Chapitre 21. « Don't stop me now, I'm having such a good time »
Comme Antoine l'avait prévu, le temps avait passé vite. Nous étions déjà le 12 décembre et aujourd'hui, c'était mon anniversaire.
Comme c'était un jeudi, je ne pouvais malheureusement pas rentrer sur Dijon et le fêter avec ma famille. C'était la première année. Ça me faisait bizarre mais bon, ce n'était qu'un anniversaire, j'allai y survivre. En plus j'avais un match le soir, donc je n'aurai pas vraiment le temps d'y penser.
Ma journée était toute planifiée : cours de 8h à midi, puis traîner avec Deen, Eff et Jehkyl en studio, kebab d'anniversaire avec Raphaël, et match à 20h.
Je me réveillai pour envoyer un message à mon jumeau, mais vis avec déception qu'il m'avait devancée :
Raphy : Bon anniversaire petite sœur !
Je grognai : quel petit con, il faisait la même tous les ans.
Moi : J'suis née 5 minutes avant toi, alors respectes tes aînés ! Joyeux anniversaire PETIT frère !
J'avais aussi reçu plusieurs messages de ma famille : mes grands-parents maternels, Granny, Jared, Fanny, et enfin mon père :
Dad : Happy birthday baby girl ! Time goes by so fast... I wish you were still my little princess, I'm starting to feel old. Have an amazing day, I love you !
Toujours aucun message de mes amis ou d'Alexis. En même temps ils avaient d'autres trucs à foutre, et avec un peu de chance Tarek et Hugo s'en rappelleraient avant la fin de la journée.
Il faisait encore nuit dehors. Je finis de me préparer, pris mes affaires, mis mes écouteurs et fermai la porte derrière moi. Je descendis les escaliers et m'arrêtai sur le dernier palier lorsque je vis mon copain, debout devant la porte d'entrée. Je me précipitai vers lui et il me prit dans ses bras.
– Tout va bien ? demandai-je. Qu'est-ce qui se passe ? Y'a un problème avec ton appart ?
Il rit en m'embrassant le crâne :
– Eh calme toi ! Je voulais juste te voir avant que t'ailles en cours. Bon anniversaire mon cœur, dit-il avant de m'embrasser tendrement sur les lèvres.
– Oh c'est beaucoup trop mignon, mais t'es con tu prends à 13h t'aurais dû dormir !
– Et pas te voir avant ce soir ? Le jour de ton anniversaire ? Nope !
Je me blottis dans ses bras. C'était vraiment le meilleur.
Il se détacha, fouilla dans son sac, et en sortit un paquet avant de me le tendre. Je lui lançai un regard réprobateur, lui signalant qu'il n'avait pas besoin de m'acheter quoi que ce soit.
Je commençai à défaire le papier et m'arrêtai lorsque je reconnus la boîte de chaussures :
– Nan mais t'es un grand malade je peux pas accepter ça, elles coûtent une blinde !
– Arrête je sais que ça fait des semaines que tu les reluques sur internet.
– Oui mais j'allais me les acheter, vraiment elles coûtent trop cher t'aurais pas dû !
Je lui sautai au cou et couvris son visage de baisers :
– Merci merci merci merci merci !
Il rit :
– J'ai hâte de te voir jouer avec ce soir, tu vas courir plus vite c'est sûr.
Je les reluquai encore une fois avant de monter la boîte dans mon appartement. La vache elles étaient vraiment trop belles ces pompes.
Alexis m'accompagna jusqu'à la fac et nous nous séparâmes devant mon amphi :
– Allez bonne journée mon cœur, à ce soir, je t'aime, me dit-il en m'embrassant.
– Moi aussi, et retournes te coucher maintenant !
[...]
J'étais dans les vestiaires à 19h avant que le match ne commence. Je discutais avec Stine, ma fidèle camarade, tout en enfilant mes nouvelles baskets de hand. Elle m'avait sauté dans les bras dès que j'étais arrivée, et m'avait souhaité un bon anniversaire en Norvégien. Ce qui contrastait avec mes amis qui eux, ne me l'avaient même pas souhaité en français.
– Aucun d'eux ne t'a souhaité ton anniversaire ? me questionna-t-elle après que je lui eus raconté ma journée.
– Non. Ni Tarek, ni Deen, ni Hugo, ni Ken, ni Antoine, personne.
J'avais passé mon après-midi en studio, avec Deen, Jehk' et Eff. Ils avaient agi comme tous les jours, sans se douter de quoi que ce soit. J'avais un peu fait la gueule, Deen l'avait vu mais n'avait pas insisté quand je lui avais répondu que tout allait bien. J'étais partie vers 18h pour aller manger avec mon frère sans les checker, me contentant d'un « À plus » froid.
Tarek et Hugo n'y avaient pas pensé non plus. Même si avec Tarek j'avais l'habitude, ça n'était pourtant pas compliqué, ils avaient juste deux putain de dates d'anniversaire à retenir dont une qui était valable pour deux personnes.
J'étais un peu vexée, mais je continuais à me dire que c'était seulement un anniversaire. Ce n'était pas la fête nationale non plus.
– Je me traîne une bande de boulets, qu'est-ce que tu veux ?
– Ce sont les hommes... Mais ne t'inquiète pas ma belle, je serai toujours là pour compenser leurs bêtises.
Cette fille était vraiment adorable. Nous nous entendions toutes les deux très bien avec les autres filles de l'équipe, mais j'étais super contente d'avoir pu trouver une amie comme elle.
– Après le match on va boire un coup avec Alex et Raph'. Tu viens avec nous. C'est pas une question, je veux que ma meilleure copine soit là pour mes vingt-deux ans.
Quelques minutes plus tard nous étions sur le terrain, à l'échauffement. La salle se remplissait rapidement, marquant les minutes nous séparant du début du match.
L'arbitre siffla le début de la première mi-temps. Arnaud m'avait mis sur le terrain dès le début, et j'avais donc pris ma place au poste d'arrière gauche, mon poste habituel, puis lançai les hostilités en marquant un but depuis les 9 mètres en sautant au-dessus de la défense adverse. Je ne pensais plus à rien, à part au jeu.
Qu'est-ce que j'aimais ce sport, je me sentais tellement vivante ! Je courais partout, lâchais des boulets de canon dans les cages, allais au contact de mes adversaires, volais au-dessus du mur de joueuses adverses ou me faufilant entre elles pour servir mon pivot, me prenant souvent des coups au passage. Mais j'aimais ça. Tout dans le jeu me plaisait.
Au bout de la vingt-troisième minutes, je fus violemment projetée au sol par une défenseuse adverse, et fus sonnée quelques minutes avant que cette dernière ne me tende sa main et me relève. Qu'est-ce que j'aimais le contact aussi ! Ma témérité était souvent récompensée par des hématomes mais j'adorais ça, et j'arrivais souvent à débloquer le jeu pour mon équipe.
La mi-temps arriva vite et nous nous réunîmes dans les vestiaires pour parler tactique et faire un bilan de la première période. En revenant, le public nous acclama. Qu'est-ce que c'était bon de jouer chez sois ! On se sentait tellement encouragés, on voulait rendre nos supporters fiers. Les huées étaient plus galvanisantes mais les ovations étaient beaucoup plus chaleureuses.
Je fus de nouveau choisie pour jouer durant la deuxième mi-temps et c'est en marquant mon septième but à la seizième minute que j'entendis crier à l'unisson :
– Elma, Elma, Elma, Elma !
Je n'eus pas besoin de regarder les gradins pour savoir de qui ça provenait.
Putain ces cons étaient venus ! Je me replaçai rapidement en défense, ne pouvant pas faire de changement et rejoindre le banc maintenant, puis voyant que l'attaque adverse me le permettait, je sortis pour laisser ma place à une défenseuse.
C'est en courant vers le banc que je les aperçus, à côté de mon frère et de mon copain : Deen, Ken, Louis, Antoine, Moh, Jehkyl, Eff... Et Tarek et Hugo !
J'étais aux anges. Ça me faisait vraiment très plaisir qu'ils soient là. Mais je me reconcentrai immédiatement sur le match. Même si nous menions de cinq buts, rien n'était fini.
Je donnai toute l'énergie qu'il me restait en sachant que mes amis se trouvaient dans les gradins. Je servis mon ailière, qui me repassa le ballon, puis servis ma demi-centre. La balle circula encore de quelques postes avant de revenir dans mes mains, puis ne voyant plus aucune ouverture et sachant qu'il ne nous restait qu'une passe avant que l'arbitre ne nous confisque le ballon, je m'élançai depuis les neuf mètres et tirai de toute mes forces. Le ballon finit au fond des filets et j'entendis mes amis clamer mon nom.
C'était le meilleur match de ma vie.
Le coup de sifflet retentit quelques minutes plus tard. Je checkai mes coéquipières, serrai Stine dans mes bras, puis serrai la main de mes adversaires et me dirigeai dans les vestiaires avec mon équipe afin de débriefer avec notre entraîneur. J'espérais que ça allait être rapide, j'étais impatiente de retrouver mes amis.
[...]
Environ une demi-heure plus tard je sortais du Palais des sports aux côtés de Stine. Ma bande d'amis m'attendait devant et je fus un peu émue de les voir tous comme ça à m'attendre. Mais je cachai bien vite mon émotion, voulant à tout prix préserver ma réputation de bonhomme.
Ils étaient tous en pleine discussion et ne me virent pas tout de suite. Je me précipitai dans les bras d'Hugo, le premier que je vis, et tout le monde se tut.
– J'vous déteste tous ! lançai-je.
Hugo m'embrassa le haut du crâne et me reposa au sol :
– C'était l'idée de Bouhied, pas la mienne. Tu sais bien que je te ferais jamais de mal volontairement. Mais je l'ai écouté parce qu'il y avait la surprise de ce soir qui allait avec. Bref, joyeux anniversaire Clarkson.
Je le remerciai d'un bisous sur la joue puis regardai Tarek avec un regard plein de reproche :
– Bouhied t'es vraiment qu'un gros beusenot, on peut pas te faire confiance c'est ouf !
Tout le monde rigola. Si les gars ne connaissaient pas ma relation avec mes frères, ils allaient la découvrir.
– Ouais bah en attendant sans moi on serait pas là ce soir, on a faillit louper notre bus à cause de ce hmar, dit-il en désignant Hugo.
Ils se chamaillèrent quelques secondes, puis je leur dis de la fermer, en bonne mère que j'étais.
J'allai pour checker Tarek. J'étais quand même vraiment contente qu'il ai eu cette idée à la con.
À ma grande surprise il me fit signe d'approcher et me pris dans ses bras. C'était vraiment bizarre, ça n'était jamais arrivé avant. Je m'y blottis et profitai du moment : ça n'allait pas se reproduire de si tôt. Il pouvait être vraiment doux quand il voulait, il me tenait délicatement la tête comme si j'allais lui échapper :
– Bon anniversaire Clarkson, me murmura-t-il.
– Merci Bouihed, t'es le meilleur.
Putain si j'avais été une fragile j'aurais pu chialer. J'avais réussi à arracher un câlin à Tarek alors qu'il était sobre.
– Bon allez dégage maintenant, tu viens de niquer toute ma virilité, dit-il finalement en me repoussant.
Je rigolai. Ça n'avait pas duré longtemps mais je m'en contenterai.
Je me dirigeai ensuite vers mes amis de L'entourage.
– T'as cru qu'on t'avait oublié hein ? me lança Ken, l'air content de lui.
Je baissai la tête en prenant un air de chien battu :
– Ouais vous m'avez vexé. Je faisais la meuf en disant que c'était pas la mort mais je vous déteste quand même.
Ken me fit signe de m'approcher et me pris dans ses bras :
– Désolé Princesse, comme quoi on est pas mieux que l'autre « beusenot », on a eu la même idée. D'ailleurs elles sont cheums tes expressions.
Je lui donnai une tape sur le bras et m'approchai d'Antoine qui me pris à son tour dans ses bras.
– Moi qui croyait que t'étais le plus mature de la bande, lui lançai-je.
– Bah ouais, c'est l'effet de groupe qu'est-ce que tu veux.
J'allai sauter dans les bras de Deen, mais dès que je croisai son regard celui-ci le détourna pour me désigner Alexis.
D'accord, ils avaient sûrement parlé. Et je remerciai silencieusement Deen de respecter mon copain à ce point.
Ken entoura mes épaules de son bras et m'expliqua le déroulé de la soirée qui se profilait :
– Alors ce soir on se pose chez Moh et moi, il faut fêter ça, et après si tout le monde est chaud on sort !
– Je suis carrément chaud ! m'enthousiasmai-je. Par contre Stine reste avec nous, ça fera une autre présence féminine. Vous avez pas intérêt à la traumatiser sinon je vous démonte.
Ils me firent tous des faux regards effrayés, et je présentai chacun des gars à mon amie.
Nous commençâmes à marcher en direction de l'appartement des gars, Stine en pleine discussion avec Deen et moi toujours blottie contre Ken. J'étais contente qu'Alexis ne soit pas jaloux. Il savait très bien qu'il ne se passerait jamais rien avec aucun des garçons.
– Comment t'as géchant Clarkson ! lança Tarek à mon intention. Avant on pouvait pas t'approcher et maintenant ça fait des câlins à tout le monde. C'est ouf comment elle transforme tous les mecs en fragile cette meuf !
Nous l'interrogeâmes du regard :
– Bah ouais sérieux elle a réussi à ce que je lui fasse un putain de câlin et elle vous a marabouté aussi les gars. T'es une sorcière wallah.
J'explosai de rire. Il ne se remettait vraiment pas du coup du câlin.
– Qu'est-ce que tu veux ? Je suis adorable !
– T'es v'la laide.
Il savait très bien ce qui allait suivre et s'élança dans la rue pour m'échapper. Je le rattrapai en quelques secondes et lui sautai sur le dos avant de lui asséner un coup de point du plus fort que je pouvais sur le bras.
– Putain t'es vraiment qu'une salope ! me lança-t-il.
Je rigolai et restai perchée sur son dos. Il agrippa mes jambes quelques secondes plus tard pour m'éviter de tomber, et c'est comme ça que nous parcourûmes la route nous séparant de l'appart de Ken et de Moh.
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