CHAPITRE 39 : Découvertes Sur Découvertes...
Six jours plus tard... ☀ (jour de congé)
PDV Toki
Depuis que j'avais accepté de donner des cours d'anglais à Jonathan, j'avais l'impression que mon partenaire était un génie. En à peine cinq jours, il savait déjà faire quelques phrases simples et s'exprimer avec un accent digne de l'aristocratie anglaise !
C'était sans compter sur l'excellent professeur que j'étais pour continuer de le faire progresser.
De temps à autres, il nous arrivait d'échanger quelques mots en anglais devant les autres sans que ces derniers ne comprennent rien. Pouvoir ainsi échanger avec Jonathan sans être compris des autres, était devenue la chose la plus divertissante de mon existence.
Bien sûr, nous avions convenu que l'usage de l'anglais resterait exclusif : à savoir, si l'un devait faire passer d'importants messages (ou informations) à l'autre.
Cela n'empêchait en rien Jonathan de me lancer des petits "Honey" ou "Love you" par-ci par-là, et ce, pour mon plus grand bonheur.
- Tu es prête pour ton retour ? m'interpela Maestia alors que je dévorai un cookie aux amendes tout en repensant aux derniers jours : j'avais enfin obtenu l'autorisation pour un retour momentané chez les miens.
Mon ventre gargouilla alors que la partenaire d'Hypolit me fixait longuement. Depuis que nous alternions entre entraînement et cours à l'académie, j'avais de plus en plus de petits creux que je devais combler à coup de biscuits et fruits frais.
La cuisine impériale était devenue mon deuxième endroit préféré, pour le plus grand malheur du chef cuisinier impérial , qui commençait à un peu trop bien me connaître.
Maestia décida enfin de s'approcher, et s'avança vers moi. Elle prit place sur une chaise en croisant les jambes.
- Oui, répondis-je, j'attends que Jonathan termine son entretien avec le maître mage, apparemment il a quelques consignes à lui donner avant de nous lasser partir. Et toi ? Qu'est-ce que tu fais de beau ? Tu n'es pas avec les autres ?
- Non, me sourit-elle, Hypolit dort encore et les autres doivent sûrement être en salle commune.
- Je vois...
Bien que j'avais expliqué en détails mes intentions concernant la brève visite à ma famille, les Élus avaient tous, à peu près, réagi comme Jonathan.
Anaïs commençait à avoir les larmes aux yeux, Alexei avait détourné le regard les autres m'avaient observée avec une expression d'incompréhension.
J'avais beau leur dire que j'allais revenir le soir-même, ils étaient contrariés.
Seule Maestia s'était montrée compréhensive, et nous avions commencé à développer une forte relation amicale. Elle était presque devenue comme ma sœur.
- Arrête de grignoter Toki, me gronda-t-elle en me pinçant le nez avant de se lever pour se laver les mains, si tu veux manger quelque chose, autant que se soit équilibré...
Je soufflai et enfournait le reste du cookie dans ma bouche.
- Attrape ! me dit-elle en me lançant une pomme verte prise dans la corbeille à fruits.
Je saisis le fruit, croquai dedans à pleines dents et, pendant que je dégustai ma pomme, Maestia me racontait quelques souvenirs de son enfance, ainsi que d'amusantes anecdotes sur Hypolit et le reste de la bande.
Impossible de ne pas rire quand on sait qu'Alexei ne souhaitait absolument pas rencontrer son âme-sœur avant qu'il n'aperçoive Liz pour la première fois, et ne tombe sous son charme. Depuis, le grand blond avait fini par ne plus la quitter.
Mon cristal vibra énergiquement contre mon poignet : Jonathan m'attendait dans notre chambre, son entretien de dernière minute avec Zayne s'était achevé il y a dix minutes.
Je levai mon regard vers Maestia qui me sourit tendrement.
- Il semblerait que le prince soit de nouveau disponible, fit-elle avec sarcasme en se levant.
Je rigolai doucement à sa remarque, avant de l'imiter et de jeter le trognon de pomme à la poubelle.
- On n'y peut rien, c'est un prince...
La jeune femme me prit soudainement dans ses bras. Câlin assez inattendu, mais qui c'est avéré très agréable. Je pouvais facilement deviner ce qui la faisait agir ainsi : comme les autres, elle ne voulait pas que je parte...
- Maestia, chuchotai-je en lui rendant son étreinte, c'est seulement pour quelques heures...
L'âme-sœur d'Hypolit se détacha de moi, un sourire peiné sur les lèvres.
- Je sais, soupira-t-elle, mais ne traîne pas trop quand même...
J'acquiesçai de la tête en guise de réponse, avant de la laisser pour filer vers la chambre du second prince, qui était récemment devenue la mienne.
C'était toujours un peu bizarre de me dire que je dormais dans le même lit qu'une personne de sexe opposé ; mais avec le temps, j'avais fini par m'y faire...
- Je suis là ! fis-je toute excitée en déboulant dans notre chambre, est-ce que tu es prêt pour...
Je me stoppai net. Mon regard dériva lentement sur l'individu qui se trouvai devant moi : un individu totalement nu !
- Eh bien, tu ne perd pas de temps, lança Jonathan en passant une courte serviette autour de sa taille alors que des gouttes d'eau perlaient lentement sur son corps encore humide, je sais que je suis séduisant, mais quand même, tu ne peux pas entrer dans notre chambre à chaque fois que je suis nu...
Le rouge me monta aux joues, et je cachai mon visage remplit de honte derrière mes mains.
- Je...je suis désolée...je ne voulais pas...enfin si je voulais...mais pas...enfin...
- C'est bon, c'est bon je plaisantais, rigola-t-il en m'embrassant tendrement, de toute manière, ce n'est pas comme si c'était un secret pour toi...
Les battements mon cœur s'accélérèrent brusquement. Il avait le don de me mettre mal à l'aise à une vitesse record.
- Hum...oui oui...bon, tu es prêt ? changeai-je vite de sujet pour éviter qu'il ne se colle davantage à moi, est-ce que Zayne t'a dit quelque chose d'important concernant notre voyage ?
Jonathan me lança un sourire plein de sous-entendus, avant de se diriger vers notre dressing.
- Rien qui ne sorte de l'ordinaire, expliqua-t-il en ouvrant les portes du dressing pour se changer, "Pas de magie ni de sorcellerie devant les humains, comportez-vous bien. Ne vous faites pas remarquer et pas de bagarres. Revenez avant la nuit en vous téléportant d'un lieux discret à l'abris des regards" et blablabla et blablabla...
- Je vois...
Les règles de Zayne me paraissaient tout à fait normales : je n'avais donc pas besoin de m'inquiéter davantage.
- Tu me files un haut, une veste et un jean s'il te plaît ? demandai-je à Jonathan qui se trouvait devant les portes du dressing.
Pour toutes réponses, ces dernières s'ouvrirent lentement, laissant apparaître mon partenaire habillé avec style : on aurait vraiment dit un jeune terrien avec ses vêtements ; bien différents de ses tenues de combat, ses chemises et ses costumes habituels.
Il me tendit mes vêtements et je me changeai rapidement, après lui avoir fait une salve de compliments sur ce qu'il portait.
Enfin prêts pour notre petit voyage sur Terre, Jonathan saisit mon poignet pour en ôter mon cristal, puis il fit de même avec le sien, qu'il déposa sur sa table de chevet. Il enfila ses baskets et un manteau de cuir noir, avant de saisir un médaillon de cuivré : le même que celui utilisé par Liz et Alexei lorsqu'ils m'ont amené la première fois sur Territorium.
- Ah oui ! J'avais oublié de te préciser quelque chose, ajouta Jonathan en me prenant la main, le maître mage a précisé que tes parents étaient au courant de notre visite.
J'haussais un sourcil interrogateur.
- Hein ? Comment c'est possible ? Je ne leur ai pas parlé depuis plusieurs mois...
Mon âme-sœur afficha un ravissant sourire qui eut pour effet de me donner des papillons dans le ventre. Il m'embrassa brièvement avant de fixer le médaillon.
- Le centre spécialisé dans la surveillance terrestre s'est fait passer pour toi depuis ton arrivée, dans le seul but de rassurer ta famille en leur envoyant régulièrement des messages depuis ton espèce de cristal terrestre...heu...un téléphone je crois !
Ah bas d'accord, carrément...
Si ça c'est pas de l'usurpation d'identité !
- Téléportation ! tonna-t-il pendant que je serrai fermement sa main.
🌀
La téléportation fut plus agréable que la dernière fois.
Mais à peine avais-je mis un pied sur Terre, qu'une sensation désagréable pesa sur ma poitrine. Une odeur nauséabonde me prit le nez tendit que j'observai les environs.
- Beurk ! gémis-je en me pinçant le nez, mais où est-ce qu'on a atterri ?
Jonathan qui me serrait toujours la main, rangea soigneusement la babiole de téléportation dans la poche de son manteau avant de froncer les sourcils.
- Vue l'odeur infecte des environs, on est forcément sur Terre...
- Ah. ah. ah. très drôle, fis-je avec sarcasme, je crois plutôt qu'on est dans des toilettes publiques.
Jonathan afficha un faciès particulièrement intéressant. On aurait dit qu'il nageait en plein cauchemar tout en montrant un fort dégoût pour l'environnement qui l'entourait.
- Moi, Jonathan Kyros Teker, un prince impérial, dans des toilettes publiques terriennes, se lamenta-t-il en fermant les yeux comme pour prier, que Protego ait pitié de moi...
Je levai les yeux au ciel en soufflant.
- N'importe quoi...Commençons d'abord par sortir, tu veux ? D'après le bruit qui vient de l'extérieur, je pense qu'on est dans les toilettes d'un restaurant.
Nous sortîmes précipitamment des WC qui semblaient être celles des femmes, pour nous diriger vers la sortie.
Dans la salle du restaurant, qui s'est avérée être celle d'un bruyant fast food, j'entraînai vivement mon âme-sœur vers la grande porte. A voir la tête qu'il tirait en observant les plats qui se trouvaient sur les tables, il y avait fort à parier que la restauration rapide avec son gras et son sucre, n'était pas du tout faite pour lui.
Quelques pas plus tard, nous étions enfin dehors.
Revoir la capitale française après tout ce temps me fit l'effet d'une grande bouffée d'air fraîche. Tous ces bruits, ces odeurs, ces couleurs et même ses rues plutôt sales, m'avaient atrocement manqué.
- Bon, on est dans le dixième, expliquai-je à Jonathan en regardant la plaque émaillée sur le mur en face de nous, j'habite en banlieue donc c'est à environ trente minutes d'ici en métro...
Jonathan observa les alentours comme un petit enfant qui découvre le monde, puis il fit la grimace.
- Le métro ? C'est quoi ça encore...
Je souris malicieusement avant de le prendre par la main.
- Allez viens, je suis sûr que ça va te plaire...
- Mouais...
Prendre les lignes avec Jonathan était absolument hilarant !
Jamais prendre le métro n'avait autant été à la fois mouvementé et chaotique !
Jonathan avait pensé que les portiques de validations semblaient faits pour être survolés, et il a manqué de nous faire verbaliser si je le l'avais pas retenu de sauter par dessus.
Il avait également peur de choper des maladies "insoupçonnées" comme le disait, alors il évitait au maximum de toucher les bars du métro : ce qui lui a valu de perdre l'équilibre une bonne vingtaine de fois...
Monsieur a de surcroît failli tomber dans l'escalator, parce qu'il n'avait pas prévu que les marches se transformeraient en escaliers.
J'ai aussi failli le perdre dans le métro alors que j'empruntais une direction particulière, et lui celle opposée : résultat, je l'ai retrouvé sur le quai d'en face, le suppliant de ne pas bouger afin que j'aille le rejoindre sans plus de complications...
Enfin, nous sortîmes de ce labyrinthe infernal terrien.
- Mais pourquoi tu ne m'as pas laissé sauter dans les railles pour pouvoir te rejoindre, me demanda-t-il avec insistance pour la énième fois alors que nous nous engagions dans la rue où se trouvait ma maison, ça aurait été beaucoup plus rapide !
Et pour la énième fois, je soufflai.
- Je te répète que c'est très dangereux de sauter du quai ! Tu aurais pu te faire écraser et mourir sur le coup !
Mon partenaire semblait pourtant voir les choses autrement. Il stoppa ma course et me prit la main.
- Mais non Toki, m'assura-t-il en me regardant dans les yeux, tu sais bien que ce n'est pas un vulgaire métro de la Terre qui va m'empêcher de te rejoindre...
Je serrai les dents face à son insouciance.
- Sauf peut-être la mort...
Le visage de Jonathan s'assombrit immédiatement. Je n'aimais pas le voir comme ça, ni parler aussi légèrement de la mort de l'un d'entre nous, mais pour notre bien à tous les deux, il devait de suite arrêter de jouer les casse-cous.
- Je suis désolée mon amour, fis-je en le regardant droit dans les yeux, ce n'est pas ce que je voulais dire, mais...
- Non, c'est bon, avoua-t-il en m'embrassant la joue, tu as raison je devrais être plus prudent. C'est vrai que c'est encore tout nouveau pour moi, je devrais faire plus attention car après tout, la Terre est aussi moche qu'imprévisible...
Je lui donnai une petite tape sur l'épaule. Jonathan rigola un instant avant que nous reprenions la route. J'étais contente que l'atmosphère se soit ainsi détendue.
Après quelques pas, nous nous retrouvâmes devant le portail gris clair qui clôturait de la voie privée de ma maison. Je sonnai à l'interphone, duquel on entendit après de brèves secondes, une douce voix féminine.
- Oui ? fit la voix.
- Maman, c'est moi ! déclarai-je toute pétillante, tu nous ouvres ?
- Toki, ma chérie ! Entrez bien sûr !
Un petit "bip" plus tard, et nous avancions dans l'allée principale en direction de ma demeure, qui, je devais l'avouer, semblait un poil différente.
- Pas de stress, d'accord ? me retournai-je vers mon âme-sœur pour le soutenir un peu, et surtout pas de boulette sur Territorium...
- Sérieusement, tu me prends pour qui ? me répondit-il avec certitude.
Je l'embrassai une dernière fois avant d'entrer dans la maison.
Ma mère se tenait dans les escaliers, le regard posé sur moi. Elle descendit les quelques marches qu'il restait avant de venir me serrer dans ses bras.
Cela faisait tellement longtemps...
Mon père vint à sa suite et je réitérai mon étreinte. A présent, ne restait plus que le moment de vérité, et accessoirement le moment le plus cliché dans la vie d'une jeune femme...
- Papa, Maman, je vous présente Jonathan, c'est mon petit-ami...
Ma mère afficha un large sourire, tandis que mon père se montrait un peu plus réservé.
- Oui oui, tu nous en avait parlé il y a longtemps, déclara ma mère avec enthousiasme en serrant la main de mon âme-sœur, c'est le fameux "beau gosse au sale caractère" ?
- Maman !
La honte aura toujours raison de moi...
Non mais qu'est-ce que ces idiots du centre de surveillance de la Terre ont bien pu écrire dans mon dos depuis tout ce temps ?!
Je priais misérablement Protego pour qu'ils n'aient rien écrit de plus compromettant que cela.
- Bonjour monsieur et madame Wyatts, commença Jonathan avec beaucoup de politesse, je suis Jonathan Kyros Teker, c'est un honneur et un plaisir d'enfin vous rencontrer !
- Tout le plaisir est pour nous ! sourit ma mère en nous débarrassant de nos affaires, entrez entrez, installez-vous, nous déjeunerons dans quelques heures.
- Merci, fis-je timidement à ma mère.
Pendant que ma mère filait vers la cuisine, je m'installai confortablement sur le canapé aux côtés de Jonathan, qui me sembla d'un coup plus stressé que d'habitude.
Et pour cause, mon père ne le quittait pas du regard.
- Papa, fis-je en soufflant, arrête de le fixer comme ça, tu le mets mal à l'aise...
Mon père afficha un sourire que l'on pourrait facilement qualifier de "forcé", avant de nous expliquer :
- Mais non ma chérie, je ne le fixait pas. Je l'observai un peu, c'est tout...
- Ce n'est pas un problème Toki, me sourit Jonathan avec confiance en posant ma sa main sur mon genou, monsieur Wyatts et moi cherchons simplement à faire connaissance...
Bizarrement, ça sonnait plus comme une déclaration de guerre, que comme une simple phrase d'introduction entre deux personnes qui viennent de se rencontrer.
- Dans ce cas je vous laisse, lançai-je en me dirigeant vers la cuisine, je vais voir si maman a besoin d'aide.
Jonathan se contenta d'hocher la tête, et mon père de prendre une gorgé de ce qui me semblait être de vin.
J'entrepris alors d'aider ma mère dans sa réalisation du déjeuné, mais je ne fus réduite qu'à simple serveuse.
- Maintenant que j'y pense, commençai-je en récupérant les assiettes, où est Matt ? Je ne l'ai toujours pas vu...
- Ton frère est chez des amis, me répondit-elle en coupant des tomates, il est resté dormir pour fêter son anniversaire. Mais ne t'en fait pas, je lui dirai que tu es passée.
- Merci...
Le petit moment passé avec ma mère fut des plus agréable. Cela m'avait beaucoup manqué de pouvoir lui parler en tête à tête, et avoir une vraie discussion mère/fille.
A causes des échanges que ma mère avait eues avec les mages-scientifiques concernant mes jours à l'école de puériculture, j'avais pris grand soin de ne pas aborder un quelconque sujet en lien avec mon séjour là-bas, et ce, afin d'éviter toutes contradictions.
Nous pûmes donc discuter de tout et de rien.
C'est là que j'appris que Jonathan était au goût de ma mère, pour mon plus grand plaisir. Elle le trouvait à la fois séduisant et modeste, respectueux et caractériel.
Si seulement elle savait qu'en réalité il avait un vrai caractère de cochon...
Alors que j'essuyai les verres tout en racontant à ma mère comment Jonathan était adorable quand il dormait, une sorte de grésillement fit bourdonner mes oreilles. Le bruit cessa un moment, avant de reprendre de manière plus intense.
- Quelle touchante réunion de famille, déclara sarcastiquement une voix que je reconnaissais bien, encore un peu et je pourrais même verser quelques larmes...
La surprise était telle que j'en fis tomber un verre.
En plastique, heureusement pour moi...
- Toki ? Qu'y a-t-il ? s'inquiéta ma mère en me fixant intensément.
- Heu... rien ne t'en fais pas, répondis-je précipitamment, je reviens dans un instant !
Pas le temps de bavarder, je m'éclipsai furtivement vers les escaliers.
- Jormungand ?! m'estomaquai-je par la pensée, qu'est-ce qui se passe de si urgent pour que tu me contactes alors que je suis occupée sur Terre ?!
Un silence passa comme pour me signifier que le démon final n'aimait pas du tout le ton que j'employais.
- Laisse-moi te rappeler que je suis une victime dans cette affaire, feigna-t-il de sa voix de velours, on m'a demandé d'user de mon précieux temps pour te faire passer un message...
- Un message ? De qui ?
Jormungand se mit a rire avec sarcasme, comme si la réponse à ma question était plus qu'évidente.
- Mais de ton âme-sœur bien entendu, déclara-t-il posément, il semblerait que ton cher prince rencontre quelques difficultés avec l'être humain qui te sert de géniteur : il demande que tu viennes lui porter secours le plus vite possible, parce qu'il ne peut pas "s'échapper". C'est d'un pathétique...
Ah. Jonathan semblait avoir quelques difficultés avec mon père, mais j'avais du mal à comprendre pourquoi il avait autant besoin de moi..
- Comme c'est bon de t'avoir comme démon, Jormungand, répliquai-je avec une pointe d'ironie, tu trouves toujours les bons mots quand il s'agit d'encourager les autres !
- Je ne m'abaisserai pas à te répondre, Toki, lâcha froidement le démon final, mais je sais que de ta bouche cela sonne comme un compliment...
J'eus la soudaine envie de l'étriper mentalement, mais il coupa le lien mental avant que je ne pus m'exécuter.
Parfait ! J'allais pouvoir m'occuper de mon partenaire qui devait probablement se retenir de fuir mon père.
- Tout se passe bien ? demandai-je inquiète en m'asseyant sur le canapé à côté de Jonathan.
Mon père avala une gorgé de vin avant de faire son "rapport" :
- Ton copain m'a l'air bien éduqué, sourit-il froidement, il est cultivé, sportif, engagé et ouvert sur le monde...
Tant de compliments pour à peine quelques minutes de discussion, ça faisait vraiment plaisir. Mais je connaissais mon père, et généralement, après tant d'éloge, il y a toujours un "mais".
- Mais dis-moi, s'interrogea-t-il en faisant tournoyer le vin rouge dans son verre, que font tes parents dans la vie ?
Jonathan me regarda avec un regard plein de détresse. Cela devait probablement le seconde fois qu'il lui posait la question.
Mon partenaire tenta de lui répondre.
- Heu...ils sont...des dirigeants...un peu comme des chefs...
Mon père haussa un sourcil interrogateur du style "Tu te moques de moi ou quoi ? C'est beaucoup trop vague..."
- Oui, ils sont directeurs, intervins-je pour lui sauver la mise, ils sont...PDG d'une entreprise locale basée en Australie ! N'est-ce pas Jonathan ?
- Oui c'est ça, merci, j'avais du mal a trouvé le mot, me répondit-il peu convaincu.
Malheureusement pour lui et pour moi, cette mauvaise comédie continua pendant encore un moment, nous mettant, pour ainsi dire, dans une "situation désagréable". Mon père posait des questions compromettantes que nous parvenions à éviter en dérivant sur un autre sujet.
Nous fûmes heureusement sauvés in extremis par ma mère qui "sonna" enfin l'heure du déjeuner. Le repas se déroula dans une agréable et chaleureuse ambiance, mon père avait cessé toutes remarques et nous profitions du repas dans la joie et la bonne humeur.
J'avais vraiment bien fait de revenir sur Terre avec Jonathan. Ce petit moment que nous avions passé avec mes parents m'avait comme "redonné" du poil de la bête.
- Oh mon dieu ! Il se fait tard, on est déjà en fin d'après-midi, s'exclama ma mère en fixant l'horloge accrochée au mur du salon, il serait peut-être temps que vous y aller, le vol pour l'Australie est long, et j'aimerais que tu évites de rater des cours Toki.
Je fixai Jonathan qui rigola faiblement.
Si j'avais dit à ma mère que notre trajet durait en réalité quelques brèves secondes, elle ne me croirait sûrement pas.
Et pourtant, là était toute l'ironie de la situation.
- Tu as raison, répondis-je en faisant un clin d'œil à mon partenaire, le trajet risque d'être très long, nous allons y aller...Mais d'abord, je passe aux toilettes !
- C'est une information dont on aurait pu se passer, souffla mon père en quittant la table pour aider ma mère à débarrasser.
- Je t'attends, se contenta de me préciser Jonathan.
Je ne perdis pas de temps et montais à toute vitesse les marches de l'escalier en de grandes enjambées, qui me menèrent en un rien de temps au premier étage. Le long couloir qui menait aux toilettes donnait en premier lieu sur le bureau de mon père dont la porte, habituellement close, était entrouverte.
Mais alors que je passais devant elle, un sentiment étrange me saisit et un frisson me parcourut. C'était comme si l'atmosphère qui se dégageait de la pièce, pourtant si familière, m'attirait inéluctablement.
Et, répondant à son appel, je pénétrai lentement dans le bureau de mon père, une pièce qui n'avait pas changé depuis que j'avais quitté la maison.
Mon instinct détourna mon attention des livres que je fixai sur la bibliothèque, pour le reporter sur un discret tiroir de son bureau.
Mais pourquoi ressentais-je cette étrange sensation, comme si quelque chose n'était pas à sa place ?
Bien que par habitude récente j'avais indéniablement compris ce qui se tramait, j'eus beaucoup de mal à y croire sur le moment, et une centaine de potentielles explications toutes aussi farfelues les unes que les autres déferla dans mon esprit.
Je posai ma main contre le bois ébène du bureau en plissant des yeux.
- Jormungand ? interpelai-je sans trop de finesse, c'est bien ce que je pense ?
Comme à son habitude, le démon final mit un peu de temps avant de me répondre, réponse qu'il précéda d'un sombre et grisant rire jubilateur.
- Oh que oui, lâcha-t-il comme ravi, je savais qu'avec toi je ne m'ennuierai pas...
Sa réponse me fit serrer les poings, car en effet, cette découverte n'était pas prévue.
- Dans ce cas nous allons avoir un problème, fis-je la voix rauque de frustration, cette faible aura qui émane du tiroir c'est...
- Oui Toki, conclut le démon de sa voix de velours, ce sont de faibles traces d'un sortilège de magie noire !
☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆
Hello ! Cela fait un moment que je n'avais pas écrit, j'espère que vous allez bien !
La suite arrive ! <3
QUESTION :
Que signifient ces traces d'un sort de magie noire ?
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