Chapitre 84 . « There is still a light that shines on me »
Bon, j'ai pas l'habitude de raconter ma vie, mais aujourd'hui j'ai grave pensé au personnage de Maëlle, et putain elle aurait été vénère et elle aurait poussé son coup de gueule si elle existait réellement. Parce que les diffuseurs de sport ont complètement boycotté le handball féminin cette année, alors que putain, on a des équipes de femmes ultra badass et que les françaises ont été championnes du monde cet hiver, et en France en plus ! Les salles sont toujours combles, les équipes de plus en plus belles et les matchs de plus en plus beaux, mais comme c'est des femmes, ça dégage. Voilà, c'était mon petit coup de gueule du soir, marre de ce monde de mecs.
Sinon j'avais une question sur un ton un peu plus détendu : vous regardez quoi comme série en ce moment ? Et si vous en regardez pas une en particulier, c'est quoi votre série préférée ? Moi je viens de commencer American Horror Story mais je suis pas trop trop fan, je sais pas si la suite est mieux ceux qui regardent ?
Bref, j'arrête de parler ! Dites moi si ça vous saoule quand je parle trop, j'essaierai d'arrêter. Mais je promets rien.
Sur ce, je retourne à l'écriture d'un chapitre plein de handball. Bisous !! ❤
____________________________________________________
La gorge serrée, j'avais tenté de rien laisser paraître au téléphone avec ma daronne ; elle avait perdu son père, il fallait que je la soutienne un minimum.
J'avais lâché quelques larmes, de toute façon j'étais seul-tout au milieu des bois donc je pouvais me le permettre. Mais je m'étais vite repris en main ; on s'y attendait tous de toute façon, c'était plus qu'une question de temps. Mais il s'était quand même battu plus d'un an ; ça me faisait chier qu'il se soit battu pour rien.
Putain et j'avais dit à ma mère que je me chargerai de le dire à Maxime. Il était ultra proche de lui ce con.
Quand on était tipeus et que les darons nous envoyaient chez les parents de ma mère, je passais mon temps dans le potager du grand-père avec ce dernier. Je m'en battais les couilles de me lever à six heures du matin pour aller trimer à la fraîche, je kiffais ça, il m'apprenait trop de trucs. Max, lui, il préférait pioncer, mais il était collé à lui le restant de la journée, le suivant comme son ombre. Il apprenait à bricoler, à peindre, il allait traîner dans des cafés avec le grand-père et ses potes, passant des heures à les écouter parler de foot pendant que moi j'étais dans les pattes de ma grand-mère.
De toute façon ça servait à rien de se remémorer tout ça maintenant, le plus urgent c'était de trouver mon reuf.
Je tentai de rien montrer de mes émotions en arrivant vers la terrasse ; de toute façon ça gloussait de partout et personne avait capté que j'étais revenu. Je fis signe à Jehk de me suivre et il fronça les sourcils avec de s'exécuter. Je savais qu'il avait capté qu'il y avait un truc de louche ; on était pas jumeaux, mais il nous suffisait souvent d'un regard pour nous comprendre.
Une fois à l'écart du groupe, assis de l'autre côté de la maison, mon frère me devança :
– C'est Papy c'est ça ?
Je... Bah ouais. Je savais pas trop quoi dire alors je hochai simplement la tête.
– Putain.
Max leva les yeux au ciel pour retenir ses larmes et se frotta nerveusement le menton. Je posai ma main sur sa nuque en guise de soutien et il s'autorisa à lâcher deux-trois larmes avant de les essuyer rapidement d'un revers de la main.
Je détestais voir mon reuf chialer, ma gorge s'était serrée immédiatement en voyant ses yeux brillants.
On resta silencieux un long moment, comme pour digérer la nouvelle chacun de notre côté tout en sachant que le soutient fraternel était à côté, puis Max parla en premier, la voix rauque :
– On l'enterre quand ?
– Dans trois jours.
Il hocha simplement la tête.
– Cimer de me l'avoir dit, je crois que j'aurais pas supporté de l'entendre de la daronne.
C'était mon boulot. Même si depuis quelques années y'avait plus vraiment cette idée d'aîné et de cadet entre nous, il restait mon petit frère et je me devais d'être là pour lui.
Je lui donnai une petite tape dans le dos :
– Allez viens, on va se changer les idées, y'a que ça à faire de toute façon.
Maintenant restait à savoir comment on allait se débrouiller pour faire comme si de rien n'était devant les autres ; pas la peine de leur en parler et de gâcher la soirée, ça pourrait attendre demain.
Mon reuf me fit savoir qu'il était du même avis que moi et qu'il valait mieux garder ça pour nous. De toute façon c'était pas vraiment leur problème et y'avait quand même beaucoup plus grave dans le monde.
On se rassit à table alors qu'Henri racontait sa rencontre avec sa femme. C'était ouf le charisme qu'il dégageait ; quand bien même le sujet de conversation aurait été inintéressant, on avait envie de boire ses paroles. C'était ce qui était en train de se passer ; personne bronchait et tout le monde était suspendu à ses lèvres. Ça avait au moins le mérite de camoufler l'état de mon reuf et du mien.
J'arrivais pas à m'empêcher de penser à mon grand-père. Et putain, surtout à ma grand-mère. Elle était toute seule maintenant, et j'avais qu'une envie c'était d'être auprès d'elle pour la soutenir. C'était une femme ultra forte mais je savais qu'elle devait être au bout de sa vie en ce moment. Quarante ans de mariage, ça s'oubliait pas comme ça.
– Deen, chuchota Maëlle près de moi en posant sa main sur ma cuisse, l'air inquiet. Ça va ?
Je savais que j'étais grillé mais je tentai quand même un sourire :
– Ouais, t'inquiètes.
Je m'approchai d'elle et déposai un baiser sur sa tempe. Elle me lança un regard dubitatif. Ouais, ok, j'étais vraiment cramé.
Alors qu'elle allait commencer à me cuisiner, Henri me sauva la mise :
– Eh les p'tits gars, j'ai quelque chose pour vous, avant d'oublier.
Il disparut dans le sous-sol et Yvette leva les yeux au ciel en jurant dans sa barbe. On savait tous ce qu'il allait faire.
Je ne pus m'empêcher de sourire d'amusement quand Henri remonta quelques minutes plus tard avec deux petits sacs remplis de beuh.
Des rires se mêlèrent aux cris de surprises et d'admiration. Pas croyable cet homme.
– Partagez-vous tout ça ! Et si vous en avez pas assez, il doit y en rester encore en bas.
– On te doit combien ? demanda Doum's.
– Que dalle, cadeau de la maison mon gamin !
– Nan mais quand même, râla Mekra, il doit y en avoir pour plus de mille balles là.
– J'ai dit que je voulais pas de vot' argent, ça me fait plaisir, c'est mon cadeau de Noël !
Tout le monde le remercia alors qu'Yvette continuait de pester :
– Ah bah ça pour le cannabis y'a du monde, mais pour mes gâteaux y'a plus personne.
Tout le monde lui lança des compliments ou l'embrassa, et je me levai pour apparaître derrière elle afin d'entourer ses épaules avant de déposer un baiser sur sa joue :
– Je préfère tes gâteaux moi Yvette.
Elle me lança un sourire adorable avant de me frotter doucement le dos.
Après avoir débarrassé et papoté encore quelques heures tout en fumant, on se décida enfin à aller se coucher. Je pensais m'en être bien sorti depuis mon coup de fil, mais j'avais visiblement sous-estimé l'entêtement de ma meuf. Alors que je parlais avec Framal tout en me dirigeant vers l'ancienne grange, elle sauta sur mon dos et embrassa mon cou, attendit que tout le monde rentre, et descendit avant de se positionner devant moi.
Je vis à ses yeux qu'elle était inquiète, et c'était justement pour ça que j'avais voulu éviter que les autre sachent.
– Maintenant tu vas me dire ce qu'il va pas Mikael Castelle.
Son ton était à la fois doux et autoritaire, mais j'avais vraiment pas envie d'en parler.
– Tout va bien, t'inquiètes, je suis juste un peu fatigué, ça ira mieux demain.
– Arrête de mytho, je te connais. Toute à l'heure à table tu m'as montré un geste d'affection devant les autres pour me forcer à lâcher l'affaire. Ça allait clairement pas.
Je soupirai en fermant les yeux. Ce qu'elle pouvait être agaçante à tout le temps tout capter !
– Viens, on va se poser et on en parle.
Elle ne me laissa pas le choix, prit ma main dans la sienne et me tira jusqu'au bois. On marcha pendant quelques minutes, éclairés par la seule lueur de la lampe du téléphone de la handballeuse, pour arriver devant une échelle. Je basculai la tête en arrière pour apercevoir sous la lumière de la lune une cabane à environ dix mètres de haut.
Quelques minutes plus tard, après une ascension dans un équilibre précaire, on était tous les deux dans la cabane de chasse.
– C'est quand t'es monté dans celle-là que tu t'es fait hagar par Henri ? demandai-je en me remémorant l'anecdote de l'intéressé.
Elle sourit en hochant la tête :
– J'y étais pas remonté depuis, je comprends pourquoi il a flippé maintenant, on a faillit se péter la gueule au moins quatre fois, dit-elle en riant.
Ouais, enfin moi j'avais cru mourir une bonne dizaine de fois mais bon.
– Allez, dis-moi ce qu'il va pas maintenant, m'ordonna-t-elle d'un ton soudainement plus sérieux.
Putain ce qu'elle était chiante. Mais bon, elle allait pas me lâcher, j'étais cuit maintenant, alors autant parler :
– Mon grand-père, celui qui avait un cancer... Il est mort ce matin.
– Oh nan putain... souffla-t-elle.
Assis par terre, chacun de notre côté parce qu'on était pas le genre de couple à tout le temps être collé, on laissa planer un silence solennel. Je la connaissais par cœur et je savais qu'elle avait aucune idée de comment se comporter dans ces moments là. Ça des deuils elle en avait connu ! Elle en avait vu des enterrements ! Mais elle avait moins vu ses proches perdre les leurs. Du coup je lui en voulais pas ; de toute façon j'attendais vraiment rien de sa part, je me contentai de sa présence pas loin de moi.
Mais au bout de quelques minutes, elle se rapprocha de moi pour m'attirer contre elle et passer sa main dans mes cheveux. J'avais un peu l'impression d'être un gosse dans ces moments-là, et je perdais toute ma street cred', mais ça me dérangeait pas que ce soit avec Maëlle ; peut-être parce que c'était une warrior et que je savais qu'elle me voyait pas comme une victime.
Du coup je me laissai aller contre elle pour apprécier le mouvement de ses doigts sur mon cuir chevelu. Putain je comptais même plus le nombre de fois où ça m'avait endormi.
– J'crois que je réalise pas trop encore, lâchai-je.
– C'est normal... C'est parce que t'es pas dans le bon cadre. T'es pas chez toi, t'as pas toute ta famille en deuil autour de toi... Et puis même, tout dépend de la personne. Peut-être que tu capteras direct quand t'auras retrouvé ta famille, ou alors pendant l'enterrement, ou encore plusieurs mois plus tard quand un petit détail anodin te fera penser à lui. Pour l'instant il faut juste que t'évites de cogiter et que tu penses au moment présent. Par exemple ; tu veux faire quoi demain ? Tu veux rentrer à Paris ? Retourner dans le Sud ? Ou alors même rester ici, je suis sûre que ça les dérangerait pas que tu squattes.
Qu'on me rappelle comment moi, en gros connard que j'étais, j'avais mérité une meuf aussi géniale.
Je me redressai finalement pour laisser pendre mes bras sur mes genoux pliés, tout en réfléchissant.
– Je vais aller à Toulon. On a besoin de se retrouver je penser.
Ma handballeuse m'adressa un sourire compréhensif :
– Je pense que c'est ce qu'il y a de mieux à faire.
Ouf comment elle obligeait jamais personne à rien en sachant très bien quelle solution était la meilleure ; elle laissait toujours le choix.
Je posai ma main sur sa cuisse, petit geste pour montrer ma gratitude, et elle posa une de ses mains sur la mienne en guise de soutient. C'était dingue comment les deux handicapés des sentiments qu'on était arrivaient à se comprendre avec des méthodes détournées pour éviter les mots.
Je tournai la tête dans sa direction pour regarder son œil bicolore :
– Tu veux venir avec moi ?
Elle aurait peut-être voulu le cacher mais je vis instantanément à ses yeux qu'elle était surprise. Et je voyais aussi que ma proposition lui faisait vraiment plaisir. En même temps c'était vraiment un moment important et j'aurais pas laissé n'importe quelle meuf m'accompagner. Surtout que ça allait être la première fois qu'elle allait voir ma mif.
Cette simple stupeur me fit remarquer que je lui montrais vraiment pas assez que je tenais à elle. Enfin... Elle était un peu pareil... On se doutait que l'autre nous aimait, mais parfois on avait des vieux doutes parce qu'il nous arrivait d'être ultra froid avec l'autre. Et là, même si quelques heures plus tôt, après avoir cru crever avec ce putain de saut, je lui avais dit que je l'aimais, bah le fait que ce soit dans un moment si intense ça rendait pas forcément le truc très authentique. Et pourtant bordel ça l'était !
Putain... Même si ça faisait quand même plusieurs semaines qu'on était vraiment ensemble, on avait encore beaucoup de travail à faire sur nous-mêmes.
– Euh... Oui, enfin évidemment, répondit-elle au bout de quelques secondes. Après je veux pas prendre une place qui n'est pas la mienne, mais je veux te soutenir. Je veux pas que ça pose problème avec ta famille...
– Ta gueule, dis pas de connerie, dis-je vivement en l'attirant contre moi.
J'aurais voulu lui dire pourquoi ça posait pas de problème... Les gars de L'Entourage, Raph compris, c'était autant ma mif que mes gars d'Auber et du Sud, et que les gens de ma famille de sang. Alors Maëlle... Elle était d'autant plus légitime. Mais ça, j'arriverai pas à lui dire. Alors je me contentais de la serrer contre moi :
– J'aurai besoin de toi, encore plus que d'habitude.
Elle ne dit rien et releva simplement son visage vers le mien avant de déposer ses lèvres contre les miennes.
– J'aurais détesté que t'ai personne d'extérieure à ta famille pour te soutenir, dit-elle finalement. Je dirai à Arnaud que je suis malade, demain on prend la camionnette de Papé et on trace jusqu'à la gare de Dijon, Raph nous déposera.
J'allais protester, je voulais pas qu'elle loupe un entraînement juste pour moi, surtout que c'était quand même sa carrière et sa place en équipe de France qui pouvaient en pâtir, mais je me ravisai parce que je savais que ça servirait à rien ; niveau entêtement quand il s'agissait d'aider nos proches, on était au même niveau elle et moi, alors je savais qu'elle allait jamais faire passer son entraînement avant moi.
Putain, encore une fois, comment j'avais mérité cette meuf ?
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top