Chapitre 116. « Dire "je t'aime" c'est dur, même si le compte y est »

Double update, n'oubliez pas le chapitre 115 avant ! ❤

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– Bon, comment on commence ?

– Bah je sais pas, esprit esprit es-tu là ou une connerie comme ça ? suggéra Alice avec amusement.

– Ça va nous ramener l'arrière-grand-mère maya de Julia, elle va nous offrir en sacrifice au monde des morts, on va rien comprendre, fit Raphaël.

– Trop hâte de communiquer avec le boss d'un cartel, ricana Ken.

– Ah ouais, s'exclama Ivan. Genre Pablo Escobar !

– Il était colombien connard, répliqua Deen.

– Ah ouais merde, ricana l'argentin alors que tout le monde se foutait de sa gueule.

– Grave envie de parler à Johnny, lançai-je en le singeant pour me moquer de lui.

– Bon les gars, on peut être sérieux deux secondes ? protesta Louis.

– Bah wesh qu'est-ce qui t'arrive pour que tu sois aussi studieux, ricana Théo.

– Je veux voir si ça marche pour de vrai !

Le beatmaker avait l'air vraiment motivé, et son sérieux eut raison de notre hilarité à tous.

Sous ses directives, nous posâmes tous un doigt sur le pointeur, puis sans vraiment d'assurance, il tenta d'ouvrir la séance :

– S'il y a quelqu'un dans la pièce avec nous, qu'il nous fasse un signe.

Les yeux ancrés dans ceux de Ken en face de moi, je ne mis que quelques secondes à comprendre que nous n'aurions pas pu nous retrouver dans pire position : j'avais envie d'exploser de rire, et je voyais que lui aussi luttait contre son hilarité.

– Y a-t-il quelqu'un en ce moment avec nous ? redemanda Louis.

Grand silence, le pointeur ne bougeait toujours pas.

Mais l'ambiance commençait à être plus pesante, et je n'avais plus trop envie de rire. Le sérieux de Louis nous avait tous gagné un par un.

La question fut reposée plusieurs fois sans aucune réaction. Puis Stine prit finalement la parole :

– Nous ne vous voulons aucun mal. Quel est votre prénom ?

Encore une fois, grand silence, aucun mouvement.

Mais quelques secondes plus tard, le palet sembla bouger.

Ce n'était pas possible, un de mes amis le faisait forcément glisser.

Nous suivîmes tous le pointeur des yeux :

J

Il se dirigea en bas tout à gauche :

O

Il remonta presque à l'endroit où il se trouvait avant :

H

Puis il redescendit en bas près du haut et je fermai les yeux comme pour m'empêcher de rire lorsque je compris :

N

Je n'eus pas besoin de rouvrir les yeux pour savoir que le pointeur s'était brièvement écarté pour retourner presque immédiatement sur le N, puis s'était dirigé tout au bout de la ligne à droite pour s'arrêter sur le Y.

Nous nous sondâmes alors tous avec amusement pour dénicher le coupable, et je connaissais trop mon frère jumeau pour ne pas le soupçonner immédiatement. Les autres débattirent avec virulence pendant plusieurs minutes, mon frère étant un excellent menteur pour les autres, et notre séance de Ouija se transforma en véritable jeu de Loup-garou.

– Ah putain c'est Raph ! déclara finalement Deen au bout de quelques minutes. Regardez la tête fière de Maëlle, c'est sûr que c'est lui.

Mon frère jumeau se fit ensuite lyncher sous mes éclats de rire, puis personne n'eut à parler pour déclarer que notre petite séance de spiritisme était terminée.

Mais quelques minutes plus tard, alors que nous rangions la pièce en racontant des conneries et en rigolant, plusieurs portes de placard se mirent à claquer dans la cuisine sans aucune raison.

Nous sursautâmes tous, et plus un seul éclat de rire ne retentit dans la pièce.

Ken fut le premier à se diriger vers la source du bruit, et je le suivis de très près : évidemment, la pièce était vide.

– Ok, ça devient flippant là par contre, déclarai-je.

– C'est forcément les autres qui sont revenu entre temps, tenta Deen d'un air désinvolte.

– À part Ines et Julia, je vois personne qui pourrait être assez discret pour entrer sans qu'on entende, fit Hugz. C'est tous des bourrins.

– Ouais, et elles auraient eu trop peur pour rentrer dans la maison tant qu'on aurait pas fini, dit Raphaël.

– Ouais, bon, c'était peut-être juste un meuble mal fermé, proposa Ken.

Évidemment que ça devait être ça, il fallait arrêter de psychoter. Nous retournâmes donc dans le salon pour nous avachir dans les canapés.

Mais une poignée de secondes plus tard, les portes des meubles claquèrent une nouvelle fois dans la cuisine.

Cette fois-ci, je fus la première à m'y ruer, bien déterminée à trouver la source du bruit.

Mais encore une fois, il n'y avait personne dans la pièce, et s'il y avait eu quelqu'un, cette personne aurait dû ressortir par la même porte par laquelle j'étais entrée, et j'avais été trop rapide pour la louper.

– T'avais bien tout refermé en partant ? demandai-je à Ken, le dernier à être sorti de la pièce.

Celui-ci acquiesça, et nous nous regardâmes tous sans savoir quoi dire.

C'était quoi ce bordel ?

– D'accord, moi je me barre, déclara Alice, l'air réellement flippée avant de se diriger vraisemblablement vers la piscine avec Stine et Ivan.

Les autres n'avaient pas l'air plus rassurés, et moi j'étais agacée.

– Ok, vas-y Princesse, nous deux on reste derrière la porte, et dès que ça claque on rentre. Ok ?

J'acquiesçai, et quittai la pièce avec mes autres amis, laissant Ken vérifier qu'il n'y avait effectivement personne dans la cuisine avant de me rejoindre dehors.

Nous n'eûmes à attendre qu'une dizaine de minutes avant que le bruit ne retentisse de nouveau, puis nous nous engouffrâmes dans la pièce.

– Putain, mais j'y comprends rien ! m'énervai-je.

– Je savais qu'on aurait pas dû faire ça, marmonna Eff.

Si même lui commençait à flipper... 

Mais moi je ne croyais pas aux fantômes, mais alors là pas du tout.

Je laissai donc mes amis débattre sur la question de « est-ce qu'il faut qu'on se barre ou non », et examinai la cuisine. Il n'y avait vraiment rien de suspect.

Puis je sursautai en entendant de nouveau un meuble claquer, et je compris tous les récents événements.

Putain. Il allait me le payer.

– Ken Samaras, je vais te dégommer ta gueule de grec fragile ! gueulai-je en me dirigeant vers la piscine où le rappeur prenait des nouvelles des filles.

Ses yeux se plissèrent sous son sourire amusé, et il détala en direction de la plage. Je lui couru donc après, tout en refaisant le scénario des événements dans ma tête. 

C'était bien joué. Ça faisait de lui un sacré con, mais c'était bien joué.

Je le rattrapai finalement après qu'il eut faillit se rétamer dans le sable, et sautai sur son dos avant de lui asséner une série de petits coups de poing sur le bras :

– T'es vraiment un gros beusenot Nekfeu !

Morts de rire tous les deux, il me laissa tomber et nous nous allongeâmes l'un à côté de l'autre dans le sable, toujours hilares.

– Comment t'as compris ? me demanda-t-il finalement une fois calmé.

– J'ai laissé un placard ouvert sans le faire exprès pendant ma petite enquête, et genre trois secondes après il s'est refermé tout seul.

– Merde, ça aurait pu durer encore longtemps si tu t'étais mêlée de tes affaire, lança-t-il du même ton que les méchants de Scooby-Doo en fin d'épisode.

Je ris face à son air fier de lui, puis nous restâmes en silence quelques secondes, nous contentant d'admirer le ciel.

– Faut qu'on appelle les autres pour leur dire ! m'exclamai-je finalement. Les pauvres, ils flippent.

Alors Ken dégaina son téléphone et leur expliqua sa connerie. Il y avait quelques jours de cela il avait remarqué que certains placards de la cuisine étaient totalement niqués et ne tenaient plus ouvert, et la séance de Ouija improvisée par Louis avait été une occasion trop belle pour nous faire peur.

Nous étions encore totalement hilares lorsqu'il raccrocha, s'étant fait allumer par tous nos amis un par un.

– Alalah, tu vas me manquer quand tu seras au Japon, déclarai-je dans un soupire.

Mon ami ne répondit rien, et nous observâmes les étoiles en silence.

– Ça m'a toujours passionné les étoiles, dit Ken au bout de plusieurs minutes de contemplation. Raph, ça a été une de mes meilleures rencontre, il m'a appris trop de trucs.

Je laissai un silence planer, n'ayant rien à répondre et me doutant qu'il n'avait pas finit.

– C'est tellement oppressant de se dire que tout ça là, c'est à des milliards de kilomètres de nous, et ce qui nous sépare c'est du rien. Littéralement. On est tellement insignifiants face à l'immensité de l'espace. Et notre existence sur terre c'est le fruit de milliards d'années de pur hasard. C'est à la fois magnifique et super flippant.

J'acquiesçai légèrement, ressentant à l'instant même ce qu'il était en train d'essayer de dire.

– Pourquoi tu parles de ça maintenant ? demandai-je en tournant ma tête vers lui pour la première fois depuis que nous nous étions allongés sur le sable.

Ken n'hésita même pas avant de me répondre :

– Pour pas avoir à te dire que tu vas me manquer aussi.

Je fus tellement surprise par sa réponse que je ne sus pas quoi lui répondre.

– Si je m'arrête au fait que tu vas me manquer, que Lissa va me manquer, que ma mif et tous mes reufs vont me manquer, je vais jamais pouvoir respirer. Parce qu'après l'année de dingue que je viens de passer, j'ai trop envie de me barrer. Nan, c'est même pas de l'envie, j'en ai besoin. Je supporte pas de me promener dans les rues de Paname en étant reconnu. À la fois je suis super content de ce qui m'arrive, mais je rêverais de pouvoir continuer à faire mes conneries comme avant sans que personne sache qui je suis. Mais ça voudrait aussi dire que je serais encore dans la dèche. Enfin bref, c'est pour ça que j'évite de penser aux gens que je laisse derrière même si je sais qu'ils vont grave me manquer. Parce que si j'y pense trop, je partirai jamais. Mais j'ai besoin de voyager, maintenant que j'en ai les moyens je veux voyager le plus possible et profiter avec mes reufs. J'ai que vingt-six piges, j'ai toujours galéré financièrement, et là je peux enfin faire ce dont j'ai toujours rêvé. Je sais que ça va faire du mal à certaines personnes, même à moi en fait. Mais je peux pas m'en empêcher, je tiens pas en place, je veux voir le monde sans que personne vienne m'accoster quand je porte pas de capuche. Je sais que tu comprends.

Je ne répondis rien, mais glissai ma main dans la sienne en guise d'acquiescement. Ken referma ses doigts autour des miens en silence.

Il fallait que je lui dise ce que j'avais besoin de lui dire, mais à chaque fois que j'essayais d'ouvrir la bouche, les mots ne sortaient pas.

Allez Maëlle, tu peux le faire, m'encourageai-je mentalement.

– J'ai peur de te perdre, fis-je finalement d'un ton mal assuré.

Le rappeur ne répondit pas, mais je pouvais sentir sa surprise et sa main se resserra autour de la mienne.

– Je me suis rendue compte que je te l'ai encore jamais dit, repris-je avec plus d'assurance, alors je vais le faire maintenant. Enfin si, techniquement je te l'ai déjà dit, mais c'était pas de ma propre initiative, c'était pour te répondre, enfin bref : Je t'aime. T'as pas idée à quel point tu comptes pour moi, alors ouais, j'ai peur de te perdre quand je vois tous ces gens qui t'aiment sans te connaître vraiment et qui te poussent à vouloir t'enfuir.

Ken tenta de me répondre, mais je ne lui en laissai pas le temps :

– Attends. Je veux que tu saches que je te comprends, et que je sais au fond de moi que je te perdrai pas. Parce que maintenant t'as pas le choix, tu vas devoir te coltiner ma tête de chieuse toute ta vie. Alors je t'encourage à partir, mais s'il te plaît, reviens quand même de temps en temps.

Un léger silence s'installa, Ken se demandant probablement si j'avais terminé ou pas, puis il me répondit finalement sans desserrer sa poigne :

– Maëlle, t'es ma sœur, jamais je te laisserai tranquille. Y'aura jamais qu'une connasse d'américaine. Je sais que t'as pas besoin que je te le dise en plus, tu me connais limite mieux que moi-même.

– Je sais.

Je laissai planer un énième silence, puis me rendis compte que je ne lui avais pas répondu correctement :

– Enfoiré de grec.

Il se marra légèrement, puis quelques minutes plus tard nous décidâmes de rejoindre la maison.

– Tu viendras quand même nous voir ? me demanda-t-il alors que nous nous rapprochions de plus en plus du vacarme qu'était devenue la maison.

– Si je peux, oui. Tu viendras me voir jouer en Suède pour l'Euro ?

Ken s'arrêta immédiatement de marcher et m'interrogea du regard, les yeux écarquillés :

– T'as déjà été appelée ?

J'eux un petit rire bref. Ç'aurait été surprenant aussi tôt dans l'année et sachant qu'il m'arrivait encore d'avoir mal en courant :

– Nan, mais je compte bien l'être dans quelques mois.

Mon ami eut un rire fier et passa son bras autour de mes épaules avant de m'embrasser sur la tempe et de nous faire avance en direction de la maison :

– C'est ça que je veux entendre ! s'exclama-t-il fièrement.

Dans la villa, du rap résonnait à s'en faire saigner les oreilles et L'Entourage freestylait sur la terrasse. Je vivais pour ce genre de moments avec mes amis.

– Nekfeu va falloir que t'arrête de vouloir me piquer ma meuf ! gueula Deen à notre retour.

– Qu'est-ce que tu veux, j'essaye encore de la pécho mais elle veut pas de moi !

– N'importe quoi, c'est toi qui veut pas de moi, lançai-je en me détachant de Ken.

Le grec partit rejoindre ses frères du S-Crew pour rapper à leur côté, et je me dirigeai vers mon mec pour m'asseoir en travers de ses genoux sur la terrasse.

– T'installe pas, me murmura-t-il avant d'écraser la fin de son pète dans un cendrier. Viens on va se poser.

J'acquiesçai puis me levai, et Deen me prit par la main pour m'attirer à l'écart du bruit, sur l'un des grands balcons ayant vue sur l'océan.

C'était fou les progrès que nous avions fait en terme de démonstration. Même si parfois il nous arrivait encore d'être assez pudiques en public, nous nous lâchions de plus en plus devant nos amis et ça n'avait l'air de déranger personne.

À peine installés en haut, Deen balança de but en blanc en me fixant :

–Bon, flemme de passer par quatre chemins : après le Mexique, toi et moi on rentre pas à Paname.

J'écarquillai les yeux, et les battements de mon cœur commencèrent à accélérer dans ma poitrine :

– On va au Japon avec les autres ? m'enthousiasmai-je avec un sourire immense.

Deen eut l'air embêté, mais il ne se laissa pas déstabiliser :

– Nan, on va aux États-Unis.

Quoi ? Ce mec était fou. J'allais devoir me retenir de pleurer.

– Quelques jours à New-York, puis on bouge dans le Vermont, continua-t-il.

Je commençais à avoir mal aux joues tellement je souriais :

– T'es sérieux ? m'exclamai-je en commençant à bondir sur mes pieds comme une enfant.

Deen se contenta d'hocher la tête d'un air satisfait, puis je lui courus dessus pour lui sauter au coup. J'avais vraiment le meilleur mec :

– Merci, merci, merci, merci, merci !

Le rappeur rigola tout en me serrant contre lui, puis il m'embrassa la joue. C'est fou ce que j'étais devenue fragile depuis que je l'avais rencontré.

– Mais t'es dingue putain, fis-je en retrouvant le sol, me sentant comme une enfant le matin de Noël. Ça a dû te coûter une blinde en plus des billets pour le Mexique !

– T'inquiètes pas pour ça, si je le fais c'est que je peux.

Je n'arrivais pas à y croire ! J'allais enfin revoir Jared et sa petite famille !

– Je sais même plus quoi dire, continuai-je d'un air excité. J'ai trop hâte ! Viens on part maintenant !

Il rigola, puis je me blottis dans ses bras. Qu'est-ce que je ferais sans lui ?

Et dire que l'été dernier je me faisais frapper par mon ex petit-ami. Maintenant j'étais avec Deen et nous partions voir ma famille aux États-Unis.

Deen nous tira vers un transat et, installée un peu plus haut que lui, je lui retirai sa casquette et laissai une main se balader dans ses cheveux.

C'était dans ce genre de moments que je savais que c'était lui le bon. Je n'imaginais pas pouvoir aimer quelqu'un autant que j'aimais Deen, et ce que je ressentais à son contact me donnait envie de vivre ça toute ma vie.

– Bon et Mel, fit le rappeur très sérieusement, me coupant dans mes pensées cul-cul la praline.

J'inclinai la tête pour voir son visage :

– Hmm ?

– Tu voulais me demander quoi ce matin ?

J'éclatai de rire : je n'arrivais pas à croire qu'il était encore là-dessus.

– Je voulais juste savoir si j'avais le droit d'écouter les sons que t'as enre...

– Non, me coupa-t-il catégoriquement.

– Même celui avec Nem...

– Oui.

Je restai sans rien dire face à son ton autoritaire, puis nous éclatâmes de rire, et une vingtaine de minutes plus tard, Deen finit par s'endormir à cause du décalage horaire, du nombre de bédos qu'il s'était enfilé durant la soirée, et de mes papouilles dans ses cheveux.

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