Chapitre 7
Je m'appelle Jordan Bardella, et j'ai 28 ans. Je ne sais pas si cela fait des heures, ou bien des jours, mais je me suis fait tiré dessus, et je suis actuellement dans le coma. Je n'ai pas la sensation d'être mort, mais je n'ai pas non plus la sensation d'être en vie. J'arrive à penser, mais pas à réfléchir.
J'avais 16 ans lorsque j'ai rencontré Gabriel Attal. Je m'en rappelle comme si c'était hier, nous étions dans le train, et je l'avais vu au loin. Quelque chose chez lui m'a immédiatemment attiré. Je savais que j'avais une attirance pour les hommes, mais j'ai ressenti une force incontrolable qui me poussait vers lui. Par le plus pur des hasard, il me renversa son café dessus. Il m'en avait payé un autre, et j'avais passé le meilleur trajet de train de ma vie. Nous avons passé une semaine au ski ensemble, et je savais que je tombais amoureux, tout comme lui. Le dernier soir, nous avons couché ensemble. Et c'est là que j'ai compris que j'avais un réel problème. Moi, Jordan Bardella, j'étais amoureux, je souffrais sans lui. Je voulais passer ma vie avec lui. Mais c'était impossible.
J'ai eu une enfance difficile. Mon père était très violent, et m'a toujours répété que je n'arriverais jamais à rien. Le jour où j'ai quitté ma maison, je lui ai juré que je deviendrai quelqu'un de puissant, mais que ce serait trop tard, car je ne lui adresserai même plus un regard. Depuis, cette promesse me hante. Et cette promesse est la raison de mon malheur, car si je la brisais, si j'étais dans une relation avec Gabriel, je ne pourrais jamais réussir, on ne tolèrerais pas un président homosexuel d'extrême droite. Cela va à l'encontre des valeurs de mon entourage, non, c'est tout bonnement impossible. La nuit après avoir couché avec Gabriel, j'ai beaucoup réfléchi, je devais faire un choix. Je pouvais choisir d'abandonner, de vivre avec Gabriel, quitte à m'humilier devant mon père, où alors, je devais partir. Je savais que si je décidais de ne pas être avec Gabriel, je devais aller le plus loin de lui possible, car il était impossible pour moi de vivre proche de cet homme sans être avec lui. Mon amour était trop puissant. C'est au final ce que j'avais décidé de faire, car après tout, je ne mérite pas son amour. Je ne souhaite pas être soumis au poison qu'est l'amour, qui nous soumet et nous aliène. C'est ce qui s'est passé avec ma mère, qui reste avec un homme pitoyable, et ce simplement par amour. Je ne ferai pas comme elle, j'abandonnerai pas mes ambitions par amour.
Quand je l'ai revu un an plus tard, j'ai ressenti toutes ces émotions que je ressentai à Megève, rien n'avait changé. Après notre conversation explosive, je m'en suis terriblement voulu. Je lui ai dit des choses atroces, et je me haïrai toute ma vie pour cela. Mais c'était pour son bien, je ne mérite pas que Gabriel Attal m'aime. Il fallait qu'il réusisse à me détester, car je ne peux vivre en sachant qu'il m'aime. Il ne mérite pas cela, il mérite tellement mieux. Je lui ai dit que je l'aimerai toute ma vie, et je le pense. Mais j'espèrais qu'il réussirai à m'oublier. Il le fallait.
Quatorze années après cela, tout allait largement mieux pour moi. Je n'étais plus avec Marine Lepen, dieu merci, mais avec sa nièce, Nolwenn Olivier, depuis quatre ans. Je ne suis pas amoureux d'elle, mais elle est très agréable, je suis parfois heureux avec elle. Nous avons des conversations divertissantes, et partageons les mêmes idées. Je réussissai très bien en politique, j'étais même en tête de liste pour les élections européennes. C'est là que tout à vrillé. J'ai revu Gabriel au débat, et j'ai senti tous mes sentiments revenir, ce qui m'a fait paniquer. Je suis allé lui parler, mais la conversation à dégénérer. Il m'a dit qu'il me battrait aux européennes, et j'ai eu l'impression qu'il me détestait. Pourtant je le sentais qu'il m'aimais toujours, mais il me haïssait en même temps, et cela me brisait le coeur. Le pire s'est produit : une photo de nous deux avait été publiée sur internet. J'ai sorti l'excuse du Deepfake à Nolwenn et elle m'a cru, comme la plupart de mon entourage, mais j'étais tout de même paniqué à l'idée des européennes. J'ai vu que Gabriel avait fait un live pour parler de la photo, mais je ne l'ai pas regardé. Je ne voulais plus entendre parler de Gabriel Attal.
Lorsque j'ai vu les résultats des élections, c'était le plus beau jour de ma vie. Ou presque. Malgré mon échec au débat, et les menaces de Gabriel, j'avais gagné. Pourquoi n'étais-je pas heureux ?Quelques jours après cela, j'ai appris une nouvelle qui m'avait glacé le sang : Emmanuel Macron, mon ennemi juré, le président de la République, était publiquement dans une relation avec Gabriel. Je suis alors devenu comme addict à leur couple, je regardais chaque photo, chaque interview, et chaque instant, je souffrais encore plus. Est-ce que je m'étais trompé ? Le succès en politique était-il compatible avec l'amour ? Aurais-je pu vivre heureux avec Gabriel ? Ces questions me rongeaient. J'ai commencé à ravoir des problèmes gastriques, comme à l'époque de l'incident de Tolbiac, qui reste un de mes plus gros traumatismes. Après avoir vu un interview où le couple parlait de mariage, j'étais au plus bas.
Le soir où nous avons mangé au restaurant, j'ai cru mourrir. Voir l'homme que j'aimais avec celui que je méprisait était le pire des spectacles. Je souffrai, et j'avais un boeing en bout de piste. Lorsqu'ils se sont embrassés devant moi, je n'en pouvait plus, je suis sorti en courant. Je me suis accroupi dans une rue, je souffrais tellement, mentalement et physiquement , mais je ne pouvais pas pleurer ou déféquer en pleine rue. Quand Gabriel est arrivé, j'ai cru que la situation ne pouvait pas être pire. Puis, nous nous sommes embrassés, et j'ai relaché toute la pressiosn (littéralement). Cette fois, pour une fois, j'avais de l'espoir. Ma vie avec Gabriel était possible, car elle était en réalité tout ce que je désirai. Je pouvais être heureux sans la politique, mais pas sans lui. J'aurais tout laché pour lui.
Puis, on m'a tiré dessus. Je suis dans le coma, et je ne sais pas si je vais m'en sortir. Lorsque j'étais encore conscient, et que Gabriel était avec moi, en pleurs, dans l'ambulance j'ai tenté de lui parler, de lui dire que je l'aimais, lui dire que j'étais désolé. Qu'il était tout ce que je désirai. Mais n'y arrivai pas. C'était trop tard.
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