CHAPITRE 28 : Distance

- Pardonnez-moi votre Altesse, je vous ai déçu...

Les battements de mon cœur s'accélérèrent.

À cette annonce, des bruits de commentaires désagréables montaient en crescendo : les premières rumeurs commençaient à se former.

Entre Élus, nous nous lancions des regards pleins de sous-entendu. Certes, il n'avait pas obtenu l'objet de sa convoitise, mais il avait tout de même pactisé avec un des meilleurs. Il parlait d'échec, et pourtant nous étions revenus victorieux et en un seul morceau.

L'empereur fronça les sourcils, mais ne sembla pas relever la gravité de la déclaration de mon partenaire. Ce dernier avait d'ailleurs décidé de se muer dans une espèce de silence inexpressif.

- Relevez-vous, Élus.

Nous nous exécutâmes sous le regard lourd de jugements des nobles de la salle. Leurs étroits regards dans ma direction parlait pour eux : ils ne m'aimaient pas.

J'observai rapidement les alentours. Tout le monde avait le regard rivé sur nous. Cette situation commençait à devenir particulièrement stressante. Tous ces regards, tous ces yeux, je n'en pouvais plus : j'avais eu ma dose d'yeux pour la semaine.

Toujours fidèle à son rôle de grand mage de Territorium, le maître mage Zayne qui s'était contenté de nous observer attentivement, glissa quelques mots à l'oreille de l'empereur qui acquiesça vigoureusement.

- Bien, commença le mage en frappant dans ses mains pour faire taire les incessantes messes basses des nobles, nous aimerions connaître les résultats de votre Cérémonie.

J'avalais difficilement ma salive et observai les autres Élus : nos regards dérivèrent vers Melkior qui allait annoncer les résultats. Ce dernier s'avança et se prosterna très élégamment devant l'empereur, avant de s'adresser à tous :

- Empereur, Mage, Territoriens et Territoriennes, commença-t-il, voici les résultats de la Cérémonie : Hypolit s'est lié à Alastor le démon de la hache, sa partenaire avec Haborym celle du fouet, Grey a pactisé avec Baal et Bael des pistolets et sa partenaire avec Ragnarok, Liz sera épaulée par Ersulie de l'arc et Alexei par Shiryu. Agartha maniera Beelzebuth la rapière et je manipulerai le livre de toutes magies : Azoth.

Il prit un moment pour respirer, avant de poursuivre son annonce, malgré la foule de nobles soit déjà en pleine discussion. Je soufflai bruyamment. Ces nobles ne savaient-ils donc pas se taire ?

- Silence ! intervint l'empereur avant de s'adresser à Melkior qui semblait vouloir se tasser devant lui, poursuis je te prie.

Melkior replaça ses lunettes.

- Oui... Euh, et enfin, l'héritier combattra avec Léviathan de la lance, tandis que sa partenaire Toki se battra avec Jormungand !

À peine avait-il prononcé ces mots, qu'une vague de commentaires indignés, tous plus désagréables les uns que les autres, s'éleva dans la seconde.

"Je n'y crois pas : une humaine a obtenu les machettes démoniaques !"

" C'est impensable voyons, il doit y avoir une méprise..."

"Je refuse d'y croire. D'abord elle humilie une des nôtres et maintenant elle s'empare du bien le plus précieux de notre ère ?! Hors de question !"

Que d'irritables commentaires j'entendis à ce moment. De quoi briser la confiance en soi de plus d'une centaine de personnes.

Julius (l'empereur) parut surpris sur le moment. Un étonnement tout à fait justifié, étant donné que j'avais "pris" ce que tous s'attendaient à voir en possession de l'héritier du trône.

Mais bizarrement, l'empereur ne semblait pas irrité, ni même frustré par le résultat.

- Assez ! ordonna-t-il, les résultats sont les résultats...

Le silence revint aussi vite qu'il était parti.

- Votre Altesse, intervint en se prosternant à ma gauche un noble tout maigre aux cheveux noirs de jais, comprenez bien que c'est assez inhabituel de voir cette...humaine en possession d'un bien aussi précieux que le démon Jormungand dont le pouvoir dépendra de notre survis...

Le roi souffla bruyamment et lança un regard noir à cette homme aux dents jaunis par le venin qu'il crachait.

- Comte Karies...

- Votre Majesté...

- En quoi les résultats vous concerne ? Vous n'êtes pas un Dieu, je me trompe ?

Le comte frissonna.

- Je-je n'oserais pas votre Majesté, se rattrapa-t-il, mais voyez-vous, nous voyons cette malheureuse bien qu'hasardeuse décision divine comme un signe que l'humaine commence à...comment dire...prendre un peu trop d'importance.

Les messes basses repartir de plus belles et montèrent au crescendo.
Je n'aimais vraiment pas ce comte Karies, bien que son nom de famille était plus que révélateur qu'en à l'immonde image que donnait ces dents de lapin.

Dans la discorde, le comte se tourna vers moi et afficha un sourire de vainqueur : il savourait le bazar qu'il avait provoqué.

- Si vous me le permettez votre Altesse, j'aimerais dire quelques mots.

La voix de la blonde de tout à l'heure retentit soudainement. Elle s'était avancée près du trône, sortant par la même occasion du groupuscule malsain qu'avait formé les nobles.

Je l'aurais probablement appréciée si elle ne lorgnait pas autant sur Jonathan, mais bon, on ne peut pas être ami avec tout le monde...

- Ryn Malyce, commenta l'empereur, parle nous t'écoutons.

- Merci votre Altesse, fit-elle en une gracieuse révérence avant de se tourné vers le lapin, non sans un regard plein de tendresse pour Jonathan qui lui sourit en retour.

Mon sang ne fit qu'un tour : la jalousie s'était emparée de moi, et elle allait rester pendant un bon moment.

- Comte Karies, commença la jeune fille en lui jetant un regard de défi, je crois savoir que vous tenez notre Déesse en haute estime, vous n'oserez tout de même pas allez à l'encontre de sa décision qui a été de placer sa confiance en Jormungand, si ?

- Je n'oserai pas voyons, cependant je-

- Je sais aussi que vous ne vous opposerez pas à notre loi la plus sacrée concernant la Cérémonie, je me trompe ?

Le comte commençait à s'enfoncer. Et plus il s'enfonçait, plus je jubilais.

- Non, bien sûr, mais je pensais peut-être que le pays aurait besoin de-

- Oh ? Vous pensiez ? Mais votre avis n'intéresse nullement sa Majesté, se moqua-t-elle en le regardant avec peine, ce dont la pays a besoin ne vous regarde pas, comte Karies, cette tâche est déjà prise par l'homme qui se tient devant vous.

- O-oui, cela va de soit, jamais je n'oserais m'opposer à une décision de notre empereur, je-

- Parce que vous y avez pensé peut-être ? enchaîna-t-elle sans faillir.

Le comte se décomposa. Ces paroles s'étaient retournées contre lui. Mais la blonde n'en avait pas fini et prit un air choqué.

- Non seulement, vous donnez votre avis de manière discourtoise et inopinée, mais en plus vous pensez que ce que vous faites est bien ?

Des messes basses circulèrent parmi les convives : le comte était dans un sacré pétrin.
Elle était redoutable cette Ryn...

Karies était devenu tout blanc comme un linge propre sortit du tambour après quatre heure de blanchissement. Cela créait d'ailleurs un drôle de contraste avec le jaune citron de ces dents.

- Alors ? Qu'avez-vous à dire, comte Karies ? interrogea l'empereur en profitant de sa détresse.

Le comte n'avait strictement rien à dire.

- Je-je...

Ryn prit une mine faussement soucieuse.

- Qu'avez-vous comte ? feint-elle habilement, vous êtes tout pâle...

- Je-je...

- Décidément, comte, vous n'avez pas les idées claires, l'acheva-t-elle en tournant les talons, vous devriez rentrer vous reposer...

Incroyable. Elle venait de battre le comte à son propre jeu.

Ce dernier se prosterna devant l'empereur.

- P-pardonnez ma méprise, tenta-t-il, j-je vais prendre congé...

Il tourna les talons, non sans un regard méprisant à Ryn, et sortit de la salle.

Le silence était revenu quand la blonde s'était de nouveau fondu dans la masse. L'empereur se leva du trône.

- Bien, clama-t-il, que se soit clair, les résultats seront respectés et le choix des démons honorés. Que ceux qui ne sont pas d'accord avec la loi divine se manifestent !

Un silence digne des plus grands monastères remplaça les bruitages d'indignation des nobles.

- Ainsi soit-il, conclut l'empereur avant de se tourner vers nous, Elus, vous avez à présent le pouvoir de combattre les démons, faites-en bonne usage pour nous protéger de ces immondices qui tuent notre peuple !

Nous acquiesçâmes en coeur.

Zayne prit à son tour la parole.

- Vous avez quartier-libre pour le reste de la journée, je vous contacterai pour vous indiquer l'heure de votre entraînement avec vos nouvelles armes.

Il avait raison, nous devions nous préparer afin d'être prêts à tout instant.

- Que tout le monde retourne à ses occupations ! ordonna l'empereur, seul mon fils Jonathan restera, j'ai à lui parler...

Ah. L'empereur voulait parler à mon partenaire, alors que je pensais que le problème avait été réglé depuis longtemps.

Le mage nous félicita brièvement avant de disparaître comme à son habitude, et la salle se vida peu à peu.

Les nobles sortirent précipitamment tout en discutant des dernières déclarations qui avaient été faites : ils prennent déjà un malin plaisir à me critiquer dans mon dos.

Je sortais de l'immense salle et, accompagnée des Élus, je me retournais une dernière fois vers la pièce vide d'agitation, et dans laquelle Jonathan et son père qui allaient discuter.

Les lourdes portent se refermèrent sur le visage de mon âme-sœur qui regardait son père avec frustration. Malgré les portes bien closes devant moi, je continuai de les fixer le regard las.

Je m'inquiétai bien trop pour Jonathan pour décider de m'en aller et retourner dans ma chambre comme si de rien était.
Je voulais absolument être là pour lui.

Encore une marque de faiblesse de ma part.

- Tu veux qu'on patiente ensemble ?

Je me retournai soudainement et fis face à la blonde, dont la voix venait de m'arracher de mes longues et mornes lamentations.

- Euh...

Je la fixai. Ces yeux d'un brun doux quasi miel, reflétaient toutes les grâces du monde. Pourquoi fallait-il qu'elle soit aussi belle ?

- Mais quelle maladroite je fais, souffla-t-elle en frappant son front, je ne me suis pas encore présentée : je m'appelle Ryn Malyce, seconde fille de la famille Malyce, grands orateurs et négociateurs de Territori.

Elle semblait particulièrement enthousiaste à l'idée de faire ma connaissance.

Mais pas moi.

- Je suis Toki Wyatts, partenaire et âme-sur de Jonathan, enchantée, racontai-je faussement souriante.

Elle haussa un sourcil interrogateur.

- Tu sais, tu n'as pas besoin d'être jalouse Toki, en faite je suis l-

"Toki, tu fais quoi ?"

Alexei venait de la couper dans son élan. Le jeune homme s'approchait de moi accompagnés des autres Elus.

- Bah alors ? T'as perdu ton chemin ? ricana Alexei en me tapotant l'épaule.

Trouble-fête...

- Non, j'attendais Jonathan en bonne compagnie...

Le blond se tourna vers Ryn en écarquillant les yeux.

- Mais, t'es la fille de tout à l'heure !

La jeune fille rigola faiblement en couvrant sa bouche de sa main.

Le monde est vraiment injuste, même quand elle rigole elle reste gracieuse...

- Alexei ? C'est ça ? demanda-t-elle au blond qui venait d'être rejoint par les autres.

- Oui, et tu es...

- ...Ryn Malyce, imbécile, le coupa Melkior qui était en train de feuilleter un livre (encore) sorti de nulle part (encore).

Notre petit groupe était à présent rassemblé devant la porte du trône.

Ryn se présenta de nouveau et tous en firent de même. Connaissant déjà le speech des présentations, je me retrouvai de côté, à contempler de nouveau la porte qui restait désespérément close.

- Et donc, comment as-tu connu Jonathan ? demanda Liz avec curiosité.

Je tendis discrètement l'oreille.

- Jonathan et moi nous sommes rencontrés, il y a maintenant deux ans, lorsque je venais au palais pour une affaire pressante, je l'ai rencontré à la bibliothèque impériale et...

- Et ?

- Et on a discuté, conclut-elle, je l'ai trouvé très mature pour son âge, mais c'était encore un jeune garçon un peu colérique...

Tu m'étonnes, j'en fais les frais depuis un jour...

- Mais dis-moi, interrompit Alexei, j'ai l'impression que tu es plus âgée que nous, quel âge as- aïe !

Liz venait de le pincer. Encore.

- On ne demande pas l'âge d'une femme qu'on vient de rencontré ! C'est impoli ! s'indigna la rousse.

Le blond frotta son bras endolori.

- C'est pas ce que tu m'as dit la première fois qu'on s'est rencontrés, tu étais même plutôt coopérati- aïeuuh !

Liz était toute rouge. Ce gars ne savait vraiment pas quand la fermez...

- Alexei, interpela Agartha.

- Quoi ?

- Tais-toi.

- Pfff, c'est toujours moi...

Ryn rigola et les Elus l'accompagnèrent. Quant à moi, j'étais beaucoup trop occupée à penser à mon partenaire pour me laisser aller ainsi à la légèreté du moment.

La blonde répondit tout de même à l'interrogation du partenaire de Liz.

- C'est exact, je suis plus âgée...

Je me disais aussi...

"Toki !"

On m'interpela de nouveau. Je tournai la tête en même temps que les autres Élus pour faire face à...

- ...Idriss, soufflai-je en le voyant accourir vers moi tout sourire.

Les autres se turent et se contentèrent d'observer la scène qui se déroulait sous leurs yeux.

- J'ai appris que tu avais pactisé avec le puissant démon Jormungand, félicitation !

Je retins un sourire. En voilà au moins un qui se réjouissait pleinement de mon succès. J'avais oublié qu'il avait décidé d'être plus gentil et agréable avec moi : peut-être devrais-je au moins me montrer gentille en retour ? Ne serait-ce que pour entretenir une bonne relation avec le frère de mon âme-sœur...

- Oui, merci Idriss, ça me touche beaucoup.

Le premier prince me regarda intensément.

- Je suis réellement content pour toi, tu le méritais pleinement, je suis-

- Cessez votre petite comédie, prince Idriss, le coupa froidement Ryn qui lançait des éclairs avec ses yeux.

En ce point, elle ressemblait énormément à Jonathan.

Le frère de Jonathan ne releva pas la pique.

- Et puis-je savoir à qui ai-je l'honneur, demanda-t-il avec le ton le plus calme possible, bien qu'on sentait un petit "t'es qui connasse ?" dans sa voix.

Ryn lui fit fasse.

- Vous savez très bien qui je suis votre Altesse, et sachez que votre pathétique comédie n'aura pas raison de moi.

Idriss perdit son sourire. Cependant, il resta courtois.

- Ces cheveux or, et cette langue un peu trop pendue à mon goût : tu dois être une Malyce ?

Ryn se prosterna devant lui, mais la grâce due au respect qu'elle avait pour les personnes qu'elle tenait en estime n'y était pas.

- Ryn Malyce, premier prince je-

- Peu importe, la coupa-t-il d'un geste désinvolte de la main, les personnes qui accusent à tord et à travers ne m'intéressent pas.

Je sentais que l'atmosphère était devenue électrique. Manifestement, ces deux personnages ne s'aimaient pas.

- Moi ? Une fausse accusation ? s'étonna Ryn, c'est bien mal me connaître votre Altesse...

Idriss serra les dents. Il commençait peu à peu à s'énerver.

- Ne t'en fais pas Ryn, lui intimai-je, Idriss ne veut pas de problèmes, il est simplement venu me féliciter pour l'obtention des armes : rien de plus rien de moins.

Je tentai d'apaiser la situation : en vain. Et les autres ne m'aidaient absolument pas.

- Si c'est ce que tu crois Toki, alors tu es vraiment naïve...

Quoi ?!

Je commençai à bouillir intérieurement.

- Et bien vas-y, éclaire-moi, fis-je sur le ton de l'insolence.

Ryn souffla un moment.

- Pourquoi crois-tu que Jonathan s'inquiète autant de ne pas avoir reçu les armes les plus puissantes ?

Sa question me prit de court.

- Euh...je crois que-

- C'est parce qu'en ayant raté ainsi ces armes, il a laissé une possibilité à Idriss de devenir plus puissant.

J'avoue ne pas y avoir pensé...Mais ça ne changeait rien.

- De toute façon, qu'Idriss soit plus puissant ou non ça ne change rien, conclus-je en haussant les épaules, de toutes manières Jonathan est l'héritier légitime du trône.

Ryn se pinça l'arête du nez et me regarda dans les yeux, des ses iris qui venaient de perdre toute leur gaieté passée.

- Diras-tu la même chose s'ils se retrouvent dans l'Arène à Mort ? me demanda-t-elle froidement, tu crois que l'ordre dans la succession a de l'importance une fois là-bas ?

Mon cœur rata un battement. Je n'avais pas pensé à ça, alors qu'elle...

- Le premier prince est simplement venu te remercier de lui avoir mâcher une partie du travail...

Je n'en croyais pas mes oreilles.
Alors depuis tout ce temps...

- C'est vraiment n'importe quoi.

Idriss venait enfin de se manifester. Resté silencieux durant toute la "joute oratoire" il n'avait absolument pas exprimé sa pensée quant à cette affaire.

- Si j'avais voulu affaiblir mon frère, crois-tu vraiment que j'aurais pris la peine de me reposer sur une chose aussi incertaine que les légendes des liens entre Élus et armes ?

Son argument tenait la route. Il reprit :

- Je ne suis peut-être pas aussi brillant que toi, mais je ne suis pas stupide. Prends garde à tes paroles Malyce !

Ryn venait de reculer d'un pas. Il faut dire qu'un Kyros Teker en colère était toujours très impressionnant à voir.

- Toki, me fit-il en se retournant vers moi, je t'assure que ce qu'elle dit est faux. Jamais je ne me servirais ainsi de toi, tu m'es bien trop précieuse...

Il replaça derrière mon oreille une mèche rebelle qui venait de tomber sur ma joue.

- À plus tard...teemina-t-il en quittant les lieux.

Il avait prononcé ces mots sur un ton doux, sans méchanceté, ni agressivité. Mais peut-être y avait-il un peu de tristesse.

J'avais l'impression d'avoir été trop dure avec lui. Croire les paroles de Ryn parce qu'elle parlait bien était une grave erreur. Depuis quand est-ce que je croyais les dires de la première personne venue ?

- Eh ben dis donc, commenta Hypolit en s'approchant de moi, t'es un vraiment aimant à problèmes Toki.

Je soufflai bruyamment.

- Je vais le prendre comme un compliment...

Je jetai un coup d'œil à Ryn : elle me fixait avec insistance en fronçant les sourcils.
Décidément, cette fille m'énervait de plus en plus.

- Tu as besoin de quelque chose Ryn ?

Que cette blonde cesse de me fixer avec ce regard !

- Juste un peu moins de naïveté de ta part : ça nous aidera...

Je serrai les poings. Difficile de se contrôler quand la victime cherche les problèmes, non ?

- Toki, maitrise-toi, me calma Jormungand

- Grrr, mais c'est elle qui a commencé !

Je l'entendis souffler dans mon esprit.

- Contrôle-toi au moins devant ton âme-sœur...

Hein ?

Les lourdes portes s'ouvrirent en un bruit sourd. Je me retournai précipitamment.

- Qu'est-ce qui se passe ici ? fit la voix de mon partenaire qui semblait être...de bonne humeur ?

Jonathan paraissait apaisé. Tout rayonnant et détendu comme s'il avait passé deux mois non-stop sous le soleil et la chaleur de Bora-Bora.

Mon cœur battit à la chamade.

- Jona-

- Jonathan ! cria Ryn en lui sautant dans les bras.

La blonde m'avait devancée.
Je l'avoue, je rangeai intérieurement.

- Houlà Ryn, doucement, répondit mon partenaire en lui rendant son étreinte.

La jalousie me piqua en plein cœur.

- Alors, comment ça c'est passé ? demanda Maestia pendant que je décidai, malgré ma furieuse envie d'aller l'embrasser devant tout le monde, de prendre mes distances.

Jonathan nous expliqua en détaille son entrevue avec son père, comment il l'avait rassuré sur les résultats, que rien au monde ne pouvait le rendre plus fier que ce qu'il faisait déjà depuis sa naissance et à quel point les amis et l'esprit d'équipe était primordial.

Bref, suffisamment de quoi rassurer notre Jonathan qui avait retrouvé sa "clarté" d'antan.

- Je suis vraiment désolé, s'excusa-t-il à notre attention, mon comportement était inexcusable et j'ai agi comme un crétin.

Tout le groupe éclata de rire.

- Si on m'avait dit qu'un jour j'assisterai à ça, rigola Grey en se tenant le ventre, je leur aurais très probablement ris au nez !

- C'est clair, renchérit Anaïs, Jonathan Kyros Teker qui s'excuse ! On aura tout vu !

- Je-je peux mourir en paix ! se marra Alexei en gesticulant dans tous les sens.

Jonathan parut gêné.

- A-assez ! Arrêtez de rigoler ! C'est un ordre impériale !

Les rires s'arrêtèrent brusquement.

- Ah... Ça n'aura pas duré longtemps, plaisanta Agartha, mais bon, tu es pardonné.

Les autres acceptèrent les excuses de mon partenaire qui semblait bien plus satisfait. Cependant, une personne, une fille en particulier, ne l'était pas pleinement.

- Moi, je ne te pardonne pas.

Tous les regards, même le mien, se tournèrent vers celui vert forêt d'une Liz quelque peu contrariée.
Jonathan prit un air sérieux.

- Tu as raison, Liz, ce que je t'ai dis est impardonnable.

Liz semblait encore plus irrité par ces excuses.

- Non mais tu le fais exprès ?! s'énerva-t-elle, ce n'est pas à moi que tu devrais présenter tes excuses, mais à Toki, qui t'attends depuis tout à l'heure !

Je me sentis tout à coup mal à l'aise. Peut-être est-ce parce que je pensais être en parti responsable de ses problèmes et ou bien parce que je savais que son bien-être actuel n'était pas de mon fait.

Tous les regards se braquèrent sur moi, attendant que je dise quelque chose.

- Euh... Jonathan, j-je suis dé-

- Non.

- Hein ?

- Ne t'excuse pas, me dit-il en s'avançant vers moi, me prenant à part loin des autres qui engagèrent une discussion, c'est de ma faute...

- Oui.

- J'ai été lâche...

- Oui.

- J'ai paniqué...

- Mais encore ?

- Je ne sais pas ce qui m'a pris...

Enfin. On arrivait au moment de notre réconciliation. Je cherchai pourtant mille et une raisons de ne pas le pardonner, mais je n'en trouvais pas.

- Je n'ai pas été là pour toi, poursuivis-t-il, alors que tu m'as toujours soutenu...

- En effet...

- Je ne t'ai même pas défendu face à ce crétin de Karies.

- Oui je m'en souviens...

- Heureusement que Ryn était là, elle nous a été d'un grand secours...

Quoi ?!

- Pardon ?

J'avais l'impression d'avoir entendu un compliment sur Ryn. Compliment qui aurait dû être sur moi qui, je le répète, ai subis ses caprices de petit prince héritier à deux balles !

- Je disais que Ryn nous avait bien aidé, fit-il en fronçant les sourcils d'incompréhension face à ma réaction.

- C'est une blague j'espère, Jonathan, parce que dans ce cas, elle n'est pas drôle du tout.

Il me regarda avec incompréhension.

- Je ne comprends pas...

- Tu ne comprends pas ? Tu ne comprends pas ?! Et bien je vais me faire un plaisir de te faire comprendre pourquoi 1+1 font 2 !

Mon partenaire s'amusa de ma colère.

- Je t'écoute, fit-il avec un sourire sur les lèvres en croisant les bras, faisant apparaître son impressionnante musculature qui avait le don de me faire baver.

Tout de suite, je parlai moins.

- Eh bien, je suis celle qui a dû supporter ton humeur massacrante pendant un bon moment. En plus, tu ne m'as pas épargner avec tes regards froids et méprisants ; et malgré tout ça, tu as encore l'audace de la complimenter elle !

Pendant que je me plaignais en faisant ressortir toute ma frustration de ces dernières vingt-de-quatre heures, mon partenaire ce contentait de m'écouter posément et d'acquiescer à tout mes dires : comportement que je trouvais absolument irritant.

- Arrête de dire oui à tout ce que je dis !

- Mmm.

- Jonathan !

- Toki !

Ce crétin se moquait de moi. Et comme à mon habitude, je n'arrivais pas à rester fâcher.

- J'en ai marre, ça m'agace, finis-je en croisant les bras.

Mon âme-sœur décroisa les siens et vint se rapprocha.

- Qu'est-ce qui t'agaces mon cœur ?

J'adorais quand il m'appelait comme ça : ça faisait longtemps.

- C'est Ryn qui m'agace, elle n'arrête pas de te regarder...

En effet, au moment où Jonathan se retourna vers le petit groupe, Ryn lui fit un signe chaleureux de la main. Mon partenaire posa son regard sur moi, puis sur Ryn en revint sur moi.

- Attends, ne me dis pas que tu es jalouse de Ryn ? demanda-t-il hilare.

Je me sentis rougir.

- Non, n'importe quoi ! Comment je pourrais être jalouse de cette sophiste !

Je manquai cruellement de crédibilité, je sais...

- Toki, me dit Jonathan en me tenant les mains, je veux que tu oublies Ryn une seconde et que tu te concentres sur moi. Je voulais m'excuser et j'ai besoin de t'entendre dire que tu me pardonnes, c'est important...

Je le regardai dans les yeux. Il avait l'air vraiment accablé par la culpabilité de ses actions passées. Peut-être devrais-je le pardonner ?

Mon regard dériva cependant sur un spectacle peu agréable à mon humble avis : Ryn regardait fixement Jonathan et ne le lâchait pas du regard.

J'en avais marre de la voir lui traîner autour.

C'est alors que me vint une idée que je qualifierai de "génie" ou de "diabolique" (tout dépend du point de vue...)

- J'accepte de te pardonner, si tu arrête de tourner autour de cette Ryn.

Jonathan fronça de nouveau les sourcils.

- Mais Ryn est mon ami...

- Une "amie" un peu trop collante à mon goût.

- Attends, tu ne vas tout de même pas me poser un dilemme ?!

Il semblait paniqué.

- Comme ce mot sonne bien à mes oreilles...

Il me lâcha les mains, et j'avoue avoir pensé pendant une seconde que mon idée n'était finalement pas si géniale que ça...

Pourtant, malgré la situation dans laquelle il était, il me sourit.

- Ton partenaire prépare quelque chose de louche, m'informa Jormungand en prenant un ton dramatique.

(J'avais la drôle d'impression qu'il nous espionnait...)

- Merci, j'avais remarqué...

Pourquoi il souriait comme ça ? Il n'était pas embêté de devoir se passer de moi s'il choisissait Ryn ?

Jonathan pénétra dans mon espace vital.
Instinctivement je reculai, mais finis par me retrouver dos au mur : aucunes issus de secours en vue.
Il n'hésita pas à se coller à moi, même si les autres étaient à proximité. Jonathan approcha tout doucement sa bouche de mon oreille, et créa une proximité telle, qu'elle m'en donna des frissons.

- Puisque tu veux jouer à ça mon cœur, je vais me prêter au jeu...

J'avalais difficilement ma salive.

- J-je ne vois pas de quoi tu parles...

- Alors laisse moi te faire une petite prédiction : dans moins de deux semaines, me susurra-t-il, tu ramperas à mes pieds en me suppliant de t'embrasser parce que tu ne pourras plus te passer de moi...

Je tentai de le repousser pour reprendre un brin de conscience, ma raison ayant volé en éclat : mais en vain, je faiblissais toujours de désir sous ses mots.

- C-ce serait plutôt à moi de dire ça Jonathan, fis-je avec le peu de d'assurance qu'il me restait, je te prédis sans aucune hésitation que tu te jetteras à mes pieds le premier !

- Vraiment ?

- Vraiment.

Jonathan s'éloigna de moi et ria d'un rire farouchement sensuel :

- J'ai hâte de voir lequel de nous deux faiblira le premier.

Il tourna les talons et s'en alla en sifflotant gaiement, en direction des autres qui l'interpelaient déjà.

Clairement, je n'étais pas prête et j'avais l'impression d'avoir fait une énorme bêtise. Mais je ne voulais pas perdre, alors je devais me tenir prête...

- Jonathan ! l'appelai-je en trottinant en direction du groupe, quand est-ce que notre défi commence ?

Il esquissa un sourire malicieux et se tourna vers Ryn. Je sentais que je n'allais pas aimer.

- Ryn, ça te dirai d'aller prendre le thé avec moi ? demanda-t-il à la blonde qui parut surprise.

- Bien sûr, allons-y...

Ils marchèrent l'un à côté de l'autre.

Arrivés au bout du couloir, Jonathan s'arrêta brusquement et se tourna vers moi :

- Ça déjà commencé ! me cria-t-il.

Je mordais l'intérieur de ma joue de frustration, lorsque les deux amis disparurent à l'angle d'un croisement.

Contenir mes désir, j'en étais capable, mais contenir ma jalousie, c'était une autre histoire.

Et généralement, elle se finissaient plutôt mal, surtout pour la rivale...

☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆

Salut, salut,

Nouveau chapitre 😊

Que pensez-vous de Ryn ?

Relation Ryn/Jonathan?

Le comportement d'Idriss ?

La suite arrive 😚 !

N'hésitez pas à voter, commenter et partager !

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