BONUS 2 : « Jude Pierre Tyler Castelle-Clarkson »
« Loué soit l'inventeur de la péridurale ». C'était ce qu'Adèle avait dit lorsqu'elle nous avait raconté son accouchement.
Mais moi, je n'eus pas l'occasion d'y goutter.
J'avais souffert ces derniers temps, physiquement comme psychologiquement. Si les marques qu'avaient laissé la peur de perdre mon frère jumeau se faisaient discrètes, j'arrivais encore à me souvenir de ma terrible nuit dans la forêt durant mon accident ; les brûlures du froid, la branche dans mon abdomen comme une lame de couteau parfaitement affûtée, mes côtes cassées compressées dans mon thorax, l'os de mon bras ayant transpercé ma peau comme s'il s'était agit d'une vulgaire feuille de papier, ma jambe tordue dans un angle anormal... Et puis la solitude.
Alors aujourd'hui, la douleur était presque supportable. Enfin, ça c'était ce que j'avais pensé au début, lorsque les contractions avaient débuté.
Enfin arrivée à mon neuvième mois de grossesse alors que je ne connaissais l'existence de mon bébé que depuis deux mois, j'étais une vraie baleine et j'avais l'impression que je pouvais exploser à tout moment. Je râlais comme jamais je n'avais râlé auparavant, et comme bien souvent, je m'étais disputé avec Deen pour une broutille. Comme d'habitude, il était donc partis rejoindre Ivan et Eff pour se détendre (sans oublier de me dire « Je t'aime » car nous détestions nous quitter fâchés), et je passais de mon côté le reste de mon après-midi avec Raphaël.
C'était alors que mon jumeau et moi mangions que je perdis les eaux.
Je sentis l'humidité se répandre sur ma chaise, et je m'arrêtai de bouger comme si le fait de m'immobiliser aurait pu retarder ce que j'étais en train de comprendre. Fixant les yeux bleus de mon frère en face de moi avec stupeur, ce-dernier me retourner mon regard :
– Quoi qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiéta-t-il.
– Je crois que c'est pour maintenant.
Les yeux de mon frère jumeau s'écarquillèrent à leur tour tandis qu'il reposait sa fourchette dans son assiette, la bouche ouverte de surprise :
– Quoi genre tout de suite maintenant ?
– Oui genre tout de suite maintenant, pas demain espèce de beusenot ! m'emportai-je. Tu croyais que c'était une caméra cachée ?
Raphaël ne fit pas attention à mon ton désagréable et se leva précipitamment de sa chaise avant de courir dans ma chambre. De toute façon, plus personne ne faisait attention au ton odieux que j'employais la plupart du temps : j'avais hâte que le bébé soit là pour pouvoir enfin contrôler de nouveau mes émotions et redevenir cordiale avec mes proches.
Me levant difficilement, j'aidai mon jumeau à rassembler mes affaires sous ses protestations.
– Merde, jura-t-il en s'immobilisant dans l'entrée alors que nous étions sur le point de sortir.
– Quoi ? crachai-je tout en me tenant le ventre.
Putain, ça ne rigolait pas un accouchement : dix minutes à peine que j'avais perdu les eaux et j'avais l'impression que mon alien était en train de me dévorer de l'intérieur.
– On n'a pas de gov.
Ce fut à mon tour de jurer et d'insulter le ciel de tous les noms ; si je n'étais pas déjà sûre de finir en enfer, cette fois-ci j'étais persuadée d'y avoir mon ticket d'entrée.
Sur ces mots, Raphaël se chargea d'appeler Mekra, et ce dernier nous promis de venir le plus vite possible, nous disant aussi que nous avions de la chance étant donné qu'il se trouvait dans Paris Nord au moment-même.
Cet appel me fit rappeler en un instant que je n'avais toujours pas prévenu Deen, et je jurai entre mes dents d'avoir été si bête. Mais il fallait croire que les vieilles habitudes avaient la vie dure : toute ma vie il ne m'avait suffit que de Raphaël à mes côtés pour affronter les épreuves. Mais je ne croyais tout de même pas que je penserai plus à mon jumeau qu'au père de mon enfant le jour de mon accouchement. Il ne fallait pas que Deen apprenne ça.
Mon rappeur décrocha à la deuxième sonnerie - en ce moment, il était toujours sur le qui-vive :
– Allô ?
Sa voix, suspicieuse, me disait qu'il savait déjà ce qui était en train de se passer.
– Marcel arrive, déclarai-je seulement avec un peu d'excitation dans la voix.
Deen, quant à lui, sembla perdre tous ses moyens :
– Hein ? Je... Euh... Oh putain j'arrive ! Tu vas où ? Y'a quelqu'un avec toi ? Maëlle elle va accoucher les gars. Aïe ! T'es à la maison ?
Je répondis à ses questions une à une à moitié morte de rire, puis je raccrochai, et une bonne heure plus tard, après avoir subit l'inquiétude de Mekra quant à l'état des sièges de sa voiture et la réelle inquiétude de Raph quant à mon état, j'étais admise au service de la maternité. Deen avait été plus rapide que moi et s'était chargé de tout à mon arrivée.
– Putain, j'arrive toujours pas à y croire, lâcha-t-il lorsque j'étais allongée en salle de travail, les yeux dans le vague.
Moi non plus je n'arrivais pas à y croire.
Les événement s'enchaînèrent ensuite, mais pas assez vite à mon goût.
Les douleurs augmentèrent, et j'eus l'impression qu'elles touchaient Deen autant qu'elles me touchaient moi. Je savais qu'il n'aimait pas me voir souffrir, mais c'était un déchirement que de le voir me regarder avec autant de peine. Alors j'essayais de dissimuler ma douleur.
On m'emmena ensuite en salle de naissance et on tenta maintes et maintes fois de me faire accoucher.
La péridurale ne faisait pas effet, et mon bébé ne se décidait pas à sortir.
J'avais rarement eu aussi peur de ma vie : moi qui ne voulait pas de ce bébé plusieurs mois en arrière, j'aurais maintenant été détruite si je n'étais pas parvenue à le faire naître en bonne santé. Deen avait l'air aussi inquiet que moi, même s'il ne cessait de me murmurer des encouragements et qu'il essayait de m'apaiser par tous les moyens.
Ce fut lorsque je manquai de m'évanouir pour la troisième fois qu'il fallut se rendre à l'évidence : notre bébé ne naîtrait pas par voie basse car je n'avais visiblement pas repris assez de force depuis mes problèmes d'alimentation. On nous emmena donc en salle d'opération.
J'étais terrorisée. Et Deen aussi.
Sur le chemin jusqu'au bloc, il ne cessa de me répéter qu'il m'aimait, et je faisais du mieux que je pouvais pour lui répondre malgré la brume qui régnait autour de moi. Lorsqu'on nous sépara, je me sentis vide et abandonnée, je n'étais plus qu'une enfant apeurée.
Puis Deen réapparut tout vêtu de vert avec une charlotte sur la tête, et il m'embrassa à de nombreuses reprises avant de s'asseoir à mes côtés, un drap bleu nous séparant du chirurgien et de notre bébé.
Nous ne nous lâchâmes pas des yeux de toute l'intervention, et ce fut seulement lorsque des pleurs retentirent que nos iris se quittèrent, nos paupières se fermant sous l'émotion.
– C'est un petit garçon, déclara une infirmière.
Mon cœur rata un battement.
Deen fondit en larmes et laissa tomber sa tête sur ma poitrine.
Un sanglot me submergea en le voyant ainsi, lui qui ne pleurait jamais, et je passai une main réconfortante dans ses cheveux.
On proposa à Deen de couper le cordon ombilical qui me reliait encore à notre fils.
On vint placer notre bébé sur ma poitrine, où son père et moi fîmes sa connaissance pour la première fois.
Ce fut de long le plus beau jour de ma vie.
[...]
– Jude, lança Deen, songeur.
En effet, Jude. Jude Pierre Tyler Castelle-Clarkson.
Deen venait de débarquer de la mairie où il avait déclaré Jude à l'état civil. Il était maintenant allongé sur mon lit avec son fils dans ses bras pendant que je faisais les cents pas, l'hyperactive qui sommeillait en moi n'ayant pas tenu longtemps avant de se réveiller.
Jude était né il y avait de ça environ vingt-quatre heures, et Deen et moi étions encore émerveillés de savoir que nous avions un fils. Il n'y avait qu'à voir comment mon rappeur le dévorait des yeux ; j'aurais tout aussi bien pu disparaître de la pièce qu'il ne s'en serait même pas rendu compte.
– J'arrive pas à croire qu'on n'ai pas pensé à ce prénom avant, continua-t-il en secouant doucement la petite main qui s'était enroulée autour de son index.
Moi non plus, et pourtant maintenant il sonnait comme une évidence. Notre fils n'aurait pu porter un autre prénom.
Oscar, Noah, Marcel... Aucun de ces prénoms n'était arrivé jusqu'en phase finale. Enfin si... Notre bébé aurait normalement dû s'appeler Oscar, mais dès les premières heures de Jude sur cette terre, nous avions changé d'avis.
– L'important c'est qu'on y ai pensé au final, lui répondis-je.
Deen acquiesça avant de ricaner :
– C'est Raph qui va être déçu, tu lui as promis de lui donner son prénom.
– Je le lui ai promis parce qu'il était sur le point de mourir. Il est pas mort, alors pas de deuxième Raphaël dans la famille !
Deen eut un petit rire, et chuchota quelque chose comme « t'auras pas besoin de t'appeler comme lui pour être aussi cool que ton oncle » à notre fils.
– Ç'aurait été grave glauque, fit-il finalement en me regardant. Je crois que j'aurais jamais pu le regarder dans les yeux.
– Qui c'est que t'aurais pas pu regarder dans les yeux ?
Mon copain et moi tournâmes brusquement le chef en direction de la porte de ma chambre. Maxime venait de faire son entrée aux côtés de leurs parents.
– Toi, lui répondit son frère. Parce qu'il y a que du vide et j'ai le vertige.
Alors que les deux frères commençaient à se battre gentiment, le papa de Deen les réprimanda, et leur maman ne tarda pas à fondre en larmes en voyant son fils étreindre son petit-fils. Face à cette scène, je vis que mon rappeur n'en menait pas large du tout.
Nous passâmes l'après-midi avec les désormais grand-parents de Jude qui avaient tous les deux l'air sur un petit nuage.
– Bon, maintenant parlons peu parlons bien, déclara Jehkyl en tenant son neveu dans ses bras. J'en profite parce que je suis tout seul et qu'il y aura personne pour vous influencer. Avouez que c'est moi le parrain.
Je levai les yeux au ciel avec un sourire amusé, et Deen repris son fils des bras de son frère en le traitant de forceur.
– Nan mais allez, vous allez mettre qui ? Me dites pas que ce sera Eff ou Nek, je l'accepterai pas.
– Ce sera ni Eff, ni Ken... déclarai-je. Ni toi.
Maxime jura en guise de protestation, et sa mère le réprimanda comme s'il avait douze ans, ce qui me fit beaucoup rire. Que ce soit lui ou son frère, les deux hommes n'en menaient pas large face à leur figure maternelle.
– Ce sera qui alors ? Déjà je sais que la marraine c'est Stine, Ivan il t'a entendu au tel.
Je fermai les yeux avec agacements : cet idiot d'Argentin allait me le payer.
– Tu sauras pas, cherche pas, lui lança Deen.
– Je vous jure, si vous avez choisi un gars du L mais pas moi, je vous renies tous les deux.
– Dommage, tu verras plus Jude du coup, fis-je. Mais c'est pas grave tu sais Henry, il en a plein des tontons.
Le rappeur me lança un regard mauvais que je soutins, puis nous finîmes par exploser de rire lorsque je lui fis une grimace.
J'étais mère, l'un des rappeurs était père, l'autre était tonton, et pourtant nous rigolions comme si nous avions sept ans face à une grimace. Ça promettait pour l'avenir...
[...]
Ken, qui était à l'étranger lorsque j'avais accouché, débarqua en trombe chez moi quelques jours seulement après la naissance de Jude. L'air très inquiet, « Comment ça va Princesse ? » furent les premiers mots qui sortirent de sa bouche lorsque je lui ouvris la porte.
– On ne peut mieux ! m'exclamai-je en lui adressant un immense sourire.
J'étais tellement heureuse de le retrouver, il m'avait manqué. Je ne tardai donc pas à lui sauter dans les bras, et il me serra contre lui avec force avant de me repousser délicatement, les sourcils froncés, replaçant une mèche de cheveux derrière mon oreille :
– T'es sûre ? Raph m'a dit que t'en avais bavé.
– Oui mais ça va beaucoup mieux, t'inquiètes pas ! Dès le lendemain j'étais prête à courir un marathon.
– Niquel. Bon, tu m'en veux pas, mais même si tu m'as manqué, c'est pas toi que je suis venu voir.
– Super le pote, fis-je d'un air blasé.
Mais je ne tardai pas à ricaner devant son sourire fier, puis le conduisis dans la chambre de Jude. Là, je me penchais au-dessus du berceau de mon fils et redevins la Maëlle gaga que je ne pensais jamais être :
– Coucou ma crevette, comment ça va ? Bah moi super écoute. J'ai quelqu'un à te présenter.
Comme bien souvent, Jude souriait, et ses yeux bleus à moitié fermés semblaient pétiller d'intelligence alors qu'il sortait sa langue toutes les deux secondes. Il était tellement mignon dans son pyjama en pilou avec des fusées. Je me demandais si mon cœur se gonflerait d'amour pour ce petit Être à chaque fois que je le verrai.
À côté de moi, Ken semblait timide. Tout un tas de vannes pour me foutre de lui me vinrent à l'esprit, mais aucune ne franchit mes lèvres ; je n'avais pas envie de gâcher ce moment.
Alors je me contentai de prendre délicatement mon fils dans mes bras tout en babillant comme une imbécile, puis m'approchai de mon frère de cœur :
– Jude, je te présente tonton Ken. Tonton Ken, je te présente Jude.
Mes yeux auparavant obnubilés par mon fils, je relevai tout de même la tête pour apercevoir la réaction de Ken. Et celle-ci fut mémorable : les iris fixés sur son neveu, on eut dit qu'il n'avait jamais vu de bébé de sa vie.
Il resta silencieux, les yeux écarquillés et les sourcils froncés comme s'il allait se mettre à pleurer. Mais je vis qu'il se retenait malgré ses yeux brillants.
Un grand sourire aux lèvres, plutôt émue moi aussi, je plaçai Jude dans les bras de son oncle. Ken parut surpris, puis il le prit délicatement :
– Salut bonhomme, chuchota-t-il simplement.
Il resta ensuite silencieux, les yeux plongés dans ceux de son neveu, le berçant doucement. Jude et lui ne se quittaient pas des yeux, semblant mémoriser chaque détail du visage de l'autre, l'un avec un air curieux, l'autre avec les larmes aux yeux.
Plus le temps passait, et plus je voyais que Ken luttait contre ces larmes.
Je le savais émotif quand il s'agissait de ses proches, mais je ne pensais pas qu'il le soit autant face à un énième bébé : il était déjà tonton depuis longtemps avec le fils de sa sœur, puis nombre de ses amis étaient devenus parents, la naissance la plus récente étant celle du petit Ismaël. Même Alice n'avait pas eu l'air aussi bouleversée lorsqu'elle était venu nous voir à la maternité.
– Eh, ça va, lui chuchotai-je doucement en voyant enfin une larme couler sur sa joue.
J'essuyai la traînée d'eau en posant délicatement ma paume sur sa joue et en lui souriant avec tendresse ; voir le rappeur ainsi me brisait le cœur et je sentis ma gorge se nouer.
– Tu vas écrire un son sur lui ? la taquinai-je alors qu'il ne répondait rien.
Ken ricana avant de m'insulter :
– Connasse d'Américaine.
– Enfoiré de Grec.
Ce fut à mon tour de ricaner, puis Ken redevint sérieux alors qu'il me tendait de nouveau Jude :
– Pouah je pensais pas qu'il me ferait cet effet-là ! s'exclama-t-il en rigolant d'un air gêné. Un putain de sorcier comme sa daronne ce gosse.
Nous rigolâmes ensemble alors que je remettais Jude dans son berceau, puis encore une fois, il nous fit redevenir sérieux en un claquement de doigts :
– Vous méritez tellement Bigo et toi. J'crois que c'est pour ça qu'il m'a tué le petit. Avec toute les merdes qui vous sont arrivé, surtout à toi... Y'a quatre ans personne aurait misé sur ton bonheur avec toutes les épreuves que t'as dû traverser, et pourtant aujourd'hui t'as le plus beau gamin que j'ai jamais vu et t'es giga heureuse. T'imagines pas à quel point je suis heureux de te voir comme ça après ces deux années de merde. Ça me tuait de te voir malheureuse.
– C'est bon t'as fini ? demandai-je en levant les yeux vers le plafond. J'ai plus envie de pleurer, j'avais dit qu'après la grossesse je pleurais plus !
Ken eut un petit sourire tendre, et puisque je me retenais depuis trop longtemps et que j'étais fatiguée par trop de nuits sans sommeil, je ne pus tenir que quelques secondes avant de fondre en larmes dans les bras de mon frère.
– Tu saoules putain ! boudai-je alors qu'il me serrait contre lui. Si on faisait un film sur nous y'aurait que des scènes de fragile, c'est ouf.
Ken se contenta de rire avant de m'embrasser le front :
– Autant continuer sur notre lancée alors ; j't'aime Princesse.
Je levai les yeux au ciel face à son ultime tentative de m'arracher un moment de faiblesse.
– J't'aime aussi espèce de sale con.
[...]
– Mon bébé a eu un bébé, déclara mon père lorsque je lui présentai son petit-fils deux semaines après la naissance de ce dernier.
Jude dans les bras, Monsieur Tyler Clarkson semblait sur une autre planète.
Mon père, Fanny, Sohel et Zoé étaient les derniers à rencontrer Jude ; l'Entourage avait fait sa connaissance en premier, les parents de Deen étaient venu aussi vite qu'ils avaient pu, Stine était revenue exprès en France pour pouvoir voir son filleul, nous étions descendu à Toulon pour que les grands-parents de Deen ainsi que ses amis le voient enfin, puis nous avions fait notre petite tournée en Bourgogne : Papé avait fondu en larme en remerciant le Ciel de lui avoir donné assez de temps pour rencontrer son arrière-arrière-petit-fils alors qu'il n'était pas croyant du tout, Kamel avait plaisanté en disant qu'il s'inquiétait moins pour la survie de mon bébé que pour celle de celui de Tarek, Khadija avait promis de le protéger comme elle nous avait protégé mon frère et moi, Tarek n'avait eu de cesse de répéter que son fils était mieux que le mien, et un Hugo larmoyant avait accepté avec joie d'être son parrain. Et maintenant nous étions dans mon ancien chez-moi.
– Toujours vingt-six ans Papa, répondis-je à ma figure paternelle dans un soupire.
Mon père me regarda en fronçant les sourcils d'un air taquin :
– Tu me rappelles qui c'est ton géniteur ? Moi. T'as bien été un bébé un jour ? Oui. Et bah sache que pour moi ça a jamais changé.
Je levai les yeux au ciel en riant tandis que Raphaël protestait :
– Euh ouais nan par contre je te laisserai pas me rabaisser au stade de bébé juste parce que je suis son jumeau, déclara-t-il.
– J'ai rien dit à ce propos, lui répondit notre père. Je t'ai déjà dit cent fois que c'était Maëlle ma préférée, donc elle restera toujours mon bébé. Toi par contre... fit-il en feignant un air dégoûté.
Deen et moi explosâmes de rire tandis que Fanny insultait son homme de père indigne.
– Père indigne peut-être, mais je serai le meilleur grand-père, murmura-t-il avec tendresse en regardant Jude. On fera plein de trucs ensemble toi et moi, p'tit gars. Quand tu viendras à la maison, t'auras plus jamais envie de rentrer chez toi.
Comme pour lui répondre, Jude émit un petit rire et mit son petit poing dans la tête de mon père, ce qui nous fit tous rire à notre tour.
– Moi aussi j'peux le prendre ? demanda gentiment Sohel, ses jolies fossettes creusées.
Deen et moi lui répondîmes par la positive, puis mon copain plaça son fils dans les bras de mon petit frère.
– Il est tout petit, déclara ce dernier avec appréhension. Il va falloir le protéger.
Il releva ensuite vivement la tête vers moi d'un air inquiet tandis que Deen tenait la tête de Jude pendant l'instant d'inattention de Sohel :
– Si tu veux j'peux le protéger moi !
Osez me dire que mon petit frère n'était pas l'Être humain le plus merveilleux de la planète.
– Oui, tu peux le faire si t'en as envie. Après tout, c'est toi son Tonton.
Le regard de mon petit frère s'illumina :
– C'est vrai ?
– Bah oui, c'est ton neveu, et c'est le neveu de Zo aussi, fis-je en tournant le chef vers ma petite sœur qui regardait Jude avec appréhension.
Sohel eut l'air ravi et regarda de nouveau son neveu, et au même moment je vis que Zoé s'en allait en traînant les pieds d'un air morose.
Fronçant les sourcils, je regardai Fanny en quête d'explication.
– Elle est comme ça depuis qu'elle sait que vous avez un bébé, me dit cette dernière. Je crois qu'elle a peur d'être remplacée.
Mon cœur se serra en imaginant la tristesse de ma petite sœur ; elle n'avait vraiment aucun soucis à se faire, elle était ma seule sœur, et Deen était complètement fan d'elle.
Mais il fallait visiblement lui expliquer, alors après avoir placé Jude dans les bras d'Ines, je me dirigeai dans la chambre de Zoé, suivie de près par Deen.
Ce fut lui qui ouvrit la bouche en premier en la voyant recroquevillée sur son petit lit :
– Bah qu'est-ce qui t'arrive ma Zo ? fit-il en allant s'asseoir à côté d'elle. Tu me fais la tête ?
Zoé ne répondit pas, son nounours serré contre elle.
J'eus un petit sourire face à cette image : on aurait dit qu'elle avait un chagrin d'amour à quatre ans, cette scène paraissait irréelle.
– Zozo, regarde moi, continua-t-il en la tournant vers lui.
Ma petite sœur s'exécuta et, les sourcils froncés et l'air boudeur, elle nous regarda tour à tour avec inquiétude :
– Vous m'avez remplacée, déclara-t-elle.
D'abord éloignée de la scène, ses mots me firent m'avancer précipitamment vers elle :
– Mais bien sûr que non ma puce ! m'exclamai-je. On pourra jamais te remplacer, il y a qu'une Zoé !
– Mais si, z'avez un nouveau bébé, z'allez plus z'occuper de moi. Et toi tu vas plus marier 'vec moi, fit-elle en regardant Deen d'un air triste.
Je voyais que Deen tentait de se retenir de rire face à la crise de jalousie de sa très jeune petite amie, mais il garda pourtant son sérieux pour essayer de la rassurer comme il pouvait.
Je ne le savais pas aussi patient avec les enfants ; finalement, nous ne serions peut-être pas des parents si éclatés que ça.
– Et de toute façon, notre bébé c'est un garçon, pas une fille, finit-il par dire en concluant son discours. Donc il t'a pas remplacé. Et puis tu sais avec Maëlle on est toujours pas mariés.
Yes, maintenant il entretenait ses espoirs.
– Et puis ma Zo, complétai-je. Il est vraiment pas si doué que ça en tant que petit copain, tu loupes rien, vraiment.
Deen me lança un regard noir, puis nous fîmes mine de nous battre, ce qui fit rire Zoé. Je redevins finalement sérieuse et caressai doucement les cheveux roux de ma petite sœur en plaçant ses fines mèches derrière ses oreilles :
– J'ai qu'une petite sœur ma puce, et c'est toi. Ça changera jamais. Je suis ta grande sœur, mais aujourd'hui je suis aussi maman, c'est tout. Mais ça veut pas dire que je t'oublies et que je t'aime plus, d'accord ?
Zoé acquiesça doucement avant de m'adresser un sourire adorable puis Deen la pris dans ses bras avant de la faire monter sur son dos :
– Allez ma belle, maintenant on fait tout ce que tu veux mais on rejoint les autres en bas ! Je suis sûr que Jude il a très hâte que tu lui fasse un câlin.
Sur ces mots, je regardai mon copain quitter la chambre en trottinant, les cheveux brillants de ma sœur volant dans les airs tandis qu'elle riait aux éclats.
Ken avait raison : personne ne pariait sur mon bonheur quatre ans auparavant, même pas moi. Mais aujourd'hui, j'étais terriblement heureuse, et je parvenais même à oublier tout ce que j'avais traversé pour en arriver là.
Alors si moi je pouvais le faire, tout le monde le pouvait.
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Coucou ! Eh oui, je suis de retour du côté de cette histoire.
Bon, alors j'ai longtemps réfléchis pour savoir comment j'allais m'organiser au niveau des bonus, et j'ai enfin une réponse.
Je vais continuer à publier des bonus sur le livre à bonus, mais ils ne concerneront que les événements ayant eu lieu avant le dernier chapitre de Jim Morrison. Il y aura toujours des bonus sur d'autres personnages de la fiction, à propos de Jim Morrison ou de Toujours Là, des points de vues différents sur certains événements de l'histoire, des autres événements qui se seront passé mais que je n'aurais pas développé... Ce genre de trucs. D'ailleurs encore une fois, n'hésitez pas à me donner vos suggestions si vous en avez.
Et pour ce qui est des bonus que je publierai sur Jim Morrison, ils ne concerneront que des points de vue de Deen et de Maëlle (comme tout au long de l'histoire) dans une chronologie post-dernier chapitre. Ils concerneront principalement Deen et Maëlle en tant que parents, et l'évolution de leurs enfants et de ceux de leurs amis. Et d'ailleurs, pour ça aussi si vous avez des suggestions, je suis preneuse !
Je publierai pas très souvent quand même, ma priorité c'est Toujours Là, mais vous êtes pas à l'abris que je sorte des bonus de manière random au gré de mon imagination.
Voilà voilà, je crois que c'est tout ce que j'avais à vous dire.
J'espère quand même que ce petit bonus vous a plu et vous avez été contents de retrouver Deen et Maëlle.
Plein de bisous ! ❤
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