7. Week-end entre père et fille.
Chers lecteurs et lectrices voici un chapitre nécessaire pour comprendre le comportement de notre héroïne avec le reste des protagonistes.
J'attendais toujours avec impatience l'arrivée de mon père lorsqu'il venait passer quelques jours de vacances chez moi. Il était toujours à l'heure contrairement à moi. Il parait que ma mère était comme moi. Toujours sur le fil, quand il fallait être à l'heure pour un rendez vous. Ce qui prouvait bien que je tenais au moins cela d'elle.
Il était presque 13 heures quand mon père sonna à la porte. Je courus lui ouvrir trop heureuse de le voir.
- Bonjour ma chérie! Fit-il en ouvrant les bras pour me serrer contre lui.
- Bonjour papa!
Je me lovai dans ses bras et il m'étreignit avec force. Puis il nous sépara pour m'inspecter.
- Tu es magnifique! Les traits fatigués, mais plus belle que la dernière fois.
- Joue pas les Rabat-joie papa! Je suis naze et j'ai une tête de déterrée. Et en plus je me suis fâchée avec Agathe. Mais on en parlera plus tard tu veux bien?
- Ah! Oui comme tu veux. Alors quoi de neuf?
- Reste pas à la porte installe-toi. Tu veux boire quelque chose avant de déjeuner?
- Un petit whisky comme d'habitude. Alors ces nouvelles?
- Et bien j'ai un nouveau patron depuis lundi.
Je lui fis un petit résumé de la semaine puis notre conversation autour d'un apéritif dévia sur mes grands-parents et sur son boulot. J'aimai bien regarder mon père parler. Il faisait souvent friser sa moustache grisonnante et de grands gestes pour animer sa conversation. Du haut de son mètre quatre vingt cinq et ses cheveux blonds, il avait tout l'air d'un beau gosse des années 80 avec de faux airs de Magnum. Vous vous souvenez de ce détective privé en chemise hawaïenne conduisant un décapotable rouge? Et bien voilà, il ressemble à ça! En plus blond et moins frisé!
Mon père est un très grand parfumeur. Il a eu son moment de gloire dans le milieu à une époque ou je n'étais encore qu'une enfant, et qu'il travaillait pour Dior. Mais à la mort de ma mère, il a fait un très grosse dépression et a mis beaucoup de temps à s'en remettre. Ce sont mes grands grands-parents qui se sont occupés de moi durant quatre longues années. Avant qu'il ne guérisse et ne réalise qu'il m'avait abandonné dans le pire moment de ma vie. Je n'avais que huit ans au moment du décès de ma mère.
Aujourd'hui la pente est remontée et il avait repris son travail quand je suis entrée au lycée. Depuis notre relation s'est améliorée et nous ne nous cachons plus rien. Ni même quand l'absence de maman se fait trop sentir. Je savais qu'il restait fragile et que je n'étais pas non plus la meilleure pour surmonter certaines émotions.
- J'allais oublié! S'exclama-t-il en se leva d'un bond de mon divan.
Il sortit de son sac de voyage un paquet emballé par ses soins. Je le sais, parce-qu'il n'est pas doué pour cela et que l'emballage est tout bonnement ni fait ni à faire. Mais ça je me gardai bien de le lui dire. Je ne voudrais pas le froisser.
- Bon anniversaire ma chérie. Me dit-il en me tendant le cadeau.
- Merci papa. Tu n'étais pas obligé.
- Pour toi tu rigoles!Aller ouvres-le!
Je me levai pour le lui prendre des mains. Le paquet était lourd, comme à chaque fois. Je déchirai le papier. Il avait confectionné une espèce de boite en carton, qu'il avait décoré de papier de soie fleuri. Ça me fit quelque chose de savoir qu'il s'était efforcé de décorer une simple boite pour y mettre un cadeau.
Je retirai le couvercle et découvris des livres et une bouteille de parfum. Je pris la bouteille et lus le nom qu'il lui avait donné. "Maman". Je sentis monter les larmes juste après ce stupide nœud qui obstruait ma gorge. Quand je levai les yeux embués sur mon père, il me regardait avec une certaine fébrilité. Il me fit un signe de la tête pour que je sente la fragrance qu'il avait créée. Je débouchai la bouteille et portai le goulot à mon nez. Mon cœur chavira et je me levai d'un bond pour me jeter dans ses bras. Il m'accueillit en me serrant fort contre lui
- Bon anniversaire Bérénice. Bonne anniversaire... Murmura-t-il contre ma tête.
Contre ma joue, j'entendais son cœur battre très fort. Petit moment intime que j'aimais tant. Nous étions séparés par les kilomètres et nous ne nous étions pas vus depuis deux mois.
Il était un créateur de parfum et son plaisir était de me créer un nouveau chaque année. Il a longtemps refusé de me faire celui qu'il avait confectionné pour ma mère. Trop douloureux pour lui je suppose. Et aujourd'hui, il me faisait ce cadeau que je n'attendais plus.
- Merci papa... C'est le plus beau cadeau que tu puisses me faire. Soufflai-je contre sa chemise que j'avais inondé de larmes.
- Je sais... Tu lui ressembles chaque jour un peu plus. Tu es la seule chose qui me reste d'elle alors pour toi rien n'est trop beau. Même si j'ai mis du temps pour t'offrir celui là.
Je restai encore dans les bras de mon père. Respirai son odeur d'after-shave qu'il avait depuis toujours. J'aimai cette odeur, elle me rassurait.
Mon père était ainsi pudique et pourtant plein de petites attentions particulières. Il me couvrait de cadeau chaque fois que l'on se voyait. Et prenait un plaisir infini de me voir découvrir ses achats qu'il avait choisi avec patience et réflexion.
- Merci papa. Murmurai-je de nouveau, la gorge encore nouée par mes émotions.
- Allé regarde les autres cadeaux ma chérie. M'intima-t-il la voix un peu éraillée, en me tapotant gentiment le dos.
Je me détachai de lui et jetai un œil sur mon père. Je remarquai qu'il essuyait ses yeux discrètement en feignant de chercher quelque chose pour que je ne le vois pas. Et zut voila que mes larmes rappliquèrent de nouveau. Trop d'émotion ça me tut! Je suis incapable de faire la part des choses et passer outre. Je me laisse chaque fois submerger. Je baissai la tête et me concentrai donc sur le reste des cadeaux, pour faire passer ce petit moment émotion. Je ne sais pas comment mon père se débrouille? Mais à chaque fois qu'il m'offre des livres, il a toujours le chic d'en trouver avec des titres improbables. Et une fois que je mets le nez dedans je suis irrémédiablement prise dans leurs filets. Je le remercie une nouvelle fois, avant d'annoncer qu'il était temps que nous passions à table. Il ne fut pas contre.
Nous passâmes un agréable moment. Mon père est une vraie pipelette et avait toujours des tas d'histoires à me raconter. Sa vie sur Paris était trépidante, mais moi je n'ai jamais aimé. Il était parti travailler là-bas deux ans après mon bac. Il considérait à l'époque que j'étais capable de me débrouiller toute seule à 20 ans. Mais je crois que j'aurais pu partir à vaut l'eau si mes grands-parents n'avaient pas été là. Il m'avait payé mes études, le logement étudiant et lorsque j'ai commencé à travailler, j'ai demandé à ce qu'il ne subvienne plus à mes besoins. Je devais pouvoir me gérer seule. Mais je fus loin d'imaginer que la vie fusse si chère. Entre le loyer, l'électricité et l'eau!
Ce fut Agathe, qui m'enleva l'épine du pied le jour ou elle me proposa le studio où je vivais depuis. Et me voila 8 ans plus tard à table avec mon père en train de déjeuner tranquillement. Nous décidâmes de nous balader en ville histoire de digérer et nous nous organisâmes pour la soirée. Mon père adore le cinéma et notre petit rituel était de nous faire un film pendant son séjour.
Nous ne vîmes pas l'après midi passer, tant nous eûmes des choses à nous dire. Nous avions pris une collation au salon de thé du grand parc de la ville et nous y passâmes le reste de la journée jusqu'à sa fermeture. Nous dinâmes dans un petit restaurant, ou nous avions l'habitude puis papa me paya la séance de cinéma.
Nous rentrâmes à mon studio où Agathe guettait notre retour sur le pas de sa porte. Elle savait que j'étais fâchée contre elle. Et pourtant malgré s'être tenue à la seule exigence, que je lui avais imposé le vendredi soir, c'est à dire me foutre la paix durant le week-end, elle semblait pas avoir compris que le dimanche faisait parti du pack!
- Bonjour Paul. Comment vas-tu? Fit-elle comme si elle sortait de son loft à ce moment-là.
Croyait-elle vraiment que nous ne l'avions pas vu en bas de l'escalier? Je ne sais pas pourquoi elle faisait cela. Elle espérait que mon père ait pensé à elle et qu'il lui avait ramené quelques petits présents dans sa valise. Malheureusement depuis que j'avais aménagé dans mon studio, il avait cessé d'en rapporter. Et je n'ai jamais pu lui soutirer la raison de ce changement.
Agathe était habillée en short très court et t-shirt chauve-souris qui tombait de son épaule nue. Elle roula des hanches en s'approchant de nous.
Tiens, elle ne porte pas de soutien gorge aujourd'hui?
L'atmosphère de la scène était posée. Elle avait sorti sa panoplie d'aguicheuse.
Merde! c'est mon père quand même! Et il pourrait être le sien!
- Bonsoir jeune fille. Dis moi tu n'as pas froid dans cette tenue? La soirée s'est rafraichie.
- Oh non! Il fait chaud dans mon loft et comme il est exposé plein sud...fit-elle comme si cette seule réponse suffisait.
Elle s'approcha de mon père et se colla à lui pour lui faire la bise. Je remarquai qu'elle fit bien en sorte d'appuyer sa poitrine qui tient toute seule contre lui.
J'y crois pas! Elle est gonflée!
- Ah. Marmonna simplement mon père un peu raide. Il était clair que le comportement d'Agathe le mettait mal à l'aise.
- Alors vous passez un bon week-end?
- Oui jusqu'à ce qu'on te voit Agathe. Grognai-je en cherchant mes clefs au fond de mon sac.
- Quoi? Demanda-t-elle comme si elle n'avait pas compris.
- Il me semble t'avoir prévenu hier soir. Je ne voulais pas te voir du weekend. Lui rappelai-je en lui jetant un regard noir.
- Je ne comprends pas Bérénice. Fit-elle d'un air innocent alors qu'elle se séparait enfin de mon père.
- Ne joue pas à ce petit jeu Agathe! M'exclamai-je en me postant devant elle.
- Oooh Bérénice on est plus des gamines! Tu vas pas faire toute une histoire de ce qu'il s'est passé! Soupira-t-elle de façon exagérée.
Elle posa ses deux mains sur ses hanches en me toisant d'un air hautain.
- C'est vrai nous ne sommes plus des gamines. Alors arrête de te comporter comme telle!
- Franchement je ne comprends pas ce qu'il lui prend. Dit Agathe en s'adressant à mon père. Nous passions un très bon moments avec un vieil ami et elle a pris la mouche!
Alors là elle allait trop loin!!
- Si par amusement tu fais référence à l'humiliation que tu m'as faite devant mon nouveau patron! Oui, en effet il me prend que je suis furieuse après toi! Est-ce que maintenant c'est clair dans ta tête? Est-ce que tu comprends mieux pourquoi je ne veux pas te voir?
Agathe resta sans voix et changea de position sur ses jambes pour se donner une contenance, mais ne trouva rien à redire. D'ailleurs, je ne lui en laissai pas le temps. J'ouvris ma porte, fis signe à mon père d'entrer et refermai derrière lui en laissant Agathe seule dans le hall.
Une fois la porte fermée à clef, je me tournai vers mon père. A son air désappointé je compris qu'une explication allait s'imposer. Je n'eus pas vraiment l'occasion d'ouvrir la bouche qu'il attaqua aussitôt:
- Et bien je vois que tu as enfin ouvert les yeux sur ton amie. Du moins si on peut appeler cette fille "amie". Lança -t-il en déposant sa veste sur le divan.
Sa réaction me surprit.
- Qu'est-ce que tu veux dire?
- Écoute ma chérie, je sais que je ne suis pas une figure paternelle parfaite. Je ne t'ai peut-être pas élevé comme il le fallait, mais j'ai fait du mieux que j'ai pu vu les circonstances.
Pourquoi faisait-il référence à la période d'après le décès de maman?
- Mais j'avais espéré qu'en grandissant où en vieillissant tu aurais su voir le vrai visage de tes amis. Que tu aurais su faire le tri parmi eux et ne garder que ceux que tu jugerai dignes de confiance.
Ah là je crois que je vais avoir droit à un sermons.
- J'ai fait ce que j'ai pu papa. Tu n'étais pas là.
- C'est pour cela que je te dis ça...je ne peux pas te reprocher d'avoir mal choisi tes amis, alors que je n'ai pas su t'aider à les choisir. Et que je t'avais lâchement abandonné après le décès de ta mère ou lorsque j'étais plongé dans mon travail. Maintenant je t'ai laissé faire tes propres choix et avancer comme tu l'entendais. J'ai sans doute mal agi, mais je peux sans doute t'aider aujourd'hui à y voir plus clair si tu acceptes.
Mon père reconnaissait de vive voix qu'il avait été mauvais dans mon éducation et qu'aujourd'hui il était prêt à racheter sa faute. Je ne pouvais pas l'en blâmer. On a tous droit à l'erreur.
- D'accord. Émis-je seulement.
- D'accord. Dit-il un peu moins tendu.
- Très bien que proposes-tu?
- Te montrer le vrai visage d'Agathe. Et il n'a rien de reluisant.
- Je sais elle n'est pas parfaite mais...
- Elle n'est pas ton amie Bérénice. C'est aussi simple que cela.
- Mais si elle n'était pas mon amie, elle n'aurait jamais fait tout ce qu'elle a fait pour moi. La défendais-je.
- Agathe est prétentieuse et se croit tout permis. Énuméra-t-il en comptant sur ses doigts.
- Elle a toujours été comme ça...commençai -je
- Elle est imbue d'elle-même et c'est une profiteuse. Continua-t-il en comptant sur deux doigts supplémentaires.
Oui bon aux dépends des autres! Moi je ne roulai pas sur l'or contrairement à elle. Et oui je n'avais rien qu'elle ne pouvait m'envier.
- Bérénice, Agathe se sert de toi. Annonça mon père en venant jusqu'à moi pour me prendre les mains.
Ah bon elle se servait de moi? Et à quel moment?
- Comment pourrait-elle se servir de moi papa? Je n'ai rien de gratifiant à lui offrir, si ce n'est mon amitié. Regarde ou je vis! C'est grâce à elle que j'ai un toit. Certes tout petit mais je suis à l'abri.
- Ici tu n'es pas chez elle.
- Bien sûr que si! C'est elle qui a acheté ce bâtiment il y a 8 ans.
- Avec quel argent? Ce bâtiment n'est pas sa propriété mais celle de son père.
Étonnée par sa réponse catégorique je fronçai les sourcils d'incompréhension.
- Elle tient une agence immobilière très rentable papa. Elle gagne très bien sa vie. Pourquoi m'aurait-elle menti à ce sujet? La défendais-je encore.
- Je n'en sais rien Bérénice. Sans doute pour t'impressionner. Crois-moi elle te ment.
- M'impressionner! M'exclamai-je éberluée par les révélations de mon père.
- Ma fille ta soit-disant amie vit uniquement de l'argent que son père lui octroie. L'argent qui lui permet de vivre et de se loger. Tandis que toi tu lui paie un loyer exorbitant alors qu'elle ne débourse pas un centime.
- Comment sais-tu tout cela? Demandai-je étonnée qu'il en sache autant alors qu'il habitait à cinq heures d'ici.
- Sa mère et son beau père sont des amis proches de ma...euh d'une de mes amies. Et nous avons un soir diner ensemble. Son beau-père s'est largement plaint de la façon dont l'ex-mari de sa femme traitait ses enfants. Pour avoir la paix il leur donne ce qu'ils désirent.
J'avais perçu son hésitation au mot amie. Aurait-il une amoureuse? Cette idée ne me gênait pas au contraire, il était temps qu'il refasse sa vie. Mais je m'éloignai. Ce que mon père venait de lâcher depuis que nous étions revenus du cinéma, était un scoop. Je dirais même une bombe! Qui m'explosait en pleine figure.
- Ma chérie d'après ce que j'ai pu voir ce soir et la colère qui émane de toi au sujet d'Agathe, il est clair qu'il est temps pour toi de t'émanciper d'elle...et je serai ravi de t'aider à trouver ton chez toi. Et te le payer.
- Papa non! Je ne suis pas comme elle. Je veux pouvoir me débrouiller seule. Même si je n'ai pas les moyens... M'exclamai-je vexée qu'il pense faire exactement comme le père d'Agathe.
- Et tu ne le seras jamais. Je peux te donner une petite aide financière? Considère ça comme une avance sur ton héritage. Sourit-il de toutes ses dents content de sa trouvaille.
- Ou sinon je te laisse carte blanche pour écumer toute la ville à la recherche de l'appartement parfait...mais pas trop cher, hein!
- Marché conclu! Cela va occuper une partie de mes journées pendant que tu seras au travail.
Je souris à voir mon père motivé par notre nouveau marché. Nous nous décidâmes à boire un dernier jus avant de tirer notre révérence.
Allongée sur le divan, je cogitai à la discussion que j'avais eu avec mon père. Oui parce-que lorsque mon père venait, je lui cédai mon lit et je récupérai le divan. Il avait assombri l'image que j'avais d'Agathe, ma meilleure amie. La seule que je n'ai jamais eu. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser que peut-être, il se trompait. Nous vivions l'une à coté de l'autre depuis plus de 8 ans. Si elle m'avait manipuler je m'en serai rendue compte...non?
Mon dieu il semblerait que je sois bien naïve.
Et c'est peu dire.
Voila un petit aperçu du passé de notre héroïne. J'espère qu'il ne vous a pas paru trop long. Et bien sûr quelques révélations au sujet d'Agathe. Qu'en pensez-vous? N'hésitez pas à me laisser vos impressions!
Merci d'avoir lu et si ce chapitre vous a plu cochez la petite étoile. Merci!
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