- T'es mon meilleur ami hein ?

- Oui, tu es même le seul, Jin...

- Je suis content que rien n'ait changé alors

Il me sourit et me tend un jeu de carte pour que je distribue, avec lequel on s'amuse finalement à faire des châteaux de cartes.

Je m'affale sur la table, je ne suis pas du tout patient, comme lui, je n'arrive pas aligner plus de trois paires de cartes sans tous faire tomber, quant à lui il est déjà en train de construire le troisième étage de sa petite pyramide de carte.

Je le regarde, il a l'air si concentré dans ce qu'il fait qu'il ne fait plus attention à moi, je m'ennuie moi maintenant.

Je soupire et pose mon menton entre mes mains, j'observe un peux ce qui se passe au tour de nous, rien de particulier par rapport à d'habitude. Je cherche Yoongi du regard dans la salle à côté où se trouvaient la plupart des aides-soignants et infirmières.

Certain du personnel doit être fatigué de travailler ici du matin au soir, à s'occuper de patient les plus étranges les uns que les autres. Surtout cette infirmière, celle que je vois toute seule assise à côté de la machine à café, elle doit tellement être désespéré ou déprimé que je la surprends en train de parler toute seule. Je ne peux m'empêcher de rigoler, mais c'est compréhensible, qui ne deviendrait pas un minimum déranger à force de rester à longueur de journée dans un asile. Désintéressé par ce que je regardais, je repose mon regard sur mon ami.

- Yaah Jin !

Voyant que rien ne pouvait le déconcentrer, je décide de souffler sur ses cartes, qui les font immédiatement s'écrouler un peu par tous sur la table. Je détourne le regard pour faire comme si ce n'était pas de ma faute, mais celui d'un quelconque courant d'air.

Il reste quelque moment sans rien dire regardant son chef-d'œuvre anéanti, avant de déposer son regard vers moi, il se frotte l'arrière de la tête tout en ricanant.

Il allait dire quelque chose, mais une personne vient nous interrompre.

- Tout le monde doit se réunir à la grande table, pour le départ d'une de vos camarades

Je souffle d'exaspération, alors que j'avais enfin réussi à avoir l'intention de mon ami. Je me redresse et regarde qui venait de nous interrompre. J'avais la ferme attention de me plaindre, mais mon regard croisa celui de mon aide-soignant à qui je n'eus le courage d'envoyer balader, du moins pas pour le moment car l'envie n'était pas là.

Je me lève sans un mot et part rejoindre tout le monde qui était tout autour de la grande table qui trônait au milieu de ce hall. La principale concerné été debout en bout de table, devant un gâteau assez grand, surement pour fêter son départ.

Certain la félicitait tant dis que d'autres sur leurs visages, on voyait bien leur jalousie « pourquoi elle a le droit de partir d'ici et pas moi » je pouvais deviner sur leur visage ce qu'ils pensaient vraiment. Moi aussi je l'enviais, mais j'étais tout de même content que l'un d'entre nous puisse partir d'ici.

Même si je ne la connaissais pas personnellement, je la connaissais de vu, je la voyais régulièrement debout à ne rien faire au milieu de la salle, je ne l'avais jamais vu parler ni même adressé un regard à quiconque, et maintenant la voilà qu'elle pouvait prononcer quelques phrases avec un léger sourire, mais ça se voyait qu'elle mentait, elle n'était pas aussi heureuse qu'elle le faisait paraître.

- Le jour où on sera autorisé à partir d'ici, j'espère que ce sera en même temps, je ne veux pas rester seul ici.

Je tourne la tête vers Jin qui venait de parler. Lui aussi, regardait notre ancienne camarade avec envie. Il a raison, si j'étais autorisé à sortir, je voudrais que ce soit avec lui, et s'il partait je voudrais y aller également, je ne veux pas rester ici et encore moins tout seul.

- Pourquoi n'a-t-elle pas l'air si heureuse que ça de partir ?

Il semble réfléchir un moment avant de me répondre :

- Peut-être qu'il n'y a personne qui l'attend à l'extérieur. Ici c'était comme sa maison

- Et toi ? des personnes t'attende à l'extérieur ?

- Non, enfin je ne crois pas, il me regarde, enfin si, toi

Et si faire semblant d'aller mieux était la seule solution pour partir d'ici ? Mais pour ça il faudrait d'abord savoir ce qu'ils nous trouvent d'anormal. Si nous arrivons à le savoir, on pourrait sortir d'ici, Jin et moi.

Une fois cette petite fête organisée, je repartis dans ma chambre pour ma séance avec ma psychologue, si je pouvais, je m'en passerais volontiers.

Elle entre et s'assoit sur la seule chaise de ma chambre, tandis que je la regarde assis en tailleur sur mon lit une place. Elle semble gênée, surement à cause ce qui s'est passé la dernière fois.

- Aujourd'hui, je vais vous poser une seule et unique question, à laquelle je vous laisserais le temps de réfléchir.

Je m'en serais douté tient, mais bon, une seule question c'est déjà mieux à supporter au lieu que ses interrogatoires insupportables.

- Les personnes mentalement instables ne se demandent jamais s'ils le sont, l'êtes-vous ?

« L'êtes-vous ? » Ose-t-elle me demander avec aucune délicatesse. Bien sûr que non que je ne le suis pas, c'est ce que je me tue à leur dire depuis le début. Je ne m'étais jamais posé la question, car j'en suis sûr, je ne le suis pas, je ne suis pas fou.

Elle me regarde sans rien dire, attendant surement une réponse à sa question, que je ne répondrais surement pas. Ce que je veux c'est qu'on me foute la paix. Je crois qu'elle ne comprendra jamais et que personne d'autre d'ailleurs.

Au bout d'une bonne dizaine de minutes je décide d'y répondre, mais par la même question.

- Et vous ? vous vous êtes déjà posé cette question ?

Elle me regarde surprise, surprise de ma question ou surprise de m'entendre parler ? Elle ne répond pas également, elle fronce les sourcils, soupire d'un ton exaspéré avant de partir d'un pas décidé. Quoi ? Je n'ai pas le droit de jouer au psychologue moi aussi ?

Je me lève et pars également d'un pas décidé, pour une fois que ma séance se finit plus tôt, cela veut dire que je peux également aller manger plus tôt.

Une main se posant sur mon torse me stop dans mon élan, avant de voir mon aide-soignant planté devant moi un petit gobelet en main.

- Tient prend les maintenant, sinon tu vas encore dire que tu les as « oublié »

Je prends le petit gobelet avec mes médicaments habituels à l'intérieur et les avale sans broncher et cette fois pour de vrai. Je le vois me regarder le sourire aux lèvres, il a l'air satisfait et content. C'est vrai qu'il commence à me connaitre, je suis bien du genre à dire que j'ai oublié de les prendre, que je les ai perdus ou encore qu'on me les a volés, toute excuse et bonne à prendre pour ne pas les prendre.

Je pars sans un mot, le laissant, pour aller rejoindre Jin.

* * *

Après avoir pris tout notre temps pour manger. Je reste un moment avec Jin sur le canapé, devant la télé à la quel il n'y avait qu'une chaine vu qu'il n'y avait pas de télécommande et que nous n'avons pas le droit de trifouiller les boutons de la télé. Nous n'avons vraiment rien le droit de faire, cela en devient réellement énervant. Il n'y a plus personne, ils sont déjà tous partis se coucher, ce n'est pas pour me déplaire un peu de calme.

- C'est bientôt le couvre feux, dépêches-toi d'y aller.

Un membre du personnel vient éteindre la télé sans même nous lancer un regard avant de partir, elle était déjà habillée avec ses vêtements de tous les jours, surement pressé de rentrer chez elle.

- Tu ne trouves pas ça stupide ?

- Bien sûr que si, nous ne sommes pas des enfants. Dis-je en croisant les bras.

- Elle a de la chance que le film vient de se terminer et que je suis fatigué. Dit-il en s'étirant.

- Je pense la même chose.

La lumière est basse, et il n'y a aucun bruit, appart celui des vieux néons qu'il serait temps de changer. Quelques fois, si on écoute bien, on peut entendre quelques cris ou gémissements de certains patients venants des chambres les plus proches du hall, si je n'avais pas l'habitude se serait presque effrayant.

Jin baille une dernière fois et m'ébouriffe les cheveux, avant de le regarder partir. Quant à moi je n'ai pas la force ni l'envie de me lever.

Une fois qu'il fut parti une autre personne apparue au bout de couloir, je ne pus m'empêcher de sourire voyant mon aide-soignant arriver les mains dans les poches de sa blouse.

- Allez, on ne va pas te le répéter indéfiniment, lève-tôt Namjoon.

- Pourquoi ?

- Car l'heure c'est l'heure.

- Ce n'est pas une réponse !

- Aish, je n'ai pas à me justifier, Namjoon, j'obéis simplement aux règles, alors s'il te plait fait de même et va te coucher.

Il me tire par le bras, je décide de me lever, de toute façon il n'y a plus rien faire dans cette salle, enfin dans ma chambre non plus...

Il se place derrière moi et me pousse à l'aide de sa main contre mon dos pour m'obliger à avancer. Je le laisse me diriger comme si je ne connaissais pas le trajet jusqu'à ma chambre.

Une fois arrivé devant, je me stop et me retourne sans le prévenir, il ne manque pas de se prendre le visage sur mon torse.

- Aish fait attention non ?

Je m'approche de lui pendant qu'il est distrait à masser l'arête de son nez qui venait de se prendre un coup.

Je me mets à sa hauteur de visage en mettant une main contre le mur placé derrière lui, je le regarde attentivement, je n'arrive décidément pas à le cerner, il enlève sa main de son visage avant de me regarder étonné que je sois si près de lui.

- Tu es de garde cette nuit yoongi ?

- N-non

Il détourne le regard, s'il y avait un peu plus de lumière je pourrais jurer qu'il est en train de rougir, il n'ose pas me regarder alors qu'hier il me roulait un patin juste pour des médicaments ?

- Alors tu viens fermer la clé de ma chambre.

Je me remets droit face à lui, puis je le vois relever la tête vers moi.

- Oui, alors si tu pouvais rentrer dedans ça m'arrangerait.

- Mais avec plaisir, c'est un honneur de vous rendre service. Dis-je d'un ton ironique.

J'entends la porte se refermer à clé derrière moi et entend un léger « bonne nuit », qui pouvait provenir que de la personne qui se trouvait derrière la porte.

Comment peut-il être si autoritaire et timide, comment peut-il être si mignon et arrogant en même temps ?

- A toi aussi...