Chapitre 103. « Si t'as pas fait ton sac, elle viendra t'chercher quand même »
Ok, donc apparemment, Seine Zoo est sorti y'a 6 ans. Cet album pour moi, c'est toute mon année de 2nde, je me souviens encore avoir « Aéroplane » dans la tête en cours de Chimie et mettre « Jungle Urbaine » en boucle dans mon vieil IPod Touch à la vitre éclatée. Sauf que je pensais pas que la 2nde c'était y'a six ans... C'est ouf tout ce que les gars ont accompli depuis, et même si je regrette un peu les jours où ils étaient quasi anonymes, en vrai je suis grave fière de me dire que j'étais là depuis le début, bien avant cet album d'ailleurs.
Ah, et du coup j'me sens archi vieille aussi, parce que dans ma tête la 2nde c'était y'a trois mois et demi, mais ça c'est un autre débat.
Bref, c'était la minute émotion, bonne lecture ! Bisous !! ❤
PS : ah ouais, et du coup j'ai cherché quand était sorti Le chant des sirènes (d'où sort le titre du chapitre), et comme diraient certains grands penseurs : j'aurais pas dû.
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J'arrivai à l'hôpital dans un état second, un peu dans les vapes. J'arrivais plus trop à savoir ce qu'il se passait.
On avait retrouvé Maëlle, elle avait perdu connaissance, j'avais crié son nom et elle s'était pas réveillée. J'avais pris son visage dans mes mains pour la faire réagir mais elle avait vite disparu dans la camionnette. Son père était monté avec elle, on avait couru jusqu'à leur baraque pour chopper les vagos et maintenant on était devant un bureau d'admission où je sais pas quoi. Un accueil en gros.
Je me disais vaguement qu'on laisserait pas notre crew entrer tellement on était tous fébriles. Mais j'avais pas la force de calmer mes khos.
Putain et j'avais son sang sur les mains. Sûrement quand je les avais posé sur son visage dans une ultime tentative de la réveiller.
Je disparus à la recherche des toilettes, et une fois là-bas, arrosai abondamment mes mains d'eau en les frottant fébrilement.
Je lui avais pas dit que je l'aimais...
Un sanglot me prit à la gorge un court instant à cause de cette pensée, mais je me ressaisis vite en fixant mon reflet dans le miroir d'un air décidé. C'était vraiment pas le moment de craquer, je me reconnaissais pas là.
Elle allait s'en sortir. C'était une putain de chieuse au quotidien, elle avait pas le droit de nous faire chier que nous, elle se devait de faire chier la mort aussi. Et puis c'était une battante merde !
Je sortis des chiottes un instant plus tard et découvris que seul Jehkyl restait à l'accueil :
– Ça va frère ?
– T'inquiètes. Sont où les autres ?
– Avec le daron des jumeaux, je t'attendais.
Quelques minutes plus tard, on débarqua dans une salle d'attente, où tout les gens de L'Entourage qui étaient venu étaient présents, ainsi que les frères des Clarkson, Kamel, Tyler et Fanny.
– Il se passe quoi ? demandai-je.
Tyler, la tête dans les mains, eut visiblement pas la force de répondre et laissa Kamel parler pour lui :
– Elle est en salle d'opération, on en sait pas plus. Elle a fait un arrêt dans le camion, ils ont réussi à faire repartir son cœur,et depuis qu'on est là on a aucune nouvelle.
Je déglutis difficilement puis passai ma main sur ma bouche nerveusement.
Lorsque Tyler releva la tête, je pus voir que ses yeux étaient rouges et gonflés, signe qu'il avait dû avoir la peur de sa vie quelques minutes plus tôt sur le trajet.
J'en pouvais plus, et je crois que c'était la même pour tout le monde. J'avais l'impression d'avoir des nœuds sur chaque putain de parcelle de mes boyaux, et bordel ils étaient longs.
J'aurais dû lui dire que je l'aimais. Putain j'aurais dû lui dire que je l'aimais, je voulais pas qu'elle crève en pensant que je la détestais. J'avais envie de me taper la tête contre le mur à l'idée que c'était une des dernières choses que je lui avais dit avant son accident.
Quand un pélo en blouse blanche débarqua une heure plus tard, on se leva tous d'un même mouvement, et Tyler et Raph se précipitèrent vers le gars.
– Vous êtes la famille de Maëlle Clarkson ?
Tyler et Raph répondirent par la positive, et le gars jeta un regard méfiant dans notre direction.
– Eux aussi, ajouta Tyler. Je peux avoir des nouvelles de ma fille maintenant ?
– Oui, évidemment. Euh... Mademoiselle Clarkson est dans un état critique. Elle a perdu énormément de sang, elle était dans un état d'hypothermie sévère en arrivant, et nombre de ses os étaient cassés. Elle a une fracture ouverte du cubitus, le péroné droit est cassé, trois de ses côtes sont fêlées et l'une d'entre elles est cassée. Certains de ses doigts présentent des brûlures dues au froid, mais ils ont rapidement été réapprovisionnés en sang. Elle a subit un gros choc à la tête et a probablement une commotion cérébrale mais nous ne connaissons pas encore l'étendu des dégâts. Heureusement pour elle, aucun de ses organes vitaux n'a été touché par ses côtés brisées, et malgré le choc qu'elle a reçu dans le dos, elle semblait réactive aux stimulis lorsque vous l'avez emmenée ici. Le gros problème auquel nous avons affaire pour le moment au bloc, c'est le morceau de bois dans son abdomen.
Putain de merde. Je soupirai tout en me mordant la lèvre, m'obligeant à pas craquer.
– Et concrètement ça veut dire quoi ? demandai-je.
– Que le pronostic vital de votre amie est engagé mais que tout n'est pas perdu. Nous faisons de notre mieux pour la sauver.
J'aimais pas ça. J'aimais pas ça du tout. Putain Maëlle, bats toi.
– Co-Comment ça « le choc qu'elle a reçu dans le dos » ? demanda fébrilement Raphaël, bloqué sur les paroles du médecin.
– D'après les hématomes que présente son dos, votre sœur semble avoir subit un violent choc. Nous ne pourront pas savoir avec certitude ce qui lui est arrivé tant qu'elle ne sera pas réveillée, mais votre sœur n'est vraisemblablement pas tombée dans ce ravin toute seule.
Laisser une bande de gars seuls après ce genre de révélations, c'était pas forcément la meilleure idée. Si certains restaient calmes, d'autres fulminaient, et Raph fut le premier à craquer. Il se leva avant d'asséner des coups de poing répétés dans un mur, si bien qu'un trou se forma :
– Putain si je retrouve le fils de pute qui lui a fait ça, je le tue, gueula-t-il.
Alors qu'il continuait à se péter le poing, Tyler le rejoignit et l'attira vivement contre lui :
– Calme-toi Raphy, calme-toi. Je sais que t'as la haine, moi aussi, mais Mel elle a pas besoin qu'on se fasse virer de l'hôpital.
Raphaël fut pris d'un sanglot et Tyler sembla le serrer encore plus fort, un bras autour de lui et son autre main perdue dans ses veuch.
Putain j'osais même pas imaginer ce que mon kho ressentait.
À l'opposé de la scène, une petite rebeu avec un hijab bordeaux débarqua, mais elle s'arrêta net en voyant le père et le fils dans les bras l'un de l'autre. Je l'avais déjà vu quelques fois, c'était Ines. Elle tourna la tête vers nous d'un air terrifié :
– Est-ce que ? Est-ce qu'elle est... ?
– Elle est en salle d'opération, la rassura Julia en la gratifiant d'un sourire forcé.
Ines sembla se détendre quelque peu, puis se précipita vers Raphaël et lui prononça quelques mots à l'oreille avant de se pendre à son cou pour qu'il puisse y enfouir son visage.
Encore une fois, tout le monde avait son autre moitié. Zer2 avait Julia. Nekfeu avait Alice. Tyler avait Fanny. Raph avait Ines. Hugo avait Clément. Manquait juste la go de Fram et celle de Doumams.
La mienne était entre la vie et la mort à quelques mètres de moi.
J'en pouvais plus de rester là, il fallait que j'aille prendre l'air :
– Je vais dehors. Tu viens me chercher si y'a du nouveau ? demandai-je à mon frère, et celui-ci acquiesça.
Ça caillait sa grand-mère mais j'en avais rien à foutre, il me fallait de l'air.
Putain ça faisait du bien. Je sortis de quoi fumer et me roulai un spliff. J'en avais vraiment besoin.
Je me laissai glisser le long d'un mur et fermai les yeux pour apprécier les effets du THC. Ça faisait pas disparaître mon angoisse, elle était beaucoup trop intense, mais ça avait quand même le mérite de me détendre un peu.
– Je peux ? me demanda une voix féminine à côté de moi.
J'acquiesçai en reconnaissant la voix de Stine et la jolie blonde se laissa glisser à mes côtés.
– Je peux tirer ? demanda-t-elle en montrant mon joint.
– Tu fumes toi ?
– Cas d'extrême urgence.
Je tiquai en me rappelant l'une des première discussions que j'avais eu avec ma meuf, et mon cœur s'emballa. « Le jeu de mot est pas voulu hein », me rappelai-je, la voix de Maëlle raisonnant dans ma tête, vestige de cette scène devant le même genre de bâtiments quelques années plus tôt. Il me fallut un self-control incroyable pour pas chialer comme une grosse merde. Putain, la fatigue ça m'aidait pas aussi.
– Tu sais qu'elle va s'en sortir hein ? fit Stine. C'est Maëlle. Sur le terrain comme dans la vie, elle lâche rien. C'est pas un petit accident de merde qui va la foutre à terre.
C'était sympa d'essayer de me rassurer, mais même si je croyais de ouf en ma meuf, quelque chose me disait qu'elle maîtrisait pas vraiment ce qui lui arrivait là.
– J'essaye de me rassurer comme je peux, murmura-t-elle finalement avant de me tendre le bédo.
Je tournai la tête vers elle et fut un peu peiné de voir son air désespéré. Mais bon, on était tous dans le même état je crois.
– Elle casse les couilles, lançai-je finalement, et Stine ricana.
– J'aurais dû rester en Norvège, ça m'aurait évité de la rencontrer et de me pourrir la vie au quotidien.
– Et moi j'aurais mieux fait d'aller voir mon plan cul la nuit où on s'est rencontré.
On se fixa avant de pouffer légèrement de rire face à notre mauvaise foi. En vrai on aurait pas vécu la moitié des choses qu'on avait vécu sans elle.
Une fois notre mini hilarité passée, toujours les yeux dans les yeux, on déglutit difficilement chacun de notre côté. Les yeux de Stine redevinrent triste, et je savais que j'avais la même gueule déboussolée.
Alors on se quitta finalement du regard et on décida de retourner vers les autres.
Apparemment rien n'avait bougé, on avait toujours pas de nouvelles.
– J'vais vriller frère, déclara Nek, et Mekra serra fraternellement son épaule.
Il devait être 19h maintenant, ça faisait à peu près quatre heures qu'on attendait ici, quatre heures que des infirmières nous proposaient de rentrer chez nous, et quatre heures qu'on refusait.
– Quand Maëlle était petite, commença Tyler en souriant d'un air nostalgique, et qu'elle voyait que j'étais fatigué ou que j'étais triste, elle prenait mon visage dans ses petites mains, elle me regardait dans les yeux avec le même sérieux qu'une adulte aurait pu le faire et elle me disait : « It's gonna be ok daddy, as long as I'm here, everything will be ok ».
Ah, c'était l'heure des petites histoires.
Tout le monde l'écoutait avec attention. Ça avait au moins le mérite de détendre l'atmosphère.
– Elle croyait dur comme fer que par sa seule présence, j'allais aller bien, que tant qu'elle serait là, il pourrait rien m'arriver. Ça me faisait marrer mais c'était tellement vrai. Que ce soit toi Raph, ton frère ou tes sœurs, je suis rien sans vous. Elle avait raison. Quand j'étais dépassé, au fond du trou en me demandant comment j'allais pouvoir continuer à vous élever, votre seule présence me sortait de mes pensées noires et ça me permettait de me battre. Je serai incapable de la perdre, je me suis jamais préparé à ça, conclu-t-il dans un chuchotement en baissant la tête d'un air abattu.
Forcément qu'il s'y était jamais préparé, tout le monde savait que depuis le début ce serait sûrement Raph le premier à partir.
Voir l'homme que je considérais comme l'un des plus forts de mon entourage aussi vulnérable d'un coup, ça me tordait le bide. Ses gosses c'était vraiment sa plus grosse faiblesse.
Raph posa sa paume dans la nuque de son père et celui-ci posa la sienne sur la cuisse de son fils dans un geste reconnaissant.
– Vous vous souvenez quand on a joué à cache-cache dans la maison de Mamé et Papé, demanda Tarek dans un faible sourire. La seule fois où on a eu droit d'y jouer d'ailleurs...
Les ricanements de Raph et d'Hugo lui répondirent. Je la sentais mal cette histoire si c'était la seule fois où ils l'avaient fait...
– Elle s'était planqué dans la cheminée cette conne, expliqua Hugo. Quand elle est ressortie, elle était pleine de suie.
– Elle s'est fait dé-glin-gué, continua Raph. Elle avait tout taché autour d'elle, j'avais jamais vu Mamé aussi remontée.
– Et Camara qui disait que maintenant elle était aussi intelligente que lui parce qu'elle était noire, ricana Tarek.
Quelques ricanements les accompagnèrent, d'autres se contentèrent de sourire.
Une emmerdeuse depuis sa naissance cette meuf, songeai-je avec amusement, puis :
– Faire chier le monde, c'est son activité favorite, fis-je avec un léger sourire. Y'a pas longtemps, pendant une semaine où on se voyait qu'en coup de vent, on profitait de se faire des crasses. Elle avait foutu de la sauce pimentée dans ma bière avant de graille. Sauf que le temps de faire à bouffer elle a oublié sa connerie, et quand on s'est installé devant la télé elle a pris la mauvaise bière cette conne. Et vous connaissez sa descente, elle a pas pris une petite gorgée de merde. Du coup elle a passé la soirée à boire du lait alors qu'elle déteste ça tellement elle avait mis de piment.
Quelques rires désespérés retentirent çà et là, nos potes imaginant probablement la tête saoulée de la handballeuse en découvrant qu'elle s'était pranké elle-même.
– L'autre jour elle m'a spoilé un bouquin, râla Nek. J'arrivais vers les trois-quarts et là je tombe sur un post-it disant que le héro meurt à la fin. Elle a brisé notre amitié ce jour-là.
– Putain kho, elle m'a fait la même, me marrai-je.
– Quelle casse burne, souffla Lo.
Sneazz commença à se marrer en regardant ce-dernier d'un air moqueur :
– Ah ouais je me souviens aussi le jour où elle t'avait fait croire qu'elle avait changé toutes tes prods !
Oh oui, je m'en souvenais de ça, j'avais jamais vu Lo aussi vénère.
Devant l'incompréhension des dijonnais, Sneazz expliqua :
– Elle a changé les prods que Lo avait sur son ordi en mettant des sons de pets, des cris de films, des vieux bouts de morceaux gênants de tout le monde, et des scènes de films de petites go. Elle a même rappé sur une prod. Quand il a vu ça notre Hologram il a pété un câble et elle, elle était morte de rire. Au final elle avait tout sauvé sur une clé USB du coup ça l'a calmé, mais il s'est quand même vengé en écrivant sur ses maillots d'entraînements que c'était le meilleur.
– Putain c'est vraiment une gamine, se marra Tarek.
Ah bah ça, je pense que personne pouvait dire le contraire. C'était à la fois l'une des personnes les plus intelligentes et les plus ravagées de la bande.
– Quand elle était petite, elle était amoureuse de Thuram, lâcha Raphaël. Je m'en bats les couilles si elle veut pas qu'on le dise, je balance.
Son père se marra :
– Je me souviens encore de la Coupe du Monde, quand il a marqué ses deux buts en demie. Elle était euphorique, elle courait partout dans le salon en disant qu'elle voulait l'épouser. Toi t'étais ultra jaloux Raph. Mais elle s'en foutait, parce que son mari c'était Lilian et personne d'autre.
Je me marrai en m'imaginant une gamine de sept piges avec un joueur de foot de vingt ans son aîné.
Un petit silence s'ensuivit, pendant lequel on avait tous un petit sourire attendri sur le visage, mais Framal le brisa rapidement :
– Putain, faut qu'elle se batte, souffla-t-il.
Je pouvais pas être plus d'accord. On avait tous besoin d'elle. J'avais besoin d'elle.
Maintenant c'était clair comme de l'eau de roche : c'est elle, ça avait toujours été elle, et ça serait toujours elle. Je comptais pas la demander en mariage, mais je savais que ce serait elle ma femme, parce que je supporterai pas de la perdre. Alors elle avait pas le choix : pour moi, pour nous tous, il fallait qu'elle se batte.
– Monsieur Clarkson ?
Nos têtes se levèrent toute en même temps face au même mec que quelques heures plus tôt, et on se précipita tous vers lui, la famille en tête.
– L'état de Maëlle est toujours critique, mais nous avons pu retirer la branche de son abdomen. L'un des principaux problèmes maintenant, c'est qu'elle a perdu beaucoup de sang, et son groupe sanguin étant très rare, nous avons épuisé tout notre stock, ainsi que son sang opératoire. Alors, savez-vous si l'un de vous possède le même groupe sanguin qu'elle ?
– Moi, lança Raphaël de but en blanc. Je viens avec vous.
– Raphaël, non, s'opposa catégoriquement son père.
Ils se battirent pendant quelques minutes, mais Raphaël gagna finalement, et sans contre-indication du médecin, il disparut au fond du couloir. Il avait eu son père avec un « C'est soit ça, soit elle meurt ».
Il avait intérêt à revenir en bonne santé ce con. Surtout qu'en ce moment il se baladait avec un masque sur le visage à Paname parce que ça allait pas fort au niveau des poumons, il avait vraiment intérêt à revenir.
On attendit, encore et toujours, puis le téléphone de Fanny sonna. Ses parents sans doute :
– Allo ? Oui. Nan, on sait pas. Nan, vous les amènerez quand... Je sais Maman mais... Ok passe-le moi. Salut Lapin ! Nan, pleure pas, s'il te plait. Non, ils sont pas méchants, c'est juste que c'est pas un endroit pour les enfants les urgences. Lapin, s'il te plait écoute-moi. Maëlle elle va s'en sortir. Et quand elle ira bien, Papy et Mamie ils t'emmèneront la voir d'accord ? D'accord. Maintenant, tu vas aller dormir et tu pleures plus hein ? Maëlle elle voudrait pas que tu pleures. Et tous ses copains sont là, et ils sont tristes parce que tu pleures. Oui, même Ken et Mikael. Allez, va te coucher. Bonne nuit mon lapin, je t'aime.
Putain le pauvre. Sa sœur c'était son héro, elle avait clairement pas le droit de lui faire ça.
Fanny continua sa discussion avec ses darons, puis un long silence s'ensuivit. Très long.
Des gars partaient graille, d'autres allaient juste prendre l'air, j'allai me dégourdir les jambes dans l'hôpital, les dijonnais racontèrent des anecdotes sur leur enfance avec les jumeaux.
Ce fut qu'aux alentours de vingt-et-une heure qu'on eut enfin des nouvelles.
– Monsieur Clarkson, votre fille est enfin sortie du bloc. Si elle passe la nuit, elle sera sortie d'affaire. Mais nous allons la surveiller de très près, et je vous conseille de rentrer vous changer et dormir un peu. La nuit va être longue.
Je soupirai de soulagement, et mes jambes me lâchèrent presque. Mon cœur palpitait de ouf, j'avais envie de chialer.
Autour de nous, les accolades s'échangeaient de partout, et quelques petits cris de joie et des soupirs de soulagement retentissaient.
– Et mon fils ? demanda finalement Tyler d'une voix plus que rauque mais qu'il voulait quand même forte et confiante.
– Il va bien, nous l'avons mis en salle de réveil le temps qu'il reprenne des forces.
– On peut les voir ? demandai-je, la gorge serrée.
– Vous pourrez voir Raphaël lorsqu'il sera autorisé à sortir de salle de réveil, et Maëlle lorsqu'elle sera en chambre. Mais seulement la famille proche pour commencer.
Il nous salua ensuite, puis, à ma grande surprise, Tyler m'adressa une accolade :
– Elle va se battre, je le sais, elle a fait le plus dur, elle va pas abandonner.
On pu voir Maëlle le lendemain, intubée de partout. Raphaël se précipita pour embrasser sa jumelle, et Tyler lui caressa le front en lui parlant.
Moi je les regardais de loin, trop ébahis par la vue de ma meuf dans cet état : elle avait un bras et une jambe dans le plâtre, les yeux gonflés, la tête bandée. Ça me faisait tellement mal au bide d'être face à toutes ses blessures, son corps si fin si meurtris.
– T'as fait le plus dur Mel, il te reste plus qu'à te réveiller maintenant espèce de feignasse, murmura Raphaël au milieu de ses sanglots.
Sauf que Maëlle se réveilla pas. Ni le lendemain, ni le surlendemain, ni même la semaine d'après.
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