Chapitre 79. « Every step that I take is another mistake to you »

Presque 41000 lectures, je... Merci, merci, merci, merci ! Et au cas où ce serait pas clair : merci. ❤

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Maëlle ne baissa pas le regard face à celui de son père. Celui-ci la fixa pendant quelques secondes avec amertume, puis se prit le visage dans les mains en se dirigeant dans le salon. La porte resta ouverte, et personne savait réellement si on devait la refermer sur les nouveaux arrivants ou les laisser entrer.

La handballeuse décida pour tout le monde :

– Entrez. Par contre on parlera français, je sais que vous vous débrouillez.

Son ton était sec et je savais qu'elle avait la gorge serrée. Elle luttait pour pas craquer suite au regard de son père.

Je saluai rapidement les grands-parents. Mme Clarkson me pris dans ses bras (je pensais que c'était que dans les séries qu'ils faisaient des câlins à tout le monde mais l'affection légendaire des américains était visiblement pas un mythe) et Mr Clarkson, un grand homme en costard avec l'air hautain me serra la main. Il avait vraiment pas l'air sûr de lui et je me doutais que ça devait être aussi compliqué pour lui que pour son fils.

Je cherchais Tyler des yeux et, suivis pas Nek, je le rejoignis dans le jardin où il avait disparu. Il était assis sur les marches de la terrasse, ses deux jambes sautillant nerveusement, et se fumait un bédo.

– Elle aurait pas dû faire ça, déclara-t-il en fixant le sol.

On s'assit de chaque côté de lui et Nek sortit une clope pour nous deux :

– Franchement gros, c'est ta mère qui lui a pas laissé le choix, expliqua-t-il. Elle était vraiment coincée pour le coup, et crois-moi que ça lui a fait du mal de faire ça.

Tyler se massa nerveusement le front avec ses paumes :

– T'façon maintenant j'ai pas le choix.

Son ton était grave et il parlait les mâchoire serrés ;  j'avais l'impression qu'à tout moment il pouvait se ruer dans la maison pour tabasser son daron.

– Exactement, t'as pas le choix, l'appuyai-je. Donc maintenant tu prends sur toi, c'est juste un mauvais moment à passer, tu fais comme s'il existait pas, et après il se casse. Y'a ta daronne et elle crevait d'envie de te voir, profites d'elle.

Il fixait l'herbe avec haine, dans un état second, et je me disais qu'il avait rien entendu de ce que je venais de lui dire. Putain, j'étais en train de lui parler comme si je parlais à mon reuf alors qu'il avait dix piges de plus que moi et que c'était le daron de ma meuf, ça me faisait bizarre.

Il acquiesça finalement et écrasa son mégot avant de se relever.

– Si ça en vient aux mains, me retenez pas, lança-t-il sèchement avant de s'engouffrer dans la baraque.

Nek et moi échangeâmes rapidement un regard et nous précipitâmes dans la maison à notre tour. Mais on n'eut pas à s'interposer entre qui que ce soit puisque Tyler discutait comme si de rien n'était avec Kamel et le daron de Fanny.

L'ambiance était archi tendue. Raphaël discutait avec les deux américains d'un côté de la table alors que Tyler faisait tout pour les ignorer de l'autre côté. Je voyais sa daronne lui jeter des regards tristes de temps à autre mais il en avait rien à foutre.

– Putain ça va être tendu, murmura Nek à côté de moi.

J'appuyai les paroles de mon kho d'un hochement de tête puis Sohel débarqua de nulle part, courant vers nous gaiement :

– Dis Ken, tu veux venir m'écouter faire du rap ?

– On a déjà fait ça toute la matinée, répliqua mon kho d'un air désespéré.

– Oui mais t'as pas entendu mon nouveau freestyle !

Le Fenek soupira et je ricanai, puis il se tourna vers moi :

– Balec', au moins j'éviterai tous les dramas familiaux jusqu'au repas, me balança-t-il avec un sourire moqueur.

Mon sourire s'effaça aussitôt et il se marra avant de monter à l'étage avec le petit. Merde. Pas con ça. Il fallait que je trouve les filles. Je me dirigeai dans la cuisine où elles s'affairaient en silence :

– Vous voulez de l'aide ?

– Ouais, amènes-ça sur la table, me répondit la handballeuse avec un sourire v'là forcé.

Je m'exécutai et la sonnette de la porte d'entrée ne tarda pas à sonner.

Maëlle sortit de la cuisine en trombe et s'y précipita, et son père lui lança une réplique cinglante :

– T'as invité qui encore pour savoir si je dois aller taper dans quelque chose pour abîmer personne ?

Elle resta encore une fois de marbre mais je la connaissais par cœur et je pouvais sentir d'ici sa gorge se nouer.

Franchement je le respectais mais là il me foutait les nerfs. On avait tendance à oublier qu'il avait pas vraiment eu de jeunesse ; je pense que niveau prise sur sois il avait pas gagné en maturité.

– Arrêtes, c'est bon, lui lança froidement Raphaël.

La porte s'ouvrit sur un grand brun bien stock. Enfin grand, il était géant, sûrement du même gabarit de Tyler.

Maëlle lui sauta dans les bras et l'homme la serra contre lui :

– Hey kiddo !

Je voyais que le dos de ma meuf donc je savais pas quelle émotion elle laissait paraître mais je vis le visage de l'américain s'attendrir :

Hey, sweaty, it's gonna be okay, I promise.

Je jetai un œil à Tyler, et je vis son visage changer : il avait été dur, puis la surprise avait pris place, il avait rapidement eu les larmes aux yeux en entendant la voix du gars, puis il était maintenant redevenu de marbre. Je voyais en direct d'où venait la fierté de ma meuf.

Il se précipita ensuite dans l'entrée et pris violemment le gars dans ses bras. Ils restèrent comme ça une bonne minute à se claquer le dos fraternellement, puis se séparèrent. Ils avaient tous les deux les yeux brillants.

– Bon allez à table ! s'exclama Fanny d'une petite voix en essuyant une larme.

Le gars, Jared apparemment, salua tout le monde et s'installa à côté de son frère, le plus loin possible de Nick. Il y avait tellement de tension dans l'air, j'avais l'impression que je pouvais me prendre un coup de jus à tout moment.

Je m'installai à côté de Maëlle et posai une main réconfortante sur sa cuisse. Je mourrais d'envie de la prendre dans mes bras mais je savais qu'elle voulait pas paraître faible devant autant de monde. Elle posa sa main sur la mienne et la serra et expirant.

Finalement, les discussions allèrent dans tous les sens, en français ou en anglais, le père et le fils s'évitant mutuellement. Maëlle parlait beaucoup avec ses grands-parents français et ça me faisait marrer d'entendre ressortir son accent.

– Te moques pas, me dit-elle en me tapant la cuisse.

Je ris de plus belle.

– Nan mais Elma c'est chaud ! se marra Nek. On avait déjà entendu chez Yvette et Henri mais là tu te retiens même pas !

– Attends tu l'as déjà entendu parler lui quand il se retient pas ? répliqua-t-elle en me pointant du doigt. Avec ses « et bé peuchère » à tout bout de champs !

– Je parle pas comme ça ! me défendis-je, outré par la voix qu'elle venait de prendre.

Elle rigola, fière de sa connerie.

– Ah ouais d'ailleurs les deux vous déteignez l'un sur l'autre, vous ferez gaffe, continua Nek. Genre Maëlle maintenant c'est plus des « bah » que tu dis c'est des « bé » quand tu fais pas gaffe.

Je me moquai, content de laisser ma trace dans son vocabulaire.

– Te marres pas Bigo, y'a pas deux jours tu m'as sortis que ton reuf était un beusenot.

– Mais nan ! s'exclama la handballeuse. Oh je suis fière de toi !

Je poussai sa tête avec ma main en grognant et elle se marra.

– Ils sont mignons, déclara sa grand-mère ricaine.

Je m'étouffai avec mon vin blanc en voyant la gueule que tirait ma meuf. Elle était magique, j'aurais voulu pouvoir la prendre en tof.

Elle me claqua encore la cuisse alors que j'étais mort de rire.

« mignons » ; putain c'était vraiment pas un truc qui pouvait s'appliquer à Maëlle. Enfin si, quand elle dormait quoi.

– Et toi alors tu as une amoureuse ? demanda finalement la mamie à Sohel.

Celui-ci hocha la tête, puis avala sa bouchée et déballa toute sa vie. Putain on allait en avoir pour longtemps.

À la fin de son discours, le grand-père américain lui donna une tape virile dans le dos en guise de félicitations, et sans que je comprenne ce qu'il se passait, tout dérapa.

En deux seconde à peine, Tyler s'était levé et l'avait empoigné par le col avant de le plaquer contre un mur, faisant tomber des photos par la même occasion. On s'était tous levé en même temps et Jared essayait de nous tenir à l'écart tandis que Fanny avait pris Sohel dans ses bras.

– Retouches encore une fois à mon fils et je te détruis, dit froidement Tyler.

– Papa ! s'écrièrent les jumeaux en même temps.

Aucune réaction.

Ty, tenta calmement Jared. Don't do this.

Mais il ne recula pas et semblait même perdu dans son propre monde. La rage l'empêchait sûrement de nous entendre.

Son daron avait l'air effrayé, mais il donnait aussi l'impression de comprendre le geste de son fils.

Ty ! répéta son reuf, un peu plus fort cette fois-ci, et avec plus d'autorité.

Tyler tourna légèrement la tête dans un geste saccadé. Il respirait comme un buffle prêt à charger.

Come on dude, let him go.

Tyler ferma les yeux et lâcha progressivement la cravate de son père. Il se retourna vivement et se dirigea vers le mur opposé pour y asséner un coup de poing monumental et le trouer par la même occasion. Jared l'y suivit et je l'entendis marmonner quelque chose comme : « si tu leur dis pas je le fais, c'est hors de question que tu passes pour le connard de l'histoire ». Puis les deux frères sortirent dans le jardin, la main de Jared sur l'épaule de Tyler.

Bah putain. 

On se regarda tous, l'air ahuris.

– Ça va Papy ? s'inquiéta Raphaël, mettant fin au silence.

Maëlle lui lança un regard mauvais, visiblement toujours du côté de son daron :

– Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda-t-elle sèchement au vieux.

I, I... I don't know...

Elle lâcha un rire excédé :

– Évidemment.

– Tu sais, ton père a toujours eu le sang chaud, expliqua sa grand-mère américaine.

– Y'a des choses que vous savez pas madame, dit doucement Kamel.

Il avait l'air d'essayer de rester calme, mais je voyais dans ses yeux qu'il avait au moins autant envie d'en foutre une au vieux que Tyler. 

Moi, je comprenais vraiment plus rien. Je jetai un œil à Nek pour savoir où il en était mais il avait l'air aussi duper que moi :

– J'en sais rien kho, j'ai l'impression d'avoir loupé une saison entière de Game of Thrones.

Christophe, le grand-père français, se leva finalement de sa chaise :

– J'connais Tyler depuis qu'il a six ans, et sauf votre respect Monsieur, je l'ai pratiquement élevé puisque vous en avez été incapable. Ce genre de réaction, ça lui ressemble pas. Donc on va attendre qu'il se calme pour nous expliquer, mais je pense que vous avez vos torts.

On resta en silence pendant une quinzaine de minutes, attendant que les deux frères reviennent. Maëlle semblait perdue dans ses pensées dans son coin. Sohel était aussi sur ses genoux et elle le tenait fermement contre elle, ses mains sur son petit ventre et le menton sur l'épaule du môme.

La porte fenêtre donnant sur la terrasse se rouvrit enfin et les deux colosses entrèrent.

– Tonton ! s'exclama Sohel en se ruant vers Tyler. Ça va ta main ? demanda-t-il d'une petite voix inquiète alors que son père lui caressait distraitement la tête en souriant d'un sourire crispé.

– Ça va bonhomme, t'inquiètes pas, retournes voir Mel.

Tyler s'assit finalement dans le canapé qui avait été écarté pour les rallonges de la table et passa rapidement sa paume sur son visage :

– C'est le fait qu'il ait tapé Sohel qui m'a fait vrillé.

Une seule phrase et je voyais déjà où il voulait en venir. Et Nek aussi. Parce que sans même qu'on lui demande, il emmena Sohel dehors avec lui avec le prétexte de vouloir jouer au foot. Maëlle le remercia du regard et déglutis difficilement. C'était ouf tous les détails que j'arrivais à capter à force de la regarder.

Tyler prononça enfin la phrase que tout le monde redoutait d'entendre :

– Parce que cet enculé m'a tapé dessus aussi loin que je m'en souvienne et jusqu'à ce que vous retourniez vivre aux États-Unis, cracha-t-il et Jared lui serra la nuque.

Il était au courant. Et Kamel aussi putain.

La mère de Tyler se laissa tomber dans une chaise en pleurant.

Mon premier réflexe fut de regarder ma meuf, mais elle fixait le vide sans aucune émotion. Pourtant ses yeux commençaient à briller. Je crevais d'envie d'aller la voir mais il fallait pas, sinon elle allait s'effondrer.

– Quand j'étais petit et que t'étais de garde le soir, reprit-il en regardant sa mère, il me punissait en m'enfermant dans un placard pendant des heures. Souvent pour la seule raison que j'étais un enfant et que je l'emmerdais. Quand je me suis cassé le bras à huit ans, c'était pas à l'école. En fait il m'avait serré le bras tellement fort en me secouant qu'il s'est cassé sous sa poigne. Et comme il me menaçait, j'ai passé la nuit avec le bras cassé et le lendemain matin j'ai fait semblant de tomber à l'école pour pas qu'on sache que c'était lui.

L'atmosphère était pesante. Sa mère était en larmes. Son père regardait honteusement ses pieds. Fanny chassait rapidement les larmes qui coulaient sur ses joues. Christophe avait les yeux brillants, les poings et les mâchoires aussi serrées que celles de Kamel et Jared. Isabelle, la grand-mère française, refoulait des larmes en levant les yeux au ciel. Raph était figé d'horreur. Et Maëlle... Maëlle on aurait dit un robot ; aucune émotion ne transparaissait.

– J'ai jamais eu peur de l'eau Maman, continua-t-il. C'est juste que j'avais trop de cicatrices de ses coups de ceinture dans le dos. Au début il frappait juste avec le poing là où ça se voyait pas, et puis au fil des années il s'est dit que de toute façon je m'arrangerais pour dissimuler ses marques donc il est passé à la ceinture. C'est comme ça que Jared et Kamel l'ont appris un été quand on avait quatorze ans. Mais je leur ai fait promettre de rien dire parce que je savais que tu l'aimais.

Il inspira un grand coup, semblant être loin d'en avoir fini, puis continua d'un ton las, les yeux dans le vague :

– Le pire c'était la maltraitance psychologique. Heureusement que Christophe était là pour compenser parce que je serais pas l'homme que je suis aujourd'hui sans lui. J'étais jamais assez bien pour lui. Et il manquait pas une occasion de me rappeler que j'étais une sous-merde. Sauf que moi je l'idolâtrais. Jusqu'à mes douze ans au moins, j'ai cru tout ce qu'il me disait tellement je l'aimais. Je voulais pas le décevoir. Puis après j'ai compris que c'était juste une sombre merde.

Il s'arrêta quelques secondes, déglutit, puis reprit :

– Il était même capable de me laver le cerveau. Je me souviens d'une fois où il m'a donné une claque monumentale, je devais avoir onze ans. Il y avait mis tellement de force que je suis parti en arrière et que je me suis ouvert le crâne. Quand on est arrivé aux urgences il a expliqué que j'étais tombé du canapé sur la table basse. Il pleurait. Il pleurait putain. Il disait que tout était sa faute et qu'il aurait pas dû me laisser sauter sur le canapé. Comme il est médecin tout le monde l'a cru. Et même moi putain. J'étais tellement sonné que je me suis rappelé de la vraie version que quelques jours plus tard. Et je me suis souvenu que quand l'infirmier est partit, il a séché ses larmes de crocodile et il m'a dit froidement de me taire. 

Il souffla un coup, et Jared lui pressa l'épaule pour l'inviter à continuer :

– J'ai rien dit parce que le pire dans tout ça, c'est qu'il était génial avec toi Maman. Il était fou de toi, ça se voyait, vous vous aimiez tellement. Il t'a jamais fait de mal, t'étais tellement heureuse... Je supportais pas de te faire du mal en t'en parlant. J'ai fini par accepter le fait qu'il était incapable de m'aimer et je me consolais en me disant que toi, t'avais tout l'amour qu'il te fallait.

Tyler releva enfin la tête et sourit, mais sans aucune joie :

– Voilà l'homme que t'as épousé Maman.

J'en avais le souffle coupé. Personne osait parler dans la pièce. Jared serrait toujours l'épaule de son frère en guise de soutient.

Christophe se leva finalement et se planta devant l'autre les poings serrés :

– Je vais vous demander de sortir maintenant. Et je le répéterai pas. Vous sortez d'ici avant que je vous casse le nez pour tout ce que vous avez fait à mon garçon.

Une larme coula de l'œil de Tyler face aux mots du père de Fanny, et le vieux fini par partir en traînant des pieds :

Tyler I'm...

– Dehors ! cracha Christophe, les dents serrées.

Il fut vite rejoint par sa femme après qu'elle eut embrassé son fils en pleurant et en s'excusant.

Tyler soupira un grand coup lorsque la porte d'entrée se referma, puis il se leva :

– Bon ! Bah on a pas fini de manger hein ! s'exclama-t-il en souriant.

Tout le monde le regarda avec un air dépité, puis il soupira de nouveau :

– Eh c'est bon, c'est fini, ça fait des années que c'est terminé cette histoire. J'en ai juste parlé aujourd'hui, maintenant c'est complètement réglé, je vais pas le laisser me pourrir la vie. Donc maintenant vous posez vos culs sur vos chaises et on mange !

Fanny appela Nek et Sohel et on s'exécuta tous.

Quelques heures plus tard, tous les invités hormis Jared étaient partis, et Maëlle avait disparu depuis quelques temps déjà. Je montai la voir dans la chambre que je squattais pour le weekend. Elle était assise dos à moi sur une table de chevet pour pouvoir cracher la fumée de son pète à l'extérieur. Je lui arrachai des mains et l'écrasai sur le rebord de la fenêtre, et la handballeuse se retourna pour me fusiller du regard avant de tourner de nouveau la tête dehors :

– Je me déteste. Putain j'arrive pas à croire que je lui ai fait subir ça, dit-elle d'une voix enrouée.

– Arrêtes, au moins maintenant tout le monde à ouvert les yeux sur Nick.

J'entourai son buste de mes bras et attirai vivement son dos contre mon torse. Je la sentis tressauter légèrement dans un mini sanglot, puis elle se redressa et effaça rageusement la seule larme qui avait coulé.

– T'as pas vu comment il m'a regardé, dit-elle froidement. J'ai jamais vu un tel regard de sa part se diriger contre moi. C'est comme si j'étais plus sa fille. Et putain je le comprends.

Elle était en colère contre elle-même et je m'attendais presque à la voir se cogner la tête contre un mur pour se punir.

– C'était avant de pouvoir parler. Tu lui as forcé la main, mais au moins je pense que maintenant il se sent grave léger. Il fallait qu'il le fasse de toute façon, et toi tu l'as aidé. Je pense qu'une fois qu'il sera redescendu il te sera juste reconnaissant. Et franchement Mel, je pense que tu pourrais faire n'importe quoi qu'il t'aimerait toujours plus que tout, ça c'est un truc dont il faut jamais que tu doutes.

Elle se laisser tomber en arrière pour se blottir contre moi, abandonnant sa gigantesque armure de femme forte, et je l'entourai de mes bras avant de poser mon menton sur sa tête. Elle en avait fait des progrès en deux ans ; avant elle se serait jamais laissée aller comme ça. Et ça elle le faisait qu'avec moi.

– Mika...

– Hmm ?

– Je t'aime.

Je la serrai encore plus fort et lui embrassai la tête. C'était trop dur à dire mais ça faisait tellement du bien de l'entendre. Et ce coup-ci c'était elle qui l'avait dit en premier.

On aurait pu rester comme ça toute notre vie à regarder dehors. Mais c'était sans compter l'intervention de Tyler :

– Maëlle Siobhan Isabelle Clarkson, descends ton joli petit cul ici ! hurla-t-il.

– Oh, c'est pas bon ça, dit la handballeuse en soupirant avec lassitude.

Elle m'embrassa et quitta la pièce. Elle soupirait pour rien, parce que je savais que son daron allait lui répéter la même chose que je venais de lui dire.

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