Du rire aux larmes

Et voilà, j'ai deux jours de retard pour poster ce chapitre. J'espère pouvoir rattraper ce retard et arriver à poster le prochain dans exactement dix jours même si mes chapitres d'avance s'amenuisent rapidement... Bonnes fêtes à tous !

Du rire aux larmes

C'était donc un cas de force majeur ; Granger acceptait son aide. Elle avait atteint un niveau de désespoir qu'il ne soupçonnait même pas.

Drago envisagea de fuite, revit la désagréable pile de dossiers qui trônait dans son bureau, et en conclut qu'il allait vraiment devoir apprendre à faire des cartons à la moldue. Elle devait se moquer de lui en fait.

Enfin, ses doutes furent sérieusement ébranlés après près de trois heures à emballer des livres. D'accord, elle était silencieuse, même il était presque sûr qu'elle l'observait parfois. Mais surtout, il était maintenant convaincu qu'elle se fichait de lui parce qu'il n'en finissait pas de collecter ces fichus bouquins.

D'ailleurs, c'était impossible qu'elle ai tout lu. Sinon elle ne verrait plus clair à force de s'abîmer les yeux sur ces pages.

Il lui jeta un regard soucieux. Elle emballait minutieusement de vieux vêtements.

Merlin, elle les avait vraiment lus, c'était sûr.

Regrettant sa baguette magique, il empila les derniers livres et ferma d'un sort le carton. Il attrapa un marqueur, méfiant, et écrivit précautionneusement ce que contenait la boîte.

Hermione quant à elle était entrain de ranger un pull jaune de très mauvais goût. Il pensa qu'elle ne perdait finalement pas grand chose à se séparer de lui. Sauf peut-être cette petite lueur dans ses yeux qui semblait éteinte. Et puis depuis quand lire remarquait ce genre de choses ? Depuis quand ça importait ?

Il finit par remarquer qu'il avait enfin fini d'emballer ces livres quand sept heures sonnèrent. C'était encore une invention moldue, c'est ça ? Il y en avait vraiment un qui s'amusait à sonner une cloche toutes les heures ?

- C'est bon Granger, j'ai fini.

- Il y a une liste des choses à emballer sur la table, répondit-elle distraitement sans lui jeter un seul regard.

Drago jeta un regard à la dérobé pour regarder ce qu'elle emballait si sérieusement. Des photos. Elle lui tournait le dos si bien qu'il ne sut pas quelle expression elle abordait. Mais il n'essaya même pas de la déconcentrer, ayant moyennement envie de risquer une fois de plus sa peau.

La liste résumait les différents types de cartons à faire. Drago était plutôt d'avis qu'il fallait arracher brutalement le pansement. Il n'aimait pas se morfondre, ou du moins pas devant les autres. C'est pour ça qu'il choisit les vêtements de Sean.

Il regretta au bout de dix minutes à plier des pulls en cachemire. Décidément, il n'était pas fait pour ça. D'ailleurs, il n'avait jamais déménagé de sa vie, comment pouvait-il savoir qu'on emballait tout dans ces immondes cartons ?

- Mais qu'est-ce que tu fais ?

L'air effaré, Hermione se tenait dans l'embrasure de la porte.

- Je range peut-être ?

- Les affaires de Sean ?

- J'ai vraiment choisi délibérément.

Son regard sceptique indiquait qu'elle en doutait sérieusement. Pourtant elle ne dit rien et s'installa à côté de lu, en tailleur, l'aidant silencieusement. Si les photos et les vêtements faisaient trop d'un coup pour le pansement, elle n'en montra rien.

Il ne l'aurait jamais avoué, mais Drago fut finalement content qu'elle l'ai rejoint. Un peu comme s'il faisait plus chaud dans la pièce, peut-être même à l'intérieur de lui-même. Et plus il la regardait, plus il s'apercevait qu'elle était jolie, plus le constat le mettait mal à l'aise.

Drago découvrit finalement que Sean portait des slips, et de surplus couleur moutarde s'il vous plaît. Il s'en moqua donc allègrement sous les yeux ébahis d'Hermione. Elle se lança donc dans un sermon pas très convaincu avant d'éclater de rire avec lui. Puis de pleurer.

Les filles étaient incompréhensibles. Il avait déjà vu Pansy pleurer pour des escarpins qui lui auraient d'ailleurs plus détruit les chevilles qu'autre chose. Quant à Daphné, elle avait une fois réussi à pleurer alors qu'elle lisait un devoir de métamorphose raté. Incompréhensible.

Mais curieusement, cette fois-ci, il ne retrouva pas aussi dépourvu qu'au ministère. Peut-être parce qu'elle même était perdu entre rire et pleurs. Elle essuyait du dos de la main des larmes qui renaissaient et elle tentait de cesser de sourire.

Une autre vérité agaçante resurgissait et le frappait au visage : Hermione Granger était forte. C'était marrant qu'il pense ça maintenant alors qu'elle avait l'air folle avec ses cheveux jamais coiffées, moitié morte de rire, moitié pleurant toutes les larmes de son corps.

Mais c'était incroyablement vrai, elle était forte. C'était peut-être même une des femmes les plus fortes qu'il ai jamais connu.

Cette conclusion l'agaça et il se rembrunit. Pourquoi arrivait-il maintenant, cette dernière année où ils avaient travaillés ensemble, à lui voir toutes ces qualités qui lui avaient échappées auparavant ? Pourquoi ne lui découvrait-il que des côtés positifs ?

C'était fatiguant de vivre aux côtés d'un petit génie.

- Je suis une vraie madeleine, soupira Hermione entre deux hoquets, perdue entre rire et tristesse.

- Ça, tu peux le dire, répondit nonchalamment Drago qu vérifiait scrupuleusement à ce que son corps ne se rapproche pas trop du sien.

Assez de constats étranges pour aujourd'hui.

- Et tu t'es toujours pas moqué de moi, gloussa-t-elle en essuyant ses joues du dos de sa main.

- Je sais parfois faire preuve de discrétion.

- De temps à autre.

- Souvent.

- Rarement.

Il lui lança un regard débordant de mauvaise fois. Heureusement, elle souriait maintenant.

- Tu deviens vexante, Granger. Je sais faire preuve d'une grande discrètion.

- Comme quand tu te moques des sous-vêtements des autres ?

Pourquoi marquait-elle toujours un point ?

~o~

Drago quitta la maison remplie de carton éreinté et soupirant, commençant à comprendre qu'il y avait certaines choses auxquelles il ne pourrait jamais accéder. C'était épuisant de tout faire comme les moldus. Il passa la main dans ses cheveux dans un espoir vain pour dissiper la fatigue puis, fini par transplaner.

Au milieu de son quartier moldu. Elle allait le tuer.

Son appartement était toujours froid et plongé dans le noir. Mais pour une fois, il fit un effort et alluma la lumière de la cuisine. La vaisselle s'empilait inlassablement et le frigo était presque vide.

- Récurvite.

C'était au moins une chose de faite. Il abandonna ensuite son costume pour aller prendre une douche. L'eau brûlante coulait sur sa peau laiteuse, lui donnant l'impression de laver son esprit avec.

Il n'y resta pourtant pas longtemps, détestant voir la peau de ses doigts fripées. Il revint au salon, séchant ses cheveux à l'aide d'une serviette. Il existait des dizaines de sorts pour les sécher parfaitement, mais Drago avait toujours aimé sentir les gouttelettes tomber sur  ses joues et la fraîcheur de ses cheveux humides sur sa nuque.

Il se laissa finalement tomber sur son canapé, vide. Sa vie n'avait plus vraiment de sens quand il mettait les pieds dans cet appartement. Et il se refusait de se demander si elle en avait quand il était en-dehors.

C'était la première fois depuis des mois qu'il rentrait si tard à cause d'autre chose que son travail. Il s'isolait tellement dans son travail au ministère qu'il pouvait comprendre que Granger veuille noyer son chagrin dans une tonne de dossier.

Et puis tant que ça lui servait à lui aussi.

Ce soir, il venait de comprendre que sans elle, sa vie aurait encore moins de sens. Son travail, il l'aimait aussi parce qu'il pouvait l'embêter, parce qu'il passait son temps à se battre pour la surpasser. Et si des fois il réussissait, il échouait aussi lamentablement.

Elle avait quelque chose qui l'agaçait. Qui lui donnait envie d'aller l'agacer.

L'idée lui déplut et Drago fit une grimace que seule la nuit vit.

Ses bouteilles étaient éclairées, juste sous son nez, par la lumière de la cuisine qu'il n'avait pas éteinte. Ce soir plus que jamais, il savait que le courage, ce n'était définitivement pas lui qui le tenait.

Il n'aurait pas dû, mais Drago attrapa quand même le Whisky Pur Feu.

~o~

- Non.

Il n'y avait qu'une seule personne dans tout l'état pour répondre de manière aussi catégorique. Ça tira un sourire narquois à Drago. Enfin, il n'y avait aussi qu'une seule personne dans tout l'étage pour laisser sa porte ouverte pour que chacun se sente libre de venir lui parler, ce qui faisait qu'on entendait tout ce qui se disait.

- Mais puisqu'ils sont...

- Des êtres qui ressentent des choses comme nous. Si vous voulez les faire voyager, ce ne sera pas sur un balai. Même s'ils sont là illégalement, prolongez le titre de séjour, je m'en porte garante. La plupart ont le vertige !

- Mais enfin, ce sont des elfes de maison.

Il ne sut pas exactement quel regard Hermione lança à son interlocutrice, en revanche, il vit très précisément Mady sortir de son bureau à grandes enjambées. Par peur ou par colère.

Drago mit ses mains dans ses poches et se dirigea à son tour vers la porte ouverte. Mis à part la rupture de la machine à café dans l'Atrium, cette journée commençait bien. Il arriva devant le bureau d'Hermione où elle s'agitait à la recherche d'on ne savait quoi.

- Dis Amour, quand t'auras fini de polémiquer sur tout l'étage, on pourra peut-être y aller ?

- Et aller où ? répliqua Hermione, stupéfaite.

- Dans le bureau du directeur, il a un message à nous faire passer, je sais pas trop ce que c'est.

Sourcils froncés et plutôt peu convaincue, elle se leva tout de même, rassemblant les dossiers sur sa table en une pile parfaite. Drago constata avec un petit sourire que la plupart étaient en réalité les siens.

- Maintenant ?

- J'ai l'air d'être disposé à attendre ?

- Toi, je m'en fiche, répondit-elle en attrapant un carnet de notes. Le directeur, un peu moins.

Elle agita sa baguette et ses dossiers se rangèrent parfaitement en un clin d'oeil.

- C'est du café ? demanda innocemment Drago en désignant une tasse d'un signe de tête.

- Oui, mais je ne le réchaufferais pas pour toi, prévint-elle en sortant. Tu sais, la surconsommation peut entrainer de la sensibilité dentaire irréversible et de l'halitose.

Il ne savait absolument pas ce que c'était, mais Drago se renfrogna tout de même et mis un point d'honneur à traîner le plus possible pour les mettre en retard.

~o~

Drago ne retint pas grand chose de la réunion à vrai dire : que le directeur était décidément timbré avec son idée de ramener des bébés dragons au bal de Noël au Ministère, que Granger était très rabat-joie, que ses cheveux étaient en fait capables de défier toutes lois de la gravité en restant à l'horizontal toute une journée et que le papier peint du bureau laissait sérieusement à désirer. Non vraiment, en matière de réunion, il avait assisté à plus intéressant.

- ... parce que l'article vingt-deux serait alors enfreint et là, on ne peut plus rien faire. Comme cette fois où... Malefoy ? Malefoy, tu m'écoutes ?

Il tourna ses yeux gris dans les siens. Il était presque sûr de voir sa tête fumer tellement elle réfléchissait.

- Non, répondit-il avec nonchalance, mettant ses mains dans les poches.

- Voilà ce que je déteste chez toi, soupira Hermione alors qu'ils continuaient d'arpenter les couloirs pour retourner à leurs bureaux. Cette arrogance constante, c'est fatiguant. Comme ta tendance à l'insolence, tu as à peine répondu aux questions du directeur.

- Tu sais quoi, Granger, on gagnerait du temps si tu faisais la liste des choses que tu aimes chez moi.

Ils arrivaient devant le bureau de Drago alors qu'il lançait cette phrase. Elle était insupportable elle aussi parfois. Il lui trouvait des qualités et en échange, elle lui balançait ses défauts à la figure. Adorable cette fille.

Au moment de rentrer dans son bureau, il se retourna tout de même vers elle :

- T'as encore besoin d'aide pour tes cartons ?

- Plutôt, tu as fait un travail abominable hier, la moitié des livres sont tordus, il faut tout recommencer.

- Excuse-moi, râla-t-il, détestant qu'on dénigre son travail. Chez moi, j'avais des gens pour faire ça.

- Des elfes lâchement exploités, ça, je n'en doute pas.

Drago fut assez fin pour sentir que le sujet était sensible et n'insista pas. Elle était un instant défenseurs du monde entier, la seconde d'après cynique et celle d'encore après, elle vous pleurait dans les bras. Drago mettait sa main à coupe que sous cette masse capillaire défiant toute loi physique, au moins six personnalités se relayaient.

- Sept heures ? lança-t-il avec nonchalance, s'appuyant contre l'encadrement de sa porte.

- Sept heures, approuva Hermione.

Elle lui fit un petit signe de tête et fit quelques pas avant de subitement faire demi-tour :

- Ah, et s'il te plaît fais un effort cette fois, j'habite dans le Londres moldu, ne transplane pas devant chez moi. J'ai eu un mal fou à expliquer à ma commère de voisine comment tu avais apparu sur le seuil de ma porte.

L'idée tira un sourire narquois à Drago et elle lui offrit un regard assassin en échange.

- Rigole, la prochaine fois je t'envoie lui expliquer. Une adorable moldue de trois fois ton âge, tu vas être ravi. Donc Monsieur Discrétion, fait étalage de tes innombrables talents pour cette fois, et je t'en serais éternellement reconnaissante.

Le ton ouvertement moqueur agaça Drago qui la regarda disparaître la tête haute. Qu'elle ne s'étonne pas qu'ils se crêpent le chignon après, quand elle prenait ses grands airs. Il faisait ça lui, avec elle ? Non. Bon.

Il poussa enfin la porte de son bureau et avisa sa tasse de café vide.

Et puis comment pouvait-il savoir que les vieilles dames moldus ne trouvent pas normal qu'on apparaisse de nul part ?

Il se sentit obligé de se laisser tomber dans son fauteuil sous le poids de cette interrogation. C'était agaçant la manière dont elle connaissait aussi bien le monde moldu que celui sorcier. Rien ne lui échappait, ni dans l'un, ni dans l'autre.

Mais ce n'était tout de même pas une raison valable pour lui balancer des vérités qu'il ne pouvait bien entendu pas connaître à la figure.

Il avait juste oublié que la première raison pour laquelle il la détestait, c'était parce qu'elle était la seule à lui tenir tête.

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