🌼CHAPITRE 35 🌼

On ouïe dire que l'on entendit tout un vacarme provenant de la demeure des Conquérant, mais personne hélas ne fut suffisamment brave pour s'en approcher et satisfaire la curiosité des quelques voisins passant dans le coin. Certains murmurèrent même que le médecin de famille fut venu à la hâte, un accident disait-on. Ah comme les rumeurs étaient bien loin de la réalité pour ne guère changer.

La maisonnée regagna son calme à la nuit tombée et chacun repartit avec pour seul instruction de garder le secret. Personne ne devait dire mot sur ce qui avait été entendu et encore moins sur la disparition du Duc. L'enlèvement serait même plus juste et tandis que Joséphine fit les cent pas essayant de regagner tant bien que mal calme et lucidité, elle ne put que constater que le Prince déchu s'était endormi sur son canapé.

Le couvrant délicatement d'une couverture qu'elle récupéra dans une commode, elle découvrit les bleues et les égratignures parcourant son visage, son cou et le haut de son torse alors découvert par une chemise plus qu'outrageusement déboutonnée. Maximilien, se trouvant à l'étage avait eu la vie épargnée et sauvée de justesse par les connaissances de Ninon, mais il avait également eu son lot. Qu'avaient-ils traversés tous deux et pourquoi venir jusqu'ici quand il aurait été certainement préférable de prévenir les autorités ? La disparition du Duc de Varsox, de l'enfant presque chéri de la couronne, aurait provoquée tout un esclandre très certainement. On aurait alors accusé le Sultanat dont les émissaires sont encore présents et on aurait cherché à faire tomber des têtes. Cela aurait probablement mené à la guerre. Mais était-ce réellement ce qu'ils cherchaient ?

Rongeant l'ongle de son pouce, accroupie près de Lucien, Joséphine ne put s'empêcher de penser à son échange avec Amir. Jamais il n'avait montré à son égard une once d'hostilité, bien au contraire, elle fut celle ayant eu un comportement plus que déplacé. Il lui avait semblé juste, à l'écoute et compréhensif. Alors pourquoi ? Pourquoi se donner toute cette peine face à elle si c'était pour assouvir de plus noirs dessins comme celui-ci ?

C'était un véritable casse-tête. Un de plus se rajoutant sur la longue liste de ceux non résolus de la jeune femme. Peut-être était-ce d'ailleurs là où résidait le problème ? Peut-être Joséphine devrait cesser de chercher la vérité ou bien même une once de compréhension. Peut-être que si elle abandonnait et qu'elle retournait à sa vie comme si de rien n'était alors les choses seraient plus simples pour elle et pour les siens.

Mais comment ignorer tout ce qui venait de se passer ? Comment tourner le dos à ces nouvelles ? Et comment, encore une fois, ne pas y voir un lien ?

Faisant le tour de la maison, Joséphine découvrit ses cadets endormis l'un à côté de l'autre dans le lit de Thomas, ce dernier blottit dans les bras de sa sœur. Ô Dieu comme elle aimerait qu'ils épargnés de cette vie de misère, de problèmes et de difficultés. Refermant alors la porte grinçante, elle fit quelque pas la menant de l'autre côté du couloir, découvrant une Ninon épuisée, endormie tête la première dans ses bras croisés, appuyée contre le rebord du lit. Lit sur lequel se trouvait un Maximilien très largement drogué par l'anesthésie que le médecin lui avait prescrit. Il est fort probable qu'il ne se réveil pas avant demain après-midi. S'approchant afin de remonter la couverture que portait Ninon sur ses épaules, Joséphine remarqua que cette dernière tenait très fermement la main de l'endormi et un sourire en coin naquit sur son visage. Voilà quelque chose de bien intéressant à voir et dont elle ne soupçonnait guère l'existence. S'était-il passé quelque chose entre eux durant son absence ? Il allait falloir mener l'enquête quand le temps sera venu.

En attendant, la seule qui ne trouva pas le repos fut bien la maîtresse de maison. Ses pensées voguèrent entre la requête de la Princesse dont elle ne savait que faire et cette étrange et bouleversante nouvelle arrivant peu de temps après. Etait-ce une coïncidence ? Et si Sophia savait ? Et si elle espérait...

- Vais-je un jour avoir l'esprit en paix ou dois-je attendre de trouver la mort ? C'est à me le demander.

Néanmoins, il ne lui restait que quelques heures pour se décider bien qu'au plus profond d'elle-même, Joséphine savait d'ores et déjà ce qu'elle comptait faire.

Elle partirait. Pour le Sultanat.

Car s'il y a bien une chose pour laquelle Joséphine Conquérant a un talent particulier, cela repose bien évidemment sur l'art de se bagarrer.

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