Chapitre 48. « Don't fuck with my love »
Bon, et ben voilà, dernier chapitre avant une semaine ou deux. J'essaierai vraiment d'en poster au moins un la semaine prochaine, mais je veux pas vous faire de faux espoir. Ça va me manquer de pas poster tous les jours et de voir vos pp s'afficher quand vous aimez. En tout cas je vous souhaite à tous de bonnes vacances, et pour ceux et celles qui bossent ou qui ont des rattrapages, bon courage ! Gros bisous !!
(et ouais, je sais que c'est un peu un coup de pute de vous laisse avec de chapitre là)
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– Malouuuuuu !
– Manouuuuu !
À peine eut-elle croisé mon regard, ma meilleure amie se jeta dans mes bras. Nous nous balançâmes d'un pied à l'autre au milieu du hall de la gare, nous serrant mutuellement très fort.
Qu'est-ce qu'elle m'avait manqué !
Notre étreinte dura plusieurs minutes, comme pour rattraper les mois qui s'étaient écoulés depuis nos derniers moments ensemble. Nous étions déjà en Avril, et nous nous étions vu pour la dernière fois en Août, avant que les cours ne reprennent.
Nous nous lâchâmes finalement, et partîmes en fou rire lorsque nous remarquâmes que nous avions toutes les deux les larmes aux yeux.
– On est vraiment des fragiles, déclarai-je.
– On a des circonstances atténuantes, justifia Manon.
Elle n'avait pas changé d'un poil, si ce n'est qu'elle était moins bronzée que l'été dernier. Jolie métisse à la coupe afro et aux yeux noisettes, ma meilleure amie n'avait rien à envier à personne. Ses traits étaient fins, sa bouche pulpeuse, et elle était vraiment bien foutue. Fine mais avec des formes là où il en fallait, elle avait vraiment l'air d'une femme à côté de ma dégaine de gamine.
– Tu me manques trop ! s'exclama-t-elle en s'agrippant à mon bras alors que nous sortions de la gare.
– Toi aussi, ça me fait bizarre de pas pouvoir cracher sur la gueule des gens, t'es la meilleure partenaire pour ça !
– Il faut qu'on profite au max du temps qu'on a, je veux que tu me racontes tout !
Effectivement, Manon n'était que de passage, sa destination finale étant Dijon. Elle devait aller y voir sa grand-mère malade, probablement pour la dernière fois, et elle devait prendre le train dans quelques heures. J'avais envie de la voir plus longtemps mais je me contenterai du peu de temps que nous avions.
Nous nous assîmes dans un café devant un cappuccino, un chocolat chaud et des viennoiseries.
– Alors c'est comment Paris ? demanda-t-elle, toute excitée.
– Grand, soufflai-je. Mais on s'y fait.
– Ouais je comprends, j'ai mis pas mal de temps à me faire à Stras', mais à force on s'y habitue.
– T'as pas envie d'en repartir hein ? la taquinai-je.
Je savais qu'elle était littéralement tombée amoureuse de la ville, de son architecture et de ses habitants.
Mon amie m'adressa une moue digne de celle d'un enfant coupable, et je ris.
– En plus Fabien veut pas vraiment bouger donc je pense que je vais y rester un moment...
Fabien était son copain, ils s'étaient rencontré à un concert auquel nous avions assisté sur Paris et il n'était pas pour rien dans sa décision d'emménager à Strasbourg. Leur histoire avait l'air de durer puisqu'ils étaient ensemble depuis bientôt trois ans. J'étais heureuse pour elle, Fabien était quelqu'un de bien.
– Bon et toi Malou, les mecs ?
Je haussai les épaules mais ne pu retenir un sourire enfantin.
– Nan t'es pas sérieuse ?! s'exclama ma meilleure amie en reposant violemment sa tasse sur la table avant de poser une main sur sa bouche.
Ses yeux étaient écarquillés et elle me fixait intensément, attendant la suite des événements. Mes histoires de cœur l'avaient toujours plus passionnée que moi, et elle désespérait de mon éternel céliba et de mon manque de sérieux. Ce que j'allais lui dire était donc pour elle l'annonce du siècle.
– Il est possible que j'ai rencontré un mec cet été et que...
– Mais nan ! me coupa-t-elle. T'es sérieuse ? Même pas tu m'en as parlé au téléphone en sept mois ?!
– Attends j'ai pas finis ! rigolai-je. On s'est séparé en début d'année parce qu'il partait en Australie.
Ma meilleure amie, auparavant toute droite s'affaissa sur sa chaise. Elle était visiblement déçue, ce qui m'amusa d'autant plus.
– Mais...
Elle se redressa d'un seul coup, les yeux rivés sur moi, totalement à l'écoute.
– Dans toute la bande de L'entourage dont je t'ai parlé...
– Deen Burbigo ! me coupa-t-elle de nouveau, comme si elle avait trouvé la réponse aux équations d'Einstein.
Je levai les yeux au ciel innocemment, puis, Manon me tannant pour connaître la suite, je lui racontai tout. Depuis nos premiers rapprochements jusqu'à notre dernière nuit ensemble, en passant par les petites infidélités que j'avais fait subir à Alexis.
– Je suis trop contente ! s'exclama-t-elle en applaudissement légèrement quelques fois. Et alors tu penses que ça va donner quelque chose ?
– Je sais pas... avouai-je. Ça fait quelques semaines qu'on se considère comme un couple mais on en a encore parlé à personne, c'est encore très frais.
– Je suis la première à savoir ? Cool ! dit fièrement ma meilleure amie.
Elle but une gorgée de sa boisson avant d'enchaîner :
– T'es amoureuse de lui ? me demanda-t-elle doucement, très sérieusement.
Je réfléchis quelques secondes. Amour était un bien grand mot, je n'étais pas prête à l'utiliser pour décrire notre relation.
– Je suis vraiment très attachée à lui on va dire.
Manon haussa un sourcil, dans l'attente d'un développement de ma part.
– Au début je me laissai pas être plus attachée à lui qu'en amitié, même quand on s'est mis d'accord pour qualifier notre relation de « couple », dis-je en mimant les guillemets. Parce que je le connais trop et je sais comment il est avec les meufs, et j'attendais juste le moment où il allait me tromper. Mais après je me suis laissé aller en me disant que même s'il devait me tromper et bah tant pis pour lui, qu'il reste un gros con. Mais pour répondre à ta question, je pense qu'on est entre amitié et amour. Je l'aime plus que Ken ou Antoine mais je suis pas amoureuse pour autant. Enfin je pense pas...
Ma meilleure amie leva les yeux au ciel.
– J'en crois pas un mot. Je te connais, je connais l'amour, et je sais que toi tu sais pas ce que c'est l'amour. Nan je veux rien savoir, intervint-t-elle avant que je ne puisse répliquer, je sais pas ce que c'était avec ton Alex mais c'était pas de l'amour. Alors si ça se trouve t'es amoureuse de Deen et tu le sais même pas.
Sur ce, elle finit sa tasse d'une traite, la reposa sur la table, et me toisa, les bras croisés, persuadée qu'elle avait raison.
À ce moment-là, je savais que je ne pouvais rien répliquer. Premièrement parce qu'elle était très butée, et une fois qu'elle était sûre d'avoir raison elle n'en démordrait pas. Et deuxièmement parce qu'elle voyait souvent des choses que les autres ne voyaient pas et qu'il y avait des chances qu'elle ai raison. Je rejetai ce deuxième point loin de moi.
– Bon et sinon comment il va notre Tyler national ? demanda-t-elle d'un ton enjoué.
Mon père était le « crush » de Manon depuis la seconde. Devant moi, elle ne faisait que le complimenter. « Il est tellement jeune », « Nan mais il est super bien foutu c'est pas humain », « Roh ces yeux, mais comment tu fais pour pas détourner le regard ? ». Une fois devant lui elle ne décrochait pas un mot et devenait toute rouge. Mon père était assez respectueux et l'appréciait assez pour ne pas rire devant elle et c'est seulement une fois seuls qu'il en rigolait avec moi.
– Bah écoute tranquille hein, il a du mal à se rappeler ce qu'était le sommeil avec la petite mais tu le connais, c'est un guerrier, rigolai-je.
– Ouais enfin que le manque de sommeil ne le fasse pas mourir dans un incendie, s'inquiéta-t-elle.
Je la frappai. Elle savait très bien que depuis toute petite, une de mes plus grandes peur était que mon père ne revienne jamais du travail.
– Au fait je veux rencontrer tes potes moi ! s'exclama Manon.
– Et bah ce sera pas pour aujourd'hui, ça fait des jours que je les ai pas vu. Certains sont sur Paris mais ils ont trop de trucs à faire et ils s'en balec' de ma gueule, et les autres sont dans le Sud pour la petite tournée de Deen. Mais je crois qu'ils rentrent ce soir.
– Merde, j'aurais su, j'aurais pris un train plus tard, j'aurais pu voir ton Deen !
– Nan mais ta grand-mère c'est plus important, t'as tout le temps de les rencontrer.
Notre conversation dériva sur l'état de santé de sa grand-mère, puis sa petite vie de couple à Strasbourg, ses études, mon frère, des souvenirs de lycée, et puis bien vite l'heure de son embarquement arriva et nous dûmes nous séparer.
– Je t'aime fort Manou, soufflai-je en la serrant fort dans mes bras. Tu m'appelles et tu me tiens au courant pour ta mamie hein ?
Ma meilleure amie répondit d'un faible oui et sauta dans le train.
Bon, bah il ne me restait plus qu'à aller déprimer chez Raphaël.
[...]
En fin de journée je reçus un message de Ken m'informant du retour des gars sur Paris. C'est donc toute enjouée que je débarquai à son appartement et que je lui sautai dans les bras.
– Alors c'était comment ?
– Askip, ils ont dit bête d'ambiance, bêtes de soirées, bêtes de meufs, me résuma-t-il.
– Et bah il leur en faut peu, ris-je.
Je croisai le regard de mon copain et un engourdissement maintenant familier se manifesta dans mon ventre. Je lu dans son regard qu'il pensait la même chose que moi : nous ne pouvions pas attendre de nous retrouver seulement tous les deux.
Et pourtant il allait nous falloir attendre. Toujours plus de torture.
– T'étais pas trop duper pendant notre absence Elma ? demanda Ivan alors que je m'installai en face de Deen (très stratégique Mel, bien joué) sur le canapé.
Je levai les yeux au ciel :
– Comme si j'avais attendu votre arrivée pour vivre quoi. Au contraire, depuis que je vous connais c'est la décadence !
Il esquissa un de ses fameux sourire immensément contagieux, fier de lui.
Depuis que j'étais arrivée, Deen m'évitait du regard. D'abord un peu perturbée, je ne m'en formalisai pas ; je faisais sûrement pareil pour éviter que les autres ne soupçonnent quoi que ce soit entre nous.
– T'as fait quoi du coup ? demanda Idriss.
Je leur racontai ma semaine sans eux, assez peu passionnante. Elle se résumait à des cours, du hand, encore des cours, un match, et enfin ma matinée avec Manon.
– Bon et vous alors ? Je suppose que vous avez pas seulement gueulé comme des hyènes sur scène ?
Mes amis ne se formalisèrent pas de ma pique, probablement trop habitués. Et puis ils n'étaient pas tous partis, il me restait quand même pas mal de monde sur Paris, ils avaient juste été trop occupés pour m'accorder du temps.
Ils me racontèrent chaque concert. C'était dingue la passion qui émanait de leurs récits, on s'y croyait. Ça me rendait heureuse de les voir parler de leur passion pour le rap et la scène.
– Ça devait être le feu Marseille nan ? demandai-je à mon rappeur. T'étais à la maison !
Deen accueillit ma remarque d'un simple sourire, sans développer. Ok, son comportement était peut-être stratégique, mais là il était carrément absent.
– Ouais et pas que le concert... tenta Eff.
– Ah ouais je veux savoir ! m'enthousiasmai-je, comme si j'étais un de leurs gars.
Leurs histoires avec les filles me faisaient rire, ils étaient si cons parfois, et elles si cruches !
– Disons qu'il y en a un ou deux qui ont pris du bon temps, continua-t-il.
Je scrutai les visages en plissant les yeux, telle une enquêtrice, afin de déterminer de qui il parlait. Je compris aussitôt au visage plein de fierté d'Ivan qu'il faisait partit du lot. Mais quel beusenot ! Je continuai mon enquête et vis mon copain éviter mon regard.
Mon cœur manqua un battement. Ok. Compris.
– Bon c'est bon les gars, on va pas lui raconter les histoires de cul de tout le crew non plus ! protesta-t-il.
J'avais déjà compris que lui aussi faisait partie des gars décrits par Eff, mais je ne pus m'empêcher d'enfoncer le clou :
– T'inquiètes, je veux savoir ! dis-je en gardant le sourire, d'un air de défi.
Deen me regarda finalement dans les yeux, l'air soudainement honteux, craintif et... Énervé. Il me connaissait et savait que j'étais capable d'être la reine des putes quand je m'y mettais.
– Tout ce que t'as à savoir c'est que celle de Bigo elle avait un de ces tarpés ! admira Ivan.
Les autres rigolèrent. Il parlait effectivement d'une femme.
Bon. Bah j'avais les informations qu'il me fallait.
Je me levai. Je n'avais pas envie de quitter mes amis aussi tôt mais si je ne partais pas j'allais forcément en foutre plein la gueule de Deen devant nos amis, et même si je me sentais l'âme de le pire des connasses, je n'avais pas envie de l'embarrasser.
– Tu pars déjà Elma ? s'exclama Antoine, le visage plein d'incompréhension.
– Ouais, je suis fatiguée, mentis-je.
Je voyais que mes amis n'en croyaient pas un mot mais ils ne protestèrent pas.
En revanche, Deen, probablement suicidaire, se leva et m'attrapa le poignet alors que j'allais quitter l'appartement.
– Me touches même pas ! m'exclamai-je à voix basse en me retournant.
Ses yeux étaient suppliants mais je n'en avais rien à faire. C'était terminé, et heureusement que ça n'avait pas plus duré.
– Maëlle s'il te plait on peut en parler ?
– Tu veux vraiment faire ça là devant tous tes potes ? Parce que là je me maîtrise mais je te jure que j'ai la main qui me démange.
C'était vrai. Je ne savais pas ce qui me retenait de lui crier dessus. Je me contentais de parler froidement, durement. J'aurais dû être réaliste depuis le début.
Il ne me répondit pas.
– C'est bien ce que je pensais. Putain je savais que j'aurais jamais dû me laisse m'attacher à toi, je suis vraiment trop conne !
Ce qui au début était une blague et une sorte de défi était maintenant un peu douloureux.
– Bigo t'es pas sérieux ? entendis-je Ken s'énerver depuis le salon.
Les yeux de Deen se fermèrent et il serra la mâchoire. Je savais qu'il réprimait une envie de cogner un mur.
Je me forçai à sourire, comme à mon habitude, avant de m'adresser au salon :
– Allez, bonne soirée les gueux, la bise !
La porte se ferma derrière moi et je dévalai les escaliers rapidement. Même si j'étais en jean et en manteau, il allait falloir courir pour évacuer ma colère, et je décidai de m'élancer à pied dans les rues de Paris au lieu de prendre le métro.
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