Chapitre 47. « I wanna know what you're doin' after the show »

Encore une double update ! Oubliez pas le 46 avant ! Bonne lecture :)

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– Vraiment nul à chier votre album.

– Ta gueule Elma.

Je relevai la tête de mon ordinateur et enlevai mes écouteurs, puis regardai mes amis en écarquillant les yeux. Ken, Deen, Moh, Antoine et Ivan avaient balancé ça en chœur alors que quelques secondes plus tôt ils étaient concentrés sur leur film. Mon frère était mort de rire :

– Nan mais les gars, en vrai faut arrêter de vous forcer à être pote avec elle. Vous avez le choix vous, fuyez !

Nos amis rigolèrent et je fis semblant d'être vexée :

– Vous êtes que dalle sans moi, je suis sûre que vous pouvez pas vivre sans ma présence !

Personne ne me répondit. Ces abrutis étaient beaucoup trop rodés maintenant, ils me connaissaient et savaient pertinemment qu'il valait mieux éviter d'entrer dans mon jeu. Ce n'était plus drôle.

L'album de L'entourage sortait dans quelques jours, mais ils avaient eu pitié de moi et m'avaient autorisé à écouter leurs sons avant leur vraie sortie. Et putain, je n'étais pas déçue, je savais déjà que j'allais l'écouter pendant très longtemps.

– Bon et en vrai t'en penses quoi ? demanda Ken, très sérieux.

– En vrai je kiffe. Y'a de tout, même si t'aimes pas le rap il peut y avoir au moins un morceau qui te parle je pense. Mais en vrai on s'en fout de mon avis, surtout que je dois pas être la plus objective.

– Si tu savais à quel point on s'en fout aps de ton avis Elma, répliqua Ivan. Parce que ouais, t'es notre reus, mais t'as un esprit super critique et tu connais bien le peura, et je pense que t'es quand même plutôt objective.

– Ouais bah justement c'est ce qu'on disait y'a genre une semaine, continua Antoine. En rigolant on disait « Si Elma elle aime aps, c'est que c'est vraiment de la merde ». Mais après on avait quand même vachement confiance en nous donc si t'aimais pas on t'aurait dit d'aller te faire foutre.

Je ris à sa remarque. Ils n'avaient vraiment pas besoin de moi pour savoir que leur album était une petite pépite.

– J'espère que vous aller péter les gars, leur dis-je sincèrement.

Ken écarquilla théâtralement les yeux en posant le dos de sa main sur son front :

– Ouïs-je bien ? Votre Sainteté Clarkson nous aurait-elle honnêtement complimenté sans aucune boutade ?

Je tentai de retenir un rire en me mordillant la lèvre. J'avais effectivement mis ma fierté de côté pour complimenter leur travail.

Les gars exagérèrent des cris de joie et se chekèrent comme s'ils avaient gagné la coupe du monde.

– Putain Bigo t'avais raison, dit Ivan, elle est capable de faire des compliments !

Je lançai un faux regard énervé à Deen en plissant les yeux.

– Pas besoin de faire cette gueule, je m'excuserai pas, un compliment de ta tronche c'est mieux qu'un disque de platine.

Il ferma les yeux et se pinça l'arête du nez avec désespoir quand il réalisa la perche qu'il m'avait tendu en voyant mon sourire exagérément satisfait :

– Nan, c'est pas ce que je voulais dire putain. C'est plus compliqué à avoir qu'un disque de platine. Fin'... Oh puis merde ! lança-t-il finalement en balançant sa main en arrière en voyant que je lui lançai des regards moqueurs tandis qu'il ramait.

Je ris, contente d'avoir encore gagné.

– Bon, c'est pas le tout mais moi j'ai un entraînement ! annonça Raphaël en se levant de mon lit.

Je me tournai vers lui avec excitation :

– Je peux venir Raphy s'il te plait ? Ça fait trop longtemps que j'ai pas grimpé !

Mon frère leva les yeux au ciel, sachant très bien que quelle que soit sa réponse, j'allai m'incruster.

Je bondis sur mes pieds, victorieuse, et partis rassembler mes affaires. Quelques minutes plus tard, j'étais prête et lançai les clés de mon appartement à Ken :

– Vous oubliez pas de fermer en partant !

– Ouais et toi t'oublie pas pour ce soir ! me lança Deen.

Ce soir, la Maroquinerie. Comme si j'allais oublier.

Je lui montrai un pouce en l'air.

– Oh et mets pas ton bob affreux là ! lui dis-je d'un air taquin.

Il eut un sourire amusé et me montra son majeur.


[...]


Raphaël grimpait incroyablement bien. En le voyant aussi agile, ses muscles des jambes et du dos saillant sous l'effort, il était impensable qu'il était en fait malade. Il m'époustouflait.

Il se tenait à l'horizontal contre le toit de sa voie et en avait atteint le bout, à environ quinze mètres d'altitude. Je le connaissais par cœur et il était flagrant qu'il avait encore l'énergie pour faire cette même voie encore deux fois.

– C'est bon ! me cria-t-il.

Je desserrai mon emprise sur la corde et la fis glisser à un rythme modéré dans mon descendeur.

Puisque ça faisait longtemps qu'on n'avait pas grimpé ensemble et que j'avais envie de l'embêter, je bloquai la corde dans le descendeur et mon frère se stoppa violemment dans les air, pendant du toit :

– Mel la putain de ta race, je vais te faire bouffer de la magnésie !

Je ris, fière de moi, puis terminai de le faire descendre. Arrivé sur le sol, nous nous détachâmes et il me tendit la corde :

– Vas-y, à ton tour.

Je passai la corde dans mon baudrier et fis mon nœud :

– J'espère que j'ai encore quelques restes.

– Bien sûr que oui, ça s'oublie pas ! m'encouragea mon frère en tirant sur la corde pour m'assurer.

Je me dirigeai vers la même voie que lui, ne sous-estimant pas pour autant mes capacités.

– Ah ouais, direct une 7a ! dit Raphaël. T'es au courant que ça fait plusieurs années que t'as pas grimpé et que t'as plus de forces dans les doigts ?

– Chut ! lui lançai-je avec mauvaise foi en commençant mon ascension.

La première partie du mur me fit beaucoup transpirer mais je ne la trouvai pas compliquée pour autant. Les prises étaient petites, lisses et assez écartées les unes des autres, mais il fallait croire que je n'avais pas perdu autant de technique que je le pensais.

Petit à petit, le mur s'inclina pour laisser place à une petite protubérance qui me fit galérer, mais je réussis à la passer après plusieurs minutes d'acharnement.

Je pus reprendre mon souffle et me dégourdir les bras juste au-dessus. Bon. Je n'avais pas perdu ma technique, mais je sentais que je n'avais pas la facilité de mon frère. Une voix 7a était pour moi le niveau maximum auquel je pouvais prétendre, mais pour Raphaël, ce n'était que son échauffement.

– Putain mais c'est pas humain !

Je sursautai en entendant la voix de Ken en dessous de moi.

Il m'avait envoyé un message quelques minutes après mon départ de mon appartement pour me demander s'il pouvait venir après ses « affaires ». Par affaire, il était bien évidemment entendu qu'il parlait d'une fille.

– C'est à toi de la faire après Ken ! lui criai-je.

Je n'entendis pas sa réponse et soufflai un grand coup avant de continuer mon ascension. Le toit, ça allait être le plus dur. Cela faisait longtemps que je n'avais pas grimpé un toit avec une telle inclinaison et je ne pensais pas réussir à le faire : je me contenterai seulement d'aller le plus loin possible.

Chaque prise me demandait un effort immense, mes bras n'en pouvaient plus. Ayant accroché la deuxième dégaine du toit, je doutais arriver à mettre les trois dernières. Et pourtant, prise d'un élan de détermination, je parvins à mettre la troisième quelques mètres plus loin.

À bouts de force, je tentai d'attraper une prise bien trop loin pour mes petits bras et pour le peu de force qu'il me restait dans les bras. En vain : ma main glissa et me fit perdre l'équilibre, et je chutai dans le vide avant d'être rattrapée par la corde tendue par Raphaël.

Je pus entendre un « Putain » sortir de la bouche de Ken, ce qui me fit sourire alors que mon frère me faisait redescendre : chou, il avait eu peur que je m'écrase comme une crêpe.

– Putain j'y étais presque ! pestai-je contre moi-même, mais quand même fière de moi.

– Arrêtes tes conneries, ça fait des piges que t'as pas grimpé et t'as presque sorti une 7a espèce de folle !

– Moi je suis sur le cul Elma, déclara Ken, les yeux plein d'admiration en rangeant son téléphone.

– Nan t'as pas pris ça en vidéo ?

Mon ami hocha la tête d'un air fier et je soufflai.

– Vas-y, à toi ! le poussai-je.

Après quelques protestations, le grec se lança sur une voix pas trop compliquée et la sorti sans trop de soucis.

– Tu te débrouilles bien en vrai ! s'étonna Raphaël. Je déconne pas, elle était pas si facile que ça pour un débutant et t'étais vachement souple sur tes appuis.

Ken haussa les épaules, feignant un air désinvolte, mais je voyais très bien qu'il était content du compliment de mon frère.

Puis ce fut au tour de Raphaël, qui s'attaqua à l'une des voies les plus dures, une voie du niveau de celles qu'il rencontrerait en compétition.

La tête en arrière pour regarder mon singe de frère, Ken et moi étions en complète admiration :

– Putain de merde, il est v'là doué ! Comment il fait ça sérieux, on dirait que c'est facile pour lui !

Je souris, fière que mon ami admire mon jumeau à ce point.

– Bon, et sinon tes « affaires » ? demandai-je au rappeur d'un air taquin.

– Oh bah comme d'hab' hein, vite fait bien fait, rit-il.

Je soupirai de désespoir :

– Vous avez vraiment pas envie de vous caser un minimum un jour ?

– Pour quoi faire ? Autant profiter du peu de notoriété qu'on a.

Il souriait en disant ça et je savais qu'il n'était pas cent pour cent sérieux. Il s'amusait, c'était tout, mais ce n'était pas un parfait connard irrespectueux.

– Nan en vrai y'a peut-être une p'tite go mais je sais pas...

Je tournai la tête vers lui avec un regard inquisiteur.

– Espèce de commère !

– Je m'informe sur la vie sentimentale de mes potes, c'est tout ! me défendis-je.

Il sourit d'un air espiègle, et ne me répondit plus.

– Ken allez ! Je veux savoir !

– Tu sauras en temps voulu, me répondit-il d'un air mystérieux.

Je soufflai, déçue de n'avoir droit qu'à un simple teasing.

– Elle vient ce soir la tipeu ?

– T'as si hâte de revoir Alice ?

– Nan je sais pas c'est une question, elle est cool c'est tout.

Je fronçai les sourcils, intriguée par son comportement.

– C'est bon ! cria mon frère, et je le descendis en vitesse. Ça va les filles, je vous ai pas trop empêché de papoter ? J'aurais pu me casser la gueule que tu m'aurais pas retenu, m'accusa-t-il.

– Ça aurait fait plus d'héritage pour moi.

Nous nous battîmes sur les matelas sous le mur, puis Ken nous sépara comme un daron, et nous récupérâmes nos affaires pour rentrer chez nous.

Il allait falloir se décrasser avant d'aller voir Deen et tout L'Entourage performer.


[...]


– Putain Nek tu nous as habitué à mieux ! réprimanda Louis, visiblement défoncé.

Nous avions un peu de retard et Ken se confondait en excuse depuis notre arrivée dans l'arrière salle bondée.

Je checkai mes amis lorsque j'en trouvai et repérai le rappeur de la soirée rapidement :

– Putain t'as mis le bob ! m'exclamai-je en voyant Deen avant de le checker.

Il me regarda d'un air satisfait, visiblement fier de sa connerie. Au fond je n'en avais rien à faire, je savais dès le moment où je lui avait dit de ne pas le mettre qu'il allait débarquer avec.

Il était plein de transpiration et était visiblement défoncé.

– Ouais bah toi t'es en retard ma belle, se plaignit-il.

J'avais envie de l'embrasser et c'était terrible qu'on ne veuille pas se montrer. Ma seule envie était de me retrouver seule avec lui.

Mon désir se lu probablement dans mes yeux puisque le rappeur s'approcha et me murmura d'un ton grave :

– T'inquiètes pas, toi aussi tu vas pouvoir profiter du Deen Burbigo ce soir.

Je lui assénai une claque derrière la tête, ne voulant pas le laisser voir que cela me faisait beaucoup d'effet, puis il s'éclipsa avec le reste de nos amis sur scène tandis que je rejoignis la fosse.

Ils donnaient tout. Je savais ce qu'ils valaient au niveau du rap mais sur scène c'était tout autre chose. Je transpirais avec eux, me mouvant dans la fosse comme si j'étais seule, dansant avec des personnes que je ne connaissais pas. C'était incroyable la passion qui émanait de Deen, magnifique à voir. J'aurais voulu que le concert dure toute la nuit.

Mais bien vite mes amis remercièrent la foule, et je dus les rejoindre dans les loges.

Ils étaient tous é-cla-tés. Il allait falloir que je sois très patiente avec eux.

Après des signatures d'autographes et de petites interview, L'Entourage se retrouva enfin au complet, et je pus enfin agir naturellement, ce que je n'avais pas fait auparavant, trop oppressée par le nombre d'inconnus dans les environs.

– Eh regardez comment elle grimpe Elma ! s'exclama Ken en sortant son portable.

– Nan nan ! tentai-je de l'empêcher mais Deen me ceintura et me força à m'asseoir sur ses genoux.

Il ne me lâcha pas de toute la vidéo et mon cœur battait à mille à l'heure. Pourvu qu'on puisse vite se retrouver seulement tous les deux.

– Sah on dirait une araignée ! s'exclama Idriss.

– Pourquoi tu fais pas ça en compèt' comme ton reuf ? demanda Moh.

– J'ai vraiment pas le niveau, ça c'est que dalle par rapport à Raphaël, c'est lui le champion, dis-je avec fierté.

– Je savais que tu grimpais bien, me chuchota Deen d'un air lubrique.

Je rougis immédiatement, de peur que quelqu'un d'autre n'ai entendu. J'avais envie de lui en retourner une mais je n'en fis rien.

– Nan en vrai j'suis ultra fier d'avoir une meuf aussi badass, me chuchota-t-il plus sérieusement.

Je frissonnai et mon ventre se contracta.

J'avais vraiment, vraiment hâte que tous nos potes se cassent.

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