ÉPILOGUE : Qu'ils viennent, je les attends...
PDV Omniscient
Le vent souffla étonnamment fort sur les ailes de l'oiseau, dont le plumage avait été terni par la poussière et les fumées mal odorantes, qui s'échappaient de la tour.
Le rapace, en plein vol, se posa sur l'une des nombreuses branches d'un arbre au feuillage dégarni.
Le craquement de la branche témoigna de la faible résistance que pouvait opposer la gigantesque plante, qui luttait tant bien que mal pour rester en vie.
Non loin de là, une fenêtre.
Entrouverte.
D'où s'échappait une horrible odeur de chair brûlée que le vent portait au loin.
L'oiseau, s'il eût été doté de mains et d'un nez, se serait immédiatement protégé de la vague de désespoir qui c'était emparée de son odorat.
Malheureusement, un oiseau restait un oiseau.
Le petit animal se contenta donc de battre des ailes, afin de s'éloigner un maximum de la source de son mal-être.
Mais qu'est-ce qui brûlait ainsi ?
Un corps.
Et pas n'importe lequel, celui du énième assistant de son "altesse" Morteus, qui avait eu le malheur de lui apporter de très mauvaises nouvelles.
Le maître obscure, qui était en pleine expérience sur de rares cristaux d'énergie, s'était violemment emporté en entendant la nouvelle de la bouche de son assistant.
Non seulement, il l'avait dérangé pendant qu'il manipulait de précieux outils, mais en plus c'était pour lui dire que la femme qu'il avait engagée, avait échoué dans sa mission.
Dans sa colère, il avait brûlé vif le pauvre démon qui cria de douleurs, avant de tombé raide mort sur le sol de la tour.
Ses hurlements et gesticulations grotesques devant une mort évidente avaient fait rire Morteus, qui, une fois satisfait, avait appelé son général afin d'élaborer un plan de secours.
À présent, le démon humanoïde en armure se trouvait là, devant son maître ultime, un genou à terre, l'air aussi effrayé que soulagé.
Une seconde de retard, et le cadavre sur le sol devenait le sien...
- Maître, j'écoute, déclara-t-il en levant les yeux vers un Morteus frustré.
Le maître mage s'était assis confortablement sur un fauteur de velours gris, fulminant d'une colère devenue silence.
- Alors comme ça, cette pauvre gamine de Territorium a échoué ?
- Oui mon maître, affirma-t-il en baissant le regard pour ne plus croiser celui de Morteus, elle a été tuée par l'un des Élus.
Morteus jura.
- Quelle incapable celle-là ! Ce n'est tout de même pas compliqué de tuer quelqu'un !
Le général Kroff préfèra se muer dans un silence qui lui garantissait de vivre jusqu'à demain. Il laissa le mage noire se lamenter à haute voix, et médire les actions de celle qui "avait tout gâché".
- Bon sang ! s'agaça-t-il, cela valait bien la peine de renforcer sa magie et de la payer ! Cette idiote a en a bien profité le temps que ça a duré ! Mais moi, qui va me satisfaire ?! C'est vous peut-être ?!
Le général se racla la gorge. La situation dans laquelle il se trouvait était très inconfortable :
Soit il lui répondait, mais finissait carbonisé pour insubordination, en ayant répondu à une question rhétorique sans permission.
Soit il lui donnait une réponse poliment, mais risquait de mourir pour ne pas avoir réussi à le satisfaire.
Soit il pouvait lui répondre qu'il ne le satisferait pas, et il mourrait dans d'astroces souffrance par manque de loyauté.
Ou encore il pouvait se taire, mais il risquait de payer de sa vie les frais d'une autre crise de Morteus, qui l'accuserait de l'avoir ignoré, lui, son maître ultime.
Le cerveau du général s'était malheureusement retourné.
L'idée même de réfléchir à différents chemins qui le conduisaient tous indéniablement vers la mort, lui avait embrouillé l'esprit.
Résultat, il avait une migraine.
- Heu... Je vais essayer de vous servir au mieux, avait-il finalement déclaré.
- Ah oui ? Et comment ? se moqua Morteus alors que ses lèvres s'étaient retroussées en un sourire carnassier.
Son geste dévoila deux rangées de dents affreusement jaunes...
Peut-être était-ce l'amer goût de l'échec qui ne cessait de lui rester entre les dents ?
- Oui mon seigneur, j'ai d'importantes nouvelles venant de notre contact infiltré.
Morteus se redressa vivement sur son fauteuil, soudain plus intéressé.
- J'écoute.
- Notre espion est parvenu à obtenir des informations sur le projet qui est en cours au palais impérial : un certain "projet S" je crois, ou peut-être T ou U ou-
- V, W, X, Y, Z ?! Tu te fous de moi ?!
Sa voix rompit le silence et résonna comme le métal sur le sol.
- Je n'ai pas de temps à perdre avec ce genre de gamineries ?! Compris ?!
Le général avala difficilement sa salive, puis saisit discrètement son propre poignet pour s'empêcher de trembler.
- Oui, grand maître...
- Alors ?! J'attends toujours !
- Oui, il s'agirait d'une expédition sur une des trois planètes.
Morteus écarquilla les yeux avant de briser l'accoudoir de bois sur lequel il était appuyé.
Jamais sa colère n'avait été aussi vive et expressive qu'en cet instant précis. Instant, que le général Kroff se présenta comme le dernier de sa vie.
- Merde !!! hurla-t-il, s'ils vont sur Serenity ils vont tout comprendre ! Je ne peux le permettre ! Mes expériences n'ont pas encore donné de résultats satisfaisants !
Le général se gratta le sommet du crâne, où s'étaient emmêlés ses cheveux noirs et rendus gras par un manque d'entretien évident.
Mais bon, ce temps qu'il aurait pu passer à régler ses problèmes capillaires , il le passait à sauver sa peau...
... en satisfaisant Morteus.
- Comment pouvez-vous savoir qu'il vont sur cette planète ? demanda-t-il innocemment.
Le maître noir se retourna brusquement vers ce démon qu'il comme bon à rien et stupide.
Le regard qu'il lui lança fut perçant et sans merci, ce qui en disait long sur ce qu'il pensait lui faire s'il continuait.
- Sombre crétin ! s'agaça-t-il en balançant le premier objet sans importance qu'il lui tomba sous la main, combien connais-tu de planètes qui commencent par la lettre S ?!
- U-une seule mon seigneur, sursauta-t-il quand l'objet (paix à son âme...) se brisa contre le mur non loin de lui.
- Vraiment, je suis entouré d'une bande d'incapables ! Aucun d'entre vous n'est foutu de m'apporter la tête d'un des Élus ! Vous êtes inutiles !
À croire que je devrais m'en charger moi-même et-
Morteus se stoppa net, les yeux exorbités, comme s'il venait d'avoir une révélation. Une idée lumineuse commença à germer dans son esprit tordu.
- Dehors ! hurla-t-il sur le général Kroff qui l'empêchait de réfléchir avec toutes les conneries qu'il débutait par minutes.
Le démon ne se fit pas prier et quitta les lieux en vitesse, sans demander son reste.
Le maître mage noir étira un sourire machiavélique sur ses lèvres desséchées, probablement dû aux innombrables horreurs qui sortaient de sa bouche.
Et oui, la méchanceté ça fait vieillir...
- Mais oui, s'amusa-t-il en se frottant les mains, c'est ça, la solution était évidente !
En cet instant, Morteus jubila.
Il se réjouissait déjà de la tournure qu'allaient prendre les événements s'il décidait, non pas de tuer les Élus...
... mais de se les faire livrer à domicile.
Ah, il n'y avait rien de plus savoureux pour le mage noir que la vue d'une belle brochette d'ennemis prisonniers sous sa coupe, et qui ne viendraient plus jamais nuire à ses plans.
- Hahaha, ricana-t-il d'un rire mauvais, j'ai tellement hâte de les rencontrer...
La main dans le vide d'un air dramatique, il serra violemment son poing, comme s'il écrasait les Élus qui se trouvaient dans sa paume.
- ...venez donc misérables vemines, je vous attends...
À SUIVRE...
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