Chapitre 32. « Tu sais me piquer, tu fais monter ma rage »

Alors... Tout d'abord, j'espère que vous avez passé un bon weekend, et bon courage à ceux qui y retournent demain. Et sinon, ce que je voulais dire c'est que : oui, je sais que le titre du chapitre sort de Bon débarras et que j'ai mis Galérer en lien en haut mais je vous explique... C'est parce que le son n'est pas sur la chaîne de 2zer et je culpabilisais trop de mettre le lien d'une vidéo mise en ligne sur YouTube par quelqu'un d'autre que 2zer. Voilà voilà... Et je kiffe le clip parce qu'il y a tout le monde dedans du coup ceci explique cela... Bref, trêve de blabla, bonne lecture !

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– C'était ton frère le tipeu de toute à l'heure ?

Deen et moi étions allongés depuis une demie heure sans rien dire, nos respirations étant le seul son à se répandre dans la pièce.

J'avais remarqué depuis quelques temps que nous ne ressentions pas toujours le besoin de remplir le silence qui nous entourait. Au contraire, c'était devenu quelque chose d'apaisant.

Je lui répondis par la positive.

– C'est quoi le truc avec son daron ?

Je fronçai les sourcils :

– T'étais là depuis combien de temps ?

Il prit un air faussement coupable.

– Depuis le début... Je voulais être sûr qu'il y avait pas de problème et puis après j'ai été intrigué par ton comportement avec lui donc je suis resté. Il a de la chance de pas se faire hagar toutes les cinq minutes le petit.

Je ris. C'est vrai que je ne ménageais pas mes amis. Mais bon, eux n'avaient pas sept ans.

Je me redressai sur mon coude pour m'adresser à lui plutôt qu'à sa poitrine, continuant à tracer des cercles sur son torse. Il tourna la tête pour m'écouter tout en jouant avec une mèche de mes cheveux. Une partie de moi me disait que ce genre de geste n'était pas assez amical et me provoqua un pic d'inquiétude, mais je donnai un coup de pied mental à cette pensée.

– Il s'est barré peu de temps après la naissance de Sohel. Quand il est né, ça faisait qu'un an qu'il était avec Fanny, et il avait clairement pas envie d'être père. Il a pas réussi à l'assumer pendant longtemps cet enfoiré, il l'a même pas reconnu. Il est retourné en Tunisie, et on n'a jamais eu aucune nouvelle.

– Comment vous lui avez expliqué ça ?

– On lui a tout dit clairement, sans enjoliver la réalité, en lui faisant bien comprendre que c'était pas de sa faute. C'était ça son gros problème à Sohel, il a longtemps pensé que c'était à cause de lui qu'il était parti. Et il a suffit d'un petit con pour qu'il croit cette version de nouveau.

Il esquissa un sourire amusé en m'entendant insulter le gosse :

– Je comprends même pas pourquoi c'est toi qu'il a appelé ton daron, c'est Raph la force tranquille, toi tu lui as menti pendant tout l'appel.

Je haussai les sourcils pour la deuxième fois en mois de cinq minutes, en prenant un air faussement étonné. Comme si moi je ne pouvais pas être naturellement calme !

– Arrêtes, je te connais ! En vrai si y'avait pas eu tes darons derrière, ça aurait ressemblé à ça la discussion : « Bon Soso, je prends le train dans une heure, pendant ce temps tu me trouves l'adresse de ce petit fils de pute, et quand j'arrive on va brûler sa baraque ».

J'explosai de rire. Il avait tellement raison. Le pauvre, il avait tellement été témoin de mes accès de colère qu'il pouvait m'imiter à la perfection.

– C'est parce que je suis plus proche de Sohel que Raph. Ce gamin il ferait tout pour moi, vraiment. Si je lui disais que ça me rendrait fière qu'il aille crever les yeux du voisin, il le ferait.

– T'en as pas marre d'être la daronne de tous tes reufs ?

Il était redevenu très sérieux et je voyais où il voulait en venir ; le poids que j'avais sur mes épaule, tout ça tout ça. Mais je ne lui donnai pas le plaisir de m'entendre me confier, et continuai comme si de rien n'était :

– Et puis je pense que comme je me battais tout le temps quand j'étais petite, mon père s'est dit que je voulais pas que mon petit frère finisse avec autant de coquards et de cicatrices que Raph et moi.

Deen leva les yeux au ciel, voyant très bien que j'éludais le sujet qu'il avait essayé de lancer.

– Et il a raison, continuai-je. Je regrette pas du tout ce que j'ai fait étant gamine, j'en suis même fière parfois, et puis ça a forgé mon caractère. D'ailleurs n'importe qui me pousserait à bout, je pourrais me rebattre. Mais je veux pas que Sohel devienne comme moi et qu'il pense que tout se règle avec la violence. Raph et moi on était juste détraqués, notre petit frère il a aucune raison de ne pas régler ses problèmes autrement qu'en se battant.

– Tu vois c'est pour ça que je t'ai toujours pas tej' alors que tu casses les couilles h24, dit-il en souriant, t'es pas conne. Je suis sûr que t'es ultra fière que ton reuf ait hagar l'autre môme, je le suis aussi alors que c'est pas mon frangin. Pourtant t'as renoncé à tes principes de racaille pour lui.

Je rigolai ; « mes principes de racaille ».

– En parlant de reuf, faudrait peut-être que t'appelles le tiens.

Je lui adressai un regard surpris. Depuis quand se mêlait-il de ma relation avec mon jumeau ?

– Ouais bah c'est un peu devenu notre pote aussi, il est cool, on a passé pas mal de temps ensemble ces derniers jours. Tu lui manques.

– Il me manque aussi.

– Pourquoi tu veux pas le voir alors ?

– C'est pas que je veux pas le voir, j'avais juste besoin d'air.

Il allait ouvrir la bouche mais se ravisa. Quoi qu'il avait eu envie de dire, il ne pensait pas que c'était une bonne idée de le sortir à voix haute.

– Qu'est-ce qu'il y a ? demandai-je.

– Rien.

Je lui frappai la poitrine.

– Aïe ! Bon ok, je le dis mais tu vas te vénère.

Il attendit encore quelques secondes et je le frappai de nouveau. Qu'est-ce qu'il ne fallait pas faire !

– Ok, ok, c'est bon ! Moi je pense que tu veux pas le voir parce que ça te rappelle qu'il est mourant. Ce qui est complètement con d'ailleurs, puisque s'il a aussi peu de temps devant lui, autant en profiter au lieu de faire soixante heures de sport par semaine et de vouloir taper majeure de promo.

Je me doutais que ça allait être virulent. Parce que la vérité blessait toujours. Il avait tapé droit dans le mille. Mais je n'allai pas lui laisser la satisfaction d'avoir raison.

– T'as tout faux, dis-je en forçant un rire (qui d'ailleurs ma foi était particulièrement convaincant), j'avais vraiment juste besoin d'air.

Il ne m'avait pas l'air convaincu mais ne s'exprima pas pour autant.

– Et puis parle pas comme s'il allait crever, le réprimandai-je, on va trouver un solution.

Je l'espérais tellement.

[...]


Suivant les conseils de Deen, mais surtout parce que j'avais déjà prévu de le faire avant que mon ami me le dise, je retrouvai mon frère le lendemain chez lui.

– Tu m'as manqué espèce de connasse ! me lança-t-il lorsque je me jetai dans ses bras.

– Toi aussi ! Je suis désolée mais j'avais besoin d'être un peu seule.

– Je sais t'inquiètes, pour ça que je t'ai pas harcelé.

Nous nous installâmes dans notre position favorite : les fesses posées sur son lit devant un film, des pizzas sur les genoux et une bière non loin.

– Alors ch'est quoi les nouvelles de la chemaine ? demandai-je.

– Bah pas grand chose écoute, normalement j'ai réussi tous mes partiels. Je suis moins sûr pour celui de PPA mais bon, on verra.

Je ne dis rien tout en continuant à le fixer, ma part de pizza à la main :

– C'est quoi déjà PPA ?

– Plasma Physics and Applications.

Ah oui c'est vrai. Ah et j'avais aussi oublié de préciser que Raphaël, en génie qu'il était, n'avait pas choisi n'importe quelle filière de la physique, non, non, trop facile. Il faisait sa première année de master en « General Physics », où tous les cours étaient dispensés en anglais. Voilà pourquoi j'étais sûre qu'il avait tout réussi, même son histoire de PPA ; car quitte à me répéter, mon frère était un génie.

– J'ai eu Soso au téléphone, enchaînai-je, il s'est battu avec un gosse qui l'a fait chier en parlant de son géniteur.

– Sérieux ? Et pourquoi c'est toi qu'on appelle ? Je suis sûr que tu lui as dit de viser la gorge la prochaine fois.

Je ris. J'aurais carrément pu faire ça.

– Ah au fait, j'ai passé pas mal de temps avec les gars et ils avaient prévu de faire un weekend à la montagne, je sais pas trop où, m'annonça-t-il. On voulait t'en parler mais vu que tu nous ignorais... dit-il en levant les yeux vers le plafond d'un air innocent.

Je lui tirai la langue.

Donc maintenant mon frère était plus au courant de ce que faisaient mes potes que moi. J'avais quand même loupé pas mal de trucs en deux semaines !

– Bah ouais carrément !

– Cool, Ken disait que ça pourrait te faire du bien.

Ah ouais d'accord. C'était un weekend improvisé juste comme ça ou ils avaient mis ça en place dans l'objectif de « soulager Maëlle parce que ça va pas fort même si elle dit rien » ?

Je me giflai mentalement immédiatement et me dis qu'il allait falloir que j'arrête de spéculer. Quand bien même ils essaieraient de me faire parler, ça ne marcherait pas, alors autant arrêter de penser qu'ils faisaient tout pour. Et au fond je savais qu'ils ne me voyaient pas comme une petite fille fragile, alors il allait falloir que j'arrête de m'énerver à chaque fois qu'ils faisaient quelque chose pour moi. En plus il y avait quatre-vingt-dix pour cent de chance que ce weekend ne soit pas juste pour moi.

En plein milieu du film, je reçu un message de Morad.

Alors oui, en deux semaines il s'était aussi passé des choses de mon côté.

Un soir, en sortant d'un bar, Stine et moi avions rencontré des mecs traînant à côté. Après quelques coups dans le nez, un gars prénommé Morad m'avait offert un verre et nous nous étions dirigé chez lui afin de prendre du bon temps ensemble. Nous nous voyions régulièrement depuis.

Son message m'invitait à aller boire un coup avec lui. Je pris donc mes affaires, rentrai chez moi pour me changer, et le rejoignis. J'avais mis un pull noir que j'avais rentré dans une jupe en velours côtelé bordeaux, un collant noir, mes Vans noires, et un blouson noir. Simple, pas besoin de faire la pimbêche. De toute façon ce n'était pas mon genre.

Il m'attendait comme prévu devant le bar. Il portait un simple jean et une chemise décontractée sous une doudoune noire. Je lui fis la bise avant d'entrer à ses côtés. Je ne voyais pas pourquoi nous faisions autant de manière, nous savions tous les deux très bien comment tout ça allait se terminer.

– Qu'est-ce que tu veux boire ? me demanda-t-il.

– Une pinte d'ambrée.

Nous discutâmes de tout et de rien. Il me posa des questions sur ma vie et me raconta la sienne. Il me confia ce qu'il faisait dans la vie, d'où il venait, ce qu'il aimait faire. Je n'écoutais que d'une oreille et n'enregistrais rien de ce qu'il me disait. Je m'en fichais pas mal d'apprendre à le connaître à vrai dire, je n'attendais que les réjouissances chez lui. Je n'avais pas quitté mon mec un mois plus tôt pour me remettre en couple. D'ailleurs à la base je n'avais pas prévu de me mettre en couple avec Alexis, mais bon.

– Écoute Morad, je t'aime beaucoup, mais je veux pas de relation sérieuse. Je viens à peine de sortir d'une relation et j'ai pas envie d'en avoir une autre dès maintenant. Tout ce que je veux c'est qu'on s'amuse, pas besoin de s'embêter à faire connaissance.

À ma surprise, il parut soulagé :

– Ça me va. Je me disais « pourquoi pas elle a l'air sympa, ça peut déboucher sur un truc bien », mais en vrai ta proposition me va très bien.

Il posa sa main haut sur ma cuisse et nos regards voulaient tout dire : nous allions finir cette soirée chez lui.

Alors que j'allais m'approcher pour lui chuchoter à l'oreille que je voulais m'en aller, une main ferme se posa sur son épaule :

– Enlève ta main de sa cuisse mon grand.

Je reconnaissais cette voix grave. Qu'est-ce qu'il foutait là ? Comme si Paris n'était pas une assez grande ville, il avait fallut que je me retrouve dans le même bar que cet idiot. Putain il n'allait quand même pas me casser les couilles en si bon chemin ?

– Sinon quoi ? demanda Morad.

Je vis le poing de Deen se serrer. À ce rythme là, le rebeu n'allait pas finir la soirée. Mais s'il continuait comme ça, c'était Deen qui n'allait pas finir la soirée.

– Je le répéterai pas.

Morad enleva sa main de ma cuisse, mais seulement pour se lever et faire face à Deen. Leur regard trahissait une haine profonde. Pourtant ils ne se connaissaient même pas.

– Deen, dis-je froidement.

Il m'ignora totalement, ce qui ne me fit que bouillir plus encore.

– Ça avait pas l'air de la déranger tant que ça, et t'as ruiné nos plans là, alors si tu pouvais t'écarter ce serait sympa, continua Morad.

Je vis les muscles du cou de mon ami se tendre, et ses poings se refermer toujours plus.

– Deen, répétai-je.

Il m'ignorait encore. Ok, cette fois c'était trop, j'allais me le faire. J'écartai Morad pour me placer en face du rappeur.

– Oh ducon tu m'écoutes ?

Ses yeux se fixèrent sur les miens. Merde j'avais un peu envie de l'embrasser. Mais j'étais tellement énervée que j'allais me faire un malin plaisir à continuer ma soirée avec Morad.

– Viens, lui dis-je d'un ton glacial en le tirant par le bras.

D'abord réticent, il se laissa faire.

– Attends moi ici, dis-je à l'attention de l'autre avec un sourire, je reviens dès que j'ai finis et on se taille.

Je dirigeai mon ami dehors et lâchai enfin son bras.

Son regard restait froid. Il était visiblement en colère. Sauf que moi aussi, et j'avais de meilleures raisons que lui.

– Bon maintenant tu vas m'écouter. Les règles c'étaient qu'on s'amusait mais qu'on avait aussi le droit de voir qui on voulait. Scoop : je vois Morad, et j'ai le droit, t'as pas ton mot à dire. Alors tes crises de jalousie à deux balles tu te les gardes.

Il ne répondit pas et restait impassible. De toute façon, je ne m'attendais pas à ce qu'il le fasse puisqu'il était en tort.

– J'ai le droit de m'amuser aussi mon pote, je te fais pas chier parce que tu vois Eva ou d'autres meufs, alors ton machisme de merde j'en veux pas, c'est pas parce que je suis une meuf que j'ai pas le droit d'avoir de plan cul aussi.

Mais pris d'un élan de courage, et probablement animé par une envie de suicide, il parla :

– Franchement je pensais pas que t'étais le genre de meuf à faire ta pute avec le premier venu.

Aïe. Son ton était froid et emplis de dégoût. Il aurait aussi bien pu parler à une pouffe en boîte, ça aurait donné la même chose.

Sauf que Deen, avant d'être un ami avec des avantages, c'était quand même un ami. Donc ses propos étaient plus que blessant, ma fierté était carrément atteinte, et je savais qu'il allait falloir que je m'en aille si je ne voulais pas taper un scandale en pleine rue. Et surtout si je ne voulais pas défigurer mon ami, et pourtant c'était une idée particulièrement attrayante, la démangeaison dans mon poing en était témoin.

Je ne voulais pas lui montrer que ses mots m'avaient touchée, et me contentai de lui lancer un regard assassin avant de retrouver Morad dans le bar.

– Viens, on y va, dis-je froidement à ce dernier.

Je repassai devant Deen à son bras, et nous nous dirigeâmes chez lui.

Ce soir, ça allait être sauvage.

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