🌼 CHAPITRE 32 🌼
Joséphine et Amir s'étaient séparés avec chacun, une pointe d'amertume. Sans avoir la totalité des réponses que l'un et l'autre espérait obtenir, ni même la satisfaction de voir leur plan respectif se dérouler dans le sens souhaité. Joséphine avait maintenant conscience que son existence même continuerait à être chamboulée tandis que Amir avait comprit que rien de ce qu'il pourrait faire ou dire ne la ferait changer d'avis. Il ne rentrerait pas à Omyr avec elle. Voilà donc un fâcheux contre-temps, néanmoins il s'était juré de respecter ses choix car bien qu'il n'eut pas ce qu'il désirait, il était reparti avec un inestimable cadeau : Son amitié. L'amitié était le fondement même de toutes bonnes relations, il le savait et il comptait bien, dès à présent, profiter de chacun de ses moments restant au Royaume pour gagner quelques points et pourquoi pas quelques faveurs.
En rentrant chez elle, la Baronne eut la soudaine envie de se confier, mais à qui ? Ninon était bien trop occupée, Ambre comme à son habitude papillonnait dans le jardin et Thomas était bien trop petit pour réaliser ce qu'il se passait. Le pauvre avait déjà eu bien assez d'événements dans sa si jeune vie. Alors, elle s'installa à son bureau, sortant feuille et plume servant à poser tous ses mots. Ces derniers, elle les auraient bien évidemment dédiés au Duc, mais voilà qu'il était reparti sans même lui avoir laissé l'occasion de lui demander s'ils pourraient correspondre. En outre, était-ce nécessaire de le charger de ses doutes et de ses appréhensions ? Il devait en avoir assez dans sa propre assiette alors pourquoi en rajouterait-elle ? Ô comme elle aurait aimé qu'il soit là et qu'il la tienne dans ses bras.
A cet instant, Joséphine fut envahit d'un sentiment qu'elle ne connaissait que trop bien : La solitude.
Elle a toujours aimé être seule, passer du temps dans la bibliothèque ou dans ce bureau, mais cette solitude-ci était différente. Bien moins plaisante. Elle se rendit compte qu'à son âge, elle n'avait pas un seul ami. Pas une seule personne chez qui elle pourrait accourir et raconter toutes ses mésaventures car quand bien même elle aurait tant enduré...Elle ne rêvait que d'une chose : Se plaindre à son tour. Elle aurait aimé faire tout un scandale, se rouler dans les coussins d'un canapé, crier, pleurer, mais cela ne lui fut jamais réellement permis. En fait, jamais elle ne se l'autorisa elle-même. Depuis l'enfance et dès la naissance de ses cadets, Joséphine réalisa qu'elle aurait toute sa vie durant, certaines responsabilités vis à vis d'eux. Puis vis à vis de son père. Et enfin vis à vis de la société. Elle ne pouvait pas être l'enfant capricieuse de la famille. Elle ne devait pas l'être. Ambre le pouvait. Pas elle. Alors depuis toute petite, Joséphine fit l'éponge et absorba, intégra et fit semblant que dans son monde, dans sa tête et dans son cœur, tout allait parfaitement bien.
Mais c'était loin, très loin d'être le cas.
Car à force d'accumuler, on finit par se sentir dépasser.
Et ce n'est qu'aujourd'hui, à la veille de rentrer dans l'âge adulte, qu'elle le réalisa.
Aujourd'hui plus que jamais, Joséphine se sentit lasse, se tenant au bord d'un vaste et profond précipice où un seul pas, aussi minuscule soit-il, suffirait à la faire basculer dans ces ténèbres sans fin.
Un pas qu'à son tour, elle finirait par un jour faire. De cela, elle en était absolument certaine.
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