Chapitre 130. « I don't believe that anybody feels the way I do about you now »

Bonne année à tous et à toutes ! Et puis plein de bonnes choses, toussa toussa.

Je sais que j'avais promis de pas poster pendant les vacances, mais ça m'a beaucoup détendue d'écrire. Et d'ailleurs je voulais vous remercier : quand je galère, que j'ai des baisses de moral, ou que je me décourage, je relis vos commentaires et vos messages privés, et ça me reboost énormément. Merci d'être là, merci beaucoup. Vous êtes toutes autant géniales les unes que les autres !

Par contre pour le coup, la semaine prochaine c'est les exams, donc il y a peu de chance que j'écrive. Donc je vous dis à dans une semaine !

Plein de bisous ! ❤

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Je laissai mes larmes couler deux secondes et demie avant de les essuyer d'un geste rapide. Chialer comme ça, c'était pas le genre de la maison, mais depuis que je connaissais les jumeaux, c'était arrivé beaucoup trop de fois.

Bordel de merde, Raph respirait. 

Il était devant moi, l'air émerveillé de découvrir l'effet que faisaient des poumons intacts, les yeux brillants, et pourtant j'arrivais toujours pas à croire que le cauchemar était terminé.

Ines, en larmes, déposait des baisers partout sur son visage, et l'air plus heureux que jamais, Raphaël essayait de la réconforter du mieux qu'il pouvait. Je comprenais ce qu'elle ressentait la pauvre, il allait lui falloir du temps pour arriver à se décoller de son fiancé.

Quand ses yeux se posèrent sur moi, je m'approchai pour le checker. Mais Raph m'attira à lui pour me donner une accolade fraternelle. On resta quelques secondes épaule contre épaule tandis que j'essayai maladroitement d'exprimer ce que je ressentais :

– Content que tu sois de retour parmi nous frérot, lui dis-je simplement.

C'était pas ouf comme accueil, mais il m'adressa un sourire reconnaissant lorsque je m'écartai de lui.

Puis suivirent Tarek et Hugo, qui le prirent longtemps dans leurs bras sans que je puisse entendre ce qu'ils disaient, et Tyler couva son fils d'une accolade chaleureuse pendant de très longues secondes. Je voyais bien qu'il essayait de retenir ses larmes. Le pauvre avait dû avoir la peur de sa vie, j'en avais pas encore mais j'étais conscient que ça pouvait détruire un homme de perdre un gosse.

Maëlle fut la dernière à aller prendre son frère dans ses bras, et j'eus l'impression qu'ils étaient en train de fusionner tellement ils se réconfortaient l'un et l'autre. J'aurais pas su l'expliquer, mais c'était comme s'ils étaient en train de redevenir une seule et même personne. J'étais toujours impressionné par leur relation quand je les voyais ensemble, et quiconque aurait vu cette étreinte nous aurait cru sur parole quand on disait qu'ils pouvaient vraiment pas vivre l'un sans l'autre.

Leur étreinte se désserra petit à petit, puis je vis Maëlle glisser quelques mots à l'oreille de son frère en chuchotant. Les yeux de ce dernier s'écarquillèrent et, sous l'émotions, se remplirent de larmes avant de se poser sur moi, incrédules.

Ok, je savais ce qu'elle venait de lui dire.

Je lui adressai un léger sourire puis il posa de nouveau le regard sur le visage de sa sœur comme pour vérifier s'il avait bien tout compris. Maëlle dut probablement acquiescer ou alors il lui suffit d'un regard pour comprendre qu'elle ne blaguait pas, et Raphaël eut un large sourire fier et rayonnant de bonheur. 

Et ouais, il allait être tonton.

Plus tard, après avoir décrété qu'il fallait qu'on laisse notre place aux autres, j'allai annoncer au reste de l'équipe que Raph était réveillé.

Une vague de soulagement parcourut l'assemblée.

Certains se prirent dans les bras, d'autres crièrent de joie, Mekra s'assit sous le coup de l'émotion, et j'aurais pu jurer avoir vu les yeux de Framal briller.

Putain ouais. Ça aurait brisé plus d'une personne s'il était partis.

[...]

– Viens, on va manger dehors.

J'adressai un regard interrogateur à Maëlle juste après que sa phrase soit sortie de sa bouche sur les marches de l'hôpital.

C'était pas le fait qu'elle veuille manger qui me surprenait ; Raph s'était réveillé deux jours plus tôt et elle avait aussitôt retrouvé son appétit, ce qui m'avait rendu archi fier. C'était juste le ton qu'elle avait employé qui m'avait laissé perplexe, plutôt grave.

– Il faut qu'on parle de..., fit-elle d'un ton hésitant en baissant les yeux sur son ventre.

J'acquiesçai simplement sans rien dire et passai aussitôt mon bras autour de ses épaules. 

Elle était pas bête : une brasserie, un terrain neutre, des gens autour, peu de chance que le ton monte entre nous.

On resta silencieux tout le long du trajet, n'ayant pas besoin de parler pour nous comprendre, et ne trouvant pas le silence gênant. De toute façon je crois qu'on cogitait trop chacun de notre côté pour que ce soit une bonne idée de tout exprimer en plein milieu de la rue.

Ce fut seulement quand un serveur nous mis à table et nous demanda si on voulait boire un apéro qu'on s'adressa la parole :

– Une ambrée s'il vous plaît, demanda la handballeuse avec un sourire chalheureux.

Je réagis aussitôt :

– Nan bah nan, lui fis-je en désignant son ventre du menton.

Maëlle ferma les yeux d'un air coupable, puis commanda un soft à la place.

– Putain, commença-t-elle avec nervosité. Ça fait sept mois que je bois comme si j'étais toute seule Mika. Merde, j'espère que je l'ai pas bousillé.

J'aimais pas qu'elle flippe comme ça, c'était pas sa faute en plus. Je posai immédiatement ma main sur la sienne :

– Arrête, stress pas. On n'a pas encore fait d'échographie, commence pas à psychoter.

Je voyais que je l'avais pas du tout rassurée, et au fond, j'étais moyennement serein moi-même quant à l'état du bébé. Ajouté à l'alcool, Maëlle avait pas mal fumé aussi, et puis c'était sans compter ses carences...

Un léger silence s'installa avant que je reprenne :

– Si tu flippes comme ça c'est que tu le veux finalement...

– Oui et non... Enfin... J'en voulais pas, mais maintenant qu'il est là... On a pas le choix, alors autant qu'il soit en bonne santé.

Ouais, bah j'étais dans le même état d'esprit. Sauf que pour moi c'était encore moins réel parce que c'était elle qui le portait ce bébé, pas moi.

Le serveur revint avec nos commandes puis nous demanda les plats qu'on avait choisit, coupant notre début de conversation.

La handballeuse se prit le visage dans la main en soupirant lorsque le serveur repartit :

– C'est vraiment le pire moment...

– Hmm...

J'allais pas la contredire, je pouvais pas être plus d'accord.

– Comment je vais faire avec le hand ? s'exclama-t-elle soudainement avec de la panique dans la voix. Y'a le mondial à la fin de l'année, je serai jamais prête si j'accouche avant ! On me sélectionnera jamais !

Par contre, fallait pas déconner.

– Bien sûr que si, lui lançai-je. Mel, il faut que je te rappelle que t'as faillis crever en février de l'année dernière, que t'as souffert pendant des mois, que ton accident était censé avoir raison de ta carrière, et que t'as quand même joué pour l'Euro ? Je sais à quel point t'es forte, et c'est pas un bébé qui va t'empêcher de retourner sur les terrains pour le Mondial.

Chose que je voyais rarement sur son visage, elle eut l'air attendrie par mes mots, mais surtout fière d'elle. Sincèrement fière d'elle. J'aurais bien aimé qu'elle croit en elle autant que moi j'avais confiance en elle.

Par contre même si je lui vouais une confiance aveugle, ça me faisait vraiment flipper cette histoire de bébé.

– Putain par contre moi va falloir que je ralentisse au niveau du peura, soufflai-je. 

C'était pas un environnement sain pour un gosse, je voulais pas être un père absent. Et puis même pour Maëlle, ce serait invivable.

Avalant une gorgée de son Ice Tea, ma meuf secoua pourtant négativement la tête :

– Tu ralentis rien du tout, au contraire. Tu vas gérer ta carrière comme tu voulais qu'elle évolue. Tu vas faire des concerts, des nuits en studios, des voyages. On arrivera à gérer.

– N'importe quoi, je serai incapable de te laisser toute seule pendant plusieurs jours avec un môme sur les bras.

– Bien sûr que si ! Et je sais que je pourrai faire pareil avec toi. Mika, je pense qu'on s'aime suffisamment pour arriver à pas faire souffrir l'autre. On se connaît par cœur, alors on saura quand on sera allé trop loin. Tu verras quand j'en aurai trop marre, et je verrai quand t'auras besoin de bouger. La chose la plus importante à faire, c'est de se promettre de toujours parler quand un truc nous contrarie, quand l'autre a un comportement qui nous plaît pas ou qu'on en a marre. Toujours. Je sais que ça a jamais été notre fort, mais il faut qu'on communique. Se taire, ça nous a amené dans trop de situations de merde. Je pense vraiment que si on communique assez, on pourra tout surmonter.

Ok. Ouais. Elle avait totalement raison. Il faudrait voir ce que ça allait donner quand le môme serait là, mais pour l'instant j'étais d'accord avec ça.

Je lui tendis la main, comme quand on passait des pactes au début de notre relation :

– On parle, et on sacrifie pas nos carrières, dis-je solennellement.

Maëlle me serra la main avant de répéter ma phrase :

– On parle, et on sacrifie pas nos carrières.

On se lança un regard complice en souriant. J'arrivais pas à croire que j'allais avoir un gosse avec cette meuf exceptionnelle.

[...]

– Comme quoi, jamais deux sans trois, ricana Raphaël.

– On aurait dû se douter que ça allait être pour notre gueule, grogna Maëlle.

Ça faisait maintenant une semaine que Raphaël était sortit de l'hôpital et qu'il reprenait une vie normale. Pour l'instant, Ines et lui étaient les deux seules personnes au courant pour le bébé. Mais on allait pas tarder à devoir le dire aux autres parce que Maëlle gonflait à vue d'œil.

C'était grave impressionnant un déni de grossesse. Le gosse s'était planqué pendant sept mois, et maintenant que Maëlle savait qu'il était là, il voulait se montrer à tout le monde. Le cerveau humain me surprendrait toujours.

On avait fait une première échographie peu après avoir discuté de nos angoisses, et heureusement putain de merde le bébé allait bien. Mais genre vraiment bien. Le gynéco se l'expliquait pas trop d'ailleurs, vu les carences qu'il avait subit. Mais tant mieux, moi c'était tout ce qui m'importait. Il fallait juste espérer qu'il développe rien en grandissant, genre maladie mentale à cause de la fume et de l'alcool. Mais pour l'instant j'avais pas trop envie de me projeter par rapport à ça.

– Arrête, ricana de nouveau Raph. Elyas, Ismaël et ton gosse vont pouvoir être potes, ça va être chanmé. Le trio de 2017 !

– Si ça se trouve ils vont se détester, fis-je. 

– Parle pas de malheur toi, me lança la handballeuse en écrasant son poing sur mon bras.

Plus tard, quand Ines et elle préparaient le dîner dans la cuisine, Raph me regarda avec sérieux puis évita un peu mon regard, comme par pudeur, et je me demandais ce qu'il allait bien pouvoir me sortir :

– Je voulais te dire gros, commença-t-il avec hésitation. Merci.

Je fronçai les sourcils :

– Merci de quoi ? D'avoir apporté du champagne ? Mais pas de soucis frérot !

Raphaël ricana d'un air désespéré :

– Nan, merci d'avoir été là pour Maëlle. Et de toujours être là malgré ce qu'a pu te dire notre père. 

Ça me fit grave plaisir, mais je voyais pas en quoi ça méritait des remerciements :

– Bah t'inquiètes Raph, c'est normal, c'est ma meuf.

– Nan, c'est pas forcément normal. La plupart des mecs se seraient sûrement barré en voyant la vie chaotique de ma sœur et à quel point elle est ravagée. Je sais que t'as déjà assisté à une séance chez sa psy, et je me doute que ce qu'elle a dit ça a pas dû être sympa à entendre. T'imagines pas à quel point je suis rassuré qu'elle soit avec un gars comme toi. Elle a tellement changé depuis que vous êtes ensemble... Elle va bien. Réellement bien. C'est plus juste une façade maintenant, je suis vraiment convaincu qu'elle se sent mieux. Parce que même si elle a toujours eu un putain de sourire scotché au visage, qu'elle rigolait tout le temps, qu'elle faisait sa chieuse à emmerder tout le monde, et qu'on avait l'impression qu'elle avait la joie de vivre h24, bah à l'intérieur c'était Bagdad. Mais ça a commencé à s'arranger quand elle t'a rencontré et quand elle a rencontré les gars. Alors merci d'avoir changé sa vie.

J'avais évité son regard pendant toute sa tirade, et je savais qu'il avait pas réussi à me fixer non plus par pudeur. Je me raclai donc simplement la gorge, comme si ça pouvait faire disparaître mon émotion, avant de sortir ce que je pouvais :

– Bah, de rien gros...

On se regarda rapidement dans les yeux, tous les deux archi gênés, puis on commença à se marrer de nos réactions ridicules.

Y'avait pas à dire, que ce soit Raph ou Maëlle, ils avaient un sérieux problème pour exprimer leurs sentiments. 

Comme quoi, j'allais pas faire tache dans la famille.

[...]

J'étais en train de finir de me préparer dans la salle de bain quand la voix de ma meuf résonna dans le salon. Fait assez rare pour être souligné, elle manquait cruellement d'assurance :

– Mika j'peux pas faire ça.

Fronçant les sourcils, j'enfilai un bonnet avant de la rejoindre sans trop me précipiter. C'était pas la première fois qu'elle pétait un câble depuis qu'elle savait qu'elle était enceinte, alors tout ce que je me demandais c'était : qu'est-ce qu'elle allait me sortir encore comme connerie ?

– Tu peux pas faire quoi ?

Habillée d'un jean troué et d'un t-shirt assez large Guns N' Roses, on pouvait quand même voir que son ventre s'était un peu développé. Bon, après il fallait quand même savoir pour le voir, et il fallait vraiment pas qu'on tarde trop à le dire aux autres avant qu'ils crament le truc.

– Ça, me répondit la handballeuse et désignant son ventre d'un geste dédaigneux. J'arriverai jamais à être une bonne mère, j'ai pas eu d'exemple, je m'en suis juste sortie comme je pouvais ! Putain Mika comment je vais faire ? Je saurai jamais m'y prendre, et puis en plus...

– Eh eh, stop, c'est bon, l'interrompis-je en me rapprochant d'elle, déposant délicatement une paume sur sa joue tandis qu'elle basculait légèrement la tête en arrière pour me regarder dans les yeux. Ça va être dur au début parce qu'on a aucune expérience, mais on va forcément y arriver. Tu crois que Tarek il y est arrivé du jour au lendemain ? Pourtant c'est un bête de daron maintenant.

Totalement vrai, le mec était le plus grand fan de son môme, il le traînait quasiment partout, et il s'en occupait tout le temps. D'après sa mère, il s'en sortait à merveille.

– Oui mais Tarek il a eu deux parents, continua-t-elle. Toi aussi, tu vas t'en sortir méga bien, mais moi putain je sais pas ce qu'il faut faire pour aimer un gosse, imagine si c'est une fille putain, encore pire ! Oh bordel j'ai trop peur Mika...

Ouais, bah ça j'étais au courant. Avec les hormones il lui arrivait de péter des câbles comme ça, sans raison. Et encore, j'avais la chance d'avoir évité sept mois de pétage de câble.

Je ricanai doucement face à sa remarque.

– Ça te fait rire ? m'engueula-t-elle en me fusillant du regard.

–  Nan, c'est pas ça, fis-je tout en continuant à ricaner. Mel, déjà, t'as eu deux mères : ta vraie mère a commencé le travail, puis Khadija t'a élevée comme ça fille. Et puis peut-être que toi tu l'as pas capté, mais moi je t'ai vu avec Sohel et Zoé, et tu te comportes comme une daronne avec eux. C'est vrai quoi, tu t'occupes grave bien d'eux et ils t'adorent. C'est les seuls qui ont le droit à avoir cent pour cent de douceur et de gentillesse pendant que nous on s'en prend plein la gueule. Alors franchement je m'inquiète pas pour notre gosse, il aura une mère géniale, j'en suis convaincu.

Deux petites larmes perlèrent au coin de ses yeux :

– C'est vrai ? fit-elle d'un air enfantin.

Je ne pus m'empêcher d'avoir un sourire amusé mais me retins quand même de rire : bordel l'effet des hormones sur elle, qu'est-ce que ça me faisait marrer. C'était soit elle pleurait pour rien, soit elle me démontait la gueule sans vraie raison.

– Oui, fis-je dans un sourire avant d'embrasser tendrement son front.

En vrai son petit air de fragile là, c'était quand même mignon.

Mais la handballeuse s'écarta rapidement de moi en essuyant ses larmes, l'air rageur :

– Putain, j'en ai marre de chialer pour rien ! Il me rend fragile ce mini être humain, j'aime pas ça !

N'y tenant plus, je m'autorisai finalement à rire. Vraiment, c'était une distraction quotidienne, elle me tuait. Et encore, là y'avait une raison assez plausible pour ses larmes ; la veille au soir, elle avait pleuré parce qu'Hugo lui avait annoncé que son bonsaï avait rendu l'âme.

– Plus qu'un mois et demi max, l'encourageai-je une fois mon hilarité passée.

– Plus qu'un mois et demi max, répéta la handballeuse en soupirant.

Puis, à l'attention de son ventre :

– Et t'as pas intérêt à sortir avant, dit-elle d'une voix douce. Reste au chaud aussi longtemps que tu peux.

Et après ça elle disait qu'elle allait pas être une bonne mère...

[...]

– Mikaaa ! Viens dépêche-toi, couuuuurs !

Oulah j'aimais pas ça ! Je me précipitai dans la chambre en entendant ma meuf gueuler : putain pas déjà quand même ! Il restait plus d'un mois de grosses, et on n'avait même pas eu le temps de l'annoncer aux autres, on était censé le faire ce soir chez 2zer et Julia.

– Qu'est-ce qu'il y a ? demandai-je immédiatement.

Maëlle était assise sur le lit, les mains sur son ventre rebondit, les yeux écarquillés d'émerveillement.

– Marcel vient de me donner un coup, fit-elle doucement. Viens, m'ordonna-t-elle en tendant la main.

Ouais, « Marcel ». Parce qu'on en avait marre de l'appeler « le mini être humain ». Beaucoup trop long.

Je posai ma main sur son ventre, et une drôle de chaleur parcourut mon corps quand je sentis effectivement mon bébé bouger à l'intérieur du ventre de ma copine.

– Ouah, fis-je simplement.

Premier contact avec mon fils ou ma fille, tout ça devenait de plus en plus réel.

S'il m'avait fallut beaucoup de temps pour accepter qu'il soit là, et que j'allais devoir m'occuper de lui pendant les dix-huit prochaines années, j'avais maintenant super hâte de rencontrer mon bébé.

Maëlle était devenue énorme, ça faisait bizarre. Enfin, « énorme », sur une échelle de Maëlle quoi. Elle était pas grosse d'ordinaire, donc un de mes sweats camouflait aisément son ventre gonflé. Et puis le reste avait pas l'air d'avoir trop bougé, elle avait juste repris le poids qu'elle avait perdu pendant l'hospitalisation de Raph. 

Le bébé donna un deuxième coup dans le ventre de ma meuf, et mon émerveillement n'en fut que décuplé :

– Putain de merde, lâchai-je en souriant comme un benêt.

Mes yeux croisèrent ceux de Maëlle et, durant cet échange silencieux, tandis que ma copine me souriait avec affection, mon cœur se gonfla d'amour pour elle et pour le petit être qu'elle portait. Bordel, j'aurais jamais pensé que c'était possible d'aimer autant.

– Je l'aime déjà tellement, fit Maëlle en quittant mon regard pour poser le sien sur nos doigts entremêlés sur son ventre.

Si quatre ans en arrière on m'avait dit que Maëlle Clarkson allait être capable de dire ça un jour... Si on m'avait dit que j'allais arriver à percer sa carapace, à connaître ses blessures et à apprivoiser l'enfant torturée qu'elle était... Et puis si on m'avait dit qu'elle parviendrait à être aussi douce et affectueuse... Et ben je me serais tapé une barre.

– Je t'aime, dis-je en embrassant sa main, mes yeux dans les siens.

Maëlle eut un sourire attendrit et elle posa délicatement sa paume sur ma joue pour la caresser de son pouce.

Mais elle était pas la seule à avoir changé. Jamais j'aurais imaginer avoir un jour une telle relation avec une meuf et la laisser voir les facettes les plus canard de ma personnalité. 

Après être resté silencieux pendant quelques minutes, nous contentant de profiter des mouvements de notre môme, Maëlle tressaillant légèrement parfois sous les coups, je brisai le silence pour aborder un sujet qu'on aurait dû aborder depuis longtemps :

– Faudrait peut-être qu'on pense à des prénoms nan ? fis-je en m'allongeant, la tête sur les cuisses de Maëlle et mon oreille contre son ventre tandis qu'elle passait ses doigts dans mes cheveux.

– C'est vrai que ce serait pas une trop mauvaise idée. T'aimerais que ce soit un garçon ou une fille ?

– Peu importe, du moment qu'il est en bonne santé, je m'en fous.

J'avais peut-être une légère préférence pour une fille, mais au fond tout ce qui m'importait c'était que notre bébé aille bien après cette grossesse mouvementée et l'incident d'il y a trois jours. C'était d'ailleurs à cause de ça que Lissa et Nek étaient maintenant au courant. On avait vraiment flippé.

– Noah, proposa-t-elle.

J'eus une moue peu convaincue :

– Y'en a beaucoup trop. 

– Ouais mais ça peut être mixte.

– J'aime pas.

– Ça marche, pas de Noah.

Je ricanai, puis un autre silence s'installa.

– Louise si c'est une fille, proposai-je.

Maëlle fit mine de réfléchir :

– Mouais... Ça ferait pas trop penser à notre Louis ?

– Qu'est-ce qu'on s'en branle, on fréquente une trentaine de personnes tous les mois, et on connaît tous les deux beaucoup trop de monde. Si on élimine en fonction des gens qu'on connaît on se retrouvera  vraiment avec un petit Marcel sur les bras.

Un éclat de rire joyeux raisonna dans la pièce, me faisant par la même occasion sourire d'amusement. Je me demandais si un jour le rire de Maëlle cesserait d'avoir un effet sur moi.

– Ou Hazel, fit Maëlle, pensive.

– Ah nan, m'opposai-je directement. 

Alors que Maëlle ne répondait rien, je me redressai légèrement pour voir sa réaction. Elle me sondait d'un air plein de jugement, et j'eus un sourire amusé en sachant très bien qu'elle allait sortir quelque chose avec agressivité. 

– Bah quoi ? demandai-je.

– Monsieur jure que par les États-Unis depuis sa naissance mais quand il s'agit de donner un prénom américain à son gosse y'a plus personne !

Je ricanai avant de reposer ma tête sur ses cuisses :

– Là-bas ce serait stylé, ici ça pue du cul. À tous les coups les profs sauraient pas le prononcer, ce serait lui mettre des bâtons dans les roues avant même qu'elle parle. Enfin, sauf si tu veux déménager aux States évidemment.

– Ouais nan oublie, répondit-elle très rapidement.

Je m'en serais pas douté.

– Oscar si c'est un p'tit mec, proposa-t-elle ensuite.

Après quelques secondes de réflexion, je lui répondis :

– Hmm... Ouais pourquoi pas ouais, fis-je avec enthousiasme. Je trouve ça mignon !

S'ensuivit une bonne heure de réflexion, où des prénoms plus farfelus les uns que les autres fusèrent, puis ma meuf et moi nous préparâmes pour débarquer chez Zer2 et Julia en début de soirée.

Avant ça, la handballeuse appela Tarek et Hugo pour leur annoncer la nouvelle ; Hugo eut l'air très ému, et Tarek exprima son enthousiasme et imagina la relation de son gosse et du notre. Puis elle appela son père, qui lui fit part de sa fierté et de son amour, lui lâchant aussi un : « j'arrive pas à croire que mon bébé va avoir un bébé ».

Chez 2zer et Julia les discussions fusèrent de partout, comme d'habitude. C'était un bordel pas possible, et je pouvais pas m'empêcher de sourire en voyant cette famille un peu bancale qu'on avait réussi à construire, repensant à une phrase que j'avais écrite il y avait quelques mois de ça : « j'ai d'jà une armée d'tontons pour mes futurs gosses ». Et putain, l'armée de tatas n'était pas des moindres non plus.

Ce fut au milieu de la soirée que Maëlle se lança, un sweat à moi ayant bien recouvert sa silhouette pendant tout ce temps :

– Bon les gars, Deen et moi on a un truc à vous annoncer.

Une dizaine de paires d'yeux se fixèrent sur nous, certains dubitatifs, d'autres enthousiastes :

– Vous allez vous marier ? s'exclama mon reuf. Eh c'est moi le témoin, j'veux rien savoir !

– D'où ? s'interposa Eff. Ça sera Jazzy et moi les témoins, t'es déjà son frère de sang toi, pas la peine d'avoir un autre rôle.

Je rigolai, mais coupai vite court à leur mini-embrouille :

– Nan c'est pas ça, fis-je.

Puis, Maëlle m'encourageant du regard et plusieurs « bon accouche » m'arrivant dans la gueule, je lançai la bombe :

– On va être parents.

120 décibels dans l'appartement, le décollage d'un avion le bordel.

Les questions fusèrent, les câlins aussi, Julia bondit dans les bras de Maëlle, mes reufs me checkèrent avec fierté. Clairement, on était devenu la fierté du crew d'un coup d'un seul.

Puis fatalement, le débat sur le parrain et la marraine fut amené sur le tapis, et ça commença à gueuler de partout, tandis que je sondai chacune des personnes présentes avec un sourire heureux sur le visage.

Putain. C'était ça ma vie.

_____________________________

J'ai probablement déjà choisis le prénom des futures gosses de toute cette joyeuse bande, mais j'aimerais bien voir vos propositions. Vous pensez que je vais choisir quoi ? Et sinon, qu'est-ce que vous me proposez ? On sait jamais des fois que j'en trouve un mieux... Balancez tout ce que vous voulez !

Et pour le « petit incident » de la grossesse de Maëlle mentionné plus haut, je viens de le publier dans les bonus si ça vous intéresse ! ❤

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