Visage d'ange
Bon, voici un peu (beaucoup) en retard ce nouveau chapitre. Je n'ai malheureusement plus de chapitre d'avance, m'étant trop répété que j'en avais assez...
En espérant qu'il vous plaira, n'oubliez pas de laisser une review ;)
Visage d'ange
Avec satisfaction, elle l'observa apparaître au milieu de son jardin. Il pouvait dire ce qu'il voulait, il avait transplané ici précisément à cause de sa voisine. Le jardin de sa petite maison était entouré de haies, rendant invisible ce qu'il se passait à l'intérieur.
Il était refrogné mais au moins, sa voisine ne viendrait plus lui demander des comptes sur son ami magicien qui disparaissait au milieu du quartier. Il l'aperçut, debout sur la terrasse et mit nonchalamment ses mains dans ses poches en la rejoignant.
En une année entière, ils s'étaient traités comme des inconnus, se détestant seulement. Mais depuis qu'il l'avait vue pleurer, Hermione sentait que tous les deux avaient de nouveau l'impression qu'ils se connaissaient depuis bientôt dix ans. Les non-dits commençaient à peser un peu.
- Bonsoir Jolie-coeur, encore des livres au programme ?
- Non, j'ai fini le temps que tu arrives, répondit-elle en rentrant derrière lui, levant les yeux au ciel à la mention du surnom. Par contre, j'ai quelque chose pour toi.
Planté au milieu du salon, mains dans les poches, Drago leva un sourcil interrogatif. C'était impressionnant la vitesse avec laquelle il s'appropriait un lieu. Il venait ici hier pour la première fois et elle le trouvait maintenant trônant chez elle, aussi sûr que dans les couloirs du ministère.
- Tiens, s'exclama-t-elle en lui remettant une pile de dossier. J'ai pu les finir hier grâce à ton aide.
Sceptique, il les attrapa et ne les regarda que rapidement avec de s'exclamer :
- Heureusement, j'en avais besoin. Mais je suppose que tu le savais et que c'est pour ça que tu as commencé par ceux-là.
- Ça t'étranglerais de me remercier ?
- Probablement, je ne préfère pas essayer.
En lui lançant un regard noir, elle prit conscience qu'elle l'enviait. Toute sa vie elle avait du se battre pour se sentir à sa place et lui, il avait toujours l'air confiant, comme si le monde entier lui appartenait.
- Il faudrait emballer les affaires de la comode aujourd'hui.
- C'est cet affreux tas de bois abimé que tu appelles comode ? demanda-t-il en la suivant.
Forcément, non seulement il ne fallait pas s'attendre à des remerciements mais même le civisme, c'était au-delà de ses forces. Elle ne l'enviait plus tellement. Comment pouvait-on êter à la fois si élégant et si impoli ? Ça dépassait l'entendement.
Elle fit abstraction de sa remarque et se contenta d'ouvrir un tiroir en le lui désignant.
- Les cartons sont à ta droite.
Il hocha la tête et s'assit, commençant à trier le bazar dans différents cartons alors qu'elle s'installait à côté de lui. Elle lui offirt un thé qu'il toucha à peine et ils furent silencieux pendant exactement treize secondes et dix dixièmes, avant que Drago ne se mette à secouer une de photos qu'il avait trouvé, avec un air dubitatif.
- T'attends quoi, Malefoy ?
- Bah, que la photo bouge, répondit-il en la dévisageant comme si c'était une évidence.
Il secoua encore un peu la photo, plus perplexe encore. Il avait l'air d'un petit garçon à ses yeux, cherchant encore des significations partout. Il n'avait plus de tout cet air certain et un peu arrogant sur le visage.
- Ça ne bougera pas, c'est une photo moldue.
- Ah, lâcha-t-il avec une désapprobation ostentatoire sur le visage.
Il reposa la photo comme si elle l'avait brûlée et Hermione se rassurait que les photos finies, les choses les plus intimes étaient finis. Ils ne resteraient que les meubles, la vaisselle et toutes ces choses parfaitement impersonnelles. C'est donc au moment où elle pensait le danger le plus éloigné que Drago attrapa un autre paquet de photos pour mettre son nez dedans.
Qu'il ose dire que c'était elle qui était curieuse après ça.
- S'il te plaît, ne regarde pas celles-là, elles sont affreuses.
- Non, t'es plutôt jolie.
Hermione se figea puis se retourna brusquement avec un regard bizarre. Elle n'était pas sûre d'avoir bien entendu, à vrai-dire c'était physiquement impossible qu'elle ai entendu ce qu'elle avait entendu. Improbable.
- Pardon, j'ai pas dû bien comprendre ce que t'avais dis, lança-t-elle avec une petit voix gênée pour essayer d'expliquer son comportement.
- Je crois que si, répondit nonchalamment Drago qui attrapait un carton et du scotch. J'ai dis que t'étais jolie, Granger.
Bon, elle avait bien entendu. C'était lui le problème alors.
- T'as de la fièvre ? T'es malade ? T'as mangé des Fleurs d'Abéladone ? Avalé une potion bizarre ?
Le ton alarmant ne déstabilisa pas Drago qui se contenta simplement de reposer le carton et de lever sur elle un regard amusé.
- Qu'est-ce qu'il y a ? Ça te semble pas possible ?
Pourquoi alors que c'était lui qui aurait dû être gêné c'était elle qui rougissait ? Et puis quel genre de personne était mal à l'aise en vous découvrant entrain de pleurer mais vous regardait droit dans les yeux en vous disant que vous étiez jolie ?
Pourquoi Drago Malefoy arrivait-il si bien et si facilement à la déstabiliser ? Il réussissait toujours à agir à l'exact contraire de ce à quoi elle s'attendait.
- Tu... me trouves jolie ? finit-elle par répéter bêtement, à court de solution.
- On va pas faire comme si tu ne le savais pas.
Pourquoi n'était-il jamais gênée ? Pourquoi c'était à elle de bégayer, de rougir et chercher ses mots ?
- Tu détestes mes cheveux, Malefoy.
- C'est vrai, concéda-t-il sans même réfléchir.
- Et mes vêtements aussi.
- Oui.
Cette conversation vraiment étrange commençait à la rassurer. Parce que dans tous les cas, c'était moins déroutant de se retrouver face à un Drago qui la détestait que celui-là qui le faisait se sentir plus légère et plus lourde à la fois. Ça n'avait aucun sens.
- Et puis mes dents.
- Remarque, reprit-il en continuant à empiler des photos, ça va beaucoup mieux depuis mon maléfice de Dentesaugmento...
Il avait presque l'air fier de lui, son éternel sourire en coin. Hermione retrouva quelques repères dans son attitude. Mais il n'avait de toute manière plus rien à voir avec avant. Il avait grandi, changé, et depuis qu'il faisait des cartons à la façon moldue et savait couper du scotch, ils s'étaient rapprochés.
Parfois, il était même drôle. Pas trop non plus.
Elle voulut le pousser un peu plus à se dévoiler. Parce qu'il avait beau être exubérant, parler fort et toujours donner son avis, c'était très difficile d'accéder à ses pensées.
- Tu détestes mon sang aussi.
Il ne réagit pas dans un premier temps alors qu'elle pensait qu'il allait lui sauter à la gorge ou se figer. Il s'appliqua à fermer un carton et elle sentit son rythme cardiaque augmenter. C'était elle la méchante de l'histoire pour une fois et elle détestait ce sentiment.
Mais ils n'avaient jamais parlé de tout ce qui c'était passé. Du procès, de la reconstruction, des préjugés de sang, de la tournure de la guerre...
- Tu sais ce que j'en pense, non ? finit par lancer Drago en relevant ses yeux sur elle.
- Je crois. Mais j'aimerais te l'entendre dire vraiment.
Il éclata de rire.
Hermione se demanda si ce n'était pas déplacé dans une telle conversation mais au final, elle le laissa faire. Elle ne l'avait jamais entendu rire comme ça, c'était comme si on lui enlevait un poids sur les épaules.
- C'est tout toi ça, Granger. Tu veux toujours tout savoir et qu'on t'avoue tout.
Elle ouvrit la bouche, prête à se défendre mais il la coupa immédiatement :
- J'ai été un petit garçon idiot, ok ?
Il avait un air sérieux cette fois et sondait ses yeux comme s'il y cherchait son âme. Elle se contenta alors de l'écouter, suspendue à ses lèvres.
- J'adorais mon père, c'était mon seul modèle et pour moi, il ne pouvait qu'avoir raison. J'ai vraiment pensé que tu ne méritais pas d'être là, que tu volais ta magie à quelqu'un d'autre. En plus tu étais meilleure que moi à peu près partout et était amie avec Potter, soyons clairs Granger, je t'ai vraiment détesté.
Drago avait l'air très réel en lui disant ça. Comme s'il essayait de lui faire passer un message, de l'emmener vivre ce passé qui lui était étranger avec lui.
- Après, c'est devenu comme une espèce de routine de te détester. La sixième année est arrivée, je ne faisais plus très bien attention à si ce que je faisais était bien ou non, je voulais juste survivre et ne pas faire mourir ma famille. Je ne réfléchissais plus, je me disais simplement que peut-être que cette histoire de sang ne valait pas autant de sacrifice. Puis, la guerre s'est finie, on a perdu. J'ai dû brutalement admettre que tout ce que je pensais était faux. T'as été de nouveau la première à me démontrer le contraire. Quand je t'ai revue au ministère, j'avais déjà abandonné l'idée de supériorité du sang. Mais ça, tu le savais déjà, non ?
Elle se demanda un instant comment il savait qu'elle savait. Puis, l'évidence la frappa. Il avait changé d'avis sur elle, alors c'était logique qu'elle ait changé d'opinion à son tour. C'était normal au final qu'elle ne le déteste plus longtemps. Mais est-ce que c'était normal qu'il soit chez elle au milieu de ses photos avec Sean, lui racontant tout ce qu'elle ne savait pas de lui ?
- Merci, souffla-t-elle.
- Tu me remercieras quand j'aurais fini ces cartons.
- Ça ne risque pas d'arriver alors. Je croyais que t'avais négocié un maléfice de Glue ?
Faussement exaspéré, il reposa le scotch par terre et leva un sourcil.
- Je fais un effort pour faire les choses façon module et t'es toujours pas contente. T'es vraiment pas possible, Granger.
Elle se contenta de lever les yeux au ciel et, pour faire bonne mesure, Drago ferma tous les cartons suivant à l'aide de la magie. Le silence était plus léger, comme si d'enfin parler avait enlevé un poids sur les épaules. Hermione se rendait compte graduellement qu'elle ne connaissait plus grand chose de lui.
Elle ne connaissait rien de ce Drago aux cheveux plaqués qui ironisait à longueur de journée, se sentait partout dans son élément, menait d'une main de fer la moitié du département, l'aidait à fermer ses cartons. La trouvait jolie. Venant de lui, elle trouvait ça à la fois terriblement déplacé et horriblement gratifiant.
Elle évita donc soigneusement de le regarder dans les yeux jusqu'à ce qu'il parte. Transplanant au milieu de son quartier avec un sourire insolent.
~o~
Hermione ne continuait pas ses cartons quand il partait. Elle se retrouvait brutalement confrontée au silence. Il y avait une chose qu'elle ne s'avouait pas, c'était qu'il la poussait à être vivante.
Drago la forçait à être sur le qui-vive, à réagir vite, piquer fort et juste. Il l'agaçait, la révoltait, l'étonnait, la gênait. Il avait cette capacité déroutante à influencer son humeur par sa seule présence.
Ce soir-là, elle attrapa un de ses dossiers qu'elle avait emmené et se cala dans son canapé, un thé à la bergamote entre les mains Le feu ronflait paresseusement dans la cheminée et Pattenrond s'étirait calmement, sans un bruit.
Elle se plongea dans des histoires de lois transgressées, chiffre modifiés et litiges en tous genre. Les gens étaient tout de même créatifs. Elle résolut quelques affaires mineures, travailla sur le cas d'un elfe de maison qui la révolta, écrivit une lettre incendiaire.
Puis, quand ses yeux commencèrent à la brûler, elle releva la tête sur les braises qui s'éteignaient doucement. D'un coup de baguette, elle remit une bûche. Cela provoqua de petites étincelles qui effrayèrent Pattenrond qui sauta sur ses genoux. Hermione l'accueillit en éclatant de rire avant de le caresser pour le rassurer.
C'est à ce moment-là qu'elle réalisa. Elle avait fait le deuil. Cela faisait des mois qu'elle n'aimait plus Sean, c'était vrai. Mais elle n'osait pas se l'avouer, elle se disait que ça finirait par s'arranger. Ça lui avait fait mal quand ils avaient décidé de se quitter. Mais plus maintenant. Elle pensait à Sean, à son habitude de faire des thés trop froids, à ses vieux pulls élimés, à son rire qui montait haut dans le ciel. Et plus rien. Même pas de nostalgie, juste un grand calme.
Elle acceptait d'avoir enterré ses projets d'avenir et sa présence à ses côtés. Elle acceptait le calme de cette maison-là.
A un détail près.
Elle aurait voulu que ce soit faux, mais elle se sentait mieux chez elle quand Drago était là. Elle ne pouvait pas être tranquille s'il était présent. Il était trop tout. Trop orgueilleux, trop curieux, trop persuasif. Il fallait s'en méfier, l'écouter, se disputer avec lui.
Pattenrond la tira de ses pensées en lui léchant bruyamment la joue, comme un petit chien. Elle l'écarta doucement et reprit ses caresses, ce qui l'adoucit.
C'est alors que dans ce calme qu'elle acceptait enfin, un seul mot retentit :
- Hermione ?
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