CHAPITRE 40 : Petite Frayeur...
Quelques jours plus tard - ☀️
- Hé ! Toki ! T'es avec nous ?
La voix familière de mon partenaire venait de retentir pour la énième fois de la matinée. Cela eu pour effet de brutalement me ramener à la réalité.
- Heu...ouais ouais, répondis-je sans assurance alors que les autres, réunis autour de la table, m'observaient avec inquiétude, ne t'en fais pas je suis là...
Bien que mon air peu concentré donnait raison à la nature de leurs regards, je trouvais tout de même que les découvertes sur lesquelles reposaient mes craintes n'étaient pas si négligeables que cela.
De la magie noire ! Sur terre ! Je n'en revenais toujours pas.
- Enfin bref, reprit Grey en se recentrant sur ses dires précédemment interrompus, comme je vous le disais tout à l'heure, maintenant que nous sommes tous au grand complet et que nos entraînements se déroulent sans accros, notre maître mage Zayne nous propose de le rejoindre à Trium où il doit y tenir une confèrence sur la défense contre les démons : l'occasion pour nous de faire une petite pause !
Les acclamations fusèrent, tous étaient ravis de ce bref instant de tranquillité que les démons semblaient bien vouloir nous accorder. Ce petit voyage aura tôt fait de me changer les idées !
- Mais c'est super ! s'exclama Anaïs en frappant dans ses mains, et si je ne me trompe pas, Trium est bien ton royaume Grey ? Cela veut dire qu'on va probablement passer la nuit dans un palais bien confortable !
Greyson rougit légèrement en direction d'Anaïs, probablement touché que cette dernière se souvienne de tels détails, avant de reporter son attention sur nous.
- Bien que vous soyez mes très chers amis, déclara-t-il avec le sourire, vous êtes avant tout des Elus en déplacement à Trium. Mes parents sortiront sûrement le tapis rouge...
J'avais complétement oublié le statut royal de Grey. Je n'arrivais décidément pas à me faire à l'idée qu'une partie des personnes réunie à cette table était fabuleusement riche.
- Pfff, souffla longuement Alexei en posant lourdement sa tête blonde aux reflets bruns sur la table.
Ce geste nonchalant eu pour effet d'attirer notre attention, coupant notre jeune mage blanc dans sa lecture. Melkior ferma violemment le livre avant de croiser les bras d'agacement.
- Quoi encore Alexei ? s'irrita-t-il bien qu'Agartha essayait de le calmer, y a t-il quelque chose dans notre programme qui déplaise à son altesse ?!
Le mage de vent lança un regard dans sa direction.
- Rien que de penser au faite que je vais devoir assister à une conférence de deux heures, longues et périlleusement ennuyantes, ça me fatigue déjà...
- Alexei ! le rattrapa Liz en le foudroyant du regard, soit un peu reconnaissant : ce n'est pas tous les jours qu'on nous autorisent à prendre une pause !
Le blondinet se contenta de fermer les yeux et de souffler encore plus fort, ce qui causa l'hilarité générale, Melkior et Hypolit non compris...
- On ne le changera pas celui-là, ricana Maestia en levant les yeux au ciel.
- A qui le dis-tu, compléta Agartha en appuyant sa tête contre l'épaule de son partenaire qui en fit tout autant.
Melkior entreprit de se détendre, et reprit, non sans un regard agacé pour le clown de service, le fil de sa lecture. A mon grand étonnement, quelques secondes de silences passèrent dans cette salle commune, polluées tout de même par le cliquetis des couverts et des assiettes que les servantes rangeaient. Il était encore tôt, mais j'avais déjà la tête pleines de soucis.
- Eh bien préparez-vous, puis nous nous retrouverons dans quelques heures dans la grande cours, conclut Jonathan en se levant de sa chaise non sans un dernier regard pleins de sous-entendus vers Alexei, soyez à l'heure, sinon on partira sans vous...
Les autres acquiescèrent vivement et imitèrent l'héritier en quittant activement la salle pour aller se préparer. Bien que je ne connaissais que le strict minimum appris en cours concernant Trium, la terre natale de Grey, je décidai de chasser de mon esprit tous soupçons qui pourraient gâter mon court voyage, afin de me concentrer sur l'essentiel des informations.
Arrivés, sans vraiment m'en rendre compte, près de la porte de notre chambre, mon partenaire entreprit un vif demi-tour qui me fit durement rencontrer son torse musclé.
- Aïe ! me plaignis-je en frottant mon front endoloris tandis que Jonathan me fixait de son intense regard pleins de reproches, qu'est-ce qui te prends de t'arrêter comme ça ?!
Mon partenaire me prit la main, et nous entraîna précipitamment dans la chambre. Là, il s'allongea sur le lit et tapota doucement une place libre à côté de lui, m'intimant de venir le rejoindre.
De brèves secondes passèrent.
- C'est encore cette histoire de traces de magie noire qui te perturbe ? me demanda-t-il en me regardant sérieusement.
- Je ne peux décidément rien te cacher, souris-je faiblement en fixant le plafond.
Jonathan me fit un clin d'œil comme pour me montrer qu'aucunes de mes cachotteries ou comportement bizarre ne saurait lui échapper.
- Tu sais, continuai-je en m'asseyant sur le lit rebondit, même si tu m'as dit qu'il t'arrivait aussi étant enfant de perdre le contrôle et de laisser quelques traces de magie un peu partout dans le palais, je continu de croire que ça ne peut pas être qu'une coïncidence...
Jonathan me rejoignit sur le bord du lit, avant de me prendre les mains qu'il embrassa avec délicatesse comme pour me rassurer.
- Écoute, je ne sais pas comment te convaincre que tout ceci n'est qu'une simple coïncidence, mais puisque ça te préoccupe tant, je demanderai qu'on augmente la surveillance de tes proches, ça te va ?
- Mmm, hochai-je un peu plus rassurée, merci mon cœur...
- A ton service !
Je rapprochai alors mes lèvres des siennes et l'embrassai tendrement. C'est à ce baiser doux et humide que Jonathan répondit sans hésitations, alors que je me mettais à califourchon sur ses genoux. Nos respirations s'accélérèrent, mon cœur battait violemment dans ma poitrine, et c'est en pleine ascension de mon désir qu'on frappa à la porte.
- Le destin s'acharne vraiment contre moi, souffla mon âme-sœur en posant un innocent baiser sur ma joue, alors que je me décidai à reprendre une position un peu plus correcte, entrez !
La servante que je reconnus comme étant Orchestra, pénétra avec une dizaine d'autres bonnes dans notre chambre à coucher.
- Mon prince, Elue, commença-t-elle en s'inclinant devant nous, imitée à la perfection par les autres demoiselles, nous venons faire vos bagages. Permettez ?
Ayant commencé à prendre mes marques, je décidai pour une fois de prendre les devants. Et puis, avoir l'air autoritaire et classe devant Jonathan ne pouvait qu'être positif.
- Oui bien sûr, fis-je avec un grand sourire, nous allons à Trium pour un jour et une nuit, veillez à choisir des tenues en accord avec le climat et le style du pays, je vous remercie.
Jonathan sembla bugger pendant une seconde avant de me regarder avec une petite lueur dans les yeux que je ne saurais déchiffrer.
Les demoiselles d'Orchestra s'exécutèrent alors sans perdre plus de temps, et préparèrent nos bagages à vitesse grand V, pendant que nous nous détendions, confortablement assis sur un fauteuil du mini salon de notre chambre.
- Quelle autorité mon amour, me susurra-t-il à l'oreille alors qu'il m'observait sensuellement avec un regard presque pervers sur le visage, j'ose espérer que tu auras la même d'esprit quand nous nous amuserons à faire des bêtises au li-aïe !
- Jonathan ! fis-je morte de honte en entendant les servante glousser face à ses remarques.
Mon partenaire se contenta de lever les mains en l'air en signe de défaite avant de dire :
- Mais ce n'est pas ma faute si tu es si sexy quand tu donnes des ordres !
🎭
La brise légère emportant les odeurs de Territori me semblaient à présent bien faible. Et c'est la tête de Jonathan sur mes cuisses devenues des coussins, que notre avancée vers Trium s'entreprit. Bien que nous partagions le titanesque vector impérial, "King Kong Size", comme je le surnommais, avec les autres couples d'Elus, j'avais l'impression de partager un vector de la taille d'un car. Mais l'encombrante taille n'empêchait pas les gardes qui nous escortaient dans les vectors noirs traditionnels de nous suivre à la trace.
- Quand est-ce qu'on arrive ? se lamenta pour la énième fois Alexei qui serrait un coussin crème du fauteuil sur lequel il se trouvait, j'ai l'impression qu'on vecte (NDA : "rouler en vector") depuis des lustres ! J'en ai marre !
Bien que cela ne faisait que trois petites heures que nous "vections", l'agitation d'Alexei commençait malheureusement à déteindre sur moi, me donnant des fourmilles dans les jambes, et à affecter le moral des autres.
- Argh ! s'étrangla Melkior avec vivacité, que quelqu'un fasse taire cette espèce d'andouille, ou je jure sur Protego que je le balance par la fenêtre !
Il n'y avait vraiment qu'Alexei pour arriver à mettre Melkior en colère...
- C'est bon ! répliqua Alexei en balançant le coussin qu'il tenait en direction de Melkior, pas besoin de se montrer si violent, je donnais juste mon opinion, mon ressentit, c'est tout !
- On n'en veut pas de ton ressentit ! s'exclamèrent en coeur tous les garçons du groupe.
Et c'est ainsi qu'Alexei, agacé, préféra chercher du réconfort auprès de son âme-sur, Liz, dont le secret pour arriver à le supporter n'avait toujours pas été découvert.
Pourtant, je restais tout de même un peu mitigée sur le sujet : il était peut-être temps de faire une pause et de nous dégourdir les jambes.
Alors qu'Agartha et Liz discutaient avec les autres des activités prochaines que nous pourrions faire une fois arrivés à destination, on frappa légèrement de l'autre côté de la vitre intérieur : notre conducteur semblait vouloir nous parler.
- Qu'y a-t-il ? interrogea Jonathan en se relevant pour mieux communiquer avec le "chauffeur" qui avait stoppé le cortège, pourquoi s'arrête-t-on ?
- Il se trouve que nous approchons de notre destination finale, mais nous devons faire escale très prochainement afin de recharger notre stock d'essence énergétique votre altesse...
Jonathan passa sa main dans ses cheveux comme il avait l'habitude de faire lorsqu'il avait besoin de réfléchir.
- Arrêtons-nous à la prochaine ville afin de refaire le plein, décida-t-il finalement, nous en profiterons pour faire une petite halte et prendre l'air, qu'en pensez-vous ?
- C'est une bonne idée, reprit Melkior en levant son nez de son bouquin, la ville la plus proche est à cinq minutes à tout casser. Au moins ça nous permettra de sortir le chien...
Son regard dériva volontairement vers Alexei qui boudait et nous ne pûmes nous empêcher de glousser, bien que le grand blond n'ait pas vraiment apprécié la farce...
- Humph ! Je vais faire comme si je n'avais rien entendu.
🎭
J'étirai fortement mes muscles engourdis et pris une grande bouffée d'air frais en gonflant mes poumons, tandis que le ciel bleu de cette ville nouvelle annonçait un très bon après-midi.
- Récapitulons, déclara mon partenaire en s'adressant à nous, on sort se dégourdir les jambes pas plus de vingt minutes les temps pour que le chauffeur refasse nos stock d'essence énergétique. Si d'ici ce lapse de temps nous ne somme pas revenus, notre escorte partira à notre recherche... Mais normalement tout devrait bien se passer...
J'avais énormément de mal croire que l'escorte impériale d'une quinzaine de soldats aussi surentraînés que surprotecteurs aient accepté de nous laisser gambader sans protection. Mais la vue de la superbe ville et de la joie de vivre qui s'y dégageait me firent oublier toute présomptions.
- Mais comment les as-tu convaincus ? demanda Hypolit qui ne l'était pas du tout.
- Oh, trois fois rien, fit Jonathan en s'engageant dans l'avenue principale où se trouvait plusieurs boutiques de parts et d'autres, je leur aie juste montré ma superbe lance...
Les pauvres ont dû être apeurés...
Mais tout étant enfin réglé, nous suivîmes mon partenaire dans les allées marchandes bruyantes, les commerces florissants et la foule gaillarde. Partout des odeurs, des bruits, des formes, des couleurs et des sons égayaient mes cinq sens à m'en faire tourner la tête.
- Tu aimes ? me demanda Jonathan en passant sa main autour de ma taille.
- Oui, c'est très différent des villes de la Terre...
- C'est vrai que ton "Paris" aurait du mal à rivaliser avec la beauté de nos villes, me sourit-il en me volant un baiser.
- C'est parce que tu n'as pas encore visité Hawaï mon amour...
C'est alors qu'Anaïs surgit en face de moi, le sourire aux lèvres en me tenant les mains.
- "Aouaille" ?! C'est quoi ça ?! Un pays ? Une ville ? Ou une marque ?! Alleeeeez ! Dis-moi !
- Ne t'excite pas comme ça ! s'exclama Grey en l'attrapant avec légèreté pour la poser sur son épaule pour s'éloigner progressivement, tu vois bien que ce n'est pas le moment !
Alexei s'exprima alors sur le ton de la plaisanterie.
- Attention mon pote, si tu la portes comme ça, avec sa robe, on peut voir sa culo-aïeuh !
- Fais attention à ce que tu dis Alexei, le gronda Liz en lui tirant l'oreille, tu manques cruellement de tact !
Le mage blanc en profita pour enfoncer le clou, déjà bien profondément enfoui.
- Et ce n'est pas la seule qui lui manque Liz, comme quoi l'amour rend aveugle...
- Il rend aussi idiot, pas vrai Melkior ? réplica Alexei.
- Et bête, n'est pas Alexei ? renchérit le mage blanc, si tu savais ce que j'all-aïe !
Melkior venait à notre grande surprise de rentrer dans un enfant, pieds nus, sal et qui pleurait à chaudes larmes. Agartha fut la première à ce précipité vers le jeune garçon qui s'accrocha à sa jambe.
- Qu'est ce que t'arrive petit ? demanda-t-elle alors que nous nous dirigions avec lui vers un endroit plus tranquille, pourquoi pleures-tu ? Tu es perdu ?
L'enfant semblait se calmer peu à peu quand Alexei reprit la parole.
- Oui, qu'est-ce que tu as ? C'est Melkior qui te fais peur, hein ? C'est sa laideur qui t'as prise par surpris, c'est ça ?
Melkior fronça immédiatement les sourcils.
- Alexei ! Espèce de sale-
- Non...c'est ma maman...elle...elle...
Melkior se stoppa net, tandis que je pris l'adorable enfant sur mes genoux. Et contre toutes attentes, Jonathan plissa soudainement les yeux, comme s'il se méfiait de quelque chose.
- Ne fais pas cette tête Jonathan, le rassurai-je en lui souriant, on va l'aider et tout se passera bien.
Bien que Jonathan ne fut pas entièrement convaincu, il montra un peu plus de motivation et d'intérêt quand l'enfant nous expliqua que sa mère avait été enlevée et séquestrée avec d'autres femmes par de suspects personnages. Mais heureusement, après concertation entre nous, nous décidâmes d'aller nous-même libérer les prisonnières, ayant le nombre et la puissance jouant en notre faveur.
Nous suivîmes alors tant bien que mal le petit garçon qui nous montra le chemin, et c'est une peu plus loin, dans un coin plus tranquille et plus calme avec plus de verdure, que nous découvrîmes une sorte de vieille bâtisse abandonnée qui n'avait pas du tout l'air accueillante...
- Brrr, frémit Liz en observant intensément le grand bâtiment qui nous dominait de son imposante façade, je sais pas vous, mais moi je n'ai vraiment pas envie d'y entrer...
- Ne t'en fais pas, la rassura son partenaire, on entre, on les bat, puis on sort : c'est l'affaire de dix minutes, pas plus...
Notre petit groupe avait dissimilé sa présence, en se cachant à la lisière d'une dense forêt qui séparait la bâtisse de la ville. Jonathan nous demanda de former un cercle, probablement pour donner ses instructions :
- Bon, récapitulons, nous déclara-t-il sérieusement, on entre de suite dans le bâtiment en se séparant en deux groupes : les filles vous allez délivrer les prisonnières, et nous on se charge de commencez le ménage !
Le plan semblait satisfaire tout le monde sauf un :
- Pourquoi c'est toujours à nous de faire le sale boulot ? râla le blondinet sans aucunes surprises.
Mon partenaire le fixa un moment d'agacement, avant d'esquisser un large sourire.
- Il y a une raison à cela, mais puisque ça ne te convient pas, Agartha viendra nous prêter main-forte pendant que toi tu libèreras les otages, ça te va ?
Les autres membres du groupe commencèrent à ricaner devant l'expression satisfaite, puis incompréhensive de notre mage d'eau.
Le plan établi, nous convînmes que l'utilisation des jokers demonium serait trop dangereuse et que l'enfant resterait hors de la bâtisse, mais proche de nous.
Jonathan lança enfin le plan, et une fois à l'intérieur du bâtiment poussiéreux, notre petit groupe se scinda en deux. L'un emprunta les escaliers pour aller explorer les étages du dessus, pendant que l'autre continua sa marche vers ce qui semblait être le rez-de-chaussée.
L'odeur humide des lieux rendait l'air inconfortable, le désordre et l'obscurité qui y régnaient rendirent nos recherches compliquées.
Et, alors que mon groupe et moi-même marchions depuis un moment en ligne droite, Liz, qui semblait avoir prit les commandes du groupe, m'interpela.
- Toki ? me demanda-t-elle.
- Oui ?
- Combien comptes-tu de personnes à ce niveau du bâtiment ?
Je fermai les yeux pour mieux me concentrer et discerner avec précision, avant de frapper violemment le sol de mon pied. L'utilisation de l'élément de la terre me permit d'envoyer de nombreuses ondes qui me servirent de sonar. Quelques secondes passées, elles revinrent vers moi.
- Hum... je dirai une bonne quinzaine de personnes dans cette direction, pointai-je du doigt vers une zone encore inexplorée, mais il va falloir qu'on se dépêche, le petit groupe que j'ai pu distinguer se trouve assez loin...
- Parfait ! Dépêchons-nous !
Alexei en tête, nous courûmes à toute vitesse les signaux que nous avions précédemment perçus, évitant au passage de nombreuses poutres de bois et meubles abandonnés. Au détour d'un dernier couloir, des voix rauques et grossières se firent entendre : nous étions arrivés au bon endroit.
- Quand l'chef aura fini de s'amuser avec le deux blondes, on pourra bien s'occuper d'elles avant qu'il ne les tues ! s'excita un homme bourré assis sur une chaise de bois près de se qui ressemblait à une prison improvisé. Hein ! t'en dis quoi !
Son acolyte, qui semblait plus poser que lui, s'amusa brièvement avec son couteau dont il lécha langoureusement la lame aiguisée, avant de pointer l'objet sur l'une des prisonnières, aussi apeurée qu'amaigrie.
- Moi je préfère les torturer à petit feu, c'est bien plus excitant : j'aime entendre leurs cris de douleurs et voir la lueur d'espoir disparaître de leur regard ! Ha ha ha ha !
- Ouais t'as raison !
Les deux idiots partirent en fou rire, sous le regard apeuré de leurs victimes.
- Et puis il faut dire qu'il fait bien son boulot, reprit l'homme bourré en se curant le nez, c'est pas tout les jours qu'on peut se recharger en marchandise !
- Bah ouais, faut dire qu'il nous trouve de tout, il a vraiment du talent ! Ha ha ha ha !
Alors comme ça quelqu'un les aidait ? Je n'arrive pas à croire qu'il peut exister des gens aussi cruels !
Je serrai alors les dents d'agacement devant les bêtises que débitait ces deux abrutis, puis jetai un coup d'il rapide à Liz : on pouvait enfin aller aider les prisonnières.
Je m'avançais d'un pas assurer vers les deux hommes, dont les yeux ne cessaient de s'agrandir à ma vue.
- Mais qu'est-ce que tu fais là toi ?! s'énerva subitement l'homme à la lame.
Son acolyte, toujours un peu saoul, le stoppa dans son élan.
- Attends, c'est peut-être une marchandise du mioche...
J'haussai un sourcil interrogateur.
- Une quoi ?
Et comme s'il ne m'avait pas entendu, l'homme bourré s'approcha lentement de moi, un sourire pervers sur le visage.
- Et bien ma mignonne, tu t'es perdu ? Viens par ici je vais te b-
Sans attendre qu'il termine, Anaïs balaya l'homme d'une fougueuse vague, tandis que Maestia acheva le suivant en le brûlant vif, bien avant qu'il n'ait le temps de dégainer son couteau.
Le reste du groupe se précipita dans la pièce et Alexei brisa le verrou de la cage qui retenaient les prisonnières. Pendant ce temps, je me chargeai du bourré que j'enterrai vivant sans aucune pitié.
- Ne vous inquiétez pas mes demoiselles, Alexei le Grand vient vous délivrer ! s'exclama le mage d'eau avant de se prendre un véritable rouleau en pleine tronche. Notre ami parvint à la rediriger de justesse, mais termina trempé.
L'auteur de cette magie se releva avec difficulté parmi les prisonnières, et se plaça devant elles comme pour les protéger. Sa chevelure blonde presque rousse et son visage sales étaient abîmés par la fatigue, et le haillon qu'elle portait était en lambeau : mais on pouvait clairement lire de la méfiance dans son regard.
- Non mais ça va pas ou quoi ?! s'énerva Alexei en se mettant en position de combat face à elle.
- Calme-toi Alexei ! lui ordonna Liz, elle a peur, elles ont toutes peur ! La présence d'un individu de sexe masculin n'est pas vraiment synonyme de "libération" pour elles !
Alexei souffla, puis se détendit, alors que nous aidions les prisonnières à sortir. La plus farouche d'entre elles qui avait lancé le sort s'avança alors vers nous.
- Je vous remercie profondément de nous avoir sauvées, déclara-t-elle faiblement, ce cauchemar ne pouvait plus durer...
- Depuis quand êtes-vous là ? demanda Maestia en soutenant une prisonnière qui peinait à marcher.
Le jeune femme, ferma les yeux brièvement, comme pour se protéger de souvenirs douloureux.
- Moi, je suis ici depuis deux ou trois jours... Les moins chanceuses depuis plusieurs mois.
- On va vous sortir d'ici, s'exclama Anaïs en lui tenant la main, hors de question que vous restiez une seconde de plus ici, heu...
- Clarissa, Clarissa Irae, sourit le jeune femme avant de se crisper de douleur en portant sa main à sa tête, mais comment allons-nous sortir d'ici ? Il y a de nombreux brigands dans cet endroit, ça me paraît impossible !
Anaïs, Alexei, Maestia, Liz et moi-même nous nous regardâmes en souriant.
- Disons que nous ne sommes pas venus tout seuls, s'enquit Maestia en pianotant sur son cristal, et que nous ne sommes pas n'importe qui...
La jeune Clarissa, toujours un peu déboussolée, se contenta de légèrement froncer les sourcils pour exprimer son incompréhension. Pour elle, nous étions de sauveurs, ce qui l'empêchait probablement de trop nous poser de questions.
Un énorme vacarme qui semblait venir d'au-dessus de nos têtes se fit entendre, suivit de peu par quelques tremblements de terre.
Clarissa et les autres observèrent le plafond avec méfiance, tandis que les murs s'effritaient lentement.
- Pas de panique, rassurai-je en levant les yeux, ils sont avec nous...
Pour toute réponse, la jeune femme hocha vivement la tête, et, comme pour illustrer mes dires, un énorme trou régulier se forma dans le plafond, laissant apparaître l'équipe tant attendue de "nettoyage" qui nous rejoignit un par un.
- On était vraiment obligés de les torturer ? demanda Greyson en époussetant ses vêtements, leur faire peur aurait été amplement suffisant, non ?
Mon partenaire, sain et sauf, balaya la pièce du regard avant de scruter les prisonnières.
- Tu crois vraiment que des brigands doublés de trafiquants d'esclaves sexuels auraient pris la peine de se rendre ?
Grey souleva les épaules.
- Jonathan a raison, renchérit Agartha, et puis, qui aurait pu garantir de l'unicité de leur trafic : une enquête est nécessaire, et pour cela nous avons besoin d'informations !
- Si vous le dites...
Clarissa qui fixait anormalement Jonathan de son regard brun, entreprit d'éclaircir les choses.
- Et vous êtes ?
- Les Elus ! s'enquit fièrement Melkior, alors qu'il avait finit de partager le restes des informations avec nous.
Clarissa n'avait toujours pas lâché Jonathan du regard. Mais que cette fille pose ces yeux ailleurs !
- J'ai compris, mais vous, vous êtes...
Mon partenaire sembla un peu surpris qu'elle s'adresse à lui en particulier, mais décida de ne pas relever sur le moment.
- Je suis prince de Territorium et membre du groupe des Elus, pourquoi ?
Oui, très bonne question...
- Heu, pour rien de bien particulier, fit-elle en détournant le regard, disons que votre tête me disait quelque chose...
Bien que la réponse semblait satisfaire tout le monde, je restais de marbre. Le soudain intérêt de Clarissa pour Jonathan me sortait par les yeux. Quoique souhaitait désormais cette fille, cela n'avait plus aucune espèce d'importance à mes yeux.
- Je propose qu'on sorte de cette endroit miteux, fis-je froidement en me dirigeant de la sortie, le chemin est plutôt court jusqu'à l'entrée, nous devrions nous mettre en marche...
- Cela me semble être une bonne idée, allons-y ! me soutint Jonathan en me rattrapant en quelques enjambées.
Notre mini-cortège se déplaça donc vers la sortie, avec notre couple en tête, celui de Maestia et Hypolit en fin de marche, le tout soigneusement protéger et encadrée par les autres Elus.
- Qu'est-ce que tu as ? me demanda Jonathan en passant son bras autour de ma taille, je te trouve un peu froide...
Je décidai de ne pas lui mentir.
- Ce n'est rien, juste une crise de jalousie passagère...
Mon âme-soeur haussa un sourcil de surprise.
- Mais de qui est-ce que je-
- Alors comme ça vous êtes prince ? intervint inélégamment Clarissa dans notre conversation.
La jeune femme semblait aller beaucoup mieux tout à coup...
- C'est exact, répondit Jonathan, en ralentissant pour se caler sur son rythme, me laissant seule de côté.
Leur conversation dura un moment jusqu'à ce que j'entrouvris la porte, laissant passer les rayons de soleil qui commençaient à faiblir. Un bout de leur conversation me parvint désagréablement aux oreilles.
- Comment ça, un enfant t'a guidé jusqu'ici ? s'étonna mon partenaire en la regardant droit dans les yeux, tu en es sûre ?
- Oui oui, assura Clarissa, et c'est apparemment le cas pour une partie d'entre nous !
Notre groupe d'Elus se regarda d'un air grave. Comment pouvaient-ils croire une seule seconde qu'un enfant irait volontairement attirer de jeunes femmes pour le compte de pervers ?!
Je fronçai les sourcils, et mon sang commença à bouillir.
- Comment tu peux dire ça ?! Un enfant ? La cause de ton malheur ?! T'es sérieuse !
Le visage de Clarissa se crispa à son tour de colère.
- Es-tu en train de m'accuser de mensonge ?!
- Oui.
- On se calme les filles ! intervint Alexei en se plaçant entre nous, on ne peut pas en être totalement sûrs, l'enfant disait qu'on avait emmené sa mère !
Je me calmai peu à peu, non sans un dernier mauvais regard pour Clarissa, rejoignis Jonathan et les Elus se rassemblèrent.
- Anaïs et Grey, allezchercher les gardes et prévenez la sécurité de se qui se passe, ordonna mon âme-sœur en reprenant un air sérieux, en attendant, nous allons tenter de démêler le vraie du faux...
Nos deux amis hochèrent la tête et foncèrent vers la ville, pendant que nous restions sur nos gardes. Je baissai les yeux de frustration en voyant Jonathan rattraper Clarissa qui semblait faiblir de nouveau.
Hypolit, pourtant calme de nature, se tourna brusquement vers les arbres.
- Quelqu'un approche, et aux sons des pas, notre problème risque d'être vite résolu...
Alors que tout le monde était tendu, devant le froufroutement de l'herbe et des buissons, le calme me revint quad j'aperçu le jeune garçon à la lisière du feuillage.
Je souris à sa vue et m'avançai pour se planter net devant lui, persuadée de son innocence.
Grave erreur de ma part.
L'enfant courut brusquement dans ma direction et tenta de se jeter sur moi, une arme tranchante à la main.
Alors que je pensai que j'allais me prendre un coup de couteau en plein ventre, on me poussa violemment vers de côté, où j'allai violemment m'écraser sur le sol.
Le cri aigüe Liz me rappela à l'ordre. Alors que je me relevai de ma brutale chute, la vue d'une scène aussi absurde que déchirante me coupa le souffle :
- Je rêve...
Douleur.
Jonathan m'avait sauver la mise, mais n'avait pas été épargner, et je l'observai à présent, un genou à terre, en train de lutter pour sa vie, empêchant de toute ses forces que l'arme ne pénétré davantage dans son ventre.
Culpabilité.
Impossible pour moi de réagir. Les autres se précipitèrent se l'enfant, et les garçons le séparèrent de mon partenaire, dont le sang commençait lentement à se répandre. Les filles tentèrent tant bien que mal de faire pression sur la blessure, mais cela semblait peine perdue.
- Jonathan ! hurla Clarissa en paniquant à sa vue, les mains gorgées de magie sur la plaie qui semblait refuser de se guérir.
Jalousie.
Mon cœur se serra net.
Une déferlante de sentiments négatifs traversa mon âme qui commença à se briser en mille morceaux.
Les larmes ne parvenaient pas à sortir.
Seules la colère, la peur et la culpabilité semblaient à présent guider mes gestes alors que je m'approchai lentement de l'enfant.
Vengeance !
Et quand la noirceur de la douleur m'envahit pleinement, je perdis le contrôle.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top