CHAPITRE 45 : Je vais tout te prendre !
Un frisson me parcourra le corps, m'obligeant tout de même à ouvrir les yeux. Je m'étais manifestement endormie sur le rebord de la fenêtre de la bibliothèque, et la fraîcheur de la vitre qui donnait sur la cour extérieure m'avait désagréablement réveillée. Après ma petite aventure en "sciences inconnues", je m'étais mise en quête de maîtriser mes émotions, ma jalousie et ma relation avec Jonathan : quoi de mieux que la bibliothèque impériale pour apprendre ?
Après avoir clignés des yeux, j'étirai mes bras en baillant manquant de faire tomber un livre épais que je rattrapai de justesse.
"Étude approfondie sur le lien d'âme-sœur" murmurai-je d'une voix fatiguée.
Je rangeais le livre dans l'étagère la plus proche en me remémorant certains de ces passages. Apparemment, l'étude avait montré qu'il y avait trois phases successives observables dans un couple d'âme-soeur.
Phase 1 : Les deux personnes viennent de se rencontrer. Une fascination se crée entre les deux : ils irrésistiblement attirés l'un par l'autre, et plus ils résistent plus l'attirance ce renforce. Ils souhaitent être ensemble, se voir, se sentir et se toucher.
Phase 2 : La phase de fascination se termine. Les deux individus ressente un désir certain, charnel et puissant. Une tension sexuelle les lie indéniablement, les poussant à s'unir tendrement. Le désir est omniprésent.
Phase 3 : Le désir est toujours présent, bien que moins puissant comparé aux phases précédentes. Un bien-être absolu, comme une plénitude, s'est installé entre les deux âmes-sœurs, liant leur destin à jamais. Ils ne peuvent plus se passer l'un de l'autre, apaisés par leur présence respective : une confiance inébranlable règne entre eux.
Si ces informations étaient vraies, je pouvais facilement situer la relation que j'avais avec Jonathan entre la Phase 2 et la Phase 3.
J'avais toujours autant de désir, de passion et de frissons pour lui, mais il était évident que la confiance ne régnait pas. Je soupirais longuement en ouvrant la porte en bois de la bibliothèque.
La gorge nouée, je décidai tout de même d'aller me présenter à la salle commune, ne serait-ce que pour passer un peu de temps avec les autres.
Les couloirs du palais avaient l'air froids et vides, malgré la lourde atmosphère que parvenaient à maintenir les gardes qui surveillant les lieux. Enfin, les courbes des fameuses portes de notre salle commune se dessinèrent devant mes yeux.
Après une grande et profonde inspiration, j'entrouvris la barrière qui me préservait de la douleur.
- Et là je lui ai dit : "Hey mon pote pourquoi tu flippes ? T'es dur de la feuille ou t'as du sang de navet ?"
J'arrivai en plein milieu d'une des nombreuses anecdotes d'Alexei, qui fit rire la galerie avec ses blagues écolos. Une atmosphère chaleureuse s'était installée, faisant apparaître un grand sourire sur tous les visages des Élus.
Même Hypolit et Melkior esquissaient un sourire.
Mais très vite, on remarqua ma présence, et l'ambiance se refroidit aussitôt. À présent, on fixait intensément mon visage qui venait de dépasser le seuil de la porte.
Le visage de Jonathan se rembrunit.
Sympa l'accueil...
- Regardez qui vient nous honorer de sa présence.
Le ton de l'héritier était froids, mais je ne relevai pas. Mon regard était posé sur l'insupportable face de Clarissa, qui une fois de plus, s'était accaparée ma chaise, ma place et mon âme-sur.
La douleur fut vive, mais presque supportable.
- Je suis désolée, parvins-je à articuler pour ne pas pleurer, je me suis...enfin j'étais à la bibliothèque et je n'ai pas vu l'heure.
Mon partenaire haussa un sourcil comme si mon excuse avait dû mal à passer.
- Ne te fâche pas Jona, s'immisça Clarissa en affabulant Jonathan d'un horrible surnom, elle ne l'a pas fait exprès, Toki devait probablement être occupée à trouver des solutions pour gérer sa magie...
Les regards des Élus se firent compatissants, comme s'ils appréciaient l'amer cinéma que leur servait Clarissa.
- Jona, répéta-t-elle en posant amicalement sa main sur celle de Jonathan, laisse couler...
Mon partenaire reprit sa main pour la poser sur l'épaule de la menteuse ambulante.
- Oui, tu as raison.
Encore une fois, une lame de fer me transperça le coeur. Non seulement Clarissa était parvenue à me prendre Jonathan, mais elle venait également de me prendre mes amis. Les seuls amis que j'avais sur cette planète de malheur.
De nouveau mon coeur se serra, et la douleur que me procurait ce cauchemardesque cinéma me coupa l'appétit. Je tournai les talons au moment où Clarissa tentait de me lancer une pique.
- J-je vais manger dans la cuisine...
Et je fermai la porte avec dégout, mépris et tristesse.
Je ne venais pas de me prendre un couteau dans le dos, mais toute une collection ! Toutes mes émotions explosèrent en même temps. L'angoisse me planta un couteau dans le coeur. La peur y ajouta du citron, la tristesse du sel et la jalousie piétina ce qu'il en restait.
J'en avais tellement mal que je parvenais à peine à réfléchir, posant ma main sur mon front, un geste effectué avec douleur.
- Et merde ! jurai-je les larmes aux yeux, elle a réussi...
🎭
PDV Omniscient
C'est dans les cuisines du palais impérial, alors que les cuisiniers et servantes venaient de finir le service du soir, que Toki s'était introduite pour manger quelque chose.
Ayant été rejetée par ceux qu'elle considérait comme ses amis, elle avait décidé d'éviter au maximum d'être en leur présence.
Pas seulement parce que cela lui brisait le coeur, mais parce qu'elle risquait fortement d'arracher net la tête de Clarissa.
Ou tout simplement de se brouiller avec l'un des Élus.
Les lumières des cristaux activés lui firent comprendre qu'il y avait toujours des personnes dans les cuisines. Mais un rapide coup d'il confirma qu'il n'y a avait personne dans la pièce où elle était. Seuls, des éclats de voix venant d'une pièce annexe la mirent sur ses gardes.
Probablement venant de la réserve.
Les gros fruits juteux devant elle lui ouvrirent l'appétit, et Toki se saisit dans retenu d'une pomme bien verte, qu'elle mordit à pleine dents.
- Qu'est qui t'arrive ma belle ? T'as un coup de mou ?
La voix qui venait de derrière elle la fit sursauter un court instant, faisait rougir ses joues de honte. Mais c'est quand elle se retourna pour apercevoir Clarissa, qu'elle elle perdit ses couleurs, et retrouva sa froideur habituelle.
Posant la pomme sur un plan de travail en marbre blanc, elle jeta un regard empli de haine à la blonde vénitienne qui semblait savourer la situation.
- Dégage.
- Non, avait simplement répondu Clarissa en souriant, te voir souffrir et perdre Jonathan est bien trop plaisant.
La jeune Terrienne plissa les yeux d'agacement.
- Qu'est-ce que tu veux de plus ? Tu m'as déjà tout pris !
- Tout ? Tu crois ? Non, je garde le meilleur pour la fin...
Le coeur de la jolie brune manqua un battement. Elle n'aimait pas la tournure que prenait la conversation. Que Clarissa lui lance des piques c'était une chose, mais qu'elle prévoit de s'en prendre à un de ses amis, mettait Toki dans une rage folle.
- Quoi ?! Qu'est-ce que tu manigances ?! lui avait-elle hurlé en serrant les poings.
Clarissa passa sa langue sur sa lèvre inférieure, en un geste sensuel, puis sourit à pleines dents.
- Jonathan...
- Quoi "Jonathan" ?
- Je vais te le prendre. Et ce, dans tous les sens du terme...
Le sang de Toki ne fit qu'un tour. Encore une fois, elle ressentit les terribles et douloureuses pulsations de la colère. Si cela continuait, elle allait perdre le contrôle et la tuer de la façon la plus sauvage possible.
- N'importe quoi ! Jonathan ne couchera jamais avec toi !
Clarissa lâcha un petit rire jubilatoire qui fit trembler Toki : enfin Clarissa montrait son vrai visage.
- Ah bon ? Ce n'est pas ce que m'a dit Alexei tout à l'heure. Vois-tu, il semblerait que notre cher et tendre soit particulièrement...frustré ces temps-ci.... Alors, peut-être acceptera-t-il de-
Toki frappa violemment du poing sur la plan de travail. On aurait cru entendre le marbre se fissurer.
- JAMAIS ! TU M'ENTENDS ?! JAMAIS IL NE ME TRAHIRAIT ! TU MENS !
Surprise par le ton que venait d'employer Toki devant elle, Clarissa lâcha un petit grognement d'agacement, avant d'afficher un sourire malicieux. Elle avait décidé de passer à la vitesse supérieure, et éliminer la vermine qui pourrissait ses plans.
- Et bien c'est ce qu'on verra, lui sourit-elle, mais vois-tu, je prédis que tu ne fera pas long feu...
Et comme pour joindre le geste à la parole, Clarissa jeta un regard autour d'elle, puis s'arrêta sur un grand couteau de cuisine qui traînait encore dans les parages.
Elle s'en saisit avec détermination.
- Ah ? Me tuer ? Vraiment ? se moqua Toki en la regardant avec pitié, ma pauvre... Je t'aurais arraché la tête avant même que tu n'aies le temps de cligner des yeux.
Son ton était froids, mais la situation l'exigeait.
Pourtant Clarissa, qui tenait toujours l'arme, ne se dégonfla pas et s'empressa de s'entailler la main d'un geste vif. Ce geste lui arracha un gémissement de douleur, alors que quelques gouttes de son sang perlaient déjà sur le sol de la cuisine.
Les yeux de Toki s'écarquillèrent.
- Mais qu'est-ce que tu fous ? T'es folle ou quoi ?!
- Oui, je suis folle : folle de lui...
La bonde aux reflets roux lança sans crier gare le couteau imbibé de son sang tout droit sur la jeune Terrienne qui le rattrapa de justesse. L'objet tranchant avait faillit la blesser.
- Hé ! Non mais qu'est-ce que t-
- Ahhhhhh! hurla Clarissa en s'effondrant sur le sol, comment as-tu pu me faire ça Toki ! Je croyais qu'on était amies ! J'ai si mal ! Ahhhhhh !
Alors que la jeune femme se "tordait de douleur", la main en sang, sous les yeux de la Terrienne qui ne comprenait pas ce qu'il se passait, les servants qui se trouvaient dans les pièces annexes accoururent à toute vitesse, alertés par de grands cris qui pourraient réveiller un mort !
Devant la scène qui se présentait à eux, ils n'eurent pas d'autres choix que de prévenir la garde impériale qui déboula en grande pompe.
- Lâchez cette arme ! C'est un ordre ! avait ordonné un des gardes en pointant son épée de fer blanc droit sur Toki.
Les autres l'imitèrent tandis qu'un des servants sorti des cuisines et que l'autre commençait à donner les premiers soin à une Clarissa en larmes, en lui fabriquant un pansements de fortune. La jolie brune s'immobilisa, complètement bouleversée par ce qui venait de se dérouler sous ses petits yeux, désormais humides.
S'en était trop pour elle. De telles manigances ne pouvaient que transpercer sans effort la carapace de béton qu'elle était parvenue à construire autour de son cur.
Mais le pire était à venir.
- Mais qu'est-ce qui s'est passé ici ?! retentit la voix aussi séduisante qu'autoritaire de son âme-soeur.
Ce dernier était accompagné des autres Élus qui l'avaient suivi. Plus il y avait de spectateurs, plus les battements de cur de Toki s'accélérèrent. Malheureusement pour elle, Clarissa ne perdit pas de temps : elle savait qu'il fallait battre le fer tant qu'il était encore chaud.
- Jo-Jonathan ! pleura-t-elle comme jamais auparavant, je voulais juste discuter et faire la paix avec Toki ! M-Mais elle s'est mise en colère et à essayer de me tuer avec ce couteau !
Les yeux de Jonathan et de ses frères d'armes s'écarquillèrent à l'entente de tels propos. Clarissa pointa d'une main tremblante l'arme qu'elle avait elle-même utilisée, bien que cette dernière se trouvait à présent tout près de Toki.
La jolie brune, elle, était bien trop brisée intérieurement pour tenter de se défendre. Et c'est lorsque les servantes et gardes racontèrent les derniers évènements dont ils avaient été témoins, concordant plus ou moins avec la version de Clarissa, qu'elle eut un électrochoc et reprit ses esprits.
Peut-être un peu tard...
Jonathan, déçu, triste et en colère que celle qu'il aimait tant venait délibérément de blesser celle qu'il considérait comme sa sauveuse, prit le ton le plus froid qu'il pu en s'adressant à Toki.
- Comment as-tu pu...
- Je ne l'ai pas fait, Jonathan, elle s'est tranché la main toute seule. C'était un acte purement réfléchi.
Le sang de l'héritier ne fit qu'un tour.
Il détestait qu'on le prenne pour un idiot, surtout si les preuves transpiraient l'évidence. Même si Toki était ce qu'il avait de plus chère, elle était allée trop loin. Pour lui, sa jalousie maladive avait fini par blessé une personne qui comptait à ses yeux.
Il ne pouvait pas laisser passer ça.
- Tu te fous de moi ?! J'ai l'air d'être un con ?! Ne me prend pas pour un idiot Toki !
La jeune femme serra les dents.
- Qu'est-ce qui t'as prit ? trembla la voix d'Anaïs qui la regardait avec tristesse.
Cela lui fit encore plus mal.
- C'est pourtant évident, intervint Melkior en replaçant ses lunettes sur le nez, sa colère et sa jalousie ont pris le pas sur sa magie noire : elle n'a pas pu se retenir.
Son regard était froids.
- Tu le pense vraiment, mage blanc ? questionna la Terrienne en durcissant sa voix, alors tu es bien plus bête que ce que tu nous laisse penser...
- Pathétique, tes insultes ne m'atteindront pas... C'est typique des humains ce genre de changement de comportement, avait-il ajouté en détournant le regard vers Jonathan.
- Je suis d'accord, intervint Hypolit qui croisait les bras, on sait tous comment tu réagis face à la colère : la dernière fois tu as failli planter Angélina.
- Oui, je m'en souviens, ajouta Maestia en posant sa main sur sa bouche.
Les autres Élus, à l'évocation de ce souvenir douloureux ne perdirent pas de temps en broutilles inutiles et crurent sans plus de preuves les dires de Clarissa.
Ils l'entourèrent chaleureusement.
Seule, Liz, méfiante, dévisagea Clarissa. Pour elle, cette situation était bien trop suspecte. Comment une guérisseuse expérimentée comme Clarissa n'avait-elle pas pu se protéger, ou même se guérir d'une blessure aussi peu profonde ? Et Toki ? Pourquoi aurait-elle user d'un couteau si c'était sa magie noire qui avait prit le dessus ? Le mystère restait entier et Liz peu convaincue. Cependant, elle ne dit rien, gardant ses soupçons pour un moment plus opportun.
- C'est une blague, non mais je rêve, avait murmuré Toki en serrant les poings si fort que ses bras en tremblaient, j'en peux plus...
Trop c'était trop.
Zéro confiance, zéro soutien, zéro amis, zéro amour.
Elle venait de tout perdre en quelques jours, mais la douleur n'avait jamais été aussi forte qu'à l'instant où Jonathan la fusilla du regard en aidant Clarissa à se relever. Cette dernière en profita et se colla davantage à l'incarnation de son désir.
Toki sourit amèrement devant la scène.
- Je ne peux en supporter davantage, c'est trop d'un coup : je change de chambre.
Elle regarda une servante qui se tenait sur le côté et lui lança un regard de glace.
- Préparez mon ancienne chambre...
La servante sembla hésiter.
-... tout de suite.
Elle s'exécuta sans demander son reste.
. Pour Jonathan, les paroles de Toki furent comme un coup de massue. Il trouvait déplacer et grotesque que celle qui avait blesser Clarissa joue la carte de la sensibilité. Cette dernière profita de son écrasante victoire et de sa supériorité pour enfoncer le couteau dans la plaie. Elle sécha ses larmes de crocodiles et fit mine de prendre la défense de la vraie victime.
- Ne te mets pas en colère, c'est son choix. Moi je la pardonne. Ce n'est pas de sa faute, c'est sa magie noire...
Les paroles de Clarissa avaient peine à calmer Jonathan qui resta consterné devant l'annonce de son âme-soeur. "Changer de chambre" revenait à se séparer de lui, et à revenir au stade zéro. Il se sentait abandonné, et son coeur se serra devant la décision de son amour.
- Tu ne peux pas, avait-il dit avec une voix incertaine.
Toki lâcha un petit rire.
- Parce que tu crois que tu vas m'en empêcher ? Toi ?
- Toki, s'il te plaît...
La jeune femme ne voulait plus lui adresser la parole et détourna un instant le regard. Ses larmes avaient fini par sécher, laissant ses yeux salés et piquants de douleur. L'héritier, dévasté par la décision de Toki, ne remarqua pas la main de Clarissa qui se glissait sur son torse. Il lui semblait qu'elle tentait de le consoler, mais cela n'eut pas l'air de fonctionner.
Alors, comme s'il se confiait à une amie chère, Jonathan serra davantage la main de Clarissa. Il ferma un instant les yeux, paraissant savourer le contact de leur peau, bien qu'en réalité il cherchait à retenir des larmes qui menaçaient furieusement de couler. Il était un prince, il ne devait pas montrer ses émotions.
Toki, lâcha un insultant juron alors qu'elle méprenait les actions de Jonathan.
- Apparemment ma décision ne devrait pas trop te poser problème, cracha-t-elle le coeur brisé, au moins j'aurais chauffé le lit pour Clarissa ! C'est que t'as l'air d'apprécier sa compagnie dis-moi, alors pourquoi t'irais pas la baiser pour v-
"CLAP!"
Ce son, Toki n'arrivait pas à y croire.
Les Élus non plus d'ailleurs.
En fait, personne ne parvenait à accepter la scène qui venait de se dérouler sous leur yeux ébahis. La colère du second prince était telle, qu'il n'était pas parvenu à se contenir. Sa fureur avait brûler toute trace de self-control devant les paroles qui avaient été prononcées par sa partenaire.
Quant à la jeune Terrienne, choquée, elle toucha doucement sa joue endolorie.
- Jonathan... Je rêve ou tu viens de me gifler ?
☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆
Hello ^^
😱 Quelle horrible situation !!!
J'étais en rogne quand j'ai écrit le chapitre ! 😤
Alors, que pensez-vous de Clarissa ?
De la réaction des Élus ?
De celle de Jonathan ?
De la décision de Toki ?
La suite arrive 😘 !
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