8.







𝐀𝐋𝐐𝐀𝐌𝐀𝐀𝐑 𝒑𝒓𝒆𝒔𝒆𝒏𝒕𝒔
































SADIQAH

Je sentais une énorme pression juste en dessous de ma poitrine, comme s'il y avait un cobra en train de m'étouffer.
J'ouvre un œil puis l'autre et baisse la tête vers ce "serpent" et bien-sûr comme je m'en doutais c'est le bras de Naïm. Son autre main est sous sa tête et son visage contre mes cheveux. Trop près, même beaucoup TROP. Il s'est encore plus collé à moi pendant la nuit sérieux, c'est quoi ça ?!

Je glisse ma main sur son bras et c'est alors que je remarque qu'il est présent au moins deux cicatrices par balles qui paraissent assez lointaines. Je me sors cette image de la tête et tente de me retirer de lui mais il serre encore plus son étreinte.

Naïm : T'bouges trop putain.

Moi : Naïm, ton bras.

Naïm : Il a quoi mon bras ?

Moi : Tu peux l'enlever ? T'es un peu trop tactile à mon goût.

Naïm : Ah gars je profite de l'instant.

Moi : Tu vas profiter de mon poing dans ta bouche ouais !

Naïm : *rire* Ta force d'agneau là.

Mes muscles se crispent presque automatiquement et un soupire d'agacement m'échappe.

Moi : Naïm, j'suis mal à l'aise contre toi.

Naïm : Bah moi j'suis à l'aise t'vois.

Bon, à ce que je vois il veut pas m'écouter et ça sert vraiment à rien de débattre puisqu'il a une tête de mule. Je suis toujours dos à lui et je sentais toujours sa respiration contre mon oreille. Sans m'en rendre compte, j'ai imaginé Yûnous à sa place et je me suis braquée : eh Sadiqah il se passe quoi là ? Depuis quand tu laisses un homme aussi près de toi sans rien dire ?! C'est pas dans ton éducation ça, Maman serait pas fière de toi..
Naïm l'a ressenti et a légèrement desserré son bras. Yûnous.. mon chéri... comment est-ce que tu vas ? Il me manque trop et en plus les paroles de Naïm hier tournent en boucle dans ma tête : il voulait dire quoi par là ?!

Moi : Naïm ?

Naïm : Hm ?

Moi : Pourquoi t'as dis ça sur Yûnous hier ?

Naïm : *rire* Sous-estime pas mes contacts, tu le sauras de toi-même.

Moi : Pourquoi est-ce que tu le protèges en ne voulant pas me le dire alors ?!

Une dizaine de secondes s'écoule avant qu'il ne retire doucement sa main de mon corps et qu'il s'assied sur le lit.

Naïm : J'te protège toi, c'est pas la même chose.

La phrase met un peu de temps à me monter au cerveau mais quand elle y parvient, j'explose de rire.

Moi : *rire* Ah c'est bon t'as refait ma journée sérieux !

Je me lève du lit en m'étirant et me retourne vers lui en le regardant. J'étais sûre et certaine qu'il était lui aussi en train de rire de sa blague mais sur son visage j'ai pu voir qu'il était complètement sérieux.
J'ouvre ma bouche mais la referme instantanément. C'est gênant un peu..

-

J'arrêtais pas de réfléchir à ce qu'il m'a dit.. Yûnous, un homme pas respectable ? Je peux pas y croire...!
Je finis de me laver le visage et sort de la salle de bain en traînant des pieds. Aucune conviction aujourd'hui, j'ai juste envie de m'enfermer à double tour dans un placard avec une couette et de partir dans le monde de Narnia où y'a pas de Naïm ni toute cette histoire.

J'ai pas du tout faim et en plus y'a rien à se mettre sous la dent ; les placards sont pratiquement tous vides et en plus j'ai trop trop mal au bas du ventre. Si j'avais un doliprane ou un spasfon ça aurait pu aller mieux mais ce n'est pas le cas en tout cas.
Je m'allonge sur le canapé en me mettant en boule tandis que Naïm entre dans le salon en fronçant les sourcils. Il m'a mit super mal à l'aise tout à l'heure en fait.. déjà que je l'étais.

Il prend un verre d'eau, allume une clope et la crame avec son briquet tout en regardant par la fenêtre. Pourtant il n'y a pas grand chose à voir hein, juste une route abandonnée et une ruelle insalubre.
L'ambiance est super pesante : faut que je tête les choses au clair avec lui sinon ça va me rester au travers de la gorge.

Moi : Naïm ?

Naïm : Quoi ?

Moi : Pourquoi t'as dis ça tout à l'heure ?

Naïm : De quoi ?

Moi : Le truc avec Yûnous là...

Naïm : Oublie, j'rigolais avec oit'.

Moi : Ah..

Un peu déçue ? Ouais mais bon, il n'y a pas de raison. Fallait s'y attendre, Naïm limite il est dénué de tous sentiments... même de la haine il n'en a pas ! C'est rien qu'un homme vide, vide de tout.

Naïm : T'as entendu hier hein ? Je taille d'ici une semaine.

Moi : Et tu me libères où ?

Naïm : Tu l'sauras le moment venu.

Moi : Pourquoi tu fais le mystérieux comme ça ?

Naïm : T'es trop curieuse c'est pas d'ma faute.

Moi : Bah toi aussi pourquoi t'es aussi seul.. t'es aussi... vide ?

Il a arrêté de bouger d'un seul coup, a écrasé sa cigarette contre la vitre puis s'est retourné brusquement vers moi en fermant les yeux.

Naïm : Pourquoi ?

Moi : Ouais.

Naïm : Parce que toute ma vie j'l'ai ramée dans les ténèbres.

Moi : Mais..-

Naïm : T'peux pas comprendre, tu connais pas ma vie et mieux vaut pas que tu le saches.

Moi : Naïm...

Naïm : Juste une chose, chaque jour c'est la même, c'est le biff qui me fait frissonner.

Moi : T'as pas d'autres objectifs ? J'sais pas... une famille... une.. femme ?

Naïm : *rire* J'vis que pour l'argent ma grande.

Je baisse la tête en soupirant. Je peux voir dans sa voix qu'il en a vécu des choses et c'est pour cela, que son seul but désormais c'est l'argent et c'est ça qui est effrayant. Naïm le sait très bien mais il se voile la face : l'argent n'est pas un but, simplement un moyen.

Je me cale au bout du canapé sous le regard attentif de Naïm et allume la télé. Je tombe immédiatement sur TF1 qui parle encore et toujours de ce fameux cambriolage... j'allai zapper quand ils annoncent qu'il y a du nouveau et qu'un des proches des auteurs du braquage a accepté de se livrer.
J'augmente le son à fond et regarde attentivement.

En direct, une femme présente un grand immeuble puis donne un micro à un homme. Mais pas n'importe quel homme... Yûnous, mon Yûnous, main dans la main avec une magnifique femme toute souriante.
J'ai mis un peu de temps à réaliser mais quand j'ai percuté, mon cœur a râté plus d'un battement.

Ne me dites pas que... Naïm avait raison ?!









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