CHAPITRE 22 : Premier Compte-rendu

- Vous pouvez descendre à présent, déclara-t-il en levant les yeux vers nous, je vous ai répérés bande de petits fouineurs !

Il nous avait repérés ?!

Notre groupe hésita un instant.

Enfin, ça c'était avant que Jonathan ne saute par-dessus le balconnet pour atterrir souplement juste en face de son frère.

- Jonathan ! criai-je.

Trop tard. Monsieur lançait déjà un regard malfaisant à son frère qui ricanait doucement.

Nous rejoignîmes les deux princes en dévalant les escaliers.

- Pfff, c'est d'un pathétique Jonathan, se moqua Idriss, tu n'es même pas capable de cacher ton aura meurtrière. C'est indigne d'un héritier du trône...

- La ferme ! s'énerva mon âme-soeur.

Jonathan était sorti des ses gonds.
C'était bien la première fois que je voyais une telle colère. Et d'une intensité telle, qu'il en avait sauter par-dessus la rampe d'escalier.

- Jonathan ! Calme-toi ! ordonnai-je en lui tenant le bras.

- Non ! Je ne me calmerai pas ! Je veux savoir ce qu'il faisait avec Angelina !

J'avoue avoir ressentie un léger pincement au niveau du cœur.
J'espère pour lui que ce qui l'intéressait était le contenu de la conversation, et non l'autre individu avec qui elle avait été entretenue...

Idriss le toisa de haut.

- C'était supposée être une conversation privée, alors je ne veux que tu en saches davantage.

Jonathan s'énerva de plus belle.

- Allez ! Parle !

Ce fut au tour de Liz de s'interposer.

- Calme-toi Jonathan, ce n'est certainement pas en s'énervant qu'il parlera...

Jonathan fronça davantage les sourcils et dévisagea Idriss avec toute la haine qu'il possédait.
C'était vraiment flippant.

Je tentai de nouveau de m'interposer, avec cette fois, un peu plus de douceur :

- Mon cœur, arrête ça s'il te plaît...

Jonathan ne prit même pas le peine de me regarder dans les yeux pour me répondre.

- Hors de question ! Je veux savoir, et je saurai !

Quoi ?! Tu oses m'ignorer ?

Mon âme soeur était incontrôlable, mais Idriss, hilare, se moquait ouvertement.

- Tu ne connais pas la définition du mot "privée", mon frère ?

- Ne me prends pas pour un con Idriss, ou je t'assure que tu vas amèrement le regretter !

Idriss perdit son sourire, et ça, c'était mauvais signe.

- Tu me menaces ?!

Jonathan souria, content d'avoir enfin obtenu une réaction de la part de son frère.

Mais moi, je commençai à bouillonner.

- Oh que oui je te menaces, et tu vas p-

- ÇA SUFFIT ! intervins-je extrêmement irritée.

J'étais vraiment agacée par Jonathan qui m'ignorait royalement et par son frère qui ne cessait de le provoquer.

Les deux princes se retournèrent tout étonnés.

Cette expression "d'étonnement innocent" sur le visage de Jonathan, m'apaisa brusquement.

- Jonathan, calme-toi tu veux ? lui dis-je plus calmement, on trouvera bien un moyen de découvrir ce qu'ils se sont dis, ce n'est qu'une question de temps !

Jonathan, bien que peu convaincu, se détendit un peu, et souffla bruyamment en passant la main dans ses cheveux.

- Ok...

De son côté, Idriss, qui ne semblait plus du tout énervé, m'observa intensément.

Pitié Idriss, pas devant Jonathan !

- Quelle caractère, quelle femme... fit-il tout sourire en me fixant de ces yeux clairs.

Jonathan le foudroya du regard, alors qu'Idriss se contenta de l'ignorer.

Même si mon doudou...heu...Jonathan s'était vaguement calmé, j'avais une furieuse envie de le taquiner un peu, comme une punition pour m'avoir ignorée tout à l'heure.

Et puis, si du même coup je pouvais implicitement faire comprendre à Idriss que je voulais qu'il me laisse tranquille, alors c'était une bonne entreprise.

Je souris malicieusement.

- Jonathan, fis-je toute mielleuse en ouvrant mes bras, fais-moi un câlin...

Mon partenaire haussa un sourcil.

- Pourquoi ?

Pourquoi résistes-tu comme ça ? As-tu trop de fierté pour me faire un câlin devant ton frère ?

Ah...les garçons...

Faisant face à un mur de résistance de sa part, je alors sortis ma boîte secrète :

Je lui fis la moue.

- S'il-te-plaît, j'aime pas quand tu es en colère...

Il râla un peu, souffla un moment, puis s'avança pour me faire un gros câlin : bien chaud et au doux parfum mentholé comme je les aime.

En observant une telle proximité, Idriss perdit son sourire.

Tant mieux... il avait enfin compris...

Tout le contraire des filles du groupes qui lançaient des "Oawww, c'est trop mignon !" ou des "Vous êtes trop chous !" à tout va.
Je crus même entendre Liz demander à Alexei de "prendre exemple sur Jonathan" pour être plus romantique.

Mon partenaire sembla apprécier le moment, même si je savais pertinemment qu'il n'aimait pas se donner en public.

- Pardon mon coeur... me chuchota-t-il au creux de mon oreille.

Je lui répondis par un "c'est pas grave", et l'enlaçai de plus belle.

Idriss, lui, bouillait intérieurement pendant que je savourais mon câlin avec mon âme-sœur.

Lorsque je l'observais du coin de l'oeil pour contempler sa réaction, le premier prince afficha subitement un sourire morbide sur le visage.

C'est ainsi que je perdis le mien.

Et mon cerveau, qui tournait à toute vitesse, parvint à lire sur ses lèvres, un message qui me glaça le sang.

"Tu le sauras bien assez tôt"

Après l'avoir délivré, Idriss le mage de vent tourna les talons, puis s'en alla sans réclamer son dû.

Je me détachai de mon partenaire, toujours tremblante face aux prédictions du premier prince.
Ce qu'il avait dit n'augurait rien de bon.

- Ça va ? me demanda Anaïs.

- Heu...ouais.

Oh non ! Je commençais à psychoter :
Est-ce qu'il était le traître ? Qu'allait-il me faire ? Pourquoi a-t-il sourit comme ça ? Qu'est-ce qu'il faisait avec Angelina ? Et elle, que faisais-t-elle avec lui ? Est-ce qu'elle souhaitait se venger ?

Trop de questions se bousculèrent dans ma tête. Heureusement, Anaïs mit fin à ce supplice avec une pointe d'humour.

- Heu...Toki ? Tu es sûre que ça va ? On dirait que t'as vu Alexei en maillot de bain !

Alexei en maillot de bain ?

J'essayai alors d'imaginer le grand blond en maillot, mais impossible d'avoir une image très nette.
Il devait forcément gardé sa nonchalance habituelle : résultat, aucune image charismatique de lui en slip de bain ne parvint dans mon esprit. Mais à la place, des images de lui en slip kangourou : À l'aide !

Sa combinaison de l'autre nuit m'avait vraiment marquée.

- Hahaha, rigolai-je hilare, ne t'inquiète pas, je n'ai encore rien vu de ce genre !

Le petit groupe partit dans un fou rire, ce qui eut pour effet de détendre l'atmosphère.

- De toute manière, je suis bien trop sexy pour vous ! précisa-t-il faussement indigné, vous ne méritez même pas de me voir porter mon somptueux slip de bain kang-

- Pitié Alexei ! le coupa Liz en mettant les mains sur son visage rougis par la gêne, ils n'ont pas besoin de savoir ça !

Les rires repartirent de plus belle.
L'atmosphère s'était intimement réchauffée.

J'essuyai les larmes de rire de mon visage, lorsque tout à coup, je fus interrompue par les vibrations de mon cristal.
Et à la surprise générale, ceux des autres Élus vibraient aussi.

Étonnée, je dévérouillai la plaquette.

- C'est un message urgent...

- Espérons que se ne soit pas une autre des blagues tordues de Breckus, souffla Maestia.

Je l'espèrais pour lui !

- Non, confirma Hypolit, ça vient du maître mage, et les nouvelles ne sont pas bonnes....

En effet, la nature du message me coupa l'appétit.
Et choquée, je lus les nouvelles à haute voix :

- "Apparition d'une horde de type Arena au Sud du royaume de Cirilas. On a pu dénombrer une centaine de blessés parmi la dizaine de morts, tombés sous la violence des démons. La fréquence d'ouverture des portails augmente, il est impératif que les Élus obtiennent leurs armes dans les plus brefs délais. Aussi votre Cérémonie de remise des Joker Demonium aura lieu après-demain dans la matinée. Les Élus doivent se tenir prêts, parceque la guerre a réellement commencé..."

J'achevai la lecture, troublée par les révélations du maître Zayne.

Un silence de morts s'abattit sur notre groupe.

Certains arboraient un faciès qui rendait compte de leur inquiétude, quand d'autres ressentaient de la rage et/ou de la peur.

En bref, c'était la merde.

***************************

Le lendemain matin.

Un horrible bruit de vibrations me titilla l'oreille, encore affaiblie par le silence de la nuit.
Je me redressai difficilement dans mon grand lit moelleux à baldaquin.
Et, de mon bras lourd, je cherchai à tâtons mon cristal qui vibrait avec conviction.

Quelqu'un m'appelait.

- Oui ? fis-je à peine réveillée.

- Mon cœur ? m'appela Jonathan, tu n'es pas encore debout ?

Pourquoi personne ne comprend l'importance d'un sommeil réparateur ?
Qu'il arrête de me déranger, le sommeil c'est sacré !

- Mmm, non, j'ai encore sommeil...

Je l'entendis souffler.

- Il faut que tu te lèves mon cœur, les Élus doivent se réunir dans dix minutes pour le petit-déjeuner...

Et c'est pour ça que tu m'appelles ?

- J'ai eu une journée difficile hier, lui dis-je un brin irritée, l'Arène à mort, ma cohabitation avec Ilvana Na'elik, Grendel l'épée légendaire, ça te dit quelque chose peut-être ?

Cette fois-ci, le silence fut la seul réponse que j'obtins.
Parfait ! monsieur avait raccroché, j'allais enfin pouvoir me rendormir.

Le prochain que me dérangeait était mort !

Je posai mon cristal sur la table de chevet et remis ma couette sur mon corps encore chaud, laissant échapper un soupir de satisfaction qui reflétait ma béatitude.

Mais une voix inopinée, me tira de ma tranquillité.

- Alors là, même pas en rêve.

Je sursautai et me retournai pour mieux apercevoir ma victime prochaine.

Jonathan.

- Mmm, ce n'est que toi, déclarai-je en renfermant les yeux.

- Debout trésor, ou on va être en retard.

Non ! Laisse-moi dormir !

- Non.

- Tu es sûre ?

- Je n'ai jamais été aussi sûre de ma vie...

Il ne répondit pas.

Enfin ! À moi la tranquillité !

Malgré ma tranquillité retrouvée, j'entendis des bruits de pas qui se dirigeaient vers mon lit.

Jonathan. Encore.

Mon partenaire leva un morceau de ma couverture de velours rouge et figea son geste pendant un moment, avant de la laisser retomber.

Je fonçais les sourcils de mon visage endormi.

Qu'avait-il bien pu regardé sous mes draps ?

- Mon cœur ?

- Mm ?

- J'ai une question...

- Mm ?

- Pourquoi tu dors nue ?

QUOI ?!

À ces mots, je me levai brusquement et ramenai le plus de couverture possible sur moi.

La journée d'hier avait été tellement fatigante et stressante, que je m'étais endormie comme un loire juste après mon bain moussant.

Je rougis instantanément sous le regard de mon partenaire que ma réaction avait fait sourire.

Ah, même le matin il est irrésistible...

Je jetai un coup d'oeil sous mes draps.

Ouf ! J'avais une culotte...

- Non mais ça va pas ?!

Jonathan rigola en un délicieux sourire.

- C'était ça ou le verre d'eau froide !

- N'y avait-il rien de plus "romantique" ? demandai-je toujours un peu gênée.

Il me regarda un moment.
De son intense regard, il me déshabilla.
Il me scrutait si lentement, que je me sentais nue et j'avais l'impression de ne pas avoir de culotte du tout...

- Il y avait un autre moyen, déclara-t-il sensuellement, mais je crois que ton cœur n'aurait malheureusement pas tenu...

Crétin !

- C..com...comment...oses-tu ?! bégayai-je aux portes de la honte, sors de là immédiatement ! Il faut que je m'habille !

Je lui lançai un de mes coussins de soie qu'il attrapa sans le moindre effort.

- Hum... bleu azur ? s'étonna-t-il en scrutant mon coussin avant de me le renvoyer, il va vraiment falloir qu'on change la couleur des tes draps si tu veux qu'on habite ensemble ; j'ai une nette préférence pour le noir...

Ensemble ? Dans le même lit ?

Mon cerveau bugga. Et de nouveau, le rouge remplît mes joues.

- Jonathan ! Dehors !

Mon doudou rigola et quitta les lieux, non sans un petit clin d'oeil qui fit chavirer mon cœur.

Oh, mon dieu !

À cette cadence, je n'allais pas pouvoir tenir encore longtemps.

Je me levai en vitesse, après avoir vérifié du coin de l'oeil que mon partenaire était bien sorti.
Je fis ma toilette, peignai mes longs cheveux noirs et les attachai en une queue de cheval rapide.

Je sortis de ma salle de bain, afin de me diriger vers la commode. J'enfilai un jean bleu décoloré, et un t-shirt à manches courtes vert au décolleté plongeant.

- Dépêche-toi ! me pressa Jonathan derrière la porte.

- Oui oui ! J'arrive !

Je me précipitais vers mes bottines de cuirs noirs et les enfilais après avoir mis une paire de chaussettes en coton.

Je mis mon cristal sur mon poignet et me regardais une dernière fois dans la glace, avant de sortir de ma chambre.

- C'est bon on peut y aller !

Jonathan me souria et m'attrapa la main, direction la salle commune pour le petit-déjeuner.

Chemin faisant, mon partenaire et moi avions pas mal discuté.
En effet, il s'inquiétait grandement de l'état de santé de sa mère qui commençait à se dégrader.

Le mage noir avait réactivé le sort : l'mpératrice allait bientôt me convoquer.

J'avais beau essayé de le rassurer un maximum, en vain. Il était presque entièrement convaincu que la mort sa mère se rapprochait lentement, et il maudissant cette "maladie" de tout son être.

Cela m'attristait beaucoup, de ne pas pouvoir lui dire la vérité. Mais c'était nécessaire pour retrouver le traître.

Enfin, nous arrivâmes salle commune.

- Mais voilà la Joilie à la forêt dormante ! commenta Alexei toujours très "fin" dans ses prises de parole.

"La jolie à la forêt dormante" ?

Comment avait-il pu confondre la "Belle au bois dormant" avec "la Jolie à la forêt dormante" ?

Inutile de lui dire que sa culture Terrienne est assez limitée.

Sans oublier le fait que ses blagues, balancées au gré du vent de bon matin, étaient assez dures à supporter...

- Bonjour Alexei... fis-je en me frottant l'arête du nez.

Ce dernier était assis sur sa chaise, et comme tous les autres Élus, faisait face à un véritable festin.
Ce mélange de plusieurs plats aux saveurs diverses réveilla mes papilles en titillant mon odorat.

Jonathan, qui tenait toujours ma main, m'entraîna vers deux places libres, côte à côte l'une de l'autre.

- Bonjour tout le monde ! m'exclamai-je à l'attention des Élus en m'essuyant sur ma chaise.

Tous les Élus me répondirent gaiement.

- Salut ! Bien dormis ? me demanda Maestia qui venait de déposer un gâteau au chocolat sur l'immense table déjà remplie.

- On peut dire ça...

Je sentis Jonathan ricaner à ma réponse.

Super, ravie que mon manque de sommeil, causé par ta subite irruption dans ma chambre, te fasse rire...

- Qu'est-ce que c'est ? demandai-je à Maestia en montrant le gâteau au chocolat.

- Une de mes créations ! répondit-elle fièrement.

- Maestia est très douée en pâtisserie, complimenta Hypolit en découpant son œuf au plat.

Intéressant...

- Et sinon, pourquoi on est tous là ? demanda subitement Grey qui se découpait une part de tarte aux pommes.

- Pour parler de la Cérémonie de remise des armes, expliqua Melkior qui plia en deux le journal qu'il lisait.

La Cérémonie. Un moment très important pour nous, Élus, puisqu'elle nous permettra de récupérer les armes qui nous aideront dans notre combat face aux démons.

Pendant que Melkior parlait, je m'étais servie plein de bonnes choses qui débordaient dans mon assiette.
J'avais le ventre qui gargouillait à la vue des œufs et saucisses, des tartes aux fruits inconnus et des différents jus de fruits qui coloraient la table.

- Tu es sûre que tu vas réussir à tout finir ? me demanda Agartha qui regardait mon assiette remplie à ras-bord.

- Mais oui ! fis-je très enthousiaste en plongeant sur les saucisses bien juteuses.

- Vraiment ? insista mon âme-sœur qui buvait une tasse de café noir.

Mais. Laissez-moi manger !

- Tu vas me laisser manger oui ? Tu m'as déjà volé mes heures de sommeil réparateur, et maintenant tu veux me couper l'appétit ?

Jonathan, café en main porté à sa bouche, manqua de s'étouffer avec.

Pourquoi avait-t-il sursauté comme ça ?

- Quoi ?! fit Alexei tout sourire, vous êtes passés à l'étape supérieure ?

De quoi ce guignol parlait-il ?

Ah.

À ce moment précis, je me rendis compte que mes propos portaient à confusion.

"Tu m'as volé mes heures de sommeil"

À ce moment-là c'était gênant, très gênant.

- He-hem..., intervint Melkior, je crois que ce ne sont pas nos affaires.

Vite ! Change de sujet !

- Et d...donc tu di...disais quoi s...sur la Céré...Cérémonie, baguayai-je complètement gênée.

Attrape cette perche Melkior ! Pitié !

- Ah oui, se reprit-il en poursuivant ses dires, de ce que je sais, le temple se trouve actuellement au nord de l'empire.

Ouf, il avait changé de sujet...

- Et c'est loin le nord ? demandai-je intriguée en mâchant mon œuf dur.

- Pas tellement, répondit Liz en buvant son eau, si on s'y rend par téléportation, ça ne prendra que quelques secondes.

Oh non, pas la téléportation...

Melkior nettoya ses lunettes à l'aide d'un mouchoir de soie brun, dont il se saisit habilement, en plongeant la main dans une des poches intérieures de sa veste.

- Lors de la Cérémonie, poursuivit-il, nous serons seuls et livrés à nous-mêmes. Chacuns d'entre-nous devra faire un choix et former un pacte avec un démon !

Glups. Former un pacte avec un démon. Un vrai.

J'en perdis l'appétit.

- J'imagine qu'il y a des interdits et des règles, non ?

- Tout à fait Toki, intervint Alexei, et je compte sur toi pour ne pas faire de bêtises !

Ce serait plutôt à moi de dire ça...

Melkior replaça ses lunettes.

- C'est bien ça, confima-t-il, mais sachez une chose, même si vous préférez un démon à un autre, le choix final reviendra au démon.

Carrément... on se croirait au marché.

- Alors si on veut tous la même arme, c'est le démon qui choisira avec lequel d'entre-nous tous il veut former un pacte ?

- C'est exact, me répondit Jonathan, les autres Élus qui n'auront pas été choisis, devront faire un choix parmi les démons restants...

Ah. Pendant que le meilleur récupère le Graal, les autres doivent se contenter des armes d'occasions.

- La répartition ne risque pas d'être un problème, expliqua Hypolit en jouant habilement avec un couteau, la légende raconte que tous les Élus ont déjà été prédestinés à une arme en particulier : elles leurs seraient fidèles et ils seraient liés par les étoiles...

Hein ? N'importe quoi.

- C'est des conneries, assura Alexei en tartinant sa biscotte de confiture, depuis quand tu crois à ce genre d'histoire ?

Hypolit reposa son couteau.

- Depuis que j'ai appris qu'on visait à peu près tous le même démon.

Sérieux...

- Bah alors ? Pourquoi tu nous dis ça ? insista Alexei.

- Pour éviter des tensions inutiles au sein du groupe. Chacun d'entre-nous aura le démon qui lui était destiné, alors il est inutile d'espérer quoi que se soit en avance, vous risquerez d'être déçus.

Super sympa le gars... On sent que la confiance règne.
N'empêche, j'avais rarement vu autant de "compassion" de sa part.

- Tu n'as pas besoin de me le dire, répondit Alexei en croquant dans sa biscotte, je sais que je suis promis à un grand destin !

- Mais bien sûr... souffla Hypolit.

Le pauvre, son discours n'avait servi à rien : Alexei n'avait rien écouté.

- Et donc ? demandai-je impatiente, comment on forme un pacte ?

Les Élus se tournèrent vers moi, étonnés.

- Quoi ? Tu ne sais pas ? insista Grey.

- Quelle ignorance, souffla Melkior.

Ils commençaient sérieusement à m'agacer.

- Hé ! Je vous rappelle que je suis une Terrienne, alors entre vos rituels mystiques et vos babioles vaudoues, je suis complètement larguée !

- Quand même... ajouta Alexei.

Ça m'irritait franchement.

- Allons, du calme, intervint Jonathan, elle est encore novice, ce n'est pas de sa faute si elle ne sait rien...

Quoi ?!

Les Élus gloussèrent un peu.

- Jonathan, est-ce que par hasard tu ne serais pas entrain de te foutre de moi au lieu de me défendre ?

- Laisse-moi réfléchir, hum...si.

C'est bon. T'es mort.

- Crétin ! Je vais te-

"Toc toc toc"

On frappa à la porte.
Alors que je m'apprêtais à tuer l'homme de ma vie, je rangeais mon couteau de table et me rassis promptement sur ma chaise.

- Entrez ! fit un Jonathan complètement hilare.

Deux gardes en uniforme pénétrèrent dans la salle commune. Ils étaient armés et particulièrement élégants dans leur uniforme de l'empire.

- Votre Altesse, Élus, saluèrent-ils en s'inclinant devant nous.

Je me sentais mal à l'aise. Des gens qui s'inclinaient devant moi, je ne voyais pas ça tous les jours. Enfin, ça c'était avant mon arrivée ici il y a environ un mois.

Jonathan, tout comme les autres Élus, ne semblait nullement gêné, et continuait de découper sa viande.
Il ne prêtait pas plus attention aux gardes qu'aux servantes qui vinrent remplir son verre de jus de pomme.

Cette froideur naturelle lui donnait un air charismatique.

Il était vraiment trop beau...

J'en oubliais parfois qu'il était un prince. Un prince avec un royaume et des responsabilités.

- Qu'y a-t-il ? demanda mon partenaire le regard froids et l'air sérieux.

- Votre Altesse, sa Majesté l'impératrice nous envoie chercher l'Élue Toki, répondit un garde qui se tenait aussi droit qu'un piquet.

Jonathan arrêta de manger, et les Élus en firent de même.

À ma grande surprise, ils étaient stupéfaits.

- Et en plus tu côtoies l'impératrice ! gémit Alexei, le monde est vraiment injuste...

Le blond croisa ses bras.

- Mais quel gamin, souffla Liz.

Jonathan avait regarder les gardes qui tremblaient comme des feuilles.

Relax, messieurs les gardes, mon doudou ne va pas vous manger !

- Et que veut ma mère à Toki, alors qu'elle devrait plutôt songer à se reposer ?

Le garde le plus petit des deux, avala difficilement sa salive.

- Son impériale Altesse souhaiterait s'entretenir d'affaires d'état avec l'Élue Toki.

Jonathan haussa un sourcil interrogateur.

- D'affaires d'état ?

- O...oui...votre majesté !

Les pauvres, je devais les sauver de cette situation.
Jonathan avait beaucoup de prestance. Moi-même, j'avais un peu de mal au début, mais son charme avait fini par prendre le dessus.

Je sentais leur inconfort à des kilomètres, et je jurerais même avoir vu le plus grand des deux commencer à fondre...

- Ah mais oui ! fis-je subitement attirant l'attention des gardes et des autres Élus, la dernière fois que je suis allée la voir, on avait parlé de mon statut de représentante des Humains. Peut-être a-t-elle encore d'autres conseils, ça avait l'air de lui tenir à coeur...

Jonathan me regarda un moment avant de souffler sa défaite.

- Ok, vas-y, je t'attendrai dans dans le jardin de l'aile est. Rejoins-moi là-bas dès que tu auras fini. Et s'il te plaît, ne fatigue pas trop ma mère...

Ah bah quand même, c'était passé.

- Promis mon cœur ! lui souriai-je en me levant après m'être essuyé la bouche.

Je saluai les autres et me dirigeai vers la sortie.

- Toki ! m'appela mon partenaire, tu es sûre que tu n'oublies rien ?

J'observai la salle commune. Aucunes de mes affaires ne s'y trouvaient.

- Non. Quoi ?

Il me tendit sa joue.

- Tu n'es pas sérieux...

- Si. Allez, c'est un ordre impérial !

Du grand nimporte quoi ces princes...

Je m'approchai de lui et l'embrassai tendrement sur la joue.

- Bonne entrevue ! me souhaita-t-il en me faisant un clin d'oeil.

- Merci !

C'est ainsi que je sortis de la pièce, direction la chambre de l'impératrice.

*******************

Des millions de pas plus tard, j'arrivai enfin devant la chambre de Grisela.

- Vous pouvez me laissez là, informai-je aux gardes.

- Bien, Élue.

Ils se retirèrent après un énième salut, et je toquai à la porte de l'impératrice.

- Entrez !

À l'entente de la voix, je pénétrai dans la chambre de Grisela, qui était assise sur un moelleux fauteuil crème.

- Toki ! s'exclama-t-elle en me voyant.

Je m'approchai de l'impératrice et lui tins les mains en signe de salut.

- Assieds-toi... m'indiqua-t-elle en me montrant un petit pouf blanc et or que se trouvait non loin de là.

Je le saisis et m'assis dessus.

- Comment vas-tu ? me demanda Grisela.

Son teint était pâle, comme la première fois que je l'avais vue.
C'était vraiment affligeant.

- C'est plutôt à moi de vous poser cette question Grisela. Cela m'attriste de vous voir dans un tel état...

Elle me sourit faiblement.

- Mais moi je n'ai pas eu de combat dans la célèbre Arène à mort...

Je souris à mon tour.

- C'est vrai que j'en ai bavé, avouai-je, mais comme vous pouvez le constater : j'ai gagné et je vais bien.

- C'est une bonne nouv-(tousse bruyamment)

Grisela mit sa main devant la bouche et partit en une quinte de toux.

- C'est insupportable, angoissai-je en lui frottant le dos, laissez-moi arranger ça !

- S'il te plaît...(tousse fortement)

Je me concentrai un instant, et aspirai le plus de magie noire possible.
Je sentais que le sort faiblissait, mais il restait encore quelques infimes traces de magie noire étaient encore présentes dans son organisme : le sort avait été renforcé.

À la fin, je sentais mes veines gonflées de magie, puisant sous l'afflux puissance.
Mais contrairement à la dernière fois, je ne ressentais aucun vertige : mon niveau c'était bel et bien amélioré.

Grisela inspira profondément.

- Ah ! Je me sens mieux !

La voir aussi énergique me rendit le sourire. Je devais m'occuper de ce traître le plus vite possible !

- Alors ? me fit-elle, des informations sur le traître potentiel ?

- Hélas non, répondis-je la tête baissée, la traître se cache plutôt bien...

- C'est problématique, en effet...

- Et vous, du nouveau ? demandai-je pleine d'espoir.

Grisela souffla.

- Malheureusement non, j'étais sur le point de mener l'enquête, quand je suis retombée malade...

Ce foutu mage noir avait le chic pour nous couper l'herbe sous les pieds, au moment le plus opportun.

- Quand êtes-vous retombée malade ? demandai-je.

Grisela réfléchit.

- Je crois que c'était il y a quelques jours, alors que je prenais le thé avec mes fils. J'ai commencé à ressentir des mots de tête et de fortes douleurs...

Un moment avec ses fils ?
Ah oui, je me souvenais de ce moment : Jonathan m'en avait parlé. Il disait que c'était particulièrement gênant de boire le thé avec Idriss qu'il avait envie d'étriper, mais qu'il le supportait au mieux pour sa mère et Nathaniel.

Une idée m'effleura l'esprit.

- Et si c'était Idriss ?

Elle me regarda en affichant un petit sourire sur le visage.

- Ce n'est pas lui, affirma-t-elle avec douceur, Idriss ne me ferait pas de mal, ça, j'en suis sûre !

Elle avait les yeux qui pétillaient d'assurance.

- Le mage noir pourrait être n'importe qui, résonna-t-elle, le jardin dans lequel nous avions pris le thé était le jardin de l'aile sud...

- ...celui coté village, concluai-je.

Grisela acquiesça vigoureusement, je sentais qu'elle reprenait peu à peu des couleurs.

- Cela risque de nous compliquer la tâche dans l'identification d'un suspect, songeai-je à haute voix.

- Nous avons encore du temps, Toki, me dit-elle en me prenant les mains.

Peut-être, mais...

- Mais je ne veux pas que vous soyez dans cette état, déclarai-je très attristée, vos problèmes de santé font souffrir Jonathan !

Elle baissa la tête.

- Je sais, mais je préfère qu'il souffre à cause de moi, qu'il ne s'en veuille pour une faute qu'il n'a pas commise...

C'est vrai, personne n'aurait pensé qu'un traître se cachait au sein du palais...

- Mais crois-moi Toki, je peux encore tenir bon ! Alors veille sur Jonathan pour moi et restez soudés, c'est important avec ce qui va arriver...

J'haussai un sourcil interrogateur.

Hein ? Mais de quoi parlait-elle ?

- De quoi parlez-vous Grisela ? lui demandai-je inquiète, quelque chose risque de nous séparer ?

Elle me serra les mains et me regarda dans les yeux.

- La Cérémonie des Élus risque de ne pas se passer comme Jonathan l'avait prévue. J'avais beau lui dire de ne pas trop y croire, mais il restait sûr de lui...

- Comment ça ?

- Les pactes...

- Les pactes ?

Comme hésitante, Grisela coupa sa phrase un moment, avant de reprendre.

- Toki, même "s'il" aime les personnes spéciales, "il" ne doit pas vous séparer, tu m'entends ? Vous devrez être forts, très forts...

"Il" ? "séparer Jonathan et moi" ?

Décidément, cette cérémonie ne présageait rien de bon...

☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆

Salut, salut, 🤗

Nouveau chapitre !

Vos avis ?

Qui est ce "il" ?

Que va-t-il se passer de si horrible à la Cérémonie des Élus ? 🤔

N'hésitez pas à commenter, voter et partager ! 🤗

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