8. Mise en beauté.
Encore en retard!!
Pourtant je n'ai rien fait d'exceptionnel pour avoir tant de mal à me lever. La veille nous avions rendu visite à mes grands-parents maternels et passé la journée avec eux. Oui bon peut-être sommes nous rentrés un peu tard, car il est toujours difficile pour moi de partir de chez eux. J'y ai passé 4 ans de ma vie, suite au décès de ma mère et à la dépression de mon père.
Je débarquai donc par le bus au travail et entrai discrètement dans les bureaux. Milla toute vêtue de bleu, arrivait avec nos deux tasses de thé fumantes. Elle afficha un petit sourire espiègle aux lèvres.
- Le colonel est déjà au travail, alors ne parle pas trop fort. Chuchota-t-elle en posant ses fesses sur bord de mon bureau.
- Quoi!! Il est déjà là! M'exclamai-je sur le même ton, en me redressant alors que je venais de fourrer mon sac à main dans le grand tiroir de mon bureau.
- Il était là avant moi. Remarqua-t-elle en me tendant une des tasses. Je la pris et humai le parfum du jasmin avant d'y tremper les lèvres.
Je m'adossai contre l'armoire métallique qui séparait mon bureau de celui de Miller et écoutai mon amie Milla me faire le résumé de son week-end. Je tendis le cou vers la porte du bureau de Miller pas vraiment sereine. Surtout depuis notre confrontation du vendredi soir.
- Quelque chose ne va pas Bérénice?
- Comment a-t-il l'air ce matin? Grognon? Joyeux? Lui demandai-je en faisant signe du pouce en direction du bureau de Miller.
- hum... je dirais fidèle à lui même: Coincé. Me répondit-elle en réfléchissant quelques secondes.
- Ah. Et bien il était différent vendredi soir chez Agathe. Il était souriant, ouvert et passionnant quand il racontait leurs soirées qu'ils avaient passé ensemble. Il était très drôle et détendu. Rien à voir...
- Dis donc il a l'air de te plaire on dirait! Me coupa Milla en replaçant une mèche de ses cheveux roux derrière son oreille, décorée de pendant qui devaient être à la mode dans les années 80.
- Hein? Non!...c'est juste qu'il était différent d'ici.
Milla sourit avant de plonger le nez dans sa tasse, le regard rivé sur moi comme pour me narguer de ma faiblesse. Ce qui m'agaça quelque peu qu'elle ait raison en plus.
- Bon ok Miller est très bel homme! M'exclamai-je tout haut en me redressant sur mes deux pieds oubliant qu'il était dans la pièce à côté.
Milla descendit de mon bureau rapidement et se tint droite comme un balai, les joues toutes rouges.
Pourquoi rougissait-elle?
Je remarquai alors qu'elle regardait derrière moi et que ses yeux grands ouverts comme des soucoupes, me lançaient des appels.
Non! Non! Non! J'espère que ce n'était pas ce que je pensai! J'espère que Miller n'était pas derrière moi!
Je me retournai un peu trop vite à mon goût et butai dans l'armoire, manquant de vautrer avec ma tasse, par la même occasion. Et quand je découvris un Miller superbe dans son costume noir cintré, je me raidis.
Et merde! Il était bien derrière moi!
- Bon-bonjour Monsieur. Bégayai-je en rougissant violemment.
- Mademoiselle Lorne bonjour. Dit-il avec un petit sourire en coin qui le rendait plutôt craquant.
Comment était-ce possible que je sois en pâmoison devant mon tout nouveau patron? Est-ce ses cheveux brun coiffés dans un désordre ordonné? Ou son sourire en coin trop sexy?
Stooop! Qu'est que c'est que ton délire? Reprend-toi Bérénice!
- Vous désirez quelque chose Monsieur? Demandai-je posant ma tasse sur mon bureau pour chasser mon trouble.
- Oui. Serait-il possible que vous me prépariez une tasse de thé s'il vous plaît?
Je levai les yeux vers lui et son regard me fixait intensément.
- Je... oui certainement. Bafouillai-je en baissant les yeux sous le poids du sien, trop troublant pour le soutenir sans rougir.
- Je vous remercie Mademoiselle. Me sourit-il franchement avant de retourner dans son bureau.
Quand il eût disparu je pus me détendre enfin.
- Putain de merde! Murmura Milla en me donnant un coup de coude dans les côtes.
- Tu l'as dit! Il a le chic de toujours se trouver là ou on ne l'attend pas! Je soufflai, alors que je réajustai ma tenue toute chamboulée de m'être fait prendre .
- Non! Tu n'as pas compris!
- Quoi?
- Tu n'as pas remarqué?
- Quoi? Quoi? M'exclamai-je en alerte.
- Il n'avait d'yeux que pour toi. Moi, il ne m'a même pas calculé. Murmura-t-elle l'oeil brillant d'une excitation nouvelle.
- Tu dois te tromper. Affirmai-je seulement comme une évidence. J'en profitai pour remettre de l'ordre dans mes cheveux. Histoire de me donner une contenance.
- Ma belle, il est clair que tout ceci n'est que la suite de vendredi. Ce qui veut dire que le colonel t'a bien fait du rentre dedans l'autre soir. Chuchota-t-elle à mon oreille.
- Milla tu m'as vu! Je ne ressemble à rien. Comment pourrait-il avoir une envie quelconque...
- Et alors? Il voit peut-être autre chose en toi que ta paire de jeans, ton débardeur au décolleté timide et ta tignasse indomptable. Si ce n'est que ça je te prends un rendez-vous chez le coiffeur et l'esthéticienne!
- Bah c'est peut-être ce dont j'ai besoin. Ajoutai-je en me dirigeant vers la salle de pause pour préparer le thé de Miller, Milla sur les talons.
- Ça peut s'arranger... si bien sûr tu es d'accord.
- Et bien ce serait une super idée... fis-je en rougissant. Et ce n'est pas pour lui plaire à Miller, c'est juste pour que je ressemble enfin à quelque chose...
- Mouais... fit-elle sceptique. Comme si elle pensait vraiment que j'avais envie de plaire à mon nouveau boss!!
J'ignorai son " mouais" et mis l'eau à chauffer.
- Et puis j'aurai besoin de cours de maquillage aussi.
- On pourrait faire une journée shopping samedi toutes les deux. Et je t'apprendrai deux trois trucs pour te maquiller. Et après tu seras encore plus canon que tu ne l'es. Proposa Milla en fermant la boule à thé qu'elle jeta dans la tasse, que je venais de rempli d'eau chaude.
- Tu ferrai ça pour moi? Demandai-je surprise qu'elle le propose.
- Bien sûr... pourquoi tu as l'air si surprise?
- Agathe refuse de faire des journée comme ça avec moi. Tu sais je suis difficile.
- Difficile en quoi?
- Pour m'habiller. Elle trouve que je n'aime jamais ce qu'elle me propose.
- Vraiment? J'aimerai bien voir ce qu'elle pouvait te proposer. Et elle ne t'a jamais donné des conseils pour te maquiller non plus? Demanda-t-elle en rangeant la boite de thé dans le placard.
- Non plus. Elle trouve que je suis plus jolie au naturel. Répondis-je alors que je posai la tasse sur un plateau avec des biscuits.
Elle me barra le passage les mains sur les hanches.
- C'est une blague? S'exclama-t-elle éberluée. Si c'était moi ta meilleure amie il y a longtemps que j'aurais répondu à tes demandes!!
Ni une ni deux, la voila en train de planifier notre journée shopping pour samedi. C'est tout juste si j'eus mon mot à dire. Il fallut que je lui rappelle que mon père était là et que nous allions devoir composer avec lui.
- Ce n'est pas un problème! Il n'aura qu'a venir avec nous et je lui ferrai chauffer sa carte bleue! Crois-moi, vue comme il te gâte, il ne se posera même pas la question.
- Je ne suis pas sûre que ce soit une une bonne idée. tentai-je quand même d'émettre pour canaliser son énergie soudaine. Je n'ai pas pour habitude finalement qu'une personne se prenne pour ma marraine, la bonne fée.
- Ne t'inquiète pas! A partir d'aujourd'hui, je serai la seule et l'unique qui aura une droit de regard sur ta façon de t'habiller et de te maquiller. Tu files donner son thé au colonel et tu me rejoins dans les toilettes que je t'améliore ce teint trop pâle! Ordonna-t-elle en tirant d'un coup sec sur sa veste de tailleur, la rendant encore plus stricte que le ton qu'elle venait de prendre.
Je lui obéis fissa, traversai les bureaux encore vides et frappai à la porte de Miller:
- Votre thé Monsieur. Annonçai-je en attendant qu'il me fasse signe d'entrer.
- Posez-le ici Mademoiselle. Dit-il en quittant son écran des yeux pour les poser sur moi. Il pencha la tête sur le coté et m'observa comme si j'étais une petite chose curieuse qui l'intriguait. Cela me mit mal à l'aise.
- Il vous fallait autre chose?
- Pas pour le moment. Merci Mademoiselle. Fit-il sur un ton si bas que j'en eus des frissons très agréables.
Merde cela me reprenait!
Les papillons qui avaient élu domicile dans mon ventre, il y a deux jours, se réveillaient et voletaient gaiement. Je me retournai et me précipitai vers les toilettes où Milla m'attendait, sa trousse de maquillage étalée sur le plan de travail.
- Tu me fais confiance? Me demanda-t-elle en pointant un pinceau sur moi.
- Ai-je vraiment le choix?
- Non! Allé hop tu t'assoies ici et tu ne bouges plus. Ordonna-t-elle en me désignant une petite place sur le plan de travail entre deux lavabos.
J'obéis et me laissai faire. Elle fut rapide et efficace. Un peu de fond de teint, de l'ombre à paupière vieux rose et du mascara noir pour ouvrir l'œil. Elle souligna mes yeux de crayon khôl et le tour était joué.
Quand je descendis de mon perchoir afin de m'inspecter, j'avoue avoir été très surprise de constater qu'avec juste un bon coup de main, le maquillage pouvait vous changer un regard. Je me trouvai vraiment jolie. Je ne pus réprimer un sourire alors que je m'inspectais au plus près dans le miroir.
- Tu es canon ma vieille! Souria Milla fière du travail accompli.
- Tu as raison. Renchéris-je en retirant l'élastique qui retenait mes cheveux. Je me donnerai presque de faux airs à la Brigitte Bardot au saut du lit!
Je farfouillai dans mes cheveux et pris une pose de pin up, toute contente d'être si jolie avec trois fois rien
- Cette femme était une bombe à son époque! Maintenant vas te pavaner un peu que l'on voit ce que mon talent est capable de faire!
Je rougis malgré moi. Je n'étais pas si à l'aise d'aller montrer ce petit changement à l'ensemble de mes collègues, qui allaient débarquer d'une minute à l'autre. Mais Milla me poussa dehors sans ménagement tandis que l'équipe de publicitaires arrivait avec leur tête du lundi. Pacôme suivit le nez dans son journal.
- Bonjour Pacôme. Réussis-je à sortir en le laissant passer.
- Bonjour Bérénice...
Il me fixa un instant en plissant les yeux. Il avait remarqué un changement chez moi et semblait réfléchir lequel il pouvait bien être. Puis son visage s'éclaira:
- Très joli tes yeux. Je comprends Jaime, quand il me parlait de ton style.
- Mon style! Qu'est-ce qu'il a mon style?
- Tu es hors des clous Bérénice. C'est simplement ça.
- Comment ça hors des clous? Le questionnai-je surprise qu'ils parlent de moi entre eux. Cela veut dire que ce n'est pas terrible?
- Non! Tu n'y es pas du tout! Ce que je veux dire c'est que tu es unique. Ne changes rien surtout.
- Pourquoi je ne devrais rien changer?
- Ce ne serait plus toi. Me sourit-il avant de rejoindre son bureau.
Bon, son explication n'était pas très claire. Moi j'avais envie de changer, d'être plus jolie sans pour autant ne plus être moi-même. Juste à ce moment Miller sortit de son bureau pour aller à la rencontre de Pacôme. Nous nous croisâmes et à son regard je compris que le maquillage de Milla avait fait mouche. Il ne me quitta pas des yeux, en oubliant presque pourquoi il était sortit de son bureau. Milla avait raison, je crois que son talent faisait son petit effet.
- Eh salut Jaime! Tu as passé un bon week-end? Lui demanda Pacôme en pliant son journal.
- Euh... oui. J'en ai profité pour peaufiner ton projet et j'aimerai que tu me donnes ton avis. Tu pourras y jeter un œil dans la journée? Je te l'envoie par mail.
- Super. Ok pas de problème. Et en ce qui concerne les entretiens?
- Le premier devrait arriver dans quelques minutes.
- Très bien tu me tiens au courant?
Miller lui fit signe de la tête et fit demi-tour pour rejoindre son bureau. Ses yeux se posèrent de nouveau sur moi et un petit sourire fleurit au coin de ses lèvres. Auxquelles je m'attachai sans retenue.
Ce qu'elles sont appétissantes!
- Très joli votre style Mademoiselle Lorne. Dit-il simplement avant de disparaître dans son antre.
Je sortis de ma rêverie et percutai ce qu'il venait de dire. Et je m'étais encore laissée aller à le mater sans vergogne. Bon cela ne sera jamais aussi embarrassant que de reluquer son postérieur qu'il avait tout aussi appétissant d'ailleurs. Je me tournai vers Milla qui tout sourire me fit un signe positif de ses deux pouces.
La journée débuta sur les chapeaux de roues et les entretiens se succédèrent toutes la matinée. En milieu d'après-midi, une tête que je connaissais fit son apparition. Un bellâtre aux cheveux blonds qui était sorti avec Agathe à la fac. A l'époque il les portait longs et coiffés en un catogan. Ce qui dégageait son visage et mettait en valeur son regard gris envoutant.
On ne s'était jamais vraiment adressé la parole lui et moi. C'était Agathe qui attirait l'œil pas moi. Du coup, on me voyait sans me prêter la moindre attention. Et celui-ci n'avait pas dérogé à la règle. Il avait été attiré par Agathe et avait joué de son charme pour l'avoir. Il faut dire qu'avec elle, ce n'était jamais bien dur d'obtenir ses faveurs. Ils avaient vécu une aventure prolongée. Mais ce dont je me souvenais le plus, était les coups répétés sur la cloison qui séparait mon studio du loft d'Agathe. Ils faisaient un raffut pas possible quand ils couchaient ensemble.
J'attendis que le candidat entre dans les locaux et s'approche de mon bureau.
- Bonjour bienvenue à "Lévy et Quinssec Publicité", je suis Bérénice, que puis-je pour vous?
- Bonjour, j'ai un entretien avec Mr Miller à 15h30.
- Rappelez-moi votre nom? Demandai-je en consultant mon agenda après avoir détaillé don visage avec attention.
Il avait la peau bronzée et les cheveux courts blondis par le sel, de celui qui avait passé tout l'été sur une plage. Ses yeux gris semblaient sourire d'eux-mêmes.
- Vincent Luthier.
Il pencha la tête sur le côté pendant qu'il m'observait.
Mais oui c'est ça! C'est Vincent qu'il s'appelle! Vincent le marteau piqueur! Il besognait tellement fort Agathe que le mur en avait encore des traces à cause de la tête de lit qui cognait à répétition. Ma foi il n'avait pas l'air de me reconnaitre. De cela j'en avais aussi l'habitude.
- Veuillez me suivre. Dis-je en me levant afin de l'introduire dans le bureau de Miller. Ce dernier leva les yeux du dossier qu'il examinait, quand je toquai à sa porte. Il somma poliment Vincent d'entrer avec un sourire froid mais engageant. Je refermai la porte non sans un dernier regard pour Miller, qui en fit autant à mon encontre. Et mon cœur fit une embardée.
Une heure plus tard, Miller ouvrit la porte de son bureau en saluant Vincent avant de disparaître.
Alors que j'étais plongée dans mon traitement de texte, Vincent m'interrompit en se plantant devant moi.
- Excusez-moi?
- Oui? Fis-je sans lever le nez de mon écran d'ordinateur.
- Vous ne seriez pas l'amie d'Agathe Martin?
Je relevai la tête à sa question et je sentis le poids de son regard.
Il avait un petit sourire charmant. Et il s'était souvenu de moi. J'avais espéré qu'il ne me reconnaisse pas, mais le fait qu'il est un souvenir de moi me fit assez plaisir, je dois l'avouer.
- Oui. Je répondis simplement déstabilisée.
- Dis donc tu as bien changé. Je n'étais pas sûr que c'était toi. Comment tu vas?
- Bien.
- Et Agathe?
- Fidèle à elle-même. Ajoutai-je peu laconique.
J'esquissai un sourire que je crus sincère mais vu le sourire un tantinet moqueur de Vincent je compris que j'avais encore boulot.
Ce que je pouvais être coincée parfois!
- Ah et vous habitez toujours au même endroit? Demanda-t-il en réajustant sa sacoche sur son épaule, puis son carton sous son bras.
- Ça n'a pas changé.
- Tu lui passeras le bonjour de ma part?
- Je n'y manquerai pas. Lui répondis-je en pensant tout le contraire.
Comme si j'allais le remettre dans pattes d'Agathe et qu'il recommencent leur foutoir contre le mur de mon studio. Il me fit un grand sourire franc qui eut le don de rendre irrésistible son visage au regard gris orage.
- A une prochaine fois alors?
- Oui au revoir. Rétorquai-je.
Il disparut dans l'ascenseur et Milla s'approcha de moi en sautillant sur ses talons hauts.
- Qui est donc ce beau gosse?
- Un futur graphiste, s'il est retenu.
- Hum...j'en croquerai bien un morceau!
- Je ne me souviens pas d'avoir lu qu'il était célibataire. Observai-je après avoir réfléchi.
- T'inquiète, j'irai jeter un œil sur son CV. Ricana-t-elle alors qu'elle repartit en faisant sauter sa queue de cheval rousse à chacun de ses pas.
Elle me faisait rire.
- Parce que tu crois que le colonel te laissera entrer dans son fort Alamo pour fouiller dans ses papiers? M'exclamai-je alors qu'elle se penchait sur un de ses tiroirs, duquel elle en sortit une boite de thé toute neuve.
- J'ai des ressources insoupçonnées de moyens pour obtenir ce que je veux! Fit-elle en remuant sa boite de thé à mon attention. Sinon une petite tasse de thé?
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