CHAPITRE 47 : Souffrance & Stratégie
Une semaine plus tard...
PDV Omniscient
Les faibles rayons du soleil balayèrent le visage épuisé de l'héritier. Assis sur une chaise de bois, le dos courbé, la mine grave, il cligna un moment des yeux avant de s'éveiller totalement.
Il saisit la main de sa partenaire, dont le corps froid et presque sans vie avait été déposé délicatement sur son lit.
Jonathan caressa doucement la main de son aimée et embrassa son dos. Il passa une main dans ses cheveux et souffla désespérément.
- Toki, mon amour... lui murmura-t-il, cela va faire maintenant sept jours que tu gis là, devant moi. On t'a retrouvée dans ta chambre, par terre, aux portes de la mort. Par Protego ! Comme je suis soulagé que tu ne sois pas morte sur le coup...
Par je ne sais quel miracle, le poison ne t'a pas tuée tout de suite, mais il se propage lentement et sûrement vers ton coeur et ton cerveau...
L'héritier, dont les traits fatigués et la barbe naissante reflétaient son manque de sommeil et d'hygiène, colla son front contre la froide main de son âme-sœur.
- ...heureusement, cela nous laisse le temps de préparer un antidote, continua-t-il la voix tremblante, le maître mage et son équipe son sur le coup jours et nuits, et les activités principales du palais on été mises en suspend. Les autres sont inquiets pour toi, tu sais... Les filles n'ont pas arrêté de pleurer comme des fontaines depuis qu'elles ont appris la nouvelle. Quant à moi, je ne dors plus, je ne mange quasiment plus, et je reste à ton chevet dans l'espoir que tu te réveilleras d'un moment à l'autre...
Jonathan avait la voix tremblante d'émotions, et la vue d'une Toki quasiment morte le brisa davantage. Il releva la tête et observa son visage endormie.
- ...Nathaniel et Idriss t'ont envoyé des fleurs et ils prient pour ton rétablissement. Tu sais bien que je ne suis pas un adepte des présents que te fait mon frère, mais je dois reconnaître que le geste d'Idriss m'a beaucoup touché, sourit-il faiblement, ma mère, mon père et les autres sont venus te voir en espérant que tu te réveillerais bientôt... Tu sais, l'ambiance au sein du groupe n'est plus vraiment la même sans ton caractère de feu, petit oiseau...
De faibles larmes surgirent aux coins des yeux de l'héritier, qui les balaya d'un rapide mouvement de la main.
Il devait rester fort pour Toki et ne pas flancher même s'il était déjà au bout du rouleau.
Il avait obtenu l'autorisation spéciale de ses parents de mettre en pause, pendant un temps, ses entraînements, sa formation d'héritier, et ses cours à l'académie, afin de se consacrer entièrement à Toki.
Ce qui le peinait le plus, c'était de savoir que son amour s'était volontairement ôté la vie en s'empoisonnant avec ce qu'il y avait de plus puissant. Elle avait décidé de se faire souffrir, en plus que d'accompagner la Mort.
Pour en avoir le coeur net, il avait contacté un scientifique de renom qui avait mené sa petite enquête.
Une enquête qui lui avait révélée que sa partenaire avait tout de même prit soin de mélanger le poison à un breuvage aqueux pour se suicider. De ce fait, seuls quelques résidus bruts du poison se trouvaient en ce moment même dans son organisme.
Cette information, Jonathan l'avait gardée secrète afin de ne pas attrister davantage ses amis, dont le coeur se briserait à la pensée seule que Toki avait songé à sa mort dans les moindres détails.
Cette pensée attrista Jonathan. Il savait que tout était de sa faute, et que ses actes et paroles avaient poussé Toki à bout.
- ...je t'en prie, je t'en supplie, lui chuchota-t-il, reviens-moi...
"Toc Toc"
Il semblait à Jonathan qu'on tambourinait à la porte, tant son manque de sommeil avait affaiblit sa résistance et aiguisé ses sens.
- Entrez...
- Votre Altesse, pénétra Orchestra et quelques servantes dans la pièce sombre, nous venons faire la toilette de l'élue Toki.
- Faites...
Les jeunes femmes ne perdirent pas de temps et s'activèrent dans tous les sens. Pendant que l'une ouvrait les rideaux, l'autre passait le balai, une autre déshabillait Toki et une énième s'occupait du linge sale et du linge propre.
Après plusieurs minutes à s'atteler à leurs taches, les servantes quittèrent les lieux aussi discrètement qu'elles étaient entrées, laissant derrière elles une pièce propre et lumineuse.
Seule, Orchestra se tenait encore près du lit de la Terrienne, le regard triste.
- Désirez-vous qu'on apporte un plateau repas pour votre petit déjeuner ?
L'héritier leva les yeux vers la servante.
- Non, ça ira merci...
- Bien.
La jeune Orchestra lança un dernier regard plein de peine vers son maître, d'aventure si énergique, si autoritaire et si vivant.
Elle avait compris que l'état dans lequel était Toki l'avait complètement anéanti, et que rien, ni même des petits pains ou son jus préféré ne pourrait changer quelque chose.
C'est le coeur lourd qu'elle quitta les lieux et ferma derrière elle.
Le silence était enfin revenu dans la pièce, pour le plus grand plaisir de Jonathan dont les oreilles étaient bercés par la respiration lente mais régulière de son âme-sœur.
Il préférait se dire qu'elle dormait paisiblement, plutôt qu'elle souffrait le martyr au point de devoir se mettre en pause pour récupérer des dommages internes causés par le poison.
- Réveille-toi... supplia-t-il dans le vide, on a besoin de toi, j'ai besoin de toi...
Une vibration soudaine attira son attention. Son cristal venait de sonner, et comme pour les jours précédents, il ne décrocha pas.
L'identité de la personne qui appelait ne lui importait peu, car en ce moment, la seule chose qui comptait, c'était que Toki se réveille. Il ne vivait désormais que pour cela.
C'était son seul objectif, et personne ne le détournerait de son rôle de petit-ami et d'âme-sœur. Pas même les journalistes qui le harcelaient depuis plusieurs jours pour avoir des nouvelles de sa dulcinée.
Les médias avaient en effet été tenus au courant des récents événements, sans pour autant qu'on leur donne tous les détails. Aussi, se plaignaient-ils d'être maintenus dans l'ombre et n'hésitaient-ils pas à harceler les personnes les plus proches de l'élue Toki, et à envoyer des paparazzis pour faire le sale boulot afin d'obtenir quelques croustillantes informations.
Jonathan sourit à cette pensée. Toki avait enfin le soutien et la sympathie du peuple de Territoirium qui priait pour son rétablissement.
Ne manquait plus qu'elle soit là pour fêter la nouvelle avec lui.
- D'ailleurs, dans quelques jours c'est ton anniversaire, lui sourit-il faiblement en replaçant une des mèches de Toki derrière son oreille, j'avais prévu une grande fête, avec plein d'invités venus des quatre coins du globe, de la musique, de la boisson et un gros gâteau d'anniversaire aux fruits, parce que je sais que tu n'aime pas quand il n'y a pas de fruits frais : tu dis toujours que c'est trop sec...
Jonathan se surprit lui-même à rire d'un souvenir de ce genre, mais se reprit immédiatement après, la vue de son coeur allongé devant lui le ramenant à la réalité.
- ...et puis, on a encore tant de choses à découvrir ensemble... Je veux voir la tête que tu feras après qu'on ait passé la nuit ensemble. Tu seras probablement très gênée, comme à chaque fois que l'on aborde le sujet, poursuivit-il en souriant, je veux voir ta réaction quand je te demanderai de m'épouser, quand tu deviendras impératrice, et après que j'ai réussi à convaincre ton père de te laisser quitter définitivement la maison. Je veux connaître la joie et le bonheur d'être le père de tes enfants, et d'avoir à supporter des sauts d'humeur lorsque tu seras enceinte. Je veux qu'on élève nos enfants ensemble sur Territoirium, et qu'on crée des stratégies dès qu'ils auront l'âge de s'associer pour se liguer contre nous... Je veux t'entendre me dire que tu m'aimes, et qu'on vieillisse ensemble, entourés de nos petits-enfants... Pitié, ne m'abandonne pas...
Sa voix n'avait jamais été aussi tremblante qu'en cet instant. Depuis que Toki était tombée dans le "coma", il n'avait jamais cessé de lui parler et de lui chuchoter des mots doux, en pensant pouvoir provoquer une quelconque réaction qui la ramènerait auprès de lui.
Au bord du précipice, l'héritier semblait faire ses derniers adieux à son âme-sœur qu'il était prêt à rejoindre dans la mort.
"Toc Toc"
On frappa de nouveau à la porte.
- Jonathan ? fit la voix de Liz derrière la porte.
- Entrez, lui répondit-il après avoir sécher une énième larme qui avait eu l'audace de couler sur sa joue.
La jolie rousse pénétra dans la pièce, suivit de près par son partenaire.
Les deux compères se dirigèrent vers le lit de l'élue qui dormait toujours profondément.
Liz s'assit aux pieds de la mage noire et la regarda avec peine. Son âme-sœur se contenta d'une des chaises restantes qu'il traina sans peine près de celui qu'il considérait comme son meilleur ami.
- Alors ? Aucun changement ? demanda la mage de vent en agrippant le drap du lit de son amie.
Jonathan passa une main sur son visage fatigué.
- Aucun changement, lui confirma-t-il, son état reste stable pour le moment même si le poison continue de se propager dans son organisme... Et de votre côté ?
Liz acquiesça ses à dires sans pour autant lui porter de l'attention, son regard étant focalisé sur le visage de Toki. Elle aussi n'arrivait pas à comprendre pourquoi Toki avait décidé de mettre fin à ses jours.
Surtout après l'attitude sérieuse qu'elle arborait après leur dernière conversation.
- Le maître mage et son équipe travaillent toujours dans l'élaboration d'un antidote, poursuivit Alexei à la place de son âme-sœur, mais ils leur est difficile d'en concervoir un avec les données qu'ils ont. Le Borealisa est une plante qui vient de Serenity, alors ils sont très peu au fait de certaines informations essentielles concernant cette élément de la flore Serenienne...
Jonathan soupira de désespoir. Il comptait fermement sur cet antidote pour sauver Toki. Mais si les choses ne se déroulaient pas comme prévu et que Toki succombait au poison, il savait ce qu'il lui restait à faire...
L'héritier bailla bruyamment et passa une main dans ses cheveux.
- Jonathan, tu devrais aller te reposer et prendre une douche, lui conseilla Liz posant son regard sur ce qu'il restait de l'âme-sœur de Toki, tu ne peux pas rester dans cet état.
Jonathan ne prêta pas attention à ses paroles et continua à monter la garde.
- Jonathan...
- Non, je vais bien.
- Ça fait combien de temps que tu n'as pas dormi correctement, demanda Alexei en lui saisissant l'épaule, deux jours ? Trois jours ?
- Une semaine.
- Et bien il est temps de remédier à cela, conclut Alexei en croisant les bras, va te reposer.
L'âme-soeur de Toki fronça les sourcils d'agacement. En temps normal il n'aimait pas qu'on lui donne des ordres, mais avec son manque de sommeil et son anxiété, il était devenu cinq fois plus irritable que d'habitude, et il n'avait plus aucune patience.
- Non. Je ne suis pas fatigué, je ne veux être là quand elle se réveillera...
Alexei et Liz se lancèrent un regard triste.
Le blond souffla devant la témérité de son ami.
- Dans ce cas, on se contentera d'une douche, ajouta finalement Liz, niveau hygiène c'est un peu limite là...
Alexei ricana alors que l'héritier le foudroyait du regard.
- Liz a raison, confirma-t-il, va prendre une douche et habille-toi pendant que nous gardons un oeil sur Toki : c'est l'affaire de vingt minutes tout au plus...
L'héritier sembla hésiter un instant. Il avait trop peur que Toki ne se réveille ou ne le quitte alors qu'il n'était pas à ses côtés.
Il prit une grande inspiration.
- Vous me prévenez s'il se passe quoi que se soit.
- Évidemment, assura Liz.
- Mais oui, balaya Alexei de la main tout en se balançant sur sa chaise, je viendrais moi-même t'extirper de la douche s'il y a le moindre changement, c'est te dire mon implication.
L'héritier esquissa un sourire. La blague d'Alexei avait fait mouche.
Il se leva, et se dirigea le pas lourd vers la porte de la chambre.
Il se tourna une dernière fois vers Toki qui n'avait pas bougé d'un iota.
Il prit une dernière grande inspiration et ouvrit la porte pour se diriger vers sa chambre.
- Liz, Alexei, merci, les remercia-t-il en fermant la porte derrière lui.
Il eut tout juste le temps d'entendre ses amis.
- Mais de rien, déclara fièrement Liz.
- Toujours présent pour mon pote, compléta Alexei.
~
"Toc Toc Toc"
- Qui est là ?
- C'est Clarissa.
- Clarissa qui ?
- Heu... Clarissa Irae.
- Clarissa Irae de quelle ville ? s'amusa Alexei tranquillement assis sur sa chaise.
La mage de vent qui supportait cette supercherie à chaque fois qu'une personne frappait à la porte de la chambre, souffla bruyamment en se pinçant l'arête du nez.
- Alexei, tu sais que je t'aime, mais pitié cesse d'embêter les gens.
Le blond ricana un bon coup avant de lever bras en signe de repli lorsqu'elle lui lança un regard plus menaçant.
- D'accord, d'accord...
L'héritier, qui était revenu depuis plusieurs minutes de son long bain, parut plus reposé et apprêté.
Son air frais fit plaisir à voir, et il était physiquement plus disposé à veiller sur Toki.
Il autorisa Clarissa à entrer avant de se tourner vers l'autre mage d'eau.
- Alexei, intervint-il plus détendu, n'y a-t-il rien que tu ne saches faire sans t'amuser ?
Le blond parut réfléchir un moment.
- Hum, pas que je sache... Mais c'est ce qui fait mon charme non ?
- Si tu le dit, le regarda l'héritier peu convaincu.
Leur attention fut vite reportée sur Clarissa : cette dernière venait de faire tomber plusieurs bouquins.
Le bruit que provoca la pile de livres sur le sol fit grincer Jonathan des dents. Il n'aimait pas qu'il y ait des bruits brusques près de son amour endormie.
Clarissa s'excusa brièvement l'air timide et observa l'héritier comme si elle attendait quelque chose.
Jonathan, Alexei et Liz froncèrent les sourcils devant l'inaction de Clarissa, qui finalement se hâta de ramasser les livres.
- Comment va-t-elle ? demanda la jeune blonde aux reflets roux, j'ai cru comprendre que son état était stable.
Alexei lança un regard à Liz. Tous les deux se méfiaient de Clarissa.
- Son état est stable, répondit furtivement l'héritier, qu'est-ce que tu es venue faire ici ?
Clarissa parut étonnée d'entendre Jonathan lui poser la question. Mais son expression redevint celui d'une amie inquiète une seconde plus tard.
- Quelle question ! Je suis là pour toi voyons. Je suis là pour toi, tu peux compter sur m-
- On est déjà là, la coupa Liz en la zieutant de haut en bas, tu peux t'en aller maintenant.
Clarissa ne répondit rien, et se tourna vers Jonathan qui tenait fermement la main de Toki. Elle se cripsa à la vue du contact entre Jonathan et son âme-sœur.
Lorsque son regard se posa sur Toki, un très léger sourire se dessina sur ses lèvres. Elle savait que les jours de Toki était comptés et qu'il ne restait que quelques jours voire quelques heures avant que la vermine qui l'empêchait de toucher le coeur de Jonathan ne disparaisse définitivement.
Elle jubila intérieurement.
- Quand même, commenta-t-elle en observant le corps de la Terrienne, je trouve cruelle qu'elle se soit infligée cela...
Liz grogna à l'entente de ses paroles.
- Ton avis importe peu, lui dit-elle sèchement, alors tais-toi !
Alexei posa une main réconfortante sur celle de Liz, qui se calma instantanément.
Clarissa ignora la pique de cette dernière et posa la main sur l'épaule de Jonathan qui ne prêtait pas vraiment attention à son discours.
La comédienne prit une mine si affligée, qu'on aurait cru apercevoir des larmes de crocodile à ses canthi.
- La pauvre, feint-elle, je la comprends, si moi aussi j'avais décidé de commettre un suicide amoureux, j'aurais plutôt fait cela avec plus de drame et choisi un bon vin des vignobles de Territori. On peut cependant comprendre qu'elle ait choisi de partir avec classe...
Le prince se figea à l'entante de ces mots. Il peinait à croire que Clarissa avait prononcé un discours aussi révélateur.
Pour en avoir le coeur net, il profita de la légèreté de la discussion.
- Hahaha, s'amusa-t-il en regardant Clarissa, c'est vrai que le vin de Territori est bien plus approprié pour un suicide. Avoir choisi une telle boisson pour sa sortie n'était pas vraiment une bonne idée, n'est-ce pas ?
Clarissa éclata de rire et toucha le bras de Jonathan qui trouvait étrangement qu'elle ressemblait plus au diable qu'à une Terriotrienne.
- Je suis tout à fait d'accord, acquiesça-t-elle sur le ton de la légèreté en papaillonnant des yeux devant Jonathan, le thé n'est pas vraiment une boisson qui reflète l'élégance, mais bon, chacun son style !
Le coeur de l'héritier rata un batemment. Personne ne savait à part lui et ceux qu'il avait discrètement engagés, que Toki avait mélangé une boisson aqueuse à la sève qu'elle avait prise, et ce, parce que la "scène" ne montrait qu'un corps étendu sur le sol, portant une fiole vide dans la main gauche : cela laissait penser que Toki s'était empoisonnée en buvant directement le poison.
Or, son organisme indiquait très précisément que des molécules d'eau et de chlorophylle, contenues dans les feuilles des plantes "inoffensives", avaient été retrouvées liées à celles de la sève.
En bref, que Toki avait mélangé le poison à une mixture faite de plantes et d'eau.
Or, impossible de savoir que cela provenait d'un thé, sans avoir préalablement lu le rapport, ou bien...
- C'est vrai... poursuivit-il en baissant le regard la mâchoire contractée.
Le sang de l'héritier commença à bouillir dans ses veines. Il espérait que ses suppositions étaient fausses, mais la rage et la tristesse que lui procuraient la vue désolante de Toki sur ce lit depuis près d'une semaine, lui permirent de balayer sans aucune hésitation ces quelques espoirs.
Il n'avait pas d'autre choix que de vérifier ces soupçons, et au plus vite.
- Clarissa, pourrais-tu m'apporter une bouteille de vin s'il te plaît ? lui demanda-t-il soudainement, je te fais confiance pour en apporter une grande et bien parfumée, cela nous fera du bien à tous.
La jeune femme lui offrit un sourire dès plus rayonnant avant de courir vers la porte, sous le regard ahuri de Liz et Alexei qui ne comprirent rien à la situation.
- Tout de suite ! affirma Clarissa, je vais poser mes livres dans la salle communes et je reviens. Je fais vite !
La mage d'eau quitta promptement les lieux, et quand l'héritier fut sûr qu'elle soit assez loin, il se leva et ferma la porte.
- Heu... Qu'est ce que tu fais ? s'intriga Alexei en observant l'héritier faire les cent pas dans la pièce, et pourquoi du vin ? Il n'est que onze heures !
Jonathan ne perdit pas plus de temps et fixa Liz, le regard emplie de colère.
- Je crois bien que Toki ne s'est pas suicidée, affima-t-il, et mon petit doigt me dit que tu sais quelque chose, n'est-ce pas Liz ? Alors parle.
La rousse soupira un instant avant de se placer devant lui. Alexei, qui ne comprenait rien à ce qui se passait, ce contenta d'observer la scène.
- Et qu'est-ce que te fait dire ça ?
Jonathan fronça les sourcils.
- Elle... elle a dit quelque chose qu'elle n'était pas censée savoir, et ça a tilté dans mon esprit. S'il te plaît Liz, aide-moi à comprendre.
Surprenamment, Liz lui afficha un sourire plein de gentillesse.
- Il était temps que tu te réveilles Jonathan. Toki avait décidé de te laisser dans l'ignorance, mais je doute que la situation nous le permette...
La partenaire d'Alexei dévoila tous ce qu'elle avait trouvé de suspect chez cette fille. Du fait qu'elle se soit retrouvée à l'autre bout de l'empire en quelques semaines, jusqu'à son agression à l'arme blanche par Toki auquel elle n'avait pas cru un seul instant. Elle n'omit pas de révéler certaines pensées et ressentis de Toki. Jonathan quant à lui, dévoila le rapport d'enquête scientifique sur le suicide de sa partenaire en faisant le lien avec les paroles de Clarissa.
Ce fait choqua profondément Liz, qui ne parvenait pas à comprendre comment une personne pouvait en empoisonner une autre, et venir se moquer ouvertement d'elle juste devant son corps qui luttait contre le poison.
Jonathan, lui, s'était contenté d'écouter attentivement les paroles de Liz, comme jamais il n'avait écouté une personne auparavant. À certains moment il se crispait, serrait les poings ou posait son regard sur Toki, comme s'il parvenait à comprendre ses sentiments et émotions après avoir écouter son point de vue.
L'héritier contracta sa mâchoire.
Il était furieux.
Furieux d'avoir cru aux singeries de Clarissa.
Furieux d'avoir délaissé Toki.
Furieux d'avoir douté et fais la sourde oreille, alors que la prunelle de ses yeux avait besoin de lui.
Mais il n'allait pas lâcher l'affaire avant que tout ne soit résolu.
- J'ai un plan pour la coincer, lâcha l'héritier sûr de lui alors qu'une lueur nouvelle faisait briller ses pupilles, mais je vais avoir besoin de vous...
Liz et Alexei échangèrent un regard entendu.
- Dis-nous tous, on va t'aider, assura Alexei en se rapprochant du groupe.
Jonathan leur explosa son plan...plutôt osé.
- Hein ?! T'es sûr de pouvoir aller jusqu'au bout ? l'interrogea le blond, c'est un peu chaud comme fin...
L'héritier le regarda avec une grande détermination. Son plan ne devait pas échouer, sinon Toki aurait été blessée pour rien, et il aurait laisser entrer un montre dans son palais.
- Ne t'en fais pas pour moi, lui assura-t-il, c'est pour la bonne cause. Et au moins le vin servira à quelque chose...
- Je ne te le fais pas dire, renchérit Liz en passant une main dans ses boucles rousses, si Toki l'apprenait tu serais probablement mort décapité !
Jonathan sourit en pensant à la tête verte de jalousie que lui tirerait Toki si jamais elle assistait à la scène.
- Bon on s'y met ? Je pense qu'elle ne d-
Un bruit de porte s'ouvrant brusquement coupa le manieur de katana dans son discours. La silhouette de Clarissa tenant un plateau en main se dessina dans l'embrasure de la porte.
La jeune femme sourit de toutes ses dents et pénétra dans la pièce, une bouteille de vin et deux verres trônant sur son plateau.
- Je vous dérange ? demanda-t-elle en fixant Liz et Alexei.
Liz allait s'offusquer, mais Jonathan la devança.
- Pas du tout, lui affirma-t-il d'un sourire, ils allaient justement partir.
Il lança un regard à ses amis plein de sous-entendus.
Les deux compères acquiescèrent silencieusement et quittèrent les lieux, en prenant bien soin de refermer la porte derrière eux.
L'héritier se retrouva enfin seul avec sa proie. Bien loin de se douter de ce qui l'attendait, Clarissa profita de son tête à tête avec l'incarnation de son désir pour se rapprocher encore plus de lui.
Elle usa si ouvertement de ses techniques de drague que le prince dû se retenir d'exploser. C'était si évident pour lui à présent, mais il était trop tard.
Il devait donner le maximum pour se racheter auprès de sa bien-aimée. Jonathan savait que même si Toki ne se réveillerait pas, il allait au moins pouvoir la venger en punissant comme il se devait, cette peste de Clarissa qui avait réussi à le manipuler. Après quoi, il se donnerait la mort pour rejoindre son âme-sœur.
Il prit une grande inspiration avant de commencer à poser le piège.
- Sont-ils partis ? demanda Jonathan en fixant la porte.
Clarissa ouvrit la bouteille de vin et remplit les deux flûtes, un sourire béat sur les lèvres.
- Oui, ne t'en fais pas...
- Tant mieux, j'en avais assez de jouer la comédie.
Et pour joindre le geste à la parole, il lâcha brusquement la main de Toki et s'essaya sur sa chemise.
Ce geste, Clarissa ne le compris pas.
- Heu... Qu'est-ce que tu fais ?
L'acteur aux mille oscars se tourna vers le serpent et saisit une des flûtes qu'elle tenait entre les mains, avant d'en boire une gorgée.
- Vois-tu, commença-t-il en la regardant droit dans les yeux, j'en ai assez de devoir jouer les âmes-sœurs avec cette Terrienne... Je suis dégouté de l'avoir entre les pattes depuis un bon bout de temps...
Clarissa, dont le cerveau venait de buguer à l'entente de ces quelques mots, se mit sur ses gardes. Depuis le début, elle avait bien compris que Jonathan était fortement attaché à Toki, et qu'elle allait avoir du mal à les séparer. Ce brusque changement de comportement de la part de l'héritier la mettait très mal à l'aise, car elle n'avait pas prévu un tel revirement de situation.
Elle décida de le tester.
- Ah bon ? Pourtant vous me paressiez plutôt proches... Vous dormiez dans la même chambres, et vous êtes âmes-sœurs.
Jonathan avait prévu ce genre de réaction, mais il ne laissa rien paraître pour autant.
Il lui était difficile de mentir sur ses sentiments pour Toki, mais la situation était tellement désespérée qu'il ne pu se résoudre à faire des caprices.
Il termina d'une traite son verre pour se donner du courage et le tandis de nouveau à Clarissa qui le resservit.
- Et bien, se justifia-t-il, je n'ai pas vraiment eu le choix. Mon père est l'empereur et je suis l'héritier, j'ai une image à tenir.... Jamais je n'aurais pensé devoir m'abaisser à m'accoupler avec une Terrienne, c'est au dessus de mes forces... Quel fardot je supporte.
Le prince passa la main sur son visage pour cacher la gêne qu'il ressentit à l'entente de ses propres paroles. Il était vrai qu'à une époque il pensait de cette façon ; mais depuis, il avait appris à connaître Toki et à l'apprécier davantage, au point que ses origines, n'avaient plus la moindre importance.
Clarissa, elle, commençait de plus en plus à croire les paroles de l'héritier qui la mirent de bonne humeur. Pour être vraiment sûre de ce qu'il disait, elle décida de creuser un peu plus.
- Je comprends, ça n'a pas dû être facile... Mais vous avez l'air de bien vous entendre, l'avoir comme âme-sœur ne t'oblige nullement à être gentille avec elle...
L'héritier haussa un sourcil.
- Ça c'est ce que tu crois, mais ce n'est que de façade. Il y a plusieurs mois, j'ai même demandé à une de mes amies d'enfance de la provoquer dans un duel de L'Arène à Mort, mais malheureusement elle a survécut.
Le mensonge fut aussi gros que les yeux de Clarissa à l'entente de cette révélation. Elle avait ouï dire que cette épreuve était pire que la mort, donc en ce sens, Jonathan avait vraiment fait fort.
- ...tiens par exemple, une autre fois j'ai demandé à cette même fille de la tuer durant un entraînement en la foudroyant : la encore elle a survécut, cette fille est une vraie plaie, tu ne trouves pas ?
Le coeur de Clarissa battit à cent ans à l'heure et ses joues rosirent follement. Elle était en train de tomber dans le piège la tête la première.
- Oui tu as raison, elle n'est pas faite pour toi...
L'héritier se tourna vers la vipère en claquant des doigts.
- Mais oui ! C'est exactement ce que je me suis dit ! Mais entre temps, je suis tomber amoureux d'une autre fille...
Il baissa le regard et fit semblant de paraître gêner.
Clarissa n'en croyait pas ses oreilles. Elle allait enfin pouvoir vivre le conte de fée qu'elle avait toujours rêvé de vivre. La blonde aux reflets roux se leva précipitamment fit les cent pas dans la pièce. Au bout de quelques secondes, elle s'arrêta net et fut dos à Jonathan.
L'héritier lui lança un regard noir, puis retrouva son sourire de charmeur dès qu'elle se retourna vers lui.
Jonathan en profita pour poser le verre et s'approcha lentement de Clarissa. Quand il fut enfin proche d'elle il posa sa main sur son épaule.
- La femme que j'aime...
- Oui ?
- C'est toi, Clarissa, et ce depuis le premier jour....
Les battements du coeur de la mage d'eau s'accélèrent à un rythme effréné. Enfin, tous ses efforts allaient payer, enfin tous ses sacrifices allaient donner des résultats, enfin son marché passé avec ce vieux mage croulant allait payé.
Toute heureuse et au bord des larmes, elle se tourna vers Jonathan et ferma les yeux pour l'embrasser.
L'héritier retint un haut-le-coeur et posa son doigt sur sa bouche, pour la stopper dans son délire.
- Je prends des risques pour nous, avoua-t-il en chuchotant dans son oreille de manière sensuelle, qui me dit que tu es prête à tout pour nous ?
La mage d'eau sourit malicieusement et se colla davantage à l'héritier.
- Oh, mon amour, lui susurra-t-elle, si tu savais comme je me suis battue pour nous....
Jonathan lui sourit.
- Vraiment ma jolie ? Je veux des actes, tes paroles n'ont que peu de valeur à mes yeux.
Clarissa ricana à l'entente du petit surnom que venait de lui donner son "cher et tendre". Puis elle se lova contre lui.
- Tu ne devineras jamais....
- Dis toujours.
- C'est moi.
- C'est toi quoi ?
- C'est moi qui est empoisonné Toki en lui donnant de la sève de Borealisa qui j'ai furtivement volé dans les labos. Si ça ce n'est pas une preuve de mon amour...
À l'entente de ses mots, le coeur de Jonathan se serra violemment. Il avait laissé renter une psychopathe meurtrière dans le palais, et cette dernière avait complètement péter les plombs.
L'héritier se ressaisit. Il allait tout arranger.
- Je ne te crois pas, tu mens, c'est un suicide.
Clarissa laissa échapper un petit rire vicieux avant de dévoiler l'intégralité de son plan dans les moindres détails. Elle expliqua tous ses plans, depuis le moment où elle avait essayé de le draguer, jusqu'à l'empoisonnement, en passant par les multiples insultes pour séparer le séparer de Toki.
Toutes le zones d'ombres avaient enfin été éclaircies et le coupable avait avouer devant celui dont la parole était considérée comme absolue et indiscutable.
Trahi et anéanti par ses aveux, Jonathan saisit brutalemnt la main de Clarissa qui se lécha sensuellement la lèvre inférieure.
- Oh, tu l'aimes brutale, petit coquin ?
Jonathan lui lança le regard le plus noir qu'il avait en réserve et serra davantage sa poigne.
- Pas tellement, pesta-t-il, vois-tu les putes, c'est pas trop mon délire.
La sorcière écarquilla les yeux.
- Quoi ?! s'offusqua Clarissa en fronçant les sourcils.
À ce moment même, Liz, Alexei, le reste des Élus et une partie de la garde royale déboula dans la pièce. Il profitèrent de l'effet de surprise pour saisir la meurtrière et lui passer des menottes en Triane, une pierre qui ne conduit pas les ondes magiques, et de la même façon, annule toutes formes de sortilèges et de magie quelqu'elle soit.
La garce fut agenouillée de force, sous le regard accusateur des Élus, qui avaient encore du mal à croire ce qu'ils avaient entendu.
- Mais qu'est-ce qui se passe ici ?! s'énerva Clarissa en dévisageant Jonathan, vous n'avez pas le droit ! Je suis une invité de marque !
- Clarissa Irae, vous êtes en état d'arrestation pour la tentative d'assassinat sur la personne de Toki Wyatts. Vous serez jugée pour mensonge aux forces de la garde impériale, faux et usage de faux, malveillance, diffamation et manipulation de preuves ! Vous serez jugée devant l'empereur et l'impératrice aujourd'hui-même !
Le chef de la garde qui aimait tout particulièrement boucler les viles et malfaisantes personnes qui tentaient de porter atteinte à la vie ou à l'honneur des ceux et celles qui habitaient ce palais, afficha un sourire jubilatoire.
- Embarquez-moi cette chose et enfermez-la dans la plus profonde, la plus sombre et la plus sale de toutes les cellules que nous avons !
- À vos ordres.
Les gardes ne perdirent pas une minute et embarquèrent la prisonnière, qui, dans un dernier élan de désespoir, se mit à pleurer toutes les larmes de son corps en suppliant Jonathan.
"Je l'ai fait pour toi, pour nous !" criait-t-elle hystériquement dans le couloir.
Les Élus, choqués, se lancèrent des regards ahuris, sans vraiment réaliser ce qu'il venait de se passer.
- Qui aurait cru que ton plan allait fonctionner, intervint Alexei en posant sa main sur l'épaule de l'héritier.
Jonathan lui sourit.
- C'était un pari risqué, mais je n'avais pas d'autres alternatives...
- Heureusement qu'elle est passionnée, se moqua Grey en croisant les derrière sa tête, c'est ce qui l'a trahi.
Dans un ultime moment d'émotion, les Élus félicitèrent pour leur réussite et se firent des accolades qui réconcilièrent tout le monde.
Hypolit et Melkior s'excusèrent sincèrement de leur comportement. Les autres se pardonnèrent entre eux, et vite, l'adrénaline des évènements passés retomba pour laisser place à une atmosphère chaleureuse.
- N'empêche, Jonathan t'es un vrai bourreau des cœurs, s'amusa le blond, c'est dure d'être populaire...
L'héritier soupira.
- C'est vrai, mais il n'y en a qu'une qui m'intéresse, dit-il tristement en posant son regard sur Toki qui dormait toujours, et pour le moment, elle est endormie...
Les autres lui lancèrent un regard plein de compassion et tentèrent de le rassurer.
- Faut dire que t'as la fâcheuse habitude d'attirer des filles un peu... spéciales, fit remarquer Greyson.
- C'est bien vrai, acquiesça Agartha.
- Je suis d'accord, continua Anaïs.
- Cette manie... plaisanta Maestia en pinçant l'arête de son nez.
Le petit groupe éclata de rire, et les Élus continuèrent de charrier l'héritier qui préféra le prendre sur le ton de la rigolade.
- Avoue quand même que Toki est un peu... tout feu tout flamme, l'embêta Alexei en lui donnant un coup de coude.
Jonathan lui lança un regard malicieux.
- C'est vrai qu'elle a son caractère explosif, mais c'est comme ça que je l'aime...
- Hé ! T'es en train de me traiter de folle ou je rêve ?
Une voix inopinée brisa net le dialogue et mit fin aux conversations.
Les Élus se retournèrent pour poser leur regard sur la personne qu'ils n'auraient pas cru entendre de si tôt.
- Toki ?! hurlèrent-ils tous en même temps.
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