Chapitre 69. « J'suis en apesanteur, tout me semble sans gravité »
Coucou ! Ça faisait longtemps que j'avais pas blablaté pour rien tiens ! Bon en vrai là c'est vraiment pour dire un truc utile.
Je voulais vous prévenir dès maintenant que les deux semaines à venir, je vais être très occupée et je n'aurais vraiment pas le temps d'écrire. MAIS ! J'ai quelques chapitres d'avance, je voulais pas vous laisser sans rien. Donc jusqu'à dimanche, publication normale, trois jours, trois chapitres. Mais les semaines qui viennent, je n'en publierai sûrement qu'un, probablement en milieu de semaine, genre mercredi. Voilà voilà ! J'espère que vous m'en voudrez pas et que vous oublierez pas Maëlle entre temps.
Bisous, et merci encore pour tout, vous me boostez, vous avez pas idée !
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Les mois passaient à une vitesse folle. Le début de mon année à Larvik avait été assez compliqué et j'avais pensé que ce serait encore plus dur de revenir après Noël, mais au final tout était passé terriblement vite. Seul ombre au tableau : Raphaël me manquait terriblement, j'avais vraiment beaucoup de mal à vivre loin de lui ; mais ça ne m'étonnait pas, je savais que j'avais laissé une moitié de moi en France.
Il ne me restait qu'un match en Norvège et j'étais de retour à la maison pour de bon dans une semaine. Quelques mois plus tôt mon agent m'avait confirmé mon contrat avec Paris, et j'étais comme une folle à l'idée que j'allais vivre plusieurs années de plus aux côtés de mes amis. J'avais tellement hâte de rentrer chez moi !
J'avais l'impression que c'était hier que j'écrivais ma lettre de l'année 2013-2014 à ma mère, et pourtant j'y étais déjà revenue. J'allai passer mon premier 8 juin loin de tous mes proches.
En Norvège, je n'avais parlé à personne de ma vie privée, les filles ne connaissaient que la Maëlle que je souhaitais bien leur montrer. Je m'étais dit que je ne passerai qu'un an ici, alors je n'avais pas eu envie de m'étendre sur le sujet.
Finalement ça faisait un bien fou. J'avais presque l'impression que le 8 juin touchait plus la Maëlle de France que celle de Norvège, et pour la première fois j'entamais cette journée dans un bon état d'esprit.
Alors quelle ne fut pas ma surprise en voyant à mon réveil que Ken, que j'interrogeais sans arrêt depuis des mois sur la date de sortie de son album, avait enfin sorti Feu.
Je lui envoyai immédiatement un message :
T'as pas fait ça ??
Sa réponse suivit très rapidement :
On avait le choix entre plusieurs dates, je me suis dit que ça allait être plus dur cette année parce que t'étais loin
Je sentis mes yeux me piquer. Putain de merde. Le monde ne méritait pas une personne comme Ken. Je ne méritais pas un ami comme Ken.
Mon téléphone vibra une nouvelle fois.
Ken : T'as écouté au moins ? Si ça se trouve tu vas trouver ça claqué et ta journée sera juste pire
Je ris toute seule. Ça, c'était impossible.
Moi : Donnes-moi une heure
Sur ce, je mis l'album en marche, et me laissai transporter par la voix de mon ami.
Je passai par toutes les émotions, reconnaissant certaines musiques déjà clippées et d'autres jamais entendu. Aussitôt le troisième morceau passé, je conclus déjà que cet album allait faire partie de mes préférés de l'année tous genres confondus. Et pourtant j'en écoutais de la musique !
J'esquissai un sourire lorsque le seizième morceau débuta ; Risibles Amours... C'était lui qui avait voulu lire ce roman et l'avait donc choisi pour moi avant de le lire lui-même.
Je partis chercher une bière et lâchai subitement cette dernière lorsque j'entendis des paroles que j'avais déjà lu quelques mois auparavant.
Sans même m'en rendre compte j'avais appelé mon ami tandis que quelques larmes s'échappaient de mes yeux :
– Princesse t'es vraiment en train de chialer ? se moqua Ken.
Je me raclai la gorge pour reprendre un semblant de contenance :
– Nan...
Mon ami rit au bout du fil :
– T'en es où ?
Sa voix semblait rauque. Je me fis la réflexion qu'il n'aimait peut-être pas m'entendre pleurer et je séchai rapidement mes larmes. Comme s'il pouvait le voir.
– Parce que si t'en es à Princesse, ça parle pas de toi je te jure, donc te sens pas trop fraîche !
– Je pensais que t'avais tout jeté... dis-je finalement.
– Il est possible que j'ai menti...
– T'es vraiment qu'un con hein !
– Ah bah voilà, là je retrouve ma p'tite reus !
– Toujours qu'un an de moins que toi Ken, ça a pas changé.
Le rappeur rit fièrement :
– Bon et sinon t'en penses quoi ?
– Je sais pas, j'ai pas tout écouté, si ça se trouve la suite c'est de la merde.
Sur ce, je raccrochai. En vérité je n'avais même pas fini d'écouter son morceau caché, trop bouleversée par les phrases que j'avais reconnu.
La suite était toute aussi parfaite que les morceaux que j'avais déjà écouté. J'étais tellement fière de mon ami ! Tout le travail qu'il avait fourni se reflétait dans chacune de ses musiques et je savais d'ores et déjà qu'il allait faire énormément de ventes.
– Alors ? me demanda-t-il quand je le rappelai.
– T'es un putain de génie et je t'admire de ouf, je te l'ai jamais dit et je veux que tu saches. Je te jure j'ai envie de te sauter dans les bras là tellement je suis fière de toi.
Un léger silence s'installa durant lequel je regrettai d'avoir divulgué mes émotions aussi facilement.
– On va dire que j'ai rien entendu. Ça te rend vraiment fragile d'être loin de nous.
– Ta gueule.
Ken se contenta de rire.
– Plus sérieusement, tu seras disque de diamant, je te le garantis.
Le rappeur souffla de l'autre côté du téléphone :
– Dis pas de connerie, disque d'or c'est déjà bien.
– Rappelles-toi bien de ce que je viens de te dire parce que je suis sûre que j'ai raison. Ce sera peut-être dans dix ans mais je suis sûre que ça arrivera. Et si ça arrive pas, bah je claquerai toute ma thune pour que ce soit vrai.
[...]
Paris...
Six mois que je n'avais pas vu la Ville Lumières. Et j'étais enfin de retour. Pour de bon cette fois-ci.
Aussitôt arrivée dans le hall de l'aéroport, je repérai une perche aux cheveux châtains et aux yeux bleus, et je courus dans sa direction.
Mon frère me souleva du sol et je m'agrippai à lui du plus fort que je pouvais comme pour éviter d'être une nouvelle fois séparée de lui.
– Oh putain ce coup-ci c'est pour de bon ! soupira Raphaël en s'essuyant les yeux.
J'essuyai vivement les quelques larmes de joie qui avaient coulé sur mes joues et nous rîmes de notre attitude plus que ridicule :
– Quelle bande de fragiles ! lançai-je.
– Et t'es pas au bout de tes peines !
Effectivement. Il allait falloir que je passe par la case Ken, Antoine, Alice, Julia, tout L'Entourage, Tarek, Hugo, et ma famille. J'allais avoir l'air tellement fragile en retrouvant mon père !
[...]
– Mel Mel Mel Mel Mel !
Je n'avais pas encore passé le portail de la maison que Sohel courait déjà dans ma direction en criant.
– Soso ! m'exclamai-je en soulevant mon petit frère dans les airs.
– Tu m'as trop manqué, sanglota-t-il.
Oh non, je détestais le voir pleurer :
– Toi aussi crapaud, mais je suis là maintenant.
Je lui essuyai ses larmes et déposai des baisers partout sur son visage, ce qui provoqua son hilarité, avant de le reposer sur le sol.
– Comment il s'en bat la race de moi, bouda Raphaël.
Sohel, ne voulant pas faire de jaloux, se précipita aussitôt sur lui alors que je me dirigeais dans la maison.
Après des retrouvailles fortes en émotions, ma famille et moi étions installés dans le petit jardin derrière la maison, le chien faisant des allers et venues entre chaque personne. Je parlais de mon expérience en Norvège depuis près d'une heure et avais presque terminé mon récit :
– Même si vous m'avez énormément manqué, c'était une bête d'expérience.
Sohel, blottis contre moi depuis tout ce temps parce qu'il ne voulait plus me lâcher, se retourna :
– Moi je suis trop fier de toi Mel ! Quand je serai grand je veux être comme toi !
Je sentis mon cœur fondre ; il était beaucoup trop mignon. Je lui embrassai le crâne. Comment j'avais fait pour supporter un an sans voir sa petite bouille ?
– Sois toi-même, c'est le plus important, lui dis-je.
Il me gratifia d'un grand sourire, creusant ses adorables fossettes.
– Bon, qui se dévoue pour aller chercher le pain ? demanda mon père.
Raphaël et moi fîmes comme si nous n'avions rien entendu, levant les yeux au ciel en sifflotant, et Sohel leva la main. Puis pour mon plus grand désespoir, il se tourna vers moi avec excitation :
– Tu viens avec moi dis Mel ?
Raphaël me lança un sourire moqueur et je lui montrai discrètement mon majeur.
– Maëlle ! me réprimanda mon père.
– Bah, depuis quand ça te fait quelque chose ? demandai-je avec surprise. Le plus important c'est que Soso l'ai pas vu.
– Depuis que j'ai décidé d'être un adulte responsable.
– Et bah, t'en auras mis du temps ! Fais gaffe, la prochaine étape c'est les dimanches matins à regarder Automoto et les aprèm' devant les feuilletons TF1 !
– Vas te faire foutre ! s'exclama-t-il en me donnant un coup de pied dans le derrière.
Et bah sa volonté d'être un adulte responsable n'avait pas duré longtemps.
Quelques minutes plus tard, Sohel et moi sortions de la boulangerie. Mon père m'avait donné trop d'argent et j'avais donc offert une sucette à mon petit frère. Ça c'était de l'éducation !
– Je t'ai manqué Mel ?
Il avait l'air si peu sûr de lui, j'étais effaré qu'il pense le contraire :
– Bien sûr que oui, t'es mon petit frère, j'ai pensé à toi tous les jours.
Un sourire rayonnant apparu sur son visage :
– Toi tu m'as trop manqué, même que des fois je pleurais en pensant à toi.
Oh mais non ! Mon cœur se serra en entendant sa petite voix si honnête.
Nous nous assîmes sur un banc et je le serrai contre moi.
– Mais tu sais tes copains ils m'ont consolé, continua-t-il en ouvrant sa sucette, l'arrière de sa petite tête posée dans le creux de mon épaule.
– Mes copains ?
– Oui, ceux qui font de la musique. Même que c'était Ken et Deen.
J'écarquillai les yeux, ayant visiblement manqué un épisode.
– Deen il a été trop sympa, c'est lui qui m'a dit que t'allais bientôt revenir.
Je me fis une note mentale de remercier Deen d'avoir été là pour mon petit frère quand je n'avais pas pu l'être.
– En fait je l'aime bien, continua-t-il. Tu peux être encore son amoureuse si tu veux, ça m'embête plus.
Je souris, amusée ; comme si j'avais eu besoin de son autorisation.
– C'est pas comme ça que ça fonctionne. Deen et moi on est plus amoureux.
Quelle mytho.
– Toi peut-être pas mais lui si !
J'écarquillai une nouvelle fois les yeux. Mais ce gosse !
– Comment tu sais ça ?
– Ça se voit sur sa tête. Quand Ken et moi on parlait de toi il avait la même tête que Tyler quand on parle de Maman.
N'importe quoi. Il était vraiment mignon, mais il voyait des signes où il n'y en avait pas.
– Donc si tu veux que ce soit encore ton amoureux tu peux ! conclu-t-il avec un grand sourire.
– Je tacherai de m'en rappeler, ricanai-je en lui frottant les cheveux, pas convaincue le moins du monde.
Il allait vraiment falloir que je passe à autre chose.
[...]
Je ne pensais pas que l'occasion de tourner la page se présenterait si vite. Et pourtant, dès mon retour sur Paris, elle se présenta sous la forme d'une lointaine connaissance :
– Maëlle !
Je me retournai vivement dans la rue, enlevant mes écouteurs, pour tomber nez à nez avec Morad.
– Morad ! m'exclamai-je, sincèrement heureuse de le revoir. Comment tu vas ?
Il était vraiment très beau. J'avais toujours eu un penchant pour les rebeus et les renois, et Morad ne faisait pas exception à la règle.
– Très bien, et toi ? Qu'est-ce que tu deviens ?
Maëlle, c'est le moment de se lancer et d'oublier l'autre abruti de rappeur une bonne fois pour toutes :
– Oulah, ce serait beaucoup trop long à expliquer ! Ça te dit qu'on en parle autour d'un verre ?
– Allez !
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