🌼 CHAPITRE 22 🌼

Il n'y avait rien de plus impensable que ce qu'il s'était passé plus tôt en fin de matinée. Si cela se rapporta à toutes les portes restées ouvertes en attendant de pouvoir attraper le moindre ragot, Joséphine ressassa une bonne dizaine de fois la scène dans son esprit. Elle aurait cru que s'adresser au Roi aurait été plus difficile. Elle aurait cru que se faire entendre aurait été plus hardie et elle aurait cru que soumettre ses folles demandes ne la fasse traiter de folle car qui oserait demander à Sa Majesté d'ignorer des dettes. Or, ce que Joséphine ignorait, c'est quand ses deux semaines d'absence, l'entreprise de son père avait connu un nouveau tournant car qu'elle ne tarderait pas à découvrir. Le tout impulsé par un jeune homme devenu oublié avec tout ce qu'il s'était récemment passé.

Galopant sur le chemin du retour la ramenant chez elle, Joséphine fit une halte chez le Duc de Varsox et découvrit plus d'un visage surprit. Son nom fut alors scandé et crié depuis les escaliers tandis qu'Ambre et Thomas descendirent les marches tels deux boulets de canon avant de lui attérir droit dans les bras. Ce fut à ce moment que Joséphine réalisa qu'elle était rentrée, mais ce fut également à ce moment que Maximilien comprit qu'il s'était passé quelque chose car le Duc, lui, n'était pas encore rentré. Néanmoins, il garda sa curiosité pour lui, ne posant aucune question et partit aider Ninon à préparer les affaires des enfants. Il retrouva cette dernière assise au bord du lit de la jeune Ambre, caressant d'une main timide la couverture brodée dans le plus grand des silences.

- Seriez-vous chagrinée ? demanda le jeune homme en entrant dans la pièce, la surprenant dans son geste

- Je suis parfaitement au courant que je n'ai aucune raison de l'être. Je suis plus que ravie de voir ma Maîtresse revenir, mais je ne peux que...m'inquiéter.

- Pourquoi donc ? Qu'y a-t-il qui puisse vous inquiéter autant ?

- Je ne saurais l'expliquer, souffla-t-elle, mais j'ai l'impression que quelque chose en elle a changé. Je le vois sur son visage. En outre, Son Excellence n'est pas revenu, pourtant, c'est bel et bien son cheval que j'aperçois dans la cour. Je crains que ma jeune maîtresse ait prit une décision difficile.

Le jeune aide ne sachant comment réconforter Ninon, venu s'asseoir à son tour près du lit. Il y avait dans ce monde, encore bien des choses qui lui échappait et pourtant, bien qu'il soit ignorant sur tous un tas de sujets, Maximilien savait que ce qu'il y avait, peu importe la définition qu'on lui donnait, entre Jonah et Joséphine était tout particulier. Unique. Et il fallait l'avouer, si c'était terminé, alors il en serait le premier désolé. Bien qu'il ait souhaité maintes et maintes fois leur séparation, craignant qu'elle le déconcentre de leur objectif, il réalisa au fil du temps ô combien il s'était fourvoyé sur la jeune Baronne. Jamais encore il ne s'était sentit aussi idiot.

Aujourd'hui, il craint à son tour que son maître ait eu à faire quelque chose de déplaisant. Il n'en connaissait ni les tenants et les aboutissants, mais il savait, tel un pressentiment, que quelque chose avait changé. La jeune Baronne qui avait jusqu'à présent un regard dès plus doux, avait changée. Son regard était d'une grande tristesse.

- Je ne suis pas un savant, mais quoi qu'est pu être la décision de Madame la Baronne, je suis certain qu'elle a été mûrement réfléchi, lance alors Maximilien en souriant tendrement à la jeune domestique.

Les événements que chacun a traversé, les épreuves qu'ils ont vécu et les défis qu'ils ont eu à relever leur a probablement fait oublier une chose : Ils n'ont pas tout à fait vingt ans. Vingt ans est en principe un âge irraisonnable où l'on vit la vie comme une grande aventure, où l'on tombe amoureux sans penser au lendemain et où l'on se découvre une multitude de passions car voilà tout ce qui compte à vingt ans.

Sans doute est-ce là la vie que l'on mène à vingt ans, mais est-il possible de l'arpenter quand on ne s'autorise guère de faire des erreurs, de se tromper, de commettre des fautes, mais alors comment apprendre ? Comment savoir si l'on ne regrettera pas notre décision ou bien notre choix ?

- Sachez, et je dis cela avec sincérité, que si vous avez besoin de quoique ce soit et je dis bien...de quoique ce soit, je serais là, lui propose Maximilien tandis que Ninon rassemble les dernières affaires laissées ici et là

- Merci. Vous avez ma reconnaissance. Vous, Son Excellence...Tout ce que vous avez fait pour nous...

Maximilien ne rajouta pas un mot, mais c'est en voyant la domestique passer le seuil de la porte qu'une boule de regret se coinça dans sa gorge. Peut-être aurait-il dû en dire davantage ? Peut-être aurait-il dû lui faire comprendre qu'elle allait lui manquer ? Ils pouvaient toujours se voir en dehors, se croiser, échanger un regard, n'est-ce pas ? La situation de leur maître respectif n'allait absolument rien changer pour eux ? Cela était à se le demander.

Sur le chemin du retour, Maximilien ayant apprêté une voiture afin d'y loger tous les membres de la famille Conquérant, Joséphine fut assaillit de questions par ses cadets plus qu'heureux de la retrouver : Où était-elle ? Que faisait-elle ? Avait-elle vécu des aventures comme elle le désirait tant ? Et ce n'est sans surprise que cette dernière esquiva la majorité des questions avec brio. Non pas qu'elle n'avait pas envie de leur raconter ses journées de cavale, mais elle les savaient bien trop jeunes pour comprendre l'ampleur de ses actions. Alors elle se contenta de répondre à la question portant sur l'aventure, leur faisant croire qu'elle avait eu et vu tant de choses, qu'il lui serait bien impossible de tout leur dire maintenant, mais qu'elle le ferait progressivement.

Et voilà une tâche se rajoutant sur sa longue liste de choses à faire.

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