Chapitre 3
Lorsque je me suis réveillé, Jordan était parti. J'ai couru à son chalet mais il n'y avait plus personne. Il était parti. J'avais son numéro de téléphone mais j'ai compris rapidement qu'il m'avait bloqué. J'étais fou de rage. Je me sentais utilisé, sale. Pendant un certain temps j'ai également beaucoup culpabilisé par rapport à Joyce, alors je l'ai quittée.
Un an après cela, je me trouvais à une conférence politique, et c'est là que je l'ai revu. J'ai vu qu'il était avec le parti opposé au mien. J'ai vu qu'il était d'extrême droite. Lorsqu'il m'a vu, il m'a ignoré. Je refusais cela. À la pause, je l'ai suivi.
- Je ne te dérange pas j'espère ?
Il se lavait les mains, et m'a regardé à travers le miroir. Il n'a rien répondu, et a tenté de partir mais je bloquais la porte.
- Laisse moi sortir. A-t-il ordonné d'un ton sec. Des gens m'attendent.
- Jordan, je m'en moque. Parle moi. Explique toi.
- Appelle moi Monsieur Bardella, d'ailleurs, vouvoyez moi. Nous ne sommes pas amis, loin de là. Je n'ai rien à vous dire. Laissez moi passer ou j'appelle la police.
- Comment peut tu agir ainsi ? J'ai vu tellement d'amour dans tes yeux Jordan. Et je t'aimais. Je t'aimais réellement. Comme je n'ai jamais aimé qui que ce soit, et toi ? Toi tu m'as brisé le coeur.
- Si tu veux vraiment parler retrouve moi chez moi ce soir. Mais pas ici.
Il me glissa dans ma poche un papier avec son adresse, et parti. Était-ce la vraie adresse ? Je n'avais plus rien à perdre, alors, je m'y suis rendu. C'était bien chez lui, il m'ouvrit la porte de son appartement du 16e assez chic, et me fît entrer. J'étais surpris du luxe de ce logement, lui qui était en difficulté financière.
- Marine vit avec toi ?
- Oui, mais elle ne rentre que dans une heure. Nous avons le temps de parler. Assieds toi.
- Jordan... ai-je dit. Explique moi s'il te plaît. Pourquoi m'as tu fait ça ? Je ne t'ai jamais forcé à rien, alors pourquoi cette haine ?
- Ce n'est pas personnel. Gabriel je te l'avais dit, je suis quelqu'un d'ambitieux. Et mon ambition, c'est la politique. Cela passera toujours avant tout. Je ne peux me permettre d'être ... mal vu.
- Le problème est que je suis un homme, n'est ce pas ? Ton parti n'est pas très tolérant par rapport à ce type de relations. Pourquoi es-tu du côté de ceux qui te mépriseraient s'ils savaient qui tu es vraiment ?
- Tu n'as aucune idée de qui je suis ! A t'il crié. Nous avons couché ensemble une fois Gabriel ! Je ne suis pas homosexuel, tu n'étais qu'une expérience, un cobaye. Tu n'as jamais compté pour moi.
J'ai pris chaque mot comme un coup de poignard dans mon coeur.
- Tu mens. Dis-je, les larmes brillant dans les yeux. Je le sais. J'ai vu de l'amour ce soir là. Rejette cet amour si tu le souhaites, devient une personne cruelle si tu le désire, interdit toi le bonheur, mais tu le sais au fond, que tu étais amoureux. Je l'étais aussi. Je le suis toujours au fond, j'ai quitté Joyce. Parce que je sais que je ne pourrais jamais connaître une relation autre que la nôtre, car tu es le seul Jordan, le seul à m'avoir fait comprendre ce qu'est le vrai amour et le vrai désir. J'ai enfin compris comment on pourrait tout laisser pour la personne qu'on aime parce que, Jordan, je tuerais pour toi, je mourrais pour toi. Tu as été le jour dans ma vie qui s'apparentait à une nuit éternelle. Si seulement...
- Si seulement quoi ? Je quittais Marine ? Qui finance tout mes projets ? Tu t'attends à quoi? A ce qu'on vive ensemble, qu'on nous voit ensemble, alors que nos positions politiques s'opposent ? De quoi aurions nous l'air ? Je ne renoncerai pas à mon ambition pour l'amour. Il faudrait être un imbécile pour faire cela.
Malgré les larmes qui coulaient le long de mes joues, j'esquissa un sourire.
- Au moins tu reconnais que c'était de l'amour.
- Oui. C'est ce que tu veux entendre ? Oui je t'aime. Oui j'aurais aimé une vie avec toi. Je pensais que ne pas te le dire te permettrais de tourner la page mais puisque tu t'obstines. C'est pour cela que je t'ai viré de ma vie. Je savais que notre amour était impossible, je pensais que ça serait le mieux pour toi, de t'éloigner de la personne que je suis. Je sais que je ne suis pas une bonne personne. Mais au moins, Gabriel, je sais que je réussirai.
- Mais seras tu seulement heureux ?
J'aurais juré avoir vu une larme briller dans ses yeux.
- Je n'ai jamais voulu le bonheur. Je ne le mérite pas non plus. Je veux simplement avoir mon importance.
Je m'approcha de lui et lui tenu les mains.
- S'il te plaît Jordan. Ai-je murmuré. Je ne peux pas vivre sans toi.
Les larmes coulaient maintenant avec certitude de ses yeux.
- Je suis désolé. Je suis tellement désolé. C'est impossible Gabriel. Notre amour est tout simplement impossible.
Il m'embrassa tendrement, nos larmes s'entremêlants.
- Je t'aimerai toute ma vie. Ai-je pleuré.
- Moi aussi Gabriel.
Il m'embrassa une dernière fois. Au même moment, j'en te dit Marine rentrer.
- Chéri, j'ai eu une idée brillante de loi contre l'imm- Oh Gabriel ! Quelle surprise !
J'ai regardé dans les yeux une dernière fois l'homme que j'aimais.
- Tout va bien ?
- Oui, ne t'inquiètes pas. Gabriel allait partir.
- Oui. Bonsoir Marine, bonsoir Jordan.
Il me tourna le dos, peut être pour dissimuler ses larmes ?
- Bonsoir ! Dit Marine d'un air surpris.
Après avoir fermé la porte, j'ai couru jusqu'à chez moi, et j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps. Durant cette année j'avais espéré des milliers de scénarios de nos retrouvailles, j'avais imaginé des solutions pour que nous vivions enfin notre amour. Mais ce soir je le savais, notre amour était impossible.
Et ce soir, en 2024, après 14 ans sans le voir, je vais devoir faire un débat avec Jordan Bardella. Ce soir, je vais devoir me battre contre cet homme que j'aime depuis quinze années, cet homme qui m'a détruit.
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