Chapitre 80. «Want the markings made on my skin to mean something to me again»
Eh les p'tits potes, j'ai une question à la con et une question sérieuse !
C'est quoi votre moment préféré de l'histoire pour le moment ?
Et est-ce que vous aimez bien Tyler ? Parce qu'il est possible que j'ai commencé d'écrire un prologue pour une potentielle histoire sur lui... Après j'ai encore rien de concret, mais... Ça vous plairait ?
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– Maëlle Siobhan Isabelle Clarkson, descends ton joli petit cul ici !
Quelques semaines plus tôt, j'avais passé les pires heures de ma vie ; l'idée d'avoir déçu mon père et d'avoir descendu dans son estime m'avait terrifié au plus haut point. Je souhaitais ne plus jamais revoir le regard qu'il m'avait adressé quand il avait compris que j'avais « invité » son géniteur.
J'étais allée le retrouver dans le salon en marchant le plus lentement possible, retardant le moment où il allait m'exprimer toute sa déception. J'avais croisé Jared, qui m'avait adressé un clin d'œil avant de disparaître. En m'approchant, j'avais pu apercevoir Raphaël et Ken en train de jouer au foot avec Sohel dans le jardin ; j'avais été très agréablement surprise du comportement du rappeur avec mon petit frère. Deen n'avait pas tardé à les rejoindre après avoir passé légèrement sa main dans mon dos en me dépassant.
– Fais pas cette tête, m'avait soufflé mon père lorsque nous fûmes seulement tous les deux.
– Je suis vraiment désolée, je sais que j'aurais pas dû, c'était horrible, même pour moi, j'imagine même pas comment t'as dû te sentir, je m'en veux tellement, t'imagines même pas, je suis désolée d'être à ce point dure à vivre, je me rends compte d'à quel point je t'en ai toujours fait baver et tu pensais que c'était fini mais je remets ça comme une conne, Papa je suis...
Mon père m'avait coupé la parole en se précipitant sur moi pour m'attirer sèchement contre lui en appuyant ma tête de sa main contre son torse :
– Chut... Arrêtes p'tit cœur, je t'en veux pas, m'avait-il chuchoté en m'embrassant la tête.
Je n'avais même pas remarqué à quel point je m'étais sentie mal avant de presque éclater en sanglot en m'excusant. Cette seule étreinte m'avait apaisée instantanément. Je n'aurais pas supporté de décevoir cet homme qui avait tant fait pour moi.
– Tu m'as jamais déçu, tu m'entends ? Jamais.
Il m'avait pris les épaules pour me repousser légèrement, et avait arrangé une mèche de mes cheveux derrière mon oreille.
– Maëlle, regardes-moi, avait-il dit en levant mon menton.
Mes yeux s'étaient vite perdus dans son regard azur plein d'empathie et d'honnêteté.
– J'aurais jamais pu rêvé avoir mieux comme gamins que toi et ton frère. Vous pourriez faire n'importe quoi, je serai jamais déçu de vous. C'est à moi de m'excuser, j'ai réagis comme un con. Mais grâce à toi maintenant tout le monde est au courant et ça m'a enlevé un poids immense. Il me fallait juste un coup de pied au cul et qui de mieux que ma petite fille pour le faire ?
Je n'avais pus m'empêcher de sourire en l'entendant m'appeler de cette manière. J'avais vingt-trois ans mais il n'allait jamais accepter le fait que je grandissais.
– Tu sais, ton frère et toi vous m'avez fait grandir d'un coup mais il y a des étapes que j'ai loupé et de plein de façons je suis encore un gamin. Vous continuez toujours de me faire grandir. T'as toujours été la plus sage des deux et je sais que quand tu fais les choses, tu les fais pour une raison précise. Vous savez que je vous aime autant l'un que l'autre mais j'ai su dès que vous avez été en âge de parler que toi, toi tu m'emmènerais loin. Alors n'ai jamais peur de me décevoir parce que ça n'arrivera jamais Mel, jamais. Ok ?
J'avais simplement hoché la tête, comme une enfant.
– Tu vas bien quand même ? avais-je timidement demandé.
– Oui.
Sa réponse avait été sans réplique, et son regard n'avait trahis aucune pensée contraire.
– Ça fait très longtemps que je suis passé à autre chose. J'ai mis du temps à me reconstruire, mais toutes les cicatrices qu'il a laissé sur ma peau, mes os et surtout dans ma tête, j'en ai fait une force depuis longtemps.
Cet homme... Je ne connaissais pas plus fort que lui, ni plus admirable. Tyler Clarkson... Ce nom ne serait à l'affiche d'aucun film, il n'apparaîtrait pas dans le livre des records, il ne serait pas en première page du New York Times pour une grande découverte scientifique ou en tant que grand nom à la tête d'une expédition, mais pour moi il était tout. Je rêvais que le monde sache à quel point mon père était formidable. À quel point il méritait tout le bonheur du monde. Qu'est-ce que je l'aimais !
– Love you to the moon, avais-je commencé comme lorsque j'étais enfant.
– And back, avait-il complété avant de m'attirer de nouveau contre lui.
Cet épisode riche en émotions et en rebondissement passé, nous étions rentré à Paris ; Alice, Julia, Stine et moi nous étions allègrement bourré la gueule pour l'enterrement de vie de jeune fille de la mexicaine, et nous avions volé jusqu'au Mexique peu de temps plus tard pour le mariage de Julia et Théo. Je n'avais assisté qu'à très peu de mariage, mais le leur avait été magnifique. Julia avait été resplendissante et j'avais été très touchée en voyant ses retrouvailles avec sa famille. Ces quelques jours avaient été les plus beau de tout l'été. Je n'arrivais toujours pas à croire qu'ils étaient mariés !
Les jours s'étaient ensuite écoulés jusqu'à la rentrée, puis quelques semaines de cours et d'entraînement aussi.
– C'est quand déjà le prochain match ? demandai-je à Stine en rejoignant les vestiaires après un entraînement, vaseuse.
– Le 29 septembre.
– On est le combien ? articulai-je faiblement.
– Le 27, ma belle, mais il faut que tu rentres te reposer, ça va plus du tout là. Et il est pas question que tu joues jeudi avec cette fièvre, t'as faillis t'écrouler au moins trois fois aujourd'hui !
Je couvais quelque chose depuis quelques jours mais tout en moi avait explosé aujourd'hui. Il faisait seulement dix degrés dehors mais j'aurais été capable de me promener en t-shirt comme sous un soleil d'août.
– Ouais t'inquiètes, je vais me poser au chaud.
– Et tu vas pas en cours demain ! me réprimanda-t-elle.
Une vraie maman, pourtant on avait le même âge.
J'avais mis un temps infini à rentrer chez moi, éternuant toutes les trois secondes et demi et devant puiser dans le peu de force qu'il me restait pour marcher. L'avantage, c'était que j'avais changé d'appartement en revenant pour de bon en France et qu'il se trouvait maintenant à mi-chemin entre la salle d'entraînement et la fac. Ce qui ne m'avait pas empêcher de manquer m'effondrer une bonne dizaine de fois. Les escaliers m'avaient paru insurmontables. J'étais arrivé chez moi et avait sauté sur mon lit après avoir eu la sensation d'avoir gravit le Mont Everest.
– Putain de bordel de queue... soupirai-je.
J'avais si peu d'énergie ! Je fixais le plafond en attendant une opération du St Esprit pour m'enlever miraculeusement ma veste et mes chaussures. En plus mon abruti de copain n'était pas là pour m'aider, il n'était censé rentrer que demain d'une visite à ses potes de Marseille.
– Allez Maëlle tu peux le faire ! m'encourageai-je en me relevant avec difficulté avant de tanguer, en proie à un vertige : et bé, m'exclamai-je, on va rester assise finalement !
Je frissonnai maintenant alors qu'il faisait 25 degrés dans la pièce, et râlai en me glissant sous mes couvertures, mes chaussures toujours au pieds. Après une quinzaine de minutes à grelotter, je décidai d'aller prendre un bain bien chaud. Le temps que celui-ci coule me parut extrêmement long, j'avais l'impression de me trouver au Pôle Nord. Je m'y glissai finalement et la sensation de l'eau chaude sur mon corps me fit soupirer de contentement.
J'en sortis finalement à contrecœur lorsque l'eau devint tiède et que mes poils se hérissèrent sur mes bras. Au même moment, ma porte d'entrée claqua et je m'enroulai une serviette autour de la poitrine. Seuls Raphaël, Deen, Ken et Antoine avaient les clés.
– C'est qui ?
– Ton rappeur préféré, me répondit une voix exagérément grave et mon visage s'illumina aussitôt.
Deen n'était pas censé rentrer aujourd'hui et le réconfort de ses bras me soulagea immédiatement. Je me frappai mentalement à cette pensée ; comme si j'étais mourante, il ne fallait pas exagérer !
La porte de la salle de bain s'ouvrit et je sautai au cou de mon copain en enroulant mes jambes autour de sa taille. Il parut d'abord surpris mais ses mains vinrent rapidement se retrouver derrière mon dos :
– Quel accueil, dit-il avec un sourire lubrique en me reposant sur le sol.
Nous nous checkâmes, force de l'habitude, et il pris mon visage dans ses mains afin de m'embrasser mais je ne lui en laissai pas le temps :
– Je suis malade ! m'exclamai-je en m'écartant. Je veux pas te refiler ma merde, c'est ultra chiant.
– Si tu savais ce que je m'en bats la race, dit-il en plaquant sa main au creux de mes reins pour me rapprocher de lui. Ça fait une semaine que j'ai pas vu ma meuf alors c'est pas un petit rhume qui va m'empêcher de lui faire ce que je rêve de faire depuis des jours.
Il avait murmuré ça de sa voix grave exprès, sachant très bien l'effet que ça me faisait. Je ne savais pas si c'était la fièvre ou sa présence, mais mon corps bouillait littéralement de l'intérieur et tout s'accentua lorsqu'il descendit ses mains sur mes cuisses nues avant de les remonter lentement sous ma serviette tandis que nous nous embrassions langoureusement. J'enlevai une de mes mains de sa mâchoire tout en gardant l'autre dans ses cheveux et détachai complètement ma serviette :
– Oups, lâchai-je.
Les yeux de Deen se baladèrent furtivement sur mon corps nu, puis il grogna en scellant de nouveau nos lèvres avant de placer ses mains sous mes fesses pour me porter. J'enroulai mes bras autour de son cou, et balançai son bonnet dans la pièce à vivre tandis qu'il nous emmenait dans ma chambre. Le reste de ses vêtements ne tarda pas à rejoindre le sol et bientôt nos deux corps se courbèrent de plaisir.
Deen se servit de mon ventre comme d'oreiller tout en laissant ses doigts glisser sur ma cuisse pendant que je laissais les miens faire des allers et venues dans ses cheveux :
– Putain t'es brûlante !
– Je t'avais dit que j'étais malade, si ça se trouve tu vas chopper la peste à cause de moi.
– Toujours plus, rit-il.
Nous restâmes un petit moment en silence puis je fus prise d'un frisson. Petit à petit, mon corps se glaça et je n'avais qu'une envie, me rhabiller en m'enfouir sous la couette. Mais Deen s'était visiblement endormi et je n'arrivais pas à me résoudre à le réveiller, continuant de triturer ses cheveux. Je ne savais pas ce qu'il avait fait pendant cette semaine, mais ça avait l'air de l'avoir épuisé.
Je ne tins cependant qu'une poignée de minutes, commençant réellement à grelotter :
– Mika, chuchotai-je.
Pas de réaction du rappeur.
– Eh, Mika, tentai-je une deuxième fois en arrêtant mes grattouilles.
Toujours rien du côté du Burbigo.
– Mika j'ai froid, me plaignis-je finalement à voix haute en me tortillant sous lui.
Le rappeur sursauta légèrement et me lança un regard perdu. Je ne savais pas si ça pouvait s'appliquer à Deen mais il était adorable et je fondis en voyant sa bouille endormie. Il s'était littéralement endormi en cinq minutes !
– Rends-moi mon ventre, j'ai froid.
Il exagéra un air déçu puis fini par s'écarter, non sans déposer des baisers sur mes cuisses et mon ventre. Si je n'avais pas eu aussi froid, nous aurions probablement remit ça.
Je me rhabillai aussi lentement qu'un paresseux, mes muscles épuisés par l'entraînement, la maladie et l'arrivée de Deen, et me laissai mollement retomber sur mon lit, rampant pour essayer de me glisser sous les couvertures.
– Ah ouais putain c'est chaud là, se moqua Deen. Elle est loin ma racaille !
Je lui adressai un faible doigt d'honneur tout en essayant de me glisser sous les couvertures emmêlées sans succès.
– Comment tu fais pitié ! lança Deen en écartant les couvertures pour moi.
Je ne réagis pas à sa pique, sachant très bien qu'il faisait exprès de compenser ses gestes de petit copain modèle pour garder un peu de fierté, et me contentai de m'allonger. Deen me recouvrit de la couette en la coinçant sous moi de tous les côtés pendant que je grelottais, faisant de moi un burrito géant, et m'embrassa le front avant d'y coller délicatement le dos de sa main :
– Ouah mais quelle chaudasse !
Je ne pus m'empêcher de rire et eut beaucoup de mal à contenir mon fou rire à cause de la fatigue :
– T'es vraiment le pire, pourquoi je sors avec toi putain ?
Deen était maintenant en train de faire je ne savais quoi du côté du salon :
– Parce que tu m'aimes ?
– N'importe quoi ! soufflai-je.
– On va dire que c'est la fièvre qui parle, déclara-t-il.
Quelques minutes plus tard, alors que je commençais à m'assoupir, Deen revint avec une tasse de chocolat chaud et me bourra sur le côté sans ménagement pour faire sa place. Il n'y avait vraiment aucun respect dans notre couple :
– Tiens ma grosse, ça va te réchauffer.
Bon, au moins il était plein de bonnes intentions. Il alluma la télé et je posai ma tête sur ses genoux, la relevant seulement de temps en temps pour boire, tandis qu'il traçait de petits ronds sur mon dos.
– C'était bien Marseille ? demandai-je après lui avoir tendu ma tasse vide pour qu'il la repose sur la table de nuit.
– Ouais c'était chanmé, ça fait grave plaisir de retrouver mes khos, j'avais l'impression d'avoir de nouveau quinze ans.
– Il va mieux Ihsane ? demandai-je en pressant sa main qui pendait par dessus ma taille, faisant jouer nos doigts ensemble. T'as eu le temps de passer le voir sur Toulon ?
Ishane était un des meilleurs amis d'enfance de Deen et traversait une mauvaise passe depuis quelques temps, ce qui avait aussi poussé mon copain à retourner quelques jours dans le Sud.
– Ouais ça va. En fait il nous a rejoint à Marseille et j'ai passé presque tout mon temps avec lui. Ça va, il remonte la pente doucement, je m'en fais moins pour lui maintenant.
Ces quelques dernières semaines, Deen avait été d'humeur morose en sachant que son frère n'était pas au meilleur de sa forme, et sachant à quel point il était fort, ça m'avait fait mal au cœur de le savoir mal. Je pressai de nouveau sa main en guise de soutient.
– Je lui ai parlé de toi, dit-il en jouant avec mes cheveux de sa main libre. Même si c'est pas la même situation j'ai pensé que ça pouvait peut-être l'aider de connaître l'expérience de quelqu'un d'autre.
– C'est pas vraiment comparable. Le pauvre il a été proche de sa mère pendant vingt-huit ans, moi je l'ai connu que six ans.
– Ouais bah en tout cas il m'a dit que t'étais méga forte.
Je souris en entendant son compliment puis nous nous concentrâmes sur l'émission de télé qui passait. Mais Deen finit tout de même par briser le silence :
– Ce que t'as dit tout à l'heure... Tu le pensais pas hein ? demanda-t-il avec hésitation.
Je me redressai et me mis en tailleur pour le regarder dans les yeux en fronçant les sourcils. Il détourna le regard et parut soudain très intéressé par un livre d'histoire américaine posé sur mon bureau :
– Quand j'ai dit que tu m'aimais et que t'as dit « n'importe quoi ».
Jamais dans ma vie je n'aurais cru voir un Deen Burbigo aussi peu sûr de lui. Lui qui débordait de confiance en lui constamment. Le Deen Burbigo, son charisme et son bagout légendaire en interview, sa réputation d'homme à femme et de gros macho, ce Deen Burbigo devenait un adolescent timide lorsqu'il s'agissait de nous. C'était fou ce que nous étions forts et fiers individuellement mais à quel point nous nous rendions faibles une fois à deux.
– Bien sûr que je le pensais pas espèce de beusenot ! m'exclamai-je tellement c'était évident.
Son regard retrouva le mien et il parut rassuré.
– Je sais qu'on se le dit pas souvent, mais t'en doutais vraiment ?
Il hésita quelques secondes :
– Ouais, nan, je sais pas, c'est débile, en plus tu me l'as déjà dit quelques fois avant. C'est juste que comme ça a été compliqué depuis l'été dernier... Quand je pars je me dis qu'en revenant t'auras peut-être changé d'avis.
Sa phrase me serra le cœur tellement elle était honnête. Je nous avais fait du mal à tous les deux, et même si nous avions essayé de le cacher, nous en avions souffert chacun de notre côté et les séquelles étaient visiblement présentes.
– Ouais je comprends, j'ai été vraiment nulle et je comprends que t'ai pas confiance. Mais je suis vraiment amoureuse de toi Mikael, dis-je en caressant doucement sa joue.
Il sourit finalement et sembla reprendre sa confiance habituelle puisqu'il reprit une voix exagérément grave et un air arrogant :
– Nan mais je le savais, personne résiste à Bigo ma belle, personne.
Je levai les yeux au ciel avant de me blottir de nouveau dans ses bras.
Un léger silence s'installa mais, pour changer, Deen le brisa :
– Putain, Mel... dit-il d'un ton grave. On a remis ça...
– Remis ça quoi ? demandai-je faiblement.
– Les instants fragiles.
Je ris franchement, m'attendant à quelque chose de bien plus grave, puis levai faiblement mon main en l'air :
– Pour la dernière fois, plus d'instant de fragile, dis-je solennellement.
Deen tapa légèrement dans ma main avant de la serrer, puis répéta tout aussi sérieusement :
– Plus d'instant de fragile.
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