CHAPITRE 36 : Confessions
PDV Toki
"Je refuse d'y croire !"
Ça devait être la cinquième fois que je l'entendais brailler cette phrase, depuis que je lui avais révélé la vérité sur sa mère. Mon partenaire soutenait fermement mon regard et fronçait ses sourcils à s'en créer des rides.
Mais bon, sa réaction restait tout de même compréhensible...
Depuis que j'avais raconté aux Elus ce que je leur cachais depuis plusieurs semaines, exactement quinze minutes c'étaient écoulées. Quinze minutes durant lesquelles nous nous étions tous, à l'exception de Jonathan, mués dans un silence pesant.
Mes camarades étaient choqués.
Alexei avait rigolé nerveusement, Melkior avait pâlit, Anaïs s'était pratiquement évanouie, et Maestia avait lâché un petit cri. Le maître mage, lui, était plutôt surpris ; il restait néanmoins silencieux et ne fit pas de commentaires sortant de l'ordinaire. Tout le contraire de Jonathan qui avait littéralement fait carboniser une chaise sous l'effet de la colère...
Heureusement pour moi, notre convoi, qui était sur le point de repartir à la capitale, coupa court à toutes tentatives de meurtre de la part de mon partenaire à mon égart. J'étais tout de même restée calme pour éviter de me mettre inutilement en colère, et nous étions montés dans de grands vectors impériaux, venus exprès nous récupérer.
Le maître Zayne avait profiter du moment pour nous expliquer ce qui était arrivé aux autres étudiants toujours "coincés dans l'Académie". Heureusement pour eux, la grand mage les avaient protégés, réveillés, puis réexpédiés chez eux, chacun comme il était venu. Bien évidemment ils étaient tous encore un peu sous le choc, mais cela n'avait en rien changé le programme d'aujourd'hui : début des cours à seize heures tapante.
Et c'est après quoi nous étions montés sans attendre dans l'immense vector, et pris le chemin de la capitale.
C'était ainsi que j'avais fini par me retrouver en face de Jonathan que je torturai en ignorant, entourée d'Elus blasés encore tourmentés par mes précédentes révélations.
J'avais décidé de ne rien leur dire quant à la "maladie" de l'impératrice, pour éviter une quelconque réaction disproportionnée de la part de mon partenaire.
Je pensais vraiment lui rendre service, mais à voir la tête de constipé qu'il tirait, j'en conclu que mes actions aggravaient plus la situation qu'autre chose.
Tête contre la vitre, je soupirai bruyamment pour extérioriser mes troubles, et me concentrer sur le paysage qu s'offrait à moi.
Paysage des plus somptueux à peine caressé par les premiers rayons du soleil. Le moment que je redoutais le plus allait enfin arrivé.
Mais bizarrement, j'avais plus l'impression d'aller me délivrer, que d'aller à l'abattoir : ces révélations allaient enfin pouvoir ôter un poids énorme de mes épaules...
(Ellipse du trajet)
~
Une fois arrivés au palais de Territori, je ne pus m'empêcher de sourire, tant cet endroit m'avait manqué. A défaut de pouvoir rentrer chez moi, ce palais était en quelque sorte devenu ma seconde maison, et les évènements du champs de bataille m'avaient plutôt déboussolée.
Je descendis la première du vector, en prenant soin de bien remercier le chauffeur qui me salua d'un hochement de tête, avant de me diriger d'un pas déterminé vers le grand jardin principal.
Les Elus et le mage me suivirent sans un mot, probablement la tête remplie de questions qu'ils brûlent de me poser. Je ne devais pas les faire attendre plus longtemps.
Les six gardes à l'entrée nous ouvrirent et nos pénétrâmes dans le grand hall du palais. Des servantes vinrent ôter nous accueillir poliment, avant que Jonathan ne leur demande de disposer d'un air froids accompagné d'un geste de la main.
- Bon alors, on peut savoir maintenant ? me demanda-t-il froidement.
Ce que je lui ferai s'il n'était pas mon âme-soeur...
- Un peu de patience, lui répondis-je en détachant mes cheveux, il faut que je contacte l'impératrice.
Il se contenta de froncer davantage ses deux magnifiques sourcils, avant de jurer et de détourner le regard. Bien que je trouvais son comportement puéril, je sentais tout de même une certaine pointe d'inquiétude dans son regard. Lui aussi avait peur pour sa mère.,
Quelques rapides instructions dans l'oreille de deux gardes, et ils étaient partis prévenir l'impératrice, et accessoirement l'empereur, étant donné que tous les Elus étaient déjà au courant. Le mage continuait de me scruter sans dire un mot, mais je sentais déjà qu'il avait une remarque à me soumettre.
- On fait quoi maintenant ? demanda Agartha en croisant les bras.
- Allons en salles communes, indiquai-je en la regardant droit dans les yeux,j'ai demandé à l'impératrice de venir nous y rejoindre.
Un petit hochement de tête plus tards, et nous étions déjà en route vers la salle commune. Une fois devant les lourdes portes qu'Hypolit ouvrit sans le moindre effort, nous prîmes places autour de la table, en prenant bien soin de laisser deux chaises vides en bout de table pour l'impératrice et l'empereur.
Je m'attendais à ce que Jonathan me fasse payer mon silence de plusieurs semaines, et entrepris de m'asseoir seule à une place au hasard. Par un miracle des dieux (probablement Protego), Jonathan s'assit sans un commentaire à côté de moi et rapprocha sa chaise de la mienne.
J'haussais un sourcil interrogateur.
- Heu...t'es pas fâché ? demandai-je intriguée.
Mon âme-soeur souffla de frustration avant de me pincer énergiquement la joue.
- Aïeuuh ! C'était pourquoi ça ?! fis-je indignée en massant ma chaire endolorie.
Jonathan afficha un sourire provocateur.
- Disons que je ne suis plus tellement fâché, cette punition était pour tous tes mensonges, me fixa-t-il, estime-toi heureuse que je n'envisage pas de te mettre la fessée....
Mais quel petit coquin !
Je lui donnai un coup de coude pour lui faire comprendre ma gêne. Malaise auquel il rigola, avant de perdre son sourire lorsque les portes de la salle s'ouvrirent sur le personnage le plus important et attendu de la soirée.
- Je vois que tu te portes bien mon fils, lui sourit Grisela, ça me fait énormément plaisir...
- Mère...
- Laissez-nous, ordonna-t-elle aux deux gardes qui les avaient accompagnés.
Tout le monde, moi y compris s'était levé au moment où l'impératrice et son mari pénétrèrent dans la salle. Après un respectueux salut, ils prirent place sur les fauteuils de velours restants. L'impératrice nous observa brièvement tour à tour, avant de prendre une grande inspiration.
- Il semblerait que le moment soit venu, Toki, me dit Grisela en souriant faiblement.
Je lui rendis son sourire avant qu'elle n'enchaîne.
- Ecoutez-moi bien Elus, et vous aussi Julius et Zayne, commença-t-elle sérieusement, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle à vous annoncer...
Tous retinrent leur souffle. On se serait cru dans une télénovelas, quand le frère de la soeur de la cousine de la mère de la nièce du beau-frère d'Alfredo, était sur le point d'avouer un énorme secret de famille qui remettrait en question sa propre identité.
- La bonne nouvelle, c'est que je ne suis pas vraiment malade, avoua-t-elle, la mauvaise, c'est que c'est le traître qui est à l'origine de ma maladie...
Tout d'abord un silence. Puis une vague d'indignation s'éleva, telle une bombe nucléaire qui vient d'être lâchée, rasant tout sur son passage.
- QUOI ?! C'EST UNE BLAGUE ?! hurla Jonathan en se levant brutalement de son siège. Une réaction tout à fait prévisible venant de lui.
- Vous n'êtes pas malade votre majesté ?!
- Encore ce traître !
Tous les Elus étaient sous le choc, et ce, pour la deuxièmes fois de la matinée. Mais je pouvais les comprendre, autant d'information d'un seul coup pouvait être très contraignant.
Le mage Zayne, assit non loin de moi, fronça brusquement les sourcils de colère. Et dire qu'il avait personnellement veillé à la santé de l'impératrice lorsqu'elle était tombée malade pour la première fois. Le mage avait, selon Grisela, passé des nuits blanches à essayer de trouver une solution à sa maladie, en vain.
Mais la réaction la plus étrange restait celle de l'empereur. Bien loin de toute nervosité ou colère extrême, Julius se contentait de rester calme, et hochait de temps à autre la tête.
Il n'était pas en colère ?
- Ho que si, crois-moi, résonna la voix de Jormungand dans ma tête, il est particulièrement contrarié, mais que serait un empereur s'il succombait à ses émotions devant nous tous....
- Ah...
Manifestement, les colères de catégories neuf était très fréquente chez la famille impériale. Seuls Grisela et mon petit Nathaniel demeuraient "normales".
Je calmai cependant mon partenaire en posant ma main sur la sienne. A mon contact, il jura grossièrement avant de se rassoir dans son fauteuil en croisant les bras.
- Calmez-vous je vous prie, intima Grisela, laissez-moi vous expliquer en détail la situation...
Et c'est ainsi que pendant plusieurs minutes, elle leur relata les évènements derniers, en n'omettant aucune partie.
L'impératrice leur parla de notre première rencontre, de la manière dont j'avais réussi par miracle à la guérir, nos nombreuses rencontres et discussion, nos échanges d'informations, les fois où je suis venue la soigner, la mission qu'elle m'avait confiée, et j'en passe...
- Voilà, à présent vous savez tout, termina-t-elle en nous observant de son apaisant regard.
L'immense poids que pesait sur mes épaules se retira lentement. Enfin ! Je n'avais plus besoin de mentir ! Il ne restait plus qu'à répondre aux interrogations des Elus qui semblaient plus posés que tout à l'heure.
- J-j'ai du mal à y croire...sourit faiblement Liz, et dire que tu as dû supporter cela toute seule...
- Ne t'en fais pas, lui répondis-je sûre de moi, ça c'est bien terminé !
- Heureusement pour toi, intervint Hypolit, mais ce n'est absolument pas à refaire !
- Je suis d'accord ! acquiesça Maestia.
Bien que l'heure soit "grave", j'eus tout de même droit à une longue réprimande sur l'importance de la vie, de la part de mes compagnons d'armes. Jonathan; lui, restait étrangement silencieux...
Peut-être allait-il m'en parler plus tard ? Je savais pertinemment que le brusquer ne servirait à rien, si ce n'est à le mettre encore plus en colère qu'au départ.
- J'aimerais que cette information reste entre nous, insista l'impératrice, moins de gens seront au courant, plus notre recherche du traître sera efficace !
Elle avait parfaitement raison. Personne d'autre à part nous ne devais être au courant : le traître risquerait de réagir en conséquence, s'il venait à apprendre que l'on est à ses trousses.
- Oui Altesse ! nous répondîmes en cœur.
- D'ailleurs, intervint Agartha, auriez-vous une liste de suspect à nous soumettre ?
L'impératrice et moi-même secouâmes nos têtes.
- Hélas non, répondit-elle, nous avons bien essayé de le débusquer sans trop attirer l'attention, mais voyez-vous, à deux c'est un compliqué...
- Je me doute...
Un silence de réflexion s'installa dans la pièce. Mais ce fut sans compter sur Alexei, le génie du groupe pour briser naturellement ces quelques moments de paix.
- Hé ! Peut-être que c'est le comte Karies ?
- Je ne sais pas Alexei, l'observa Anaïs, le compte Karies irait vraiment jusqu'à empoisonner l'impératrice ?
- Peut-être, il m'a toujours parut louche...
Anaïs haussa les épaules, quand Grey reprit la parole.
- Et...euh...vous savez...peut-être que c'est...comment dire...euh...
Oui, je sais... Suspecter un membre de la famille impériale n'était clairement pas une bonne idée, surtout devant l'empereur et sa femme.
- Si tu parles d'Idriss, l'interrompis-je en regardant Grisela, nous l'avons déjà oublier. Le traître est un mage noir, étant donné qu'il a placé un sortilège de magie noir sur l'impératrice. Or Idriss est un mage de vent : ce ne peut pas être lui...
- Ok...si tu le dis, fit-il en se grattant les cheveux.
Plusieurs minutes passèrent ainsi, durant lesquelles nous émettions des hypothèses toutes aussi farfelues les unes que les autres. Nos potentiels suspect allaient de Ryn, en passant par certains nobles fidèles, pour finir sur de simples servantes du palais : en bref, rien avançait...
Pendant que la discussion continuait "gaiement", j'aperçus du coin de l'œil l'impératrice et son mari s'échanger quelques mots. Bien trop éloignée pour les entendre, le simple sourire de Grisela et le baiser posé par son mari sur son front, me firent immédiatement comprendre qu'elle avait réussi à le calmer. L'empereur n'avait pas vraiment prononcer de paroles depuis l'annonce de la guérison d sa femme, mais je suis sûre qu'il en était heureux.
- Dis-moi Toki, comment es-tu parvenue à guérir sa Majesté ? me demanda brusquement le mage, je n'arrive toujours pas à comprendre comment tu as procédé ?
Je soufflai légèrement en fermant les yeux. Comment lui expliquer que j'avais joué à l'aspirateur, sachant qu'il n'existait probablement pas d'engin de ce genre sur cette planète !
- Heu...comment dire...
- Oui ? se concentra-t-il en me fixant d'un air sérieux.
- Disons que c'était un peu par hasard, grand mage, lâchai-je enfin, j'ai vu comme une sorte de nuage obscur autour de son Altesse qui faisait tombé de la...heu...neige...
- De la neige ? s'étonna-t-il en haussant un sourcil.
- Oui, comme une sorte de poudre violet qui tombait sur elle. Mais manifestement, j'étais la seule à la voir...
- Hum...
Le mage prit le temps d'analyser mes propos avant de me poser une question assez surprenante.
- Dis-moi, tu connais la différence entre la magie et la sorcellerie qui emploi des sorts, n'est-ce pas ?
Quoi ? Il y avait une différence ?!
- Heu...
- Cette tête veut probablement dire non grand mage, ricana bêtement Alexei en me regardant.
Non mais quel abruti celui-là !
- Parce que tu connais la différence peut-être, monsieur le génie ?
- Evidemment que je sais, pour qui me prends-tu !
Bizarrement, derrière son étrange assurance, je sentais la connerie arriver à pleine vitesse... Et pourtant, j'acceptais de lui donner une chance de nous montrer son "savoir".
Il leva le doigt en l'air comme pour énoncer un théorème :
- Alors voilà : la magie c'est magique, et la sorcellerie....
- Oui ? fis-je avec sarcasme.
- Heu...c'est...la sorcellerie c'est...
Seigneur...
- Laisse-moi deviner, "la sorcellerie c'est pas magique" ? intervint Melkior en se pinçant l'arête du nez.
Alexei croisa les bras.
- Mais non, j'allais faire une rime avec "magique" ! Tu vois bien que "pas magique" ça ne colle pas : les nombre de syllabes n'est pas le bon !
Les autres Elus rigolèrent nerveusement, tandis que l'empereur souffla de désespoir. Manifestement, aucun d'entre nous, mise à part peut-être Melkior, ne connaissait la réelle différence entre ces deux pratiques.
- Il semblerait qu'un cours express sur la sorcellerie s'impose, annonça le mage en captant notre attention.
Zayne se leva et se plaça loin de la table. Il activa ce qui me sembla être sa magie, et décolla du sol pendant de brèves secondes, avant de retomber sur ses jambes. Durant le "vol", un vent doux et agréable avait parcourus la pièce.
Le maître mage réitéra son action, mais cette fois, il prit un peu plus de temps pour se concentrer. Il décolla parfaitement du sol, et redescendit comme il était monté. Bizarrement, je sentais que la seconde tentative avait l'air moins...naturelle qu la première...
- Bien, s'exclama-t-il en venant se rassoir, qui peut me dire quand est-ce que j'ai utilisé la magie, et quand est-ce que j'ai utilisé la sorcellerie ?
Cool ! Question pour un champion version territorienne....
- Moi je sais...nous nargua Melkior en replaçant ses lunettes sur son nez.
- Personnes ? requestionna le mage avec une pointe d'espoir dans la voix.
Hélas pour lui il allait être déçu...
- Melkior, lui demanda-t-il, nous t'écoutons...
- Pour le premier, vous avez utilisé la magie, et pour le second vol, la sorcellerie !
Je regardais les Elus avec étonnement. Comment avait-il fait pur distinguer les deux vols aussi précisément. J'arrivais à sentir une légère différence entre les deux, mais elle n'était pas suffisamment grande pour donner de réponse sûre.
- Et oui, expliqua le mage Zayne avec satisfaction, mais pour être plus précis, je vous dirai que j'ai usé de la magie du vent pour le premier et d'un sort de gravité pour le second !
Ah. Elle était donc la différence....
- Est-ce que vous êtes en train de nous dire que la sorcellerie c'est artificiel et que la magie c'est naturel ? demanda Maestia en levant la main.
- C'est un peu près ça, acquiesça-t-il, la magie correspond à l'usage de notre énergie dans les lois fondamentales de la Nature, à savoir les éléments que vous connaissez. Mais la sorcellerie, elle, correspond à l'utilisation de notre énergie dans les lois fondamentales de notre univers. Je parle bien évidemment de gravité, les différents champs et interactions, la vitesse instantanée, la téléportation, et j'en passe...
Quelle horreur ! J'avais l'impression d'être revenue en classe de terminale en plein cours de physique sur les lois de Newton ! Mais bien évidemment sur Territorium tout est plus classe, alors bien sûr, ils avaient découvert les lois de la téléportation...
- Mais alors, si on peut faire autant de choses avec la sorcellerie, comment se fait-il que peu de personnes l'utilise ? demandai-je interloquée.
Maitriser la téléportation serait un atout considérable. Plus besoin de faire des étages pour se rendre en salle d'entrainement, plus besoin de traverser les immenses couloirs du gigantesque palais de la capitale !
- Comme tu as probablement pu le constater, utiliser la sorcellerie est une tâche des plus ardue. La sorcellerie demande beaucoup de pratique à l'utilisateur : non seulement il doit penser à modeler l'énergie qu'il va insuffler, mais en plus il doit faire attention à bien appliquer les principes et lois de notre univers, afin que la sorcellerie opère correctement.
Ces histoires de sorcelleries étaient décidément bien compliquées...
- Mais la sorcellerie reste tout de même bien plus pratique dans la vie de tout les jours, précisa-t-il, les portails et médaillons de téléportation en sont un exemple. On a déjà appliquer les principes et lois de notre monde sur les objets, il ne reste plus à l'utilisateur qu'à modeler sa magie pour activer le sortilège ! C'est extrêmement pratique !
- C'est vrai...
La sorcellerie restait néanmoins une pratique que je trouvais assez fascinante. Peut-être un jour serais-je capable de m'en servir correctement ?
- Mais du coup, c'était quoi l'objectif de tout ça ? demanda Agartha en se réinstallant sur sa chaise, j'ai un peu l'impression qu'on s'éloigne, non ?
- Tu as raison, avoua le Mage en se grattant la barbe, je voulais savoir si la maladie de l'impératrice était un sort ou de la magie ?
Tous les regards se tournèrent vers moi. Comment voulait-il que j'identifie le type de pratique employée, alors que je venais à peine d'en intégrer les principes, et du même coup, les différences.
Mais bon, quand faut y aller... Je pris le temps de réfléchir entièrement à la situation avant de répondre sûre de moi :
- Un sort ! Sans aucunes hésitations !
- Dans ce cas nous allons avoir un problème, s'inquiéta le mage en fixant un point au loin, si c'est bien un sortilège, alors nous avons à faire à un sort de magie noire, et cela va corser les choses...
Hein ? Un sort de magie noire ?
- Mais, ne venez-vous pas de dire que la magie et la sorcellerie étaient deux choses différentes ? s'embrouilla Liz en plissant son petit nez d'une façon tout à fait charmante.
Le mage s'agita sur son fauteuil.
- En faite, commença-t-il, la sorcellerie opère lorsqu'on insuffle de son énergie, et qui, une fois modelée, est appliquée aux lois de notre univers. Mais que se passe-t-il, si on essayait d'insuffler de la magie dans un sort ? C'est-à-dire, combiner les lois de la Nature et celle de l'univers ?
La question surprit tout le monde. Même les souverains restaient silencieux.
- C'est impossible, affirma Hypolit, l'utilisateur n'aurait tout simplement pas assez d'énergie pour modeler son énergie, et l'appliquée aux lois de la Nature et aux lois de l'univers, tout en la contrôlant parfaitement ! C'est tout simplement infaisable de prendre autant de critère en compte, surtout si avec la sorcellerie, on perd plus rapidement nos réserves !
Il avait raison ! Même si le magiciens avait une source inépuisable, la difficulté semblait beaucoup trop élevée pour réussir !
Le mage Zayne prit un grande inspiration.
- Qu'en est-il de cette idée si elle s'appliquait à un mage noir ?
Hypolit blêmit, et les autres affichèrent des faciès préoccupants.
- C-c'est pas possible...
- Et bien si, confirma le mage, et le résulta est d'autant plus dangereux que seuls les mages noirs peuvent défaire les sorts magiques noirs, comme les mages blancs le font avec les sorts magiques blancs, et croyez-moi, le résultat est assez impressionnant...
Voilà qui était à la fois terrifiant et attrayant : le sort lancés par le traître n'était défaisable que par un autre mage noir : en l'occurrence, moi. Finalement, le poids de responsabilité que je croyais être parti est revenu au galop squatter mes frêles épaules...
Je baillai grossièrement et jetai un coup d'il à mon cristal qui indiquait quatre heures du matin.
Il allait vraiment falloir que j'ailles me coucher, ou sinon je ne tiendrais pas une minute debout demain...ou plutôt tout à l'heure.
- Je pense que vous devriez aller vous reposer, nous informa Grisela en un tendre sourire comme si elle lisait dans mes pensés, je pense que la majorité des informations a été échangée, je peux donc vous relâcher.
- Je ne suis pas contre une bonne sieste de quelques heures, commenta Alexei en frottant ses yeux.
Nous nous mîmes d'accord sur les dernières finalités qui concernaient notre sécurité : faire attention à nous, rester groupé, ne pas éveiller les soupçons en enquêtant, etc...
Alors que nous saluâmes proprement les souverains et commençâmes à quitter la pièce, la voix de Julius retentit alors :
- Jeune Terrienne et Elue, je te remercie personnellement et au nom de tous Territoriens : tu as sauvé notre impératrice ! Merci infiniment !
Je fus gênée pendant quelques secondes, puis finalement mis un genou à terre.
- C'est un honneur votre Altesse, souriai-je, je vous en remercie.
Il m'autorisa à me relever, puis après une brève discussion avec le mage Zayne, nous quittâmes finalement les lieux, les lourdes portes de la salle commune se fermant en un bruit sourd.
J'étais complétement éreintée, et je ne souhaitais qu'une chose, m'effondrer sur mon lit douillet et profiter d'un bon sommeil réparateur comme je les aime.
- Toki, m'interrompit Liz en me tirant de ma rêverie, je sais que tu aimes faire les choses toute seule, mais ça ne peut plus durer ce syndrome du héro !
- M-mais Liz, de quoi tu parles ? fis-je complétement larguée.
- Arrêtes de vouloir tout faire tout de seule et repose-toi un peu plus sur nous ! On est la pour t'aider, alors ne nous traite plus comme des amis en carton !
Ma Liz, d'habitude si douce et gentille, venait une fois de plus de me passer un savon. Mais bon, c'était un peu de ma faute, j'aurais dû les avertir au lieu de vouloir me la jouer James Bond et les inquiéter inutilement.
Je mentirais si je disais que ce n'était pas agréable d'avoir des gens pour me soutenir.
La rousse me sourit gentiment avant de me faire un câlin que je lui rendit. Elle fut cependant vite rejoint par Anaïs, puis Maestia, et Agartha et le reste de la bande, transformant une simple étreinte en une embrassade de l'extrême.
Mais bon, qu'est ce que ça me faisait plaisir...
"Humph" entendis-je pendant que je me détachai des autres : évidemment, mon partenaire colérique boudait fermement en croisant les bras, posture qui n'avait pas changé depuis plusieurs minutes.
Mais qu'est-ce qu'il avait encore ?
- Bon c'est pas tout, mais moi je vais me coucher... Tu viens Liz ? J'ai besoin d'un oreiller pour ma tête. Tu sais bien que j'ai le cou sensible en "position cuillère", alors il faut qu- aïeuuh !
- Silence banane, le pinça-t-elle, personne n'a besoin de savoir ça !
Elle le poussa en direction du couloir et me fit un clin d'oeil.
- Allez, bonne nuit tout le monde ! A demain !
- Bonne nuit ! nous souhaitâmes en coeur, avant que chacun ne prenne la direction de sa chambre.
Peut-être étais-je trop fatiguée, ou bien la nuit faisait-elle apparaître des créatures noctures dans le noir, mais j'entendis des bruits de pas qui semblaient me suivre.
Je me stoppai soudainement, pour finalement me retourner vers un Jonathan frustré qui fronçai encore les sourcils.
A cette cadence, il finirait pas vieillir plus vite...
- Tu veux quelque chose Jonathan ? demandai-je de ma voix fatiguée, pourquoi tu me suis comme ça ? Ta chambre n'est-elle pas de l'autre côté ?
Plusieurs secondes passèrent avant qu'il daigne me répondre.
- J'ai quelque chose à te dire.
Ah. C'était donc ça.
- Et ça ne peut pas attendre demain ? demandai-je en me frottant les yeux, je suis vraiment KO là...
- Non.
Je soufflai de fatigue. Impossible de pouvoir aller dormir tranquillement, il me fallait l'écouter pour enfin avoir la paix.
- Bon, bah je t'écoute...
Il passa sa main dans ses superbes cheveux, avant de prendre une grande inspiration.
- Je te remercie du fond du coeur d'avoir sauvé ma mère, Toki...
C'était tout ? Ok, je savais que j'avais carrément assuré en sauvant l'impératrice, mais je pensais que les remerciements de son père étaient largement suffisant.
- Pas de problème, souriai-je les yeux mi-clos, ça me fait plaisir...
Mon partenaire sourit de toutes ses dents et me pris la main. Il semblait plus agité que d'habitude, comme s'il allait m'annoncer quelque chose de grave...
- Euh...y'a autre chose ? m'intriguai-je en le voyant me regarder dans les yeux.
- Oui...en faite je...
- Tu ?
- Je...
Ah. J'avais l'impression qu'il n'avait pas envie de me parler tout en voulant le faire. Une situation bien inconfortable pour lui, mais qui l'était tout autant pour moi qui voulais aller me coucher.
- Tu sais Jonathan, lui dis-je en prenant son visage entre mes mains, si tu n'es pas prêt à me le dire, on peut en parler demai-
- Je t'aime.
- Quoi ?
J'avais l'impression que mes neurones s'étaient déconnectés pendant une seconde, mais heureusement, Jonathan les reconnecta pour moi.
- Je t'aime Toki, s'exprima-t-il les yeux pétillants d'une lueur nouvelle, tu es une fille incroyable, tu es magnifique et intelligente, et tu parviens à me mettre en rogne comme personne d'autre ne peut réussir à le faire. Tu es têtue comme une mule et tu as un caractère de cochon, mais c'est ça et ton magnifique sourire qui ont fait chavirer mon coeur...
Je restais bouche bée. Impossible de faire sortir le moindre son de ma bouche, alors que l'amour de ma vie continuait à me faire sa déclaration.
- ...avec tout ce que je t'ai fait endurer, je ne sais pas si je te mérite, poursuivit-il la tête toujours entre mes mains alors qu'il avait posé les siennes sur elles, mais ce que je sais, et ce que je veux te dire, c'est que je t'aime. Je veux t'exprimer tout mon amour, te dire que tu es toute ma vie et que sans toi je fais le con. Je ne suis plus lâche quand il s'agit de toi, alors je peux enfin te dire : Je taime ! Je t'aime de tout mon coeur Toki Wyatts !
"Je t'aime" était la seule chose qui résonna en moi pendant ce qui me semblait être une éternité.
Enfin, j'avais trouvé ma moitié, ma version masculine, mon âme-soeur et partenaire : Jonathan au caractère de cochon !
Mais c'était bien pour ça que je l'aimais. Un sentiment d'euphorie ultime encore inconnu me força a éclater en sanglot. Qu'est-ce que ça faisait du bien d'être aimée, surtout quand c'est réciproque. Quand je repense maintenant à notre première rencontre, j'en rigole parfois... Et dire que tous les obstacles qui c'étaient mis sur notre chemin, n'avaient que pour unique finalité, notre réunion complète et totale.
J'essuyais mes larmes alors que mon partenaire rigolai de ma réaction.
- C'est la première fois que je fais une déclaration, plaisanta-t-il, je ne m'attendais pas à une telle réaction de ta part mon amour. Moi qui pensais que tu allais rigoler...
"Mon amour" encore un mot qui fit bondir mon coeur dans ma poitrine et libérer des milliers de papillons dans mon ventre.
- Jamais Jonathan...
- Jamais ? fit-il interloqué.
- Jamais je ne rigolerai avec ça, le regardai-je profondément dans les yeux, je t'aime trop pour ça...
Jonathan ne parut pas comprendre.
- Il faut que je te fasse un dessin ?! rougis-je gênée, moi aussi je t'aime imbécile ! Même si tu m'énerve parfois, même si tu fais le con, même si te voir avec une autre fille me retourne les tripes ! Je t'aime passionnément, même si t'es le prince d'une planète qui m'étais inconnue jusqu'alors, et que j'ai dû me battre contre des démons pour survivre jusqu'à maintenant, pour te dire que je t'aime à en crever Jonathan !
J'avais du mal à croire que je lui avais fait une telle déclaration. Sur le moment, il n'y avait rien d'autre que lui et moi, rien d'autre mes sentiments et les siens.
Mon partenaire exprima sa joie par un de ses lumineux sourire qui avait l'habitude de faire chavirer mon coeur. Et une fois encore, je tombai amoureuse de lui...
Il saisit mes mains qu'il entoura autour de son cou et entoura ma taille de ses bras, comme il en avait l'habitude.
- Et bien tu vois ce n'étais pas compliqué, plaisanta-t-il en se collant à moi son front posé contre le mien, tu n'avais qu'à me dire le mot magique...
- Abruti ! lui dis-je en fermant les yeux, savourant davantage notre contact.
- Mais c'est pour ça que tu m'aimes...
Le silence de la nuit noire rappela notre solitude, et dans l'obscurité de cet immense couloir, nous échangeâmes un tendre et délicieux baiser, reflet de notre amour enfin avoué...
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