix

Se retournant, elle trouva Lucien, le Prince débauché, appuyé contre l'encadrement de la porte menant au petit salon, la regardant avec un léger sourire empli de tendresse.

- Je ne souhaitais guère vous espionner durant votre introspection, mais Joséphine, vous êtes la personne...la femme, la plus forte qu'il ne m'a été donné de rencontrer et dieu seul sait que j'en ai croisé, dit-il en s'approchant d'elle avant de se planter à ses côtés.

- Vous dites cela pour me flatter, mais au fond vous et moi savons que...

- Non, la coupa-t-il, Je suis sérieux. Je sais que je ne suis pas dès plus fiable et qu'il est difficile de me croire ou de me faire confiance, mais sur ce point-ci, je vous demanderais de le faire. Vous pouvez le faire et savez-vous pourquoi ?

- Oh, mais je vous prie d'éclairer ma chandelle, se moqua Joséphine

- Parce que, pour la première fois de votre vie, vous n'êtes probablement pas seule.

Il est vrai. Depuis sa plus tendre enfance, Joséphine n'eut de cesse d'entendre des phrases comme «Un jour, cela sera ton rôle de veiller sur cette famille», «C'est à toi que reviendra la responsabilité de protéger tes frères et ta soeur», «Tu es née pour cela» et l'ensemble de ces phrases avaient, inconsciemment, fait leur petit bout de chemin dans son esprit. Peut-être l'avaient-elles persuadée que veiller sur les siens était un rôle qui lui revenait à elle et à elle seule et que celui-ci s'accompagnait d'une montagne de responsabilités et de combats à mener afin d'assurer de s'y tenir. Cependant, personne n'avait jamais souligné le fait qu'elle devait le faire seule et à tout jamais. Bartolomé avait rejoint l'Armée, Ambre s'impatientait de plus en plus d'avoir sa vie entre ses mains et Thomas...disons que le moment venu, il s'envolera lui aussi. Les enfants Conquérant, bien que dénués de parents pour les guider sur le chemin de la vie, avaient tous réussit à s'en sortir. Alors peut-être était-il temps pour l'aînée de mettre un point final sur ce chapitre-ci de sa vie ? Peut-être que cette énième aventure lui apporterait la délivrance nécessaire car voilà, un voyage exceptionnellement marquant l'attendait à bras ouverts. Et voyager, c'était tout ce que Joséphine n'avait jamais désiré.

- Vous avez raison. Je ne suis pas seule, répéta-t-elle en posant sa tête contre le bras de celui devenu depuis tout récemment, son ami.

- Nous allons y arriver. Je n'en doute aucunement.

Après tout, jamais encore dans l'histoire de ce monde, il a été vu ou connu que trois membres officiellement officieux de différentes familles royales se soient un jour unis afin de sauver un Duc.

Effectivement, il faudrait être fou pour ne pas reconnaître que le monde changeait, certes, mais qu'avec cette histoire, ce dernier allait clairement basculer dans une ère nouvelle.

Car n'est-ce pas dans toutes les histoires ? La Princesse est normalement celle qui est sauvée à la fin, non ? Elle n'a encore jamais été celle qui sauve.

- Il y a une première fois à tout, chuchota Joséphine en pensant à cette simple mais plaisante perspective.

Peut-être était-ce temps que la Princesse soit celle qui sauve celui à qui elle se destinait, inversement par la même occasion, l'absolu cliché.

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