CHAPITRE 43 : Le Début De la Fin
Hello ! J'espère que vous allez tous bien !
Attention, on s'apprête à rentrer dans une zone de turbulences émotionnelles !
Gros bisous et bonne lecture 😘 !
☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆
Deux jours plus tard...
- Es-tu sûr qu'Idriss est à Cirilas ? insistai-je auprès de Jonathan alors que nous marchions dans les couloirs du palais en direction de la salle du trône, tu sais bien que ton frère est suspect, et ne pas le voir depuis plusieurs jours rend son absence encore plus suspecte !
Jonathan, qui me tenait fermement la main, souffla d'exaspération devant mon impatience. Cela devait être au moins la dixième fois que je lui demandais confirmation avec autant d'insistance.
- C'est Idriss lui-même qui me l'a dit, expliqua-t-il en prenant un tournant, ce voyage d'affaire était prévu depuis longtemps et depuis qu'il sait qu'il aura pas le trône, Idriss cherche un moyen de développer et renforcer l'économie de notre empire.
- Mouais, cette excuse tient la route...
Je restais mitigée sur la question. Bien qu'Idriss semblait être un très bon ministre de l'économie, son comportement plus que suspect au bal, ainsi que ses intentions envers moi ne jouaient absolument pas en sa faveur.
Même l'absence d'Angelina ne me soulageait pas : ne pas l'avoir sous les yeux m'empêchait de savoir ce qu'elle préparait.
- Maintenant que j'y pense, où est passé mon petit Nathaniel ? fis-je en faisait la moue rien qu'en pensant à ses joues rebondis, cela fait une éternité que je ne l'ai pas vu...
Jonathan rigola faiblement devant ma réaction, avant de se moquer de mon adorable expression faciale.
- Tu n'es pas au courant ? me demanda-t-il en m'entraînant dans un énième couloir, Nathaniel à été envoyé à la MHA !
Je lui fis les yeux ronds.
- Euh... Je pense qu'on ne doit pas vraiment parler de la même chose : "MHA" comme l'école pour super-héros ?
Mon partenaire haussa un sourcil interrogateur.
- Toki, je ne comprends rien à ce que tu racontes : la MHA c'est la Mnemos Hyppi Académie, une très grande école pour jeunes nobles de Territorium. Le nom MHA est un hommage à celui qui a mit au point le premier et célèbre sortilège d'altération de la mémoire. Nathaniel y étudiera pendant quatre années. On est tous passés par là tu sais...
Un souffle s'échappa d'entre mes lèvres.
- J'aurais dû m'en douter, déclarai-je la voix pleine de déception alors que je scrutai la grande porte de la salle du trône, c'était trop beau pour être vrai...
- Encore une référence de la Terre à laquelle je ne comprendrais rien...
J'étirais un sourire devant sa douloureuse ignorance avant de l'embrasser tendrement devant les grandes portes que les gardes ouvraient déjà.
Jonathan posa une dernière fois ses lèvres sur mon front, avant de me lâcher la main et de pénétrer dans la salle du trônes à l'annonce de l'intendant du palais.
"Le prince héritier !" avait-il fièrement annoncé.
Mon partenaire me fit un clin d'il qui fit tournoiller les papillons dans mon ventre, alors que les portes se refermaient lourdement.
Il ne me restait plus qu'à attendre qu'il finissent avec ses parents pour nous rendre à l'académie.
Bien que nous ayons vu les autres Élus ce matin au petit-déjeuner, une douce pensé pour me traversa l'esprit et je riai en me remémorant les âneries d'Alexei.
Je profitai du moment de calme pour m'adosser contre le mur et repenser aux événements des jours passés :
"J'allais aller dans l'espace en empruntant une navette spatiale."
J'avais beau répéter cette phrase un million de fois dans ma tête, elle gardait toujours la même absurdité qui lui était propre. Et même si ce voyage m'angoissait un peu, j'avais le sentiment que quelque chose de pire allait m'arriver...
J'avalais difficilement ma saliver tout en me repositionnant contre le mur, le regard dérivant sur les mages-chevaliers qui patrouillaient.
Est-ce que ma colère allait me jouer des tours ? Un de mes amis allait-il mourir ? Ou pire, Jonathan allait-il mourir ? Je ne le savais guère, et pourtant cette fichue peur bleue ne cessait de me retourner les entrailles.
Je décidai de ne plus y penser en secouant violemment ma tête. Tous mes amis étaient en bonne santé et hors de danger, ça ne servait à rien d'y penser maintenant !
Les royales portes de la salle du trône/salle d'audiences s'ouvrirent en un fracas. Le bruit me sortit des flots de lamentations dans lesquels j'avais plongé la tête la première, et je me dirigeai impatiemment vers Jonathan qui sortait déjà.
Bizarrement, mon partenaire avait l'air... enthousiaste : mais qu'avait-il bien pu se passer dans cette salle ?!
À peine m'avait-il rejoint, qu'il me saisit la main les yeux pétillant.
- Toki, tu devineras jamais qui vient nous rejoindre à l'académie !
Mon cur se serra à l'entente de ces mots, alors qu'une silhouette plus que familière se dessina derrière mon partenaire, et vint se planter devant moi comme un drapeau de revendication territoriale.
- Bonjour Toki, ça faisait longtemps...
Ma respiration s'accéléra à l'entente de cette voix que j'aurai préféré ne plus jamais entendre ; et comme un souffle de désespoir, alors que mon sang bouillait dans mes veines, je parvins à articuler ces quelques mots :
- Cl-Clarissa ?! Mais qu'est-ce que tu fais là ?!
🌟
Je rabattis fermement la porte de mon casier pour exprimer ma frustration. Le bruit en fit sursauter certains qui continuèrent leur traversée dans les couloir de l'académie, pendant que d'autres me dévisageaient sans vraiment comprendre.
J'avais passé la majorité des cours du matin à écouter le flot de connaissances sans intérêts de Clarissa !
Et pourtant, je n'arrivai toujours pas à m'en remettre. Puisque Clarissa avait "sauvé" la vie de Jonathan, héritier de l'empire de Territorium, l'empereur l'avait fait quérir afin de la récompenser gracieusement : elle reçut donc la Mention du Mérite.
Il s'agissait d'une rente ainsi qu'une faveur accordée à celui ou celle qui la recevait.
En d'autres mots, Clarissa venait de s'octroyer un pouvoir de décision quasi illimité. C'est la raison pour laquelle elle avait demandé à étudier à l'académie (en plus du logement d'internat offert) et la permission de fréquenter les Élus, en guise de "remerciements" pour nous avoir aidés.
Depuis c'était l'enfer : impossible de voir mes amis sans la voir ! Que se soit en classe, dans les couloirs, dans les jardins de détente, dans les bibliothèques et les salles de recherches, et j'en passe...
Et le pire, c'était que sa présence était tout à fait au goût de Jonathan, qui passait son temps à lui faire visiter les lieux et à traîner avec elle !
Grrr !
Je rouspétai en me dirigeant vers la "Salle des Repas", comme ils l'appelaient, afin de rejoindre les Élus à notre table habituelle pour déjeuner. L'absence non négligeable de mon partenaire à mes côtés, s'expliquait par le fait qu'il avait préféré donner un coup de main à Clarissa pour les modalités d'inscription plutôt que de passer du temps avec moi !
Elle ! Et pas moi !
Je grognai de plus belle en descendant les escaliers, ignorant les autres élèves qui me saluaient aux passages. Car oui, mon statut d'Élu n'allait certainement pas égayer ma journée !
Une fois arrivée dans l'immense salle, je cherchai activement la silhouette de mes amis parmi la foule d'innombrables élèves rassemblés en ces lieux.
Au loin, l'adorable silhouette d'Anaïs me fit signe, et je me dépêchai d'aller prendre de quoi manger. Un pain et un verre d'eau plus tard, je me retrouvai devant la table rectangulaire de marbre, où les Élus et Clarissa étaient attablés.
À mon grand regret, l'unique place à côté de Jonathan était prise par Clarissa.
- Viens t'asseoir ! m'invita Maestia en tapotant un place libre près d'elle.
- Merci !
Je lui souris avant d'aller m'asseoir et je saluai les autres au passage.
- Bah alors, t'étais où ? me demanda Alexei en élevant la voix à cause du brouhaha formé dans la salle, t'avais disparu après le cours du grand mage !
Je plantai ma fourchette dans mes haricots.
- Je suis allée ranger mes livres, fis-je en portant les légumes à ma bouche.
Mon regard dériva sur Jonathan qui ne semblait absolument pas intéressé par ce que je disais, trop occupé à discuter avec l'autre pot de colle...
- C'est dommage, ajouta le grand blond en mangeant un bout de pain, t'as raté le récit de Clarissa : tu savais qu'elle venait d'un village de Territori avant de se faire capturer par les brigants de Keran ?
Et alors ?! J'en ai rien à f***** !
- Non, je ne savais pas, me contentai-je simplement de répondre.
Les remarques et compliments d'Alexei à l'intention de Clarissa commençaient sérieusement à m'agacer. J'eus l'impression de devenir invisible, quand tous se mirent à s'intéresser à sa vie. Même Hypolit d'aventure si calme, semblait fortement intéressé par les récits de la jeune mage d'eau.
Et bien que je trouvais suspect le fait qu'une jeune fille de Territori se retrouve tout à coup à l'autre bout de l'empire, il fallait avouer qu'elle avait tout de même vécu de nombreuses péripéties. Même ses capacités magiques aquatiques, essentiellement basées sur la guérison était impressionnantes.
Mais voilà : j'en avais marre d'entendre les autres vanter ses exploits.
Je décidai donc d'ignorer la conversation qui était en cours en me concentrant sur les arabesques qui embellissaient la salle et l'architecture à couper le souffle des poutres qui ornaient la pièce. J'acquiesçai de temps en temps sans vraiment réfléchir à ce qui était raconté, et le repas prit fin ce que je ne me sois réellement investie.
Nous quittâmes alors les lieux sans plus attendre, Jonathan en tête de marche et Clarissa qui pendait à son bras. Son comportement me donnait des envies de meurtres, et celui de Jonathan me brisa le cœur.
Le goût de la frustration fut bien aigre dans ma bouche alors que je suivais le groupe en fin de queue : je savais que cette situation allait me faire souffrir.
🌟
Le reste de la journée s'était déroulé à une vitesse folle.
J'avais décidé d'ignorer Clarissa et ses piques, Jonathan et ses trahisons, et les Élus et leur aveuglement.
Les cours avaient pour habitude de se finir vers quinze heures, afin de permettre aux élèves de l'académie de prendre part à diverses activités de leurs choix. Mais notre position d'Élu ne nous permettait pas de prendre part à ce genre de fantaisie, aussi pour le reste de l'année, nous devions systématiquement rentrés au palais afin de pouvoir vaquer à nos activités respectives.
Bien évidemment, cela n'était possible que si Morteus et les démons acceptaient de nous laisser tranquille, ou encore si Breckus n'avait pas d'entraînement supplémentaire à nous faire subir.
Et malheureusement pour eux, j'avais déjà quelque chose de prévu !
- Tu es prête pour mon cours de cuisine ? déclarai-je toute excitée à Maestia que je venais de rattraper alors que l'on montait les marches du palais, j'ai déjà choisi la recette que l'on va tester !
La jolie blonde stoppa sa course et me regarda avec embarras.
- Ah... Toki, je suis terriblement désolée, me dit-elle en joignant ses mains comme pour supplier, je dois m'occuper de Clarissa : elle m'a demandé de l'aider pour un devoir et je suis la seule à avoir un peu d'avance. Et comme elle est nouvelle...
Mon cœur rata un battement. Je peinais à croire que Maestia venait de me lâcher pour Clarissa !
- Je vois.
Je montais vivement les escaliers du palais en ignorant les sincères mais blessantes excuses de la mage de feu. Ce cours de cuisine ensemble était prévu depuis plusieurs jours, et cela me fit mal de savoir qu'elle m'abandonne pour si peu...
Triste, je dépassai les autres Élus et pénétrai dans le grand hall. Des servantes vinrent s'occuper de nos affaires et je me débarrassai de mon manteau.
Comme je m'y attendais, il ne fallut que quelques secondes pour que Clarissa ne fasse son apparition, et ne se mette à s'extasier devant la beauté des lieux. Je soufflai pour la énième fois de la journée lorsque Clarissa se prit les pieds dans le tapis, manquant ainsi de s'étaler sur le sol, et que Jonathan la rattrapa de justesse. Elle bafouilla une excuse mal ficelée avant de passer une mèche de ses cheveux derrière son oreille en fixant mon partenaire.
La scène était beaucoup trop clichée. Je souris amèrement.
- Je vais m'entraîner, si jamais quelqu'un me cherche, lançai-je en me dirigeant vers le sous-sol.
- Bien, mais ne sois pas en retard pour le dîner ! me lança Jonathan avant d'emprunter un autre chemin, rapidement suivi par Clarissa qui s'accrocha à son bras avant de me lancer un regard plein de sous-entendus.
Je serrai les poings et une petit grognement s'échappa d'entre mes dents.
Mais j'vais la buter celle-là !
Je me dirigeai d'un pas pressé, agacée, vers la salle d'entraînement. Arrivée devant les portes, les gardes de surveillance dans ce secteur m'ouvrirent sans poser de questions, et refermèrent les lourdes portes sur mon passage.
Je m'assurai d'un rapide coup d'œil que j'étais bien seule, et en profitai pour verrouiller la porte. Il n'y avait rien de valeur dans cette salle vide, si ce n'est un énorme golem de métal inactif qui devait probablement servir durant les entraînements des mages-chevaliers.
Je le fixai avec fureur, alors que j'étais sur le point d'exploser.
- TU ME NARGUES SALOPE ! hurlai-je en balançant violemment une boule de feu sur le golem qui prit le coup de plein fouet.
Les murs de la salle se mirent à trembler et les cristaux lumières à clignoter. L'air se fit électrique alors que je préparais une attaque de foudre.
- SALE GARCE ! CONNASSE !
L'éclair s'abattit lourdement le golem qui tomba à la renverse. Je le fis léviter sans trop de contrôle dans les airs avant de le faire tomber brutalement sur le sol, faisant trembler ce dernier.
- ÉSPÈCE DE PÉTASSE ! IL EST À MOI !... continuai-je en frappant durement du pied le sol qui se fissura sous ma fureur de terre. D'immenses stalagmites de pierre sortirent abruptement des fissures et vinrent empaler le golem dont il ne restait presque plus rien.
- ...À MOI ! terminai-je à bout de souffle en activant un sort de magie noir. Alors que le golem était sous mon emprise télékinétique du bout de mes doigts, je refermais violemment le poing, compressant âprement l'être de métal dont il ne resta plus qu'une vulgaire boule grise de la taille d'un ballon de football.
Ma haine avidement exprimée, je m'effondrais sur le sol, le souffle court, le sang bouillant dans mes veines. Je pensais que me défouler m'avait fait du bien, et pourtant, ce ne fut qu'une vive douleur que je ressentis à la poitrine. Comme un spasme punisseur qui me faisait payer mes excès de rage, m'assaillant de doutes.
Pourquoi Jonathan ne voyait-il pas les réelles intentions de Clarissa ? Est-ce qu'il commençait à se lasser de moi ? Peut-être que c'était de ma faute : sans doute voyais-je mal là où il n'y en avait pas ?
La douleur disparut après quelques secondes, lorsqu'une présence désagréablement familière se fit sentir derrière moi.
- Que veux-tu Jormungand ? lâchai-je froidement en m'asseyant en tailleur.
Le démon final ricana et se plaça devant moi. Les mains dans le dos, l'allure impeccable, le charisme aussi brûlant que le froids de ses paroles, il semblait vouloir me dire quelque chose.
- Alors ça y est ? Tu as fini ta petite crise ? se moqua-t-il.
Je le foudroyai du regard.
- Ne me regarde pas comme ça, ce n'est pas moi le problème : ce sont tes émotions et sentiments. Ils t'empêchent de dévoiler ton plein potentiel et te font souffrir inutilement.
Je lâchai un rire franc devant sa naïveté.
- T'es vraiment marrant toi ! C'est le propre de la nature humaine, je ne peux rien faire contre cela...
Jormungand ne répondit rien un court instant, comme s'il réfléchissait profondément à ma remarque. Son masque de lait continuait de me fixer lorsqu'enfin, il daigna reprendre la parole.
- Certaines émotions sont bénéfiques pour la magie noire, mais le doute, le manque de confiance en soi ne sont pas des émotions que tu peux te permettre de ressentir. Cela aurait des répercussions désastreuses sur ta magie, et elle commencerait à t'échapper ! Tu dois cesser d'être sans arrêt jalouse et en colère.
Je pris une grande inspiration pour mieux me concentrer sur ce que me disait Jormungand.
- Ah ouais ? Et qu'est-ce que tu proposes ? demandai-je avec sarcasmes, tu veux que je tue Clarissa ?
Le rire froid du démon final résonna tout à coup dans toute la pièce, et je fus pris d'un grand frisson. Je n'arrivais pas à savoir s'il était satisfait ou s'il se moquait de ma remarque.
- Bien que cette idée me séduise particulièrement, s'amusa-t-il, tu es pour le moment bien trop fragile pour tuer qui que se soit.
J'eus un rictus d'agacement.
- Donc ?
- La solution la plus efficace serait que tu me laisses t'apprendre à contrôler tes émotions.
Un bref silence passa.
Jormungand ? M'enseigner la maîtrise de soi et des émotions ? L'ironie de la phrase était telle que je me retins tout juste de lui rire au nez.
- Heu...non merci, déclarai-je en fixant son masque de lait, loin de moi l'envie de devenir une monstre sans émotion qui tue de sang froids...
Le démon final s'amusa de mes propos.
- Amusant, se divertit-il, quelle grossière caricature de la personne forte et indépendante que tu pourrais devenir. Es-tu bien sûre de toi ? Je pourrais te rendre puissante...
Je me levai avant de m'étirer crûment, pour mieux me diriger vers la sortie.
- Peut-être, mais non, c'est non.
Le démon souffla devant mon refus.
- Comme tu voudras, se tourna Jormungand pour rentrer dans l'hybris, quel gâchis...
Le silence des lieux attestait que mon démon était enfin rentrer dans sa dimension ; et bien que tous mes sens et ma raison me criaient que Jormungand était dangereux, je ne pus me résoudre à croire que sa proposition n'était pas complètement insensée.
J'allais peut-être avoir besoin de lui un jour...
☀️
Le dîner allait bientôt être servit dans la salle commune, et je savais que Jonathan allait longuement m'agacer si je ne me pointais pas à l'heure là-bas. Je ne me fis pas prier, et descendit du petit coin détente de fortune que je m'étais créer dans la bibliothèque, après être sortie de la salle d'entraînement.
Les couloirs silencieux du palais, bien que surveillés, me semblaient désespérément vides. Je pressai le pas lorsque je me rendis compte qu'il ne me restait que peu de temps avant que le repas ne soit servit, mais je devais d'abord aller me changer. À une folle cadence, et toujours en marchant, je me dirigeai vers notre chambre après être arrivée en haut des escaliers.
Quelle ne fut pas ma surprise lorsque je tombai nez à nez avec Clarissa qui se tenait debout prêt d'une fenêtre. À ma vue, elle sourit de toute ses dents et s'avança vers moi d'un pas assuré, les mains occupées par une petite boîte en carton bleu clair.
- Toki !
- Clarissa, fis-je faussement joyeuse, que fais-tu là ? Tu t'es perdue ? Cet étage est privé.
La jeune femme aux cheveux blonds vénitiens se planta devant moi, nullement apeurée.
- Oui je sais, mais Jonathan doit me raccompagner à l'entrée de la cours principale, expliqua-t-elle en lançant un coup d'œil en direction de notre chambre, il m'a demandé de l'attendre ici : il ne devrait pas tarder.
Quoi ?! Jonathan allait la raccompagner ?
Je me mordis la joue intérieure pour éviter qu'elle ne lise ma frustration et ma jalousie.
- Je vois.
- Heu Toki...
Son regard se voulait fuyant, comme si elle s'apprêtait à me poser une question interdite. Mais bien sûr, c'était clairement de la comédie.
- Quoi ?! fis-je méchamment en fronçant les sourcils.
Déjà qu'elle se comportait comme une victime devant les autres. Le fait qu'elle le fasse devant moi, m'exaspérait au plus haut point : c'était comme si elle continuait de se foutre de moi ouvertement.
- Heu... Quelle est ta véritable relation avec Jonathan ?
Un sourire se dessina sur mes lèvres.
Ha ? Tu veux savoir...
- Jonathan est mon âme-sœur et toute ma vie.
Je l'avais dit avec fermeté, certes, mais le plus important était qu'elle comprenne que Jonathan était intouchable.
In-tou-cha-ble !
Clarissa leva les yeux comme pour réfléchir un instant, puis elle se mit à rire en posant une main devant sa bouche, comme si ce que je venais de dire était futile.
- Oui j'avais cru comprendre... murmura-t-elle entre ses lèvres en me fixant avec un air de défi dans les yeux.
Mon sang ne fit qu'un tour.
- Répète un peu pour voir !
J'étais réellement sur le point de lui arracher la tête, lorsque la voix de Jonathan m'interrompit dans mes plans.
"Clarissa es-tu prête ?"
À ces mots, cette dernière reprit son air innocent alors que je tentai de retrouver un semblant de contenance.
- Ah Toki tu es là, me remarqua Jonathan en mettant son manteau, tu viens te changer ?
- Oui.
Jonathan haussa un sourcil d'incompréhension face à l'éphémérité de ma réponse et mon ton agacé. Il ne prêta pas plus attention quand Clarissa s'adressa à lui.
- Tiens Jonathan, lui tendit-elle la boîte avec fierté, pour te remercier de m'avoir aussi bien accueillie. C'est un gâteau aux amendes que j'ai préparé avec... sympathie.
Elle insista clairement sur ce dernier mot en m'observant discrètement du coin de l'œil. Je lui jetai le regard le plus meurtrier que j'avais en réserve avant de lui sourire de toutes mes dents.
Manque de bol pour elle : Jonathan déteste les amendes, il les tient en horreur.
Je soutins le regard plein d'incompréhension de Clarissa avec mon air jubilatoire, attendant patiemment que Jonathan décline son cadeau.
- Je suis désolé Clarissa, commença-t-il, je ne suis vraiment pas un adorateur des amendes...
- Oh, fit-elle en prenant son air de victime persécutée que je détestais plus que tout, je ne savais pas, je suis désolée. Bon, je vais le jeter alors...
Jonathan souffla bruyamment, en passant la main dans ses cheveux, un air indécis sur le visage.
Ne me dites pas que...
- Donne.
Q-QUOI ?!
- Donne-le-moi, répéta-t-il, je le mangerai avec un coulis de fraise ou du chocolat, ça devrait suffire à effacer le goût des amendes...
Un sourire illumina le visage de Clarissa qui lui remit la boîte, toute joyeuse. Jonathan me fit un sourire de travers que je ne lui rendis pas, avant de descendre les escaliers en compagnie de l'autre idiote au sourire béat.
Les derniers bruits de leurs pas se firent entendre alors que je souffrais en silence des improbables paroles de Jonathan, qui venaient non seulement de m'énerver davantage, mais aussi de briser quelque chose en moi...
🌙
"C'est impossible... Ça n'a pas pu arriver..."
C'est la phrase que je n'ai pas arrêté de me répéter ces trois dernières heures.
Lorsque je me débarbouillais pour le souper, durant le dîner, lorsque j'étais en salle commune avec les autres et même maintenant dans notre lit, en attendant que Jonathan finisse de se brosser les dents.
J'étais bien trop agitée pour rester en place. Je me levai en revêtant ma robe de nuit en soie, et me dirigeai vers le grand balcon, le regard perdu dans la nuit noire. Quelques lumières ici et là éclairait les zones sensibles de l'immense palais, mais ne parvenaient pas à rivaliser avec celles produites par les étoiles.
Un vent frais caressa mes joues et je fermai les yeux, repensant aux actes de Jonathan et aux paroles de Clarissa. C'est alors qu'une seconde vive douleur me fit froncer les sourcils et je m'agenouillai fébrilement sur le marbre froid en serrant les dents.
Mais qu'est-ce qui m'arrivait bon sang ?!
La faible voix de mon partenaire retentit dans le profond silence de ma douleur. Je sentis alors deux bras chauds et musclés me transporter doucement, pour me déposer délicatement dans des draps à l'odeur de menthe que je reconnus comme étant ceux de notre lit.
- Alors ? Qu'est-ce qui t'arrive mon amour ? me demanda Jonathan en posant sa main sur ma joue, dois-je appeler un médecin ou est-ce que c'est simplement la mauvaise période du mois ?
Je ris faiblement à sa blague. Il en profita pour m'embrasser la main.
- Non, ce n'est pas ça, expliquai-je en respirant profondément, c'est plus d'ordre émotionnel...
Jonathan me regarda avec incompréhension.
- Je crois que j'ai un problème avec ma magie noire. Elle me fait souffrir dès que mes émotions me submergent...
Mon âme-sœur écarquilla les yeux et s'assit près de moi en me tenant fermement les mains.
- Souffrir à quel point, sur une échelle de un à dix ? me demanda-t-il l'air grave, et attention ne me mens pas !
Je détournai un instant les yeux pour préparer ma réponse, avant de replonger mon regard dans celui tourmenté de Jonathan.
- Heu... peut-être trois ou quatre....
Jonathan me fixa en fronçant les sourcils.
- Toki, me fit-il passablement irrité.
Je soufflai en fermant les yeux, sachant que la réponse n'allait pas lui plaire.
- Onze ou douze...
Un silence s'installa sans prévenir. Mon partenaire me lança un regard désolé avant de m'embrasser le front. Il se leva soudainement et se dirigea vers la porte, alors que je lui demandai où il allait.
- Je vais demander un médecin, s'arrêta-t-il à mis chemin entre la porte et notre lit, il est hors de question que je te laisse souffrir plus longtemps !
Il était chou quand il voulait me protéger, mais me mettre en "arrêt maladie" n'était pas la solution.
- Jonathan, l'appelai-je tandis qu'il commençait à faire demi-tour, je ne veux pas d'un médecin, ce dont j'ai réellement besoin, c'est que l'on éloigne la source de mon stresse et de ma douleur...
L'héritier s'arrêta au pied de notre lit et me fixa droit dans les yeux, peu convaincu.
- Et qui est... ?
Je m'assis sur le bord du lit.
- Clarissa.
Jonathan leva un sourcil interrogateur.
- Pardon ? Tu pourrais répéter ? me regarda-t-il avec étonnement.
- Je sais que tu as très bien entendu, mais je vais quand même faire l'effort de répéter : Cla-ri-ssa !
Mon partenaire me dévisagea avec l'incompréhension la plus totale. Il tourna les talons pour continuer sa course vers la porte de notre chambre avant de se stopper net. Il se retourna et fut devant moi en quelques enjambées. Il regarda le plafond puis le sol, s'appuya contre le mur le plus proche, passa la main dans ses cheveux puis finit par me fixer intensément, la main sur la bouche.
- Dis-moi que c'est une mauvaise blague.
Je fronçais les sourcils d'agacement. Son aveuglement allait deux minutes, mais le déni était une chose qui ne passait pas !
- Je ne plaisante pas Jonathan, déclarai-je froidement.
L'héritier s'amusa de me voir en colère comme si c'était la chose la plus absurde de la journée.
- Et qu'est-ce qu'elle t'a fait ?
- Elle amadoue tout le monde avec sa fausse modestie, se joue de moi ouvertement, me provoque quand les autres ont le dos tourné, et surtout, elle te drague devant moi !
Jonathan afficha une tête assez spéciale. Un mélange d'étonnement, de colère et une pointe d'offusquement. Il avait l'air de ne pas en croire ses oreilles.
- Ce n'est pas tellement un problème qu'elle le fasse, ce qui me fait chier Jonathan, m'énervai-je, c'est le fait que toi et les autres ne voyez rien !
L'héritier pinça l'arrête de son nez, sans doute d'agacement, un agacement extrêmement mal placé.
- Je t'avoue que je ne sais pas quoi te répondre Toki, me répond-il calmement, je t'ai plus d'une fois prouver que tu étais la seule à mes yeux, et que les autres filles ne comptaient pas. Clarissa n'est rien d'autre qu'une amie, et je pensais que tu me faisais assez confiance pour que plus jamais nous ayons à avoir ce genre de discussion. Je pense que le problème ne vient pas de moi, mais de toi : tu n'as sans doute pas suffisamment confiance en toi et tu te laisses très facilement prendre par tes sentiments. Le destin a fait que tu sois une mage noire, ce qui t'oblige à maitriser tes émotions, sous peine de devenir un danger pour toi et ton entourage. Je suis désolé Toki, mais Clarissa ne paiera pas le prix de ta jalousie mal placée, et moi non plus : apprends seule à te contrôler.
Je restais de marbre.
Une douleur lancinante me fit cependant froisser les draps.
En réalité, j'avais décroché à "Clarissa", l'entendre de sa bouche avait le don de m'irriter.
- Donc tu comptes me laisser souffrir ? lui demandai-je franchement.
Jonathan me lança un regard noir.
- Non : tu as interdiction d'utiliser tes pouvoirs en dehors des batailles portails, tu m'as bien compris ?
J'entrouvris les lèvres, offusquée par ses paroles. Il venait de me mettre dans une colère noire juste avec ces quelques mots.
Je me levai, furieuse, et me plantai devant lui, mon regard noir dans le brun clair presque jaune du sien.
- Et de quel droit, territorien ?! lui crachai-je à la figure.
Jonathan ne décoléra pas.
- Ordre du prince héritier de l'empire de Territorium ! dit-il fermement, tant que tu seras sur cette planète, que tu respireras cet air et que tu consommeras nos produits, tu seras sous mes ordres.
- Tu oserais me faire ça...
- Je ne voulais pas en arriver là, mais tu ne me laisses pas le choix mon cœur...
Je serrai les dents. Jamais encore il n'avait osé s'adresser à moi de cette manière, et encore moins utiliser son autorité de prince héritier sur moi.
Et cet acte ne pouvait rester impuni.
- Dans ce cas, votre altesse, fis-je sarcastiquement, on va avoir un problème !
Je tournai les talons et allai m'enfoncer sous les draps sans demander mon reste, en éteignant toutes lumières de mon côté du lit.
La voix désolée de Jonathan m'appela une ou deux fois, avant qu'il ne fasse de même en allant se coucher. Je pris bien soin de ne pas lui faire face en dormant et mis quelques coussins entre nous. J'étais tellement en colère et je me sentais tellement trahie que je n'avais même pas envie de le toucher. De toute manière, il était coutume de couper les mains des traîtres sur Territorium, alors cela revenait au même...
Pour la première fois, je dormais avec mon amour sans pouvoir le toucher.
Je me couchais alors les yeux humides de tristesse, et luisants de colère...
☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆
Hello !
Comment allez-vous ?
Bien, j'espère !
Je me remets à publier ! 😆
QUESTIONS DE L'AUTEUR :
Finalement, mieux vaut avoir quelqu'un comme Angelina ou Clarissa comme rivale en amour ?
Faites votre choix ! 😘
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