CHAPITRE 41 : Drôle De Rencontre

PDV Jonathan

Une douleur lancinante me traversa le corps tout entier. Je décidai d'ouvrir un oeil, puis l'autre, pour balayer de mon regard fatigué la pièce inconnue dans laquelle je me trouvais.

Un lieu étranger se dessina sous mes yeux, et, bien que le luxe n'était pas négligeable, il me fallut un peu de temps avant de comprendre que je me trouvais probablement dans une des chambres du royaume de Trium.

Sans perdre de temps, je m'assis avec facilité sur le grand lit, le dos contre un coussin de soie. Mon regard ne pu manquer de tomber sur Toki, qui, fatiguée, dormait paisiblement.

La tête dans les bras, assise sur une chaise près du lit, elle ronronnait légèrement.

Je jetai un coup d'oeil à une pendule sur le mur. Il était midi passé.

- Toki, réveillai-je ma partenaire avec tact en posant ma main sur sa chevelure en bataille.

- Hum ? marmonna-t-elle en ouvrant lentement les yeux, Jo-Jonathan ?! Oh mon dieu ! Tu vas bien ?!

Elle me sauta brusquement au cou, presque désespérément, et, complétement bouleversée me serra dans ses bras. Impossible pour moi de résister à un tel afflux de sentiments : je lui rendis son étreinte.

- Je- je suis tellement désolée, si tu savais ! pleura-t-elle dans mon cou, tout est de ma faute, j'aurais dû t'écouter !

Son teint était pâle et son air fatigué. Toki me paraissait toujours aussi lumineuse, mais quelque chose semblait avoir changé en elle. Comme si une partie d'elle avait été brisée...

- Chut...tout va bien, la rassurai-je en caressant ses cheveux noirs alors qu'elle prenait place dans mes bras, je suis là, calme-toi...

- ...

Ses membres tremblaient, elle haletait, tentant tant bien que mal de reprendre le rythme de sa respiration. Elle me serra une dernière fois avant de s'asseoir sur le lit, le regard peiné.

- Que s'est-il passé ? lui demandai-je avec sérieux, je ne me souviens pas de grand chose après les complications de la dernière fois. Si tu pouvais m'éclairer...

Ma partenaire se contenta de trembler légèrement, avant de frotter ses yeux bouffis par les larmes. Pour toute réponse elle détourna le regard.

- Toki, s'il te plaît, j'ai besoin de savoir...

- ...

Début Du Flash Back

PDV Omniscient

Du sang. Encore du sang. Toujours du sang.

Mais pas n'importe lequel, car seul, celui du partenaire de la jeune terrienne coulait à flot sur le sol poussiéreux.

"Tout est de sa faute..." avait-elle prononcé avec rage entre ses dents, le regard en direction du petit traître. L'enfant tenait toujours l'arme du crime dans ses mains tachetées, et même les paroles balbutiées à l'intention de Toki, ne parviendraient pas à le sauver.

La rage envahit brusquement la jolie brune, tant la vue du liquide rouge cramoisie lui était insupportable.

- Merde ! Elle va le tuer ! Arrêtons-la ! s'exclama Melkior à l'intention d'Alexei, Greyson et Hypolit qui se précipitèrent sur elle.

D'un geste futile de la main, la terrienne leva un mur qui sépara l'enfant, tremblant, des autres personnages, coupant les jeunes hommes dans leur course.

Ne restait plus qu'elle et l'enfant.

Mais la colère, elle, s'était invitée dans son cœur, et son âme déchirée pleurait de désespoir : s'en était trop, il fallait qu'elle le tue pour soulager sa haine.

Quand elle fut proche du Judas, alors que celui-ci tremblait de terreur, alors que les cris des jeunes femmes apeurées se mêlaient aux injonctions des Elus, Toki, dont le cœur saignait à flot, leva une main enflammée au-dessus de la tête d'un simple enfant.

Enfin !

Encore un petit effort !

Elle allait pouvoir le tuer, et du même coup, récupérer ce qu'elle avait perdu ! Et pourtant...

- Tu comptes vraiment le tuer ? interrompit soudainement la voix mentale de Jormungand qu'elle n'avait pas entendu depuis longtemps, n'est-ce pas un geste que tu risquerais amèrement de regretter ?

- Ne- ne me fais pas douter ! Pas maintenant ! Pas pour lui !

- Mais, qui espères-tu venger ? demanda-t-il d'un air moqueur, ton partenaire encore en vie ? Ne me fais pas rire !

"En vie" ?

- Mais qu'est-ce que tu racontes ? s'exclama-t-elle pleine d'espoir, Jonathan n'est pas mort ?!

Le démon final ricana prétentieusement.

- Tu devrais arrêter de croire que les gens meurent aussi facilement, "toi-qui-m'appartiens", et bien que ta stupidité naïve et ta bêtise monumentale n'aient failli lui coûter la vie, l'héritier est bel et bien sauf, grâce aux efforts de la mage d'eau qui lui a donné les premiers soins et à ceux de Leviathan qui l'a complétement guéri...

A ces mots, la jeune mage noire se mordit l'intérieur de la joue en baissant les yeux.

- C'est Clarissa qui l'a soigné ?

- En parti du moins...

Toki, rongée par la culpabilité, ne pu s'empêcher de serrer les poings quand Clarissa tint fermement la main de Jonathan, dont les souffrances avaient enfin cessé.

- Tout le monde va bien ?! On arrive avec les renforts ! hurla de loin Anaïs qui accourait avec Grey sur ses talons.

Un bonne vingtaine de gardes rameutée, les jeunes filles furent prises en charge, et l'entrepôt inspecté. La jeune terrienne détruisit le mur qui les séparaient, et leur livra l'enfant en serrant les dents. Les Elus donnèrent le peu d'informations qu'ils savaient aux autorités, et une enquête fut ouverte.

Mais, bien que tout soit terminé, Toki n'arrivait pas à se réjouir. Sa faiblesse d'humaine avait mis tout le monde en danger, et elle avait presque fait tuer son partenaire : elle ne se sentait plus à l'aise avec le groupe.

- Ils ne doivent plus avoir confiance en moi... marmonna-t-elle en se dirigeant de nouveau vers le village pour remonter dans le vecteur, qu'est-ce que j'ai fait...

Elle tenta de cacher sa peine, et pourtant, du coin de l'œil, les Elus l'observaient avec tristesse : ils savaient que leur ami n'allait pas bien.

Fin Du Flash Back

PDV Jonathan

- Toki...

Ma mage noire préférée baissa la tête, comme pour dissimuler sa honte. Elle jouait nerveusement avec ses doigts et baissait le regard dès que j'essayai d'établir un contact visuel.

- Tout est de ma faute, poursuivit-elle tristement, je ne connais rien à ce monde et j'ai voulu calquer mes certitudes sur un modèle totalement différent de mien... J'étais tellement jalouse et si frustrée que j'ai agi sans réfléchir et failli te perdre...

Elle osa enfin me regarder droit dans les yeux, attendant patiemment ma réponse.

- En temps normal, commençai-je en souriant, je t'aurai fermement puni et disputée pour avoir contester mes ordres et mis les autres en danger...

Toki hocha vivement la tête.

- ...mais, puisque tu as compris tes erreurs, et en tant que ton partenaire et âme-sœur, je te pardonne.

- Quoi ?!

- Je t'aime Toki, ajoutai-je en me rapprochant d'elle avec difficulté, et sache que ta vie compte plus que la mienne à mes yeux : si c'était à refaire, je le referais sans hésiter.

Ma terrienne se remit à pleurer, mais je parvenais à déceler une pointe de soulagement dans l'humidité de ses yeux.

- Sinon, tu en as parlé avec les autres ? Comment vont-ils ?

- C'est déjà fait, me répondit-elle gaiement, tu sais comment est Liz, elle avait tout de suite remarqué que quelque chose n'allait pas. Alors je leur en ai parlé et je me suis excusée auprès d'eux. Ils ont été vraiment sympas avec moi : ce sont de vrais amis, j'ai beaucoup de chance de les avoir !

- Me voilà rassuré...

Bien que je sois un individu exceptionnel et au-dessus de la moyenne, je restais un jeune Territorien en convalescence.

Alors forcément, j'avais faim.

- Je vais te chercher à manger, me sourit Toki après que mes honteux gargouillis aient résonné dans toute la pièce, ne bouge pas !

J'adorais quand elle prenait soin de moi. Mais encore une fois, je restais le prince héritier d'un empire : impossible pour moi de montrer une quelconque faiblesse sentimentale, autre que l'amour évident que je lui portait.

Elle revint peu de temps avec un plateau rempli de bonnes choses, et je dégustai mon déjeuner devant elle.

Toki profita du moment pour me mettre à jour concernant la situation actuelle. Je me trouvais bel et bien au royaume de Trium, dans une de leurs suites dédiées aux invités de marque. Maître Zayne était apparemment devenu pâle, quand il eut vent de ma mésaventure improvisée qui avait failli me coûter la vie.

Il était cependant soulagé d'apprendre que j'étais encore en vie, et nous attendait tous avec impatience à sa conférence, car il avait une "heureuse" nouvelle à nous annoncer.

- Ha, j'oubliais...

- Qu'y a-t-il ? questionnai-je en déposant mon verre de jus sur la table de chevet, un problème ?

- Non non, c'est juste qu'on a encore un peu de temps devant nous, donc Grey nous a proposé de visiter un peu la ville avant de nous rendre à l'auditorium royal... Est-ce que tu te sens suffisamment en forme pour venir avec nous ?

- Je pense que ça devrait aller, lui répondis-je sans détour, un peu d'exercice et je retrouverai mon corps de Syplys !

Elle me regarda un instant avec un air d'incompréhension sur le visage.

- C'est qui Syplys ?

J'avais oublié qu'elle venait de la Terre celle-là...

- Syplys est un des nombreux dieux de l'âge d'or, c'est le dieu de la beauté, de la perfection et de l'infini.

Toki lâcha un adorable petit rire.

- Et tu penses pouvoir remplir tous ces critères ?

- Bien évidemment, pour qui me prends-tu !

Pour toute illustration, je sortis du lit encore chaud, et m'essayai à plusieurs étirements. Quand je me sentis enfin prêt, je ne perdis pas de temps et enchaînai pompes et abdos, sous le regard attentif de Toki.

Je profitai de son regard brûlant sur moi pour ôter mon t-shirt et mes bandages.

- Tu aimes la vue ? la nargai-je en lançant un regard dans sa direction.

Aucune réponse ne sortit de sa bouche, même lorsque son regard se figea tristement sur mon bas-ventre.

Une petite cicatrice s'y était dessinée.

Toki... Elle devait encore probablement s'en vouloir pour cette blessure. Et je la connais suffisamment pour savoir que même si je lui disais que tout allait bien, elle ne le se pardonnerait pas.

Du moins pas dans l'immédiat...

- Je vais prendre une douche, m'informa-t-elle en se dirigeant vers la salle d'eau.

- D'accord...

Le bruit de l'eau ne tarda pas à se faire entendre. Toki devait probablement repenser encore et encore à cette malheureuse histoire tout en mettant sa tête sous l'eau.

Il était temps qu'elle comprenne que le passé, c'est le passé ! Et que j'en avais marre qu'elle se concentre sur autre chose que moi !

C'est moi qui doit capter toute son attention ! Pas une stupide erreur de débutant !

Ça me rendait malade de savoir qu'elle gaspillait son temps à se morfondre plutôt qu'à passer du temps avec moi.

Heureusement, je savais comment la motiver, et attirer son attention sur moi. Un sourire malicieux se dessina sur mon visage : je savais comment la lui faire perdre le contrôle.

Après quelques pas assurés, je pénétrai dans la salle de bain, et, nu entrai silencieusement dans le douche.

Bien qu'occuer à se morfondre, Toki ne perdit pas de temps à se rendre compte de ma présence en ces lieux plus qu'intimes...

- Ha ! Jonathan ! hurla-t-elle en balayant mon corps de son regard, mais qu'est-ce que tu fais là ?!

- Me mettre à poil était-elle la seule solution pour qu'enfin tu me regardes ?

- ... je suis désolée, mais je n'arrive pas à oublier ce que j-

Hors de question de la laisser terminer. Je posai mes lèvres sur les siennes, comme pour sceller sa bouche en un baiser furieux.

L'eau dégoulinante sur mes cheveux, mouilla mon corps encore tremblant, des caresses qui suivirent. Toki ne s'en priva pas, elle m'attrapa fermement par la taille et noua sa langue à mienne. Elle couvrit mon cou de baisers mouillés, et, se délectant lentement, elle approchait de mes lèvres qu'elle commença à mordiller.

Ce fut impossible d'y résister. Mon membre déjà dur, la vue des ces gouttes d'eau qui perlaient sur son corps ne fit que renforcer un désir, une tension déjà bien difficile à contrôler.

Mais dans la limite du possible, je luttai corps et âme pour me contenir ne serait-ce un tout petit peu, pendant encore un moment.

- Hum... Toki... gémis-je sensuellement alors que ma partenaire me caressait sans retenu lorsqu'elle plaqua son corps humide contre le mien.

- Jonathan...

Nos langoureux baisers eurent raison de Toki, dont les membres semblaient trembler d'un insoutenable plaisir.

Elle déposa un ardent baiser sur mes lèvres, quand au même moment, la lumière des cristaux de la salle de bain explosèrent en même temps, nous plongeant ainsi dans le noir le plus total.

- C'est quoi ce délire ?!

- Je...je crois que je me suis un peu trop emportée, avoua-t-elle toujours essoufflée, alors que son corps était toujours collé contre le mien.

J'éclatai de rire, rapidement suivit par mon âme-sœur.

- Qui aurait cru que tu perdrais le contrôle de désir pour moi...

Toki souffla bruyamment.

- C'est de ta faute, t'as vu où tu mets tes mains ?!

Je savais que Toki détestait être dans une situation gênante, mais l'occasion était trop belle.

- Bien sûr, elles sont confortablement installées sur tes fes-

- Jonathan !

- OK ok, je m'en charge, répondis-je en faisant apparaître de lumineuses flammes flamboyantes dans le creux de ma main.

La pièce redevint quelques peu visible, mais pas suffisamment pour se permettre de l'utiliser en toute sécurité. Toki sortit de la douche et enfila une serviette avant un rapide coup d'œil vers moi.

Elle ricana malicieusement.

- Tu es sûr que ce n'est pas toi qui a perdu le contrôle de ta magie ?

Ah la bonne blague !

- N'importe quoi, c'était toi la plus excitée de nous deux !

Elle me fixa, un air ironique sur le visage.

- Pourtant, d'après la partie inférieure de ton anatomie, c'est plutôt toi, le plus dur de nous deux : je te laisse "en discuter avec ton corps".

La terrienne se retira, nous laissant seuls, mon désir, ma conscience et moi.

Et merde. Touché.

🎭

- Mais tu vas arrêter de t'empifrer oui ?! C'est la sixième brochette de bœuf que tu manges !

Les mises en garde de Liz n'auront jamais raison de la bêtise d'Alexei. Ça faisait un moment que je m'étais fait à l'idée de devoir supporter ses pitreries jusqu'à ce que notre mission soit accomplie.

Autrement dit, dans très longtemps !

Plus vite Liz se fera à l'idée, moins ça sera douloureux pour elle...

Le faite que nous soyons sur la place commerçante la plus prisée de Trium n'arrangeait pas les choses.
Depuis que nous avions quittés le château pour entreprendre une ballade en attendant le début de la conférence du maître mage, Alexei ne cessait de manger.

Il s'était pourtant bien comporter devant ses Altesses roi et reine de Trium, la famille de Greyson, ainsi que devant ses deux frères.

Mais comme on dit sur Territorium : "les vrais idiots ne le sont plus qu'un court instant"

- Comment vont tes blessures ? m'interrompit Hypolit, tu vas mieux ?

Bien qu'un peu froid sur les bords, j'avais tout de suite reconnu Hypolit comme un grand guerrier et un ami fidèle. Je savais qu'on pouvait compter l'un sur l'autre, et ça, c'est une chose qui se faisait rare...

Je souris à sa question.

- Oui, ce n'était rien de bien méchant...

- Tu rigoles ?! intervint Alexei en mordant dans la viande, t'étais littéralement entrain de te vider de ton sang !

Je foudroyai Alexei du regard.

- Stop ! On arrête de parler de ça.

- Jonathan a raison, s'enquit Anaïs en s'extasiant devant la vue de la foule agitée et euphorique, on est là pour profiter !

- Je suis bien d'accord, ajouta Greyson en tinant sa main, c'est moi le guide alors suivez-moi !

Notre petit groupe visita alors la somptueuse ville de Keran, capitale du royaume de Trium, réputée pour ses roches et montagnes qui donnaient de magnifiques pierres précieuses.

Grey nous fit visiter les différents marchés qui s'y trouvaient, où les habiles joailliers fabriquaient de véritables œuvres d'art.

Malheureusement pour nous, Anaïs et Maestia tenaient absolument à faire quelques photos, et c'est, malgré mes protestation et munies de leurs cristaux-photographes, qu'elles prirent plusieurs clichés.

Grey poursuivit avec les nombreuses académies, les musées historiques, les jardins et bâtiments, et finit avec la place principale.

En quelques heures nous avions fait le tour.

- L'auditorium royal se trouve par là, nous indiqua-t-il alors que nous faisions une pause sur la grande place, c'est l'immense bâtiment blanc que vous voyez là-bas !

Maestia prit une photo.

- C'est vraiment magnifique...

- Dans combien de temps devrons-nous assister à la conférence ? demanda Toki en mangeant une crêpe au cristaux de sucre.

Je jetai un coup d'œil à mon cristal.

- Dans plus d'une demi-heure.

- Et bien profitons-en pour nous reposer en attendant ! gémit Alexei, j'ai mal aux pieds et j'ai les jambes en mousse !

Le petit groupe rigola à sa remarque, alors qu'Hypolit et Melkior s'agacèrent de ses incessants gémissements.

Nous nous assîmes tranquillement sur un banc de fer blanc.

Aussi, Toki en profita pour s'asseoir tout près de moi, toujours un morceau de crêpe en bouche.

Mais alors qu'elle allait reprendre une bouché, un jeune homme qui devait avoir près de quinze ou seize ans, la fixa intensément.

Très loin de me plaire, cet impertinent individu s'avança vers ma partenaire et fixa longuement ce qu'elle tenait entre les mains.

- Tu veux pas me la filer ? demanda le jeune garçon en s'accroupissant près d'elle.

Toki se stoppa et observa un moment ce jeune homme à la peau mate, les yeux d'un noir profond, aux cheveux très courts.
Nos amis dégnèrent enfin porter l'attention sur la scène qui se déroulait devant nous.

- C'est qui lui ? lâcha impoliment Alexei en s'avançant vers le jeune garçon qui semblait complètement l'ignorer.

Je fronça les sourcils quand il fit les yeux doux à Toki.

- S'il te plaît ! J'ai super faim, ça fait plusieurs heures que je n'ai rien avalé !

- Heu...

Le regard de Toki passa de sa crêpe au jeune, puis sur nous pour finir sur l'inconnu. Elle finit par la lui tendre gentiment et lui fit une petite place entre elle et moi.

C'est une blague ?! Je dois être en train de rêver !

- Qui es-tu ? fis-je froidement en me levant brusquement pour me positionner en face de l'individu, on t'a poser une question !

Pas un mot.

Ce gamin avait osé m'ignorer, moi !

- Quelle est ton nom ? tenta Toki en le regardant gentiment, je t'ai donné ma crêpe alors la moindre des choses serait de me donner ton nom...

Sa crêpe engloutie, le gamin se lécha grossièrement les doigts.

- B'hort, je m'appelle B'hort.

- Quel drôle de prénom, déclara ma partenaire en l'observant, et ton nom de famille ?

- C'est un secret.

Toki sourit à sa réponse.

Non mais qu'elle était cette réaction ?!

- Super ! fis-je en grinçant des dents, maintenant tu peux t'en aller.

Toki me foudroya du regard.

- Jonathan.

Je serrai les poings. Je n'aimais pas la voir en colère contre moi, surtout si c'était pour prendre le parti de ce gamin sans importance.

Et pourtant ce gamin avait du caractère :

- Toi, je ne t'aime pas.

- C'est réciproque.

Boort, Brot, B'hort ou je ne sais quoi se leva vers moi, l'air menaçant.

Mais moi, on ne me menace pas impunément.

- Hé ! L'arrogant mal léché, m'insulta-t-il méchamment, c'est quoi ton problème ?! T'as peur ou t'as un complexe d'infériorité ?!

- QUOI ?!

Alors que j'allais étrangler ce stupide gamin qui faisait presque ma taille, Hypolit et Melkior me retirent au dernier moment, sous les regards choqués des autres Élus.

Notre dispute avait un peu attiré l'attention.

- On se calme Jonathan ! intervint Melkior, tu ne vas quand même pas frapper un enfant !

- Qui sait ?! Peut-être qu'une fois cramé on ne pourra plus l'identifier !

À ce moment j'avais vu rouge.

Impossible de me contenir face à un quelqu'un qui m'insulte, me provoque et fixe mon âme-sœur.

J'allais lui arracher la tête pour avoir osé poser les yeux sur elle en ma présence !

La douce main de Toki posée délicatement sur ma joue me calma instantanément. Son sourire m'apaisa, m'obligeant à passer outre l'envi présente de meurtre sanglant.

Ma partenaire se tourna vers B'hort qui fronçait les sourcils devant nos doigts entrelacés.

- Si tu pouvais répondre à mes questions et éviter de le mettre en colère, se serait bien, avait-elle dit sur un ton calme.

B'hort souffla bruyamment et prit place sur le banc.

- Alors ? Qu'est-ce que tu veux savoir, Toki ?

Il avait bien insisté sur le "Toki" en me lançant un regard de défi. Je grognai devant ses provocations.

- Pourquoi tu n'as pas mangé depuis plusieurs heures ?

- Je me suis perdu.

Un rire hilare rompit la tranquillité du moment.

- Tais-toi idiot ! s'enerva B'hort à l'attention d'Alexei, ce n'est pas drôle !

Le jeune mage d'eau cessa ses railleries quand l'insulte parvint enfin à son cerveau et que nos regards lui intimaient de la fermer.

- Où sont tes parents ? demanda Agartha en croisant les bras.

B'hort ferma un instant les yeux avant de répondre.

- Ils sont à la maison. Ils m'ont envoyé ici pour trouver un... bien de famille.

Toki haussa un sourcil interrogatoire totalement justifié, tandis que les autres Élus s'observaient avec incertitude.

Son histoire était louche, très louche.

- Je suis sûr que tu nous mens, interviens-je avec un sourire mauvais sur le visage, on n'envoie pas un enfant seul chercher un bien de famille.

- Crois ce que tu veux, fit-il froidement en me foudroyant de regard, ton avis n'a aucun impact sur ma vie.

Je serrai les poings de colère. Comment pouvait-il me parler comme ça ?!

- Espèce de sal-

- Arrêtez ! intervint Toki en fixant de nouveau B'hort, le pourquoi de ta quête ne nous regarde pas, mais...

- Mais ?

- Mais on peut peut-être...

- Peut-être de rien du tout ! m'interposai-je, on ne sait pas qui il est ni ce qu'il cache ! Ça pourrait être dangereux !

Les autres acquiescèrent à mes dires.

Toki me regarda un instant, comme pour essayer de comprendre quelque chose, puis elle reporta son regard sur B'hort et le regarda gentillment.

- Je ne sais pas, j'ai l'impression qu'il dit la vérité...

Je n'arrivai pas à en croire mes oreilles.

- Toki, tu n-

"Maître B'hort !" nous entendîmes hurler non loin de la fontaine qui embellissait la place.

Trois individus, tous habillés de noir, portant masques et capes, armes et tenues de combat, accoururent à toute vitesse dans notre direction, sous nos regards ébahis.

Toki écarquilla les yeux.

- Prin- ...heu... Maître B'hort, enfin nous vous retrouvons ! s'agenouillèrent les trois guerriers de le gamin.

B'hort se leva brusquement, un sourire en coin.

- Vous êtes vraiment nuls, comment avez-vous pu me perdre de vue ! J'en parlerai à Mère quand nous rentrerons !

Les trois gardes se relèverent pour s'excuser devant lui. L'un d'eux posa son regard sur Toki et écarquilla les yeux.

Mais devant le regard menaçant de B'hort il eu tôt fait de replacer le sien.

- Tu t'en vas ? demanda la voix de Toki.

Le jeune garçon s'adoucit de nouveau et s'approcha d'elle pour la saluer. Il en profita pour lui prendre les mains.

À la surprise générale, B'hort lâcha brusquement les mains de ma partenaire et couvrit sa bouche avec l'une d'entre elles.
Il semblait choqué de voir Toki face à lui, et il l'observant de nouveau, l'air étrange et le regard humide d'émotions, qu'il s'empressa de faire disparaître d'un clignement d'yeux.

- Heu... qu'est-ce qui se passe ? demanda Liz en fixant Toki.

- Je ne sais pas... répondit cette dernière toute aussi troublée.

B'hort se ressaisit une dernière fois et se tourna vers ses "compagnons".

- On passe au plan B, ordonna-t-il fermement l'air à la fois excité et grave, nous rentrons immédiatement à la maison faire un rapport.

Les guerriers se lancèrent des regards de surprise, très vite transformés en regards plein d'espoir.

Mais de l'espoir pour quoi ?

- Et l'objet de famille ? intervint Toki alors qu'il tenait un énorme médaillon à la forme inconnue dans la main ; objet qu'il avait précipitamment sortit de sa poche.

B'hort sourit.

- Ce n'est plus nécessaire, je pense qu'il est entre de bonnes mains...

Mais que racontait-il ?

Malgré l'incompréhension générale, le jeune garçon ne perdit pas de temps, et tourna les talons pour reprendre la route, suivit de près par ses acolytes qui empruntèrent la voie des airs en sautant sur les toits des bâtiments.

Leur silhouette disparut au loin, alors que Liz nous informait de notre retard imminent dans le cas où nous décidions de ne pas nous dépêcher.

Un rapide coup d'œil à Toki me permit de comprendre qu'elle était toujours dans un état d'incompréhension totale, tandis que je lui intimais de courir.

- Dépêche-toi Toki ! cria-jei alors que ma partenaire me rattrapait enfin, qu'est-ce qui t'arrives ?

Son regard interloqué se posa sur moi.

- Heu... Je...

- Oui ? insistai-je, tu sais bien que tu peux tout me dire...

- Oui...heu...

- ?

- ...tu crois que c'étaient des ninjas ?

Des quoi ?

☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆

QUESTION DE L'AUTEUR :

Qui est B'hort selon vous ? 😏

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