BONUS 1 : Épilogue 2
Ouais bon en fait j'ai craqué, je publie le deuxième épilogue ici parce que je sais qu'il y a moins de monde sur les bonus et je veux vous remonter le moral à tous.
Petit rappel : ce n'est pas une fin alternative, c'est juste un épilogue moins triste, mais les deux événements ont lieu dans l'histoire.
(la musique c'est celle que je voulais mettre pour le premier épisode, mais je voulais vous briser un peu plus le cœur avec Linkin Park)
Bonne lecture ! ❤
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– Les gars ! Bougez votre cul sinon je vous jure que je vous laisse là !
Des pas précipités se font entendre dans les escaliers. Putain quand je disais « bougez votre cul » je voulais pas dire « courez comme des hmars pour mieux vous péter la gueule pour que votre mère me déglingue en arrivant aux urgences ».
Et puis les hôpitaux, c'est bon, j'ai assez donné pour plus y retourner de toute ma vie.
Louise, notre troisième, me regarde en levant les yeux au ciel devant l'arrivée en trombe d'un de ses grands frères tandis que je lui enfile son blouson.
– Sont beusenots.
Je me marre devant le désespoir qui perce dans la voix de ma gamine, l'accent campagnard de sa mère en prime. Et encore, elle a que quatre ans, elle a pas fini d'en baver.
J'enroule son écharpe multicolore autour de son cou et continue jusqu'à son front, ce qui la fait marrer :
– Papa, suis pas une momie !
Elle secoue énergiquement la tête de droite à gauche, comme si ça pouvait l'aider, et je lui enfile son bonnet en rigolant. Je l'aime trop cette gosse.
– C'est bon, j'suis là, on peut y aller ! s'exclame joyeusement mon aîné derrière moi.
Je me relève, prêt à partir maintenant que Lou est bien emmitouflée, mais hausse un sourcil en croisant les bras, voyant qu'il est tout seul. Bon, bah apparemment, l'embrouille de merde qu'il a eu avec son frère la veille n'est pas passée, Jude est toujours dessus. Tout ça pour une boîte de crayons de couleurs, fin' bref.
Louise, du haut de ses quatre ans, fronce à son tour les sourcils et croise les bras en m'imitant :
– T'as pas oublié queq' chose p't'ête tu crois ?
Je me mord l'intérieur de la joue pour ne pas rire fasse à la remarque de ma fille, et conserver un air autoritaire face à Jude. Je suis complètement fan de cette môme, Maëlle me le reproche souvent d'ailleurs. Je suis à quatre-vingt-dix pour cent sûr que j'aurai aucune autorité sur elle quand elle grandira, et qu'elle arrivera à me mener par le bout du nez.
Sous mon air sérieux, mon aîné lève les yeux au ciel avant de lâcher un énorme soupir digne du pré-ado saoulé qu'il fait semblant d'être, et de traîner les pieds en direction des escaliers. Je lui donne un léger coup de pied au cul pour le faire accélérer :
– Jude, dépêche-toi ou je te jure que je te dépose chez Tonton Moh.
Habituellement ça l'aurait pas dérangé, au contraire, c'est pas du tout une menace, Sneazz est génial avec les petits. Enfin, y'a quand même un môme de un an et un nouveau-né chez lui, donc ça arrangerait Jude de pas avoir à subir leurs pleurs. Mais c'est surtout que là on va capter leur mère à l'aéroport et ils ont plus que hâte de la retrouver après plusieurs semaines de séparation.
Je manque me marrer en le voyant s'arrêter sous la stupeur à cause de ma soi-disant menace, puis il s'empresse de disparaître à l'étage.
Jude a que dix ans, mais un caractère bien à lui. De toute façon dès le début j'ai su qu'il avait hérité du tempérament de Maëlle. Sa relation fusionnelle avec sa mère étant ce qui manifeste de leur ressemblance tous les jours. Les cheveux châtains et les yeux bleus, physiquement il ressemble pourtant ni à sa mère ni à moi. Bizarrement il a quasiment la même gueule que Raph. Par contre au niveau du caractère, il a tout pris de Maëlle : il peut être aussi doux qu'hargneux, aussi gentil que mesquin, et surtout, il est très bagarreur. Tout ce qu'il a hérité de moi c'est sa taille et son humour. C'est déjà ça.
Quelques minutes plus tard, mon aîné réapparaît, son petit frère sur ses talons. Ce dernier arbore un immense sourire, comme la plupart du temps, ce qui contraste avec l'air boudeur de son aîné. Visiblement, pour lui, l'embrouille avec Jude est une histoire ancienne.
Oscar par contre, c'est physiquement le copier-coller de Maëlle, y'a pas de doute quant à sa provenance. Par contre il pourrait pas avoir un caractère plus différent de celui de sa mère : il est ultra câlin et affectueux et déborde d'une gentillesse incroyable, à la limite du naïf. Ce gosse serait incapable de faire du mal à une mouche, même si on lui causait du tort.
Mes deux garçons s'entendent bien en général, ils sont super complices. Surtout quand il s'agit de faire des conneries. Mais aussi loin que je me souvienne, ils se sont toujours disputé et bagarré. Ils avaient une relation normale de frères quoi, Max et moi on avait été pareils en grandissant.
– Allez, n'y va, s'exclame Louise en prenant un air directeur, on va être en retard 'cause de vous.
Je ricane : on l'a vraiment pas ratée celle-là.
– Pas d'ma faute s'il entend que dalle, marmonne Jude.
Je lui assène automatiquement une claque derrière la tête :
– Redis encore une connerie pareille et tu restes à Paname pendant qu'on part en vacances avec tout le monde.
Il grogne mais n'en dit pas plus, et on se dirige tous vers la voiture. Putain il m'énerve quand il est comme ça, alors que je sais que c'est un gamin bien élevé et respectueux. C'est fou comme son humeur peut dépendre aussi longtemps de ses journées.
En voyant mon deuxième de huit ans aussi souriant et plein de joie de vivre, sautillant dans les escaliers pour aller à la voiture, je comprends vraiment pas pourquoi son grand frère veut pas passer à autre chose. C'est pas comme s'il lui avait volé son maillot de hand préféré non plus. Mais bon, Jude quoi... J'imagine que c'est aussi cette partie rancunière de sa personnalité qui le rend attachant : dans un sens ça veut dire qu'il s'implique tellement d'un point de vue relationnel qu'il prend tout à cœur.
Jude fait jamais remarquer son handicap à son petit frère d'habitude. Au contraire, il est plutôt du genre à sortir les poings pour défendre Oscar dans la cour de récrée quand d'autres gamins l'embêtent. Pourtant on peut pas dire qu'il soit si handicapé que ça ; même si on a tous appris la langue des signes à la naissance d'Oscar, en vrai il entend quand même assez bien, il lit très clairement sur les lèvres, et même s'il mange un peu certaines consonnes, il s'exprime relativement bien. On a eu beaucoup de chance dans notre malheur, ce qui n'est pas le cas de tout le monde.
Enfin bref, le fait est que son petit « pas d'ma faute s'il entend que dalle » paraît super disproportionné par rapport à une embrouille pour des crayons de couleur. Si son humeur change pas en revoyant Maëlle, il va falloir que je lui parle, parce que je connais mon fils aîné par cœur et s'il agit comme un idiot à ce point c'est que je suis peut-être par au courant de tout. Alors que généralement, vu que mes fils et moi on est super complices, je suis au courant de tout.
J'attache ma fille à l'arrière tandis que les gars se battent pour savoir qui va s'installer devant, Jude se faisant un malin plaisir à parler à vive voix en tournant le dos à son petit frère.
– Tout le monde à l'arrière, je déclare à voix haute en prenant garde à ce qu'Oscar puisse lire sur mes lèvres.
– Mais Papa ! s'exclament-ils en même temps.
– À l'arrière j'ai dit, c'est pas négociable, vous m'avez saoulé. Et toi arrêtes avec tes yeux de chien battu, je grogne dans la direction d'Oscar.
Mes deux aînés poussent un long soupir avant de s'exécuter.
Bah ouais, pas facile d'être un gosse.
Putain de merde. Trois semaines que je suis seul-tout avec nos mômes et j'en peux déjà plus.
Le trajet se fait en silence du côté des garçons. Ils tirent tous les deux une tronche de cinq pieds de long en prenant bien soin de ne pas se regarder.
Mais je peux toujours compter sur ma fille pour rapper joyeusement avec moi un morceau du Crew-S. Louise est à fond sur un couplet de Framal, elle le connait par cœur. C'est pas un des plus softs, et je fais ça que parce que Maëlle est pas là. Mais bon, elle est pas toute rose non plus avec ses sons de Nirvana plein de sous-entendu. Nos gosses seraient pas bilingues, je comprendrais, mais elle a zéro excuse.
De toute façon c'était couru d'avance qu'on aurait une mauvaise influence sur nos marmots.
– C'est quand on voit Tonton Driss ?
Louise et son « Tonton Driss » c'est toute une histoire. Elle l'a vu y'a deux jours, c'est pour dire à quel point elle le kiffe. La gamine est fan de lui depuis sa naissance, allez savoir pourquoi. Surtout qu'on passe franchement moins de temps avec les gars de Paris Sud depuis qu'on a tous nos mifs.
– Je sais pas Puce, on va bientôt partir en vacances avec donc pas avant un moment.
Je me rattrape vite en voyant sa mine triste.
Cette gamine me rend si faible, c'est ouf. Pourtant je m'étais ouvertement foutu de la gueule de Tyler et de sa relation avec Maëlle et Zoé.
– Mais on pourra l'appeler tu sais ? De toute façon il supportera pas de pas t'appeler au moins une fois tous les deux jours, il t'aime trop.
Un grand sourire illumine son visage et elle repart dans un rap plus qu'approximatif.
Une quarantaine de minutes plus tard, on arrive à l'aéroport, et un sourire reprend place sur le visage des deux aînés. L'effet Maëlle quoi.
Louise dans mes bras, je dois gueuler deux-trois fois pour empêcher les garçons de courir trop vite. J'aime pas les perdre de vue, y'a trop de monde en plus.
Depuis quelques années le handball féminin s'est pas mal développé et une foule de supporters est prête à accueillir ses joueuses. Je choppe donc tant bien que mal mes fils pour les attirer plus loin, là où le reste des familles attend, près du bus des joueuses.
Putain je crève d'envie de prendre ma femme dans mes bras, trois semaines loin d'elle avec ces trois énergumènes sur le dos c'est beaucoup trop long.
On attend quelques minutes et les gamins trépignent d'impatience. Louise est intenable et je dois la réprimander deux-trois fois parce qu'elle gigote dans mes bras, essayant de se faire plus grande pour voir plus loin dans l'espoir d'apercevoir sa mère. Oscar et Jude, eux, font les cents pas en essayant de repérer Maëlle. Moi je peux même pas essayer de voir si ma femme arrive, trop occupé à pas perdre un de nos marmots de vue.
Quand quelques minutes plus tard, l'équipe de France arrive avec Maëlle dans ses rangs, Oscar est le premier à courir, suivit non loin de Jude, puis Louise s'agite dans mes bras pour pouvoir suivre ses frères. Je suis sûr qu'elle a même pas repéré sa mère, elle fait juste confiance aux grands.
Je m'approche doucement, laissant tout le temps à ma handballeuse préférée de retrouver nos mômes. Je peux pas m'empêcher de sourire à la vue de ma petite famille réunie, mon cœur se gonflant d'amour pour ces quatre Êtres humains.
Putain ce que ça me fait du bien de la voir. Elle est rayonnante, comme tout le temps. Oscar lui a sauté au cou et Jude enlace sa taille tandis que Louise essaye de se faire une petite place au milieu de ses frères.
Après avoir longuement enlacé nos fils, elle prend finalement Louise dans ses bras et la couvre de bisous, tandis que notre fille se tortille dans ses bras en rigolant.
Et dire que Maëlle avait eu peur quand on nous avait annoncé que le troisième bébé était une fille à l'échographie.
Elle croise finalement mon regard et je peux lire la même chose que ce qu'il y a sûrement dans mes yeux : on crève d'envie de se retrouver que tous les deux.
Je la vois finalement chuchoter quelque chose à l'oreille de notre fille avant de la reposer sur le sol. Cette dernière donne une main à chacun de ses frères, puis ma femme se jette dans mes bras.
Je la serre du plus fort que je peux, les yeux fermés en reniflant l'odeur de son parfum. Bordel qu'est-ce qu'elle m'a manqué !
Quinze piges qu'on est ensemble et je suis toujours aussi fou d'elle. Alors que plus jeune je me demandais comment c'était possible d'être amoureux de la même personne pendant plus de deux ans.
– Je suis méga fier de toi, je lui chuchote avant de l'embrasser.
À force d'être avec la même personne pendant autant de temps, on s'habitue à ce genre de geste. Les baisers deviennent plus chastes et perdent un peu de saveur, et ça fait pas les mêmes sensations qu'au début, quand ça prenait au bide. Même si ça veut pas dire qu'on arrête de désirer l'autre pour autant. Alors quand elle s'absente pendant autant de temps ou que je dois me déplacer pendant plusieurs semaines, nos baisers font un peu le même effet qu'au début de notre relation, et on se rend compte que c'est pas demain la veille qu'on se lassera de la présence de l'autre. Parce que là, je suis putain d'heureux de retrouver le goût de ses lèvres et la sensation de ses doigts dans ma barbe.
Louise et Oscar lancent un petit « beurk » à l'unisson, mais ça fait bien longtemps qu'on n'y fait plus attention.
– C'est les filles qui ont assuré, lâche Maëlle entre deux baiser. Pas moi.
– Sans toi elle sont rien ces nanas.
Elle lève les yeux au ciel sans me contredire pour autant.
Bah quoi ? C'était vrai. Avec la carrière phénoménale qu'elle avait eu en équipe de France, elle était devenue l'une des meilleures entraîneuses que l'équipe aurait pu avoir. Elle leur avait déjà fait gagner un championnat du monde et un euro depuis qu'elle était en poste.
Après notre être embrassé une dizaine de fois trop pour un couple aussi vieux que le notre, Maëlle se sépare finalement de moi à contrecœur :
– Bon, j'y vais... soupire-t-elle. Tu passes le bonjour à tout le monde pour moi ?
– T'inquiètes, amuse-toi bien. Fais pas de dingueries, on a de la route demain.
– C'est pas mon genre, me lance-t-elle d'un air faussement innocent.
Nos mômes se rapprochent, Louise dans les bras d'Oscar :
– À demain Maman !
– À demain mes nuggets, je vous aime !
Elle embrasse une nouvelle fois les petits avant de faire la même chose avec moi, puis elle disparaît dans le car avec ses joueuses.
C'est cool quand elles sont championnes du monde, mais ça veut aussi dire qu'elles doivent fêter ça entre elles, puis enchaîner des petits plateaux télé le lendemain. Mais bon, généralement c'était les joueuses qui s'en chargeaient de ça. Pour ça qu'on pouvait partir en vacances.
– Bon, on va chez Tonton maintenant ! j'annonce après qu'on ai salué Maëlle depuis l'extérieur du bus.
Une bonne heure plus tard, on débarque chez Tarek, pas très loin de chez nous.
Comme d'habitude, Louise saute dans les bras de son oncle, puis dans ceux d'Elyas, puis dans ceux de Raph et d'Ines... Bref. Une boule de tendresse cette petite.
– Tu sais que t'es ma nièce préférée ? lui demande Raph en la couvrant de bisous.
Lou fronce les sourcils :
– Mais Tonton t'en as qu'une.
Raph fait mine de réfléchir en fronçant les sourcils, puis il lui sourit :
– Ah ouais c'est vrai ça !
Pendant ce temps, Jude et Oscar me tendent leurs blousons, écharpes et bonnets comme si j'étais leur bonniche avant d'aller saluer tout le monde : je suis vraiment la victime de mes gosses.
– Attends je vais t'aider Tonton, me fait Elyas en me prenant les vêtements des mains.
Plus gentil et serviable que ce gosse tu meurs.
– Merci Elyas, je dis en élevant la voix. Heureusement que tu es là mon troisième fils.
Oscar et Jude se retournent brièvement tandis qu'Elyas se marre, puis mon aîné retourne à son câlin avec Kaïs, et Oscar rigole déjà avec Fouad.
J'ébouriffe vivement les cheveux de mon neveu avant de me faire attaquer par mes deux nièces :
– TONTON ! crie Eda du haut de ses dix ans en me faisant presque mal tellement elle arrive vite.
– Doucement, la réprimande doucement sa sœur avant de me faire un câlin à son tour.
Zora et Eda, les filles d'Ishane, deux des femmes de ma vie. Je suis totalement conscient d'avoir aucun objectivisme parce qu'Eda a quand même un caractère bien trempé et que je sais que mon reuf en chie avec elle, mais je suis jamais objectif quand il s'agit des mômes de mes frères.
– Lâchez-le, soupire finalement leur père alors que j'essaye de l'atteindre, une gamine sous chaque bras. Vous l'avez vu avant-hier, il peut pas vous avoir manqué autant que ça.
Ouais mais bon, autant je vois Eda assez souvent, autant Zora me manque pas mal quand elle est chez sa mère. Et elle est chez sa mère toute l'année, Ishane l'a que pendant les vacances scolaires.
Les petites se marrent en démentant les propos de leur père, puis je peux finalement checker mon reuf et faire la bise à Amel, sa femme.
Même sept piges plus tard, je suis quand même archi content que mon reuf ait accepté de venir taffer avec moi sur Paname.
Je me dirige ensuite vers Rapha avec impatience, un large sourire sur le visage :
– Comment ça va frérot ? je m'exclame en lui donnant une longue accolade.
Putain, ça fait grave plaisir de le revoir.
Ça fait presque dix ans qu'on vit plus dans la même ville, mais il manque de ouf. Bon après Maëlle l'a quand même au téléphone tous les jours, ses enfants viennent souvent en vacances chez nous ou les nôtres vont chez eux, mais mon frère me manque quand même. Alors comme un gosse, j'ai toujours grave hâte que les vacances scolaire arrivent à chaque fois pour pouvoir partir avec Raph, Ines, Tarek, Hugo, Clément ou mes gars de L'Entourage et tous nos chiards.
Après avoir passé sept ans en Suisse et travaillé pour le CERN, la famille de Raph et Ines a redéménagé à Dijon cette année : Raph sentait que sa santé se dégradait un peu, et au-delà de ça son travail lui prenait un temps fou. D'après lui, même s'il aimait énormément son taff et qu'il s'était battu toute sa vie pour accomplir son rêve, être astrophysicien n'était en rien comparable à l'amour qu'il éprouvait pour sa famille. Alors il a tout quitté et il enseigne maintenant la physique-chimie dans un lycée. Beaucoup moins passionnant, mais il est plus qu'heureux de pouvoir passer du temps avec sa femme, ses gosses, Hugo, et son père.
– Tranquille, répond-il. Je suis grave content d'être là, hâte de revoir ma sœur.
Ouais, même si les jumeaux se sont un peu habitué à vivre à des kilomètres l'un de l'autre, c'est dur pour eux quand même. Alors quand on part tous ensemble, faut pas compter sur le fait de passer un moment en tête-à-tête avec un seul des deux, ils se décollent jamais du séjour.
Je fais semblant d'être vexé par sa réponse :
– Ah ouais ? Juste ta sœur ? En vrai tu sais quoi, je suis même pas vexé. Moi j'ai juste hâte de revoir Hugo, vous c'est juste de la plus-valu.
Hugo nous manque grave aussi d'ailleurs. Quelle idée de rester à Dijon ? Raph et lui auraient dû monter à Paname comme Tarek et Ishane, on passe des bêtes de moments avec eux.
Raph se marre de ma remarque d'enfant jaloux alors que je vais saluer Ines et ses enfants.
– Regarde Tonton j'ai dessiné une maison, s'exclame Fouad après s'être détaché de moi.
Alors que je regarde les traits fins sur la feuille de papier, je suis encore impressionné par le talent de ce petit ; à sept ans, on voit déjà qu'il a un don incroyable pour le dessin. Évidemment c'est pas non plus ouf, mais il utilise déjà la perspective alors que les gosses de son âge dessinent encore des bonshommes en bâton.
– Ouah, je m'exclame en exagérant un tout petit peu (vraiment, je suis quand même impressionné). C'est la maison de Mamé et Papé ça ?
Le petit hoche vivement la tête avec un grand sourire fier, content que j'ai deviné ce qu'il a représenté.
Qu'on m'oblige à me laisser pousser les veuchs jusqu'à la fin de ma vie si mon neveu finit pas dessinateur de BD ou de je ne sais quoi dans quinze ans.
Plus tard dans la soirée, on discute tous calmement dans les canapés, Louise dort blottie contre moi, un de mes bras l'entourant et l'autre posé autour des épaules de Zora qui veut pas me quitter. Je devrais mettre Lou dans son lit, mais comme je l'ai déjà dit, elle me rend faible et elle est beaucoup trop mignonne comme ça, recroquevillée comme un bébé contre moi.
– Vous pensez qu'il est comment ? demande Tarek.
Depuis une petite demi-heure - alors que les enfants jouent dans la chambre d'Elyas et que Jude somnole sous le bras protecteur de Raphaël -, Tarek, Ines, Raphaël et moi discutons du deuxième enfant d'Hugo et de Clément. Ces derniers ont adopté leur fille âgée aujourd'hui de deux ans, Axelle, alors qu'elle était un bébé en France, et cette année, ils ont décidé d'adopter un enfant à l'étranger. L'heureux élu pour vivre dans leur merveilleuse famille, Hoài, un petit garçon Vietnamien de neuf ans. On va le rencontrer pour la première fois le lendemain, lorsqu'on aura retrouvé les Moingeon pour partir en vacances au ski.
– Comme un gosse de neuf ans ? propose Raph.
Tarek le singe, puis il repose sa question :
– Nan mais je veux dire, il parle pas encore Français. Il doit être archi duper le pauvre.
Ouais, j'y avais pensé aussi. Pauvre gosse, ça devait être méga dur pour lui de s'intégrer.
– D'après ce que m'a dit Maëlle, il est grave heureux, je fais. Il capte pas grand chose de ce qu'on lui dit, mais vu qu'il a neuf ans, il sait très bien que Clément et Hugo l'ont choisi lui et pas un autre. Et puis c'est aussi lui qui les a choisit. Apparemment il est déjà grave attaché à eux.
– Mais comment ils font pour discuter ? demande Jude d'une voix endormie.
– Tu vas pas tarder à aller te pieuter toi, je fais.
Mais Jude secoue négativement la tête alors que Raph le regarde d'un air attendri, et j'insiste pas ; de toute façon c'est les vacances, et je sais qu'aucun des mômes va dormir cette nuit vu qu'ils sont tous ensemble.
– Clément a pris des congés pour lui apprendre le Français, lui explique Raph. Il essaye de lui apprendre les bases et puis il a de l'aide à l'école. Et entre le moment où l'adoption a été finalisée et le moment où il est arrivé en France, il avait un petit peu appris à parler Français, il a beaucoup eu ses papas au téléphone et apparemment il est vraiment super motivé à apprendre la langue de ceux qui lui ont donné une deuxième chance.
– Je suis grave content pour eux, lance Ishane. Ils ont tellement galéré pour adopter Axelle.
J'appuie mon pote d'un « de ouf » bien sonore. Ils se sont jamais découragé malgré le bordel de l'administration Française et de ses normes, alors ils méritent leurs deux enfants.
– Zora a hâte de le rencontrer, nous fait savoir Amel. Elle nous en parle tous les jours. Hein Zozo ?
Je baisse la tête pour jeter un œil a ma nièce qui a toujours sa tête posée sur le creux de mon épaule, et fond en la voyant hocher la tête avec un petit sourire adorable.
Zora vu que c'est la plus âgée de la famille, c'est un peu la petite « maman » de tous nos mômes. Elle est ultra maternelle alors qu'elle a que quatorze ans, alors j'ai un sourire attendrit en penser qu'elle a hâte de pouvoir couver Hoài comme elle couve les autres.
– Je sens qu'on va l'aimer ce gosse, fait Ines avec un petit sourire.
– Bah de toute façon c'est le fils de Clément et Moingeon, fait Tarek. On pourra que l'aimer.
Je hausse un sourcil moqueur :
– Tu viens vraiment de complimenter des gens gratuitement là ?
– Vas-y ta gueule.
– T'as dit un gros mot Tonton, marmonne le petit troll contre mon sweat.
– Rendors-toi toi, on t'a pas sonné, lui réplique Tarek.
Louise se redresse avec une rapidité impressionnante, et on dirait vraiment pas qu'elle vient de se réveiller quand elle lance un regard noir à son oncle en croisant les bras devant son torse :
– T'es trop méchant Tonton, moi j'te cause plus !
Tarek hausse les épaules, puis vu qu'elle a le même tempérament que Maëlle au niveau de la provoc', Lou se rue sur lui et lui assène une longue série de petits coups de poing sur l'épaule.
Je me marre en voyant Tarek rigoler, content d'avoir atteint son but.
C'est ça ma famille maintenant.
Ma femme championne du monde pour la cinquantième fois en train de fêter sa médaille avec « ses filles » comme elle les appelle.
Mes reufs étalés dans le salon, plus matures individuellement mais de vrais gamins une fois réunis.
Ines et Amel qui lèvent les yeux au ciel mais avec des sourires qui trahissent leur amour pour nos conneries.
Les cris joyeux des petits dans la chambre d'Elyas et les trois récalcitrants à nos côtés dans le salon, nos plus grandes fierté à tous.
Nos reuf et nos reus à Dijon ou à Paname, chacun avec leur petite famille bien composée, décomposée ou recomposée.
Et je suis foutrement fier de tout ce petit monde.
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