Chapitre 3 : Chacun sa vérité


Je me souviens que j'étais accroché sur ce lit, Jin m'avait convaincu d'arrêter de me débattre car cela ne servait à rien, et que ça m'épuisait plus qu'autre chose, nous avons parlé quelques minutes, puis il est reparti dans sa chambre, j'espère qu'il ne s'est pas fait prendre par un garde de nuit.

Je ne sais pas quelle heure il est, mais je sais qu'un aide-soignant va bientôt venir me voir comme chaque matin.

- Bonjour Namjoon.

Comme je le disais un aide-soignant est entré dans ma chambre, celui d'hier, le petit nouveau. Il s'approche vers moi tout en regardant les papiers qu'il avait entre les mains, puis il releva la tête et fronça des sourcils.

- Pourquoi ils t'ont attaché ? Qu'est-ce que tu as fait encore ?

Je ne répondis rien, tout d'abord parce que j'en avais pas envie et parce que mon agitation de la veille me donne encore des maux de tête, et j'ai affreusement chaud.

- Tu vas bien ? Me dit-il en posant sa main sur mon front.

Je suis en train de repenser à Jin, est-ce qu'il va bien ? J'espère qu'il ne sait pas fait prendre hier soir en retournant dans sa chambre, je m'en voudrais.

- Est-ce que tu as vu Jin ?

- Qui est-ce ? Me dit-il en commençant à me détacher.

- Un autre résident.

- Je suis encore nouveau, désolé on dirait que je ne connais pas encore tous les patients.

- Il était la hier soir.

- Ça m'étonnerait vos chambres sont fermées et surveillées après le couvre feux personne n'aurait pu venir te voir.

S'il en a pas entendu parler c'est que tout va bien et qu'il a pu repartir discrètement. Jin est vraiment doué, il a réussi à les berner et à venir me voir sans se faire remarquer.

- Où se trouve la Chambre 206 ? j'aimerais aller le voir Dis-je en me caressant les poignets qui venaient d'être libéré.

- Tu dois te tromper, la chambre 206 n'existe pas, ici les chambres ne vont pas au-delà de 199.

- C'est toi qui te trompes ! comme tu l'as dit tout à l'heure tu es nouveau tu ne connais encore rien de cet endroit.

Voilà qu'il m'a mis de mauvaise humeur, de toute façon c'est pas comme si me réveiller attaché au lit m'avait mis de bonne humeur.

* * *

- Hey Jin tu es bien dans la chambre 206 ?

Nous étions dans la salle commune, dans cette espèce de grand hall, nous avons réussi à nous dénicher un jeu de cartes, ce qui nous occupe déjà depuis une bonne demi-heure.

- Oui pourquoi, quelqu'un t'a dit le contraire ?

- Je voulais venir te voir tout à l'heure, mais on m'a dit qu'elle n'existait pas.

- N'importe quoi, je sais tout de même dans qu'elle chambre je dors depuis le temps, s'ils t'ont dit ça c'est uniquement pour pas qu'on se voit.

- C'est bien ce que je me disais. Dis-je en rigolant.

Il est bientôt midi, bientôt l'heure de manger, les heures passent extrêmement lentement dans cet asile, surtout lorsqu'on n'est pas fou, je commence à envier les autres patients, la plupart d'entre eux ne se rendent même pas compte qu'ils sont ici, ils ont l'air heureux dans leur petit monde qui se trouve dans leur tête.

Nous allons chercher notre repas dans le réfectoire qui se trouve à côté, puis nous allons nous assoir dans un coin, loin des autres.

- C'est vraiment dégueu les repas, comment ils font les autres pour tout manger ?

- Ils s'imaginent manger autre chose. Dit-il en portant une grosse cuillerée à sa bouche, avant de faire une grimace de dégoût.

- C'est facile pour eux, mais moi je ne peux pas faire semblant, tout ce que je vois c'est de la purée aux allures de vomis.

Il se mit à rigoler à s'en plier en deux, je n'avais pourtant rien dit de drôle, mais je suis content que je puisse le faire rire même dans cet endroit.

A peine assis et surement intriguée par nos rires, une infirmière vient me voir avec un petit gobelet avec les médicaments que je dois prendre. J'ai l'impression d'être un enfant qu'on doit surveiller, je ne supporte pas ça, elle me regarde fixement sans rien dire jusqu'à ce que je lui rende le gobelet vide et lui montre que j'avais tout bien avalé. D'un regard en coins je vois Jin me sourire, me montrant qu'il avait bien vu que j'avais utilisé sa technique et que je n'avais pas avalé les médicaments. J'attends que l'infirmière parte avant de recracher mes gélules et les mètres dans ma poche en attendant d'aller les placer derrière mon armoire.

- J'y ai presque cru, c'est que tu les cales bien pour qu'elle ne s'en aperçoive pas.

- Après ce n'est pas comme si elle vérifiait vraiment, je suis sûr qu'en réalité elle ne regarde pas vraiment, si elle le fait c'est juste parce que c'est les consignes qu'on lui a données et qu'elle ne veut pas avoir d'ennuie.

- Tu les mets où après ?

- Les médocs ? Je les mets derrière mon armoire. Dis-je en rigolant un peux gêner.

- Tu veux faire de l'art c'est ça ? Fit-il avec un sourire en coin. Moi je me contente juste de les emmener avec moi aux toilettes pour ensuite les envoyer rejoindre les égouts.

Après avoir fini de manger, enfin après avoir « imaginé manger » car oui c'était vraiment dégoûtant, je n'ai rien voulu avaler. Je retourne dans ma chambre pour ma séance quotidienne avec ma psy, personnellement je préfère les séances de groupes, au moins dans ces moments je peux me faire discret et ne pas répondre à ses questions.

- Tu es en retard.

Elle est déjà là, assise sur une chaise à coté de mon lit.

- Je devrais dire pardon peut-être ? Dis-je ironiquement.

- C'est ce que les personnes normales diraient, oui.

- Dans ce cas vous me laisseriez sortir d'ici si je vous disais « excusez-moi de mon retard » ?

- Non.

- Alors ça ne sert à rien que je vous le dise.

- Asseyez-vous. Dit-elle d'un ton sec, presque agressif.

Comme à chaque fois je m'allonge ou m'assis sur mon lit, selon mon humeur et mes envies, je l'écoute parlait, je l'écoute me poser des questions à laquelle je ne répondrais surement jamais, je la laisse croire qu'elle met utile, même si ce n'est pas le cas.

- Pourquoi penses-tu que tu es ici ?

- Justement, j'aimerais bien savoir.

Je n'ai pas le temps d'entendre sa réponse qu'un mal de crâne apparaît subitement.

Je me plie en deux et me tiens la tête, ça me pique, ça me brûle, c'est horrible. Je ferme fortement les yeux. Des images apparaissent, comme des flashs, je n'arrive pas à distinguer correctement les images, je ne sais pas ce qu'elles signifient et d'où elles viennent. Ces images défilent dans ma tête à toute vitesse, j'arrive à en cerner quelqu'une, je vois du sang une personne, un jeune homme à côté de moi qui ne bouge plus, j'ai l'impression de le connaitre mais je ne vois pas son visage, on est enfermé dans une voiture, dans un faussé, la voiture retournée, je ne comprends rien, qu'est-ce que c'est ? Ce n'est pas moi, ça ne peut pas être des souvenirs.

J'entends une voix féminine crier, celle de ma psychologue, ce qui me ramène vite à la réalité, je rouvre les yeux, et vois Yoongi entrer à moitié essoufflé dans la chambre. Pourquoi a-t-elle demandé à ce qu'on vienne m'aider ?

Je me redresse légèrement et m'assis sur le rebord du lit, je regarde mes mains, elle tremble, j'essaie de les stopper en les serrant l'une contre elles.

- Namjoon, ça va ? Dit-Yoongi en me tendant un cachet.

Je repousse sa main d'un coup ce qui fit tomber le médicament. Je ne veux pas en prendre, comme s'ils m'en donnaient pas déjà assez.

- C'est juste de l'aspirine pour ton mal de tête, tu en as beaucoup trop en ce moment.

Il s'accroupit pour ramasser le cachet que j'avais fait tomber.

- Ne fait pas comme si tu t'inquiétais ou comme si tu avais remarqué.

Le mal de tête disparaît aussi vite qu'il est apparu.

- Tu es mon patient, donc si je m'inquiète, tu crois que je n'ai pas vu dans quel état tu étais déjà ce matin ?

- De toute façon je n'ai plus mal, tu peux partir.

Yoongi fit signe à la psychologue de partir et que ce n'était plus l'heure pour une séance.

- C'est quoi ça ? Dit-il les sourcils froncé en regardant le sol.

- De quoi ?

Je suis son regard, et me rend compte qu'il regarde en direction de mon armoire. Il s'approche de celle-ci et s'accroupit devant celle-ci en pointant du doigt des traces au sol. Je le regarde surpris, même moi je n'avais pas fait attention. J'espère juste qu'il n'est pas aussi intelligent qu'il en a l'air et qu'il ne comprendra pas d'où viennent ces traces qui ont abimé le sol.

Il se relève tout en continuant à me regarder, il ouvre mon armoire, la fouille, et comme je l'espérais il ne trouva rien. Il la referme puis reste planté devant les bras croisés.

- Tu cherches quelque chose peut être ? Dis-je en rigolant.

- Peut-être bien.

- Et après on dit que c'est nous les fous, mais tu l'es aussi.

Je continue de l'observer et cette fois mon cœur manque de rater un battement lorsque je le vois essayer de pousser l'armoire. Non, non, il a compris que les traces au sol venaient de l'armoire qui avait été régulièrement bougée.

- Ho qu'est-ce que tu fous Yoongi ?

- Yoongi ? Content que tu es enfin retenu mon prénom. Dit-il toujours en train d'essayer de pousser l'armoire.

Je me lève et me dirige vers lui, s'il découvre que je ne prenais pas mes médicaments depuis tous ce temps j'aurais de gros ennuie et je devrais surement rester ici à vie.

- Arrête ça, tu es ridicule, tu vas te casser un os avec ton petit corps.

J'essaye de lui en dissuader, mais il est plutôt coriace et quand il a une idée rien ne peux lui faire changer d'avis.

- S'il n'y a rien, tu peux m'aider alors ? Dit-il en me regardant dans les yeux, avec un air tout à fait sérieux.

- Non. Soupirais-je.

- Ça me prendra juste un peu plus de temps, mais ne n'inquiète pas que je vais la décaler cette armoire.

Il m'énerve ! Je déteste qu'on touche à mes affaires, je le plaque contre le mur, je le vois faire une légère grimace sur le coup de l'impact. Il relève les yeux vers moi. Il est plutôt mignon avec son petit regard apeuré et perdu. J'approche mon visage du sien et passe une de mes mains entre les boutons de sa chemise, il se tend, et je sens sa respiration s'accélérer sur ma main qui touche son torse et son souffle sur mon visage. Il décide enfin de réagir et me prend fortement le poignet pour que j'enlève ma main.

- Tu sais ce qu'on fait aux mains baladeuses ici ? Dit-il d'un ton sérieux.

- Non, dit moi ? Dis-je en ricanant.

J'utilise ma main de libre pour la faire passer dans ses cheveux, ils sont doux, comme je l'avais imaginé. Ma main qui explorait ses mèches de cheveux fut aussi pris en otage par son autre main.

- Et maintenant ?

Le pire c'est qu'il doit se douter que j'ai plus de force que lui et que le fait qu'il me tienne les poignets ne changera rien du tout. Il rougit comme pas possible.

- L-laisse moi faire mon travail, s'il te plaît...

- Je vous en prie allez y.

J'ai envie d'exploser de rire, tout à l'heure il était tout sérieux et maintenant il est tout gêné et ne sais plus où regarder.

De toute façon s'il a une idée en tête je ne suis pas près de m'en débarrasser. Je vais le laisser découvrir que j'ai caché mes médicaments, j'aurai une sanction et puis je trouverais bien une autre cachette.

Il pousse de toutes ses forces l'armoire, je le laisse faire en le regardant assis au bout du lit, autant qu'il se fatigue et me fasse rire en même temps.

Il se stop net une fois après avoir décalé le meuble, je le vois soupirer et me regarde d'un air déçu.

- Tu vas me dénoncer ?

- Non...je ne veux pas que tu aies d'ennuis... Par contre à partir de maintenant je m'occuperais personnellement de toi, et je vérifierais que tu prennes bien tes médicaments.


C'est ce qu'on verra...



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