61. Ouvrir les yeux.
J'avais beau retourner dans ma tête toutes les questions que mon père m'avait balancées, je n'arrivai pas à les contrecarrer! Il avait raison même si dans mon esprit je réfutai totalement cette évidence. Car en fait, oui, j'avais bien ressentis tout cela sans exception. Mais cela ne voulait pas forcément dire que j'étais amoureuse.
Le visage de mon père s'illumina d'un coup et il m'attira dans ses bras. Ce que j'aimais son odeur. Elle était rassurante et chaleureuse. Je fourrai mon nez dans le creux de son cou et respirai profondément sa douce odeur parfumée d'effluves caractéristiques de sa personne.
— Ma chérie l'amour est irrationnel. Il prend les gens à revers et leur tombe dessus sans vraiment prévenir. Parfois il est sournois et va à l'encontre de ce que l'on a prévu. Ou bien de la personne que l'on a choisi. Mais tu ne choisis pas de qui tu tombes amoureux. Jamais!
— Mais...
— Bérénice il ne faut pas que tu perdes cet homme. Il est ce qu'il pouvait t'arriver de meilleur. Et je parle en connaissance de cause. L'amour est un sentiment qui ne se contrôle pas. Il peut rendre heureux comme il peut rendre fou. Et je vois bien la douleur que les mensonges de Jaime t'ont infligés. Je ne voudrais surtout pas que tu aies des regrets. Les remords te taquineront quelques jours mais les regrets te tortureront jusqu'à la fin de ta vie.
— Comment veux-tu que je m'y prenne ? Je l'ai rejeté ! Et pour l'instant j'ai du mal à avaler la couleuvre... je suis désolée. Boudai-je en croisant les bras encore coincée dans le giron protecteur de mon père.
Je n'étais pas d'accord avec lui. Comme je ne l'avais pas été avec Milla quand elle avait essayé de me persuader de la même chose.
— Prends ton temps mais ne tardes pas trop. D'accord ?
Je gardai le silence parce-que cette vérité que mon père et Viviane avaient mis au jour ne me plaisait pas encore. En fait je n'arrivai pas à l'assimiler. J'avais besoin de temps. Je me détachai du confort sécurisant des bras de mon père et repoussai mes cheveux trop courts en d'un geste emprunt de nervosité et reniflai de façon peu gracieuse.
— Un autre petit verre ? Demanda Viviane en se relevant avec agilité.
— Je ne sais pas si c'est une si bonne idée de boire comme ça. Remarquai-je
— Comme tu veux. Alors nous allons pouvoir passer à table si vous voulez bien.
Mon père se releva moins facilement que Viviane mais réussit non sans mal puis me tendit la main pour m'aider. Il me serra contre lui de nouveau, puis m'entraîna vers la table pour y dîner.
Au cours du dîner le téléphone fixe de mon père sonna. Il se leva de table et répondit sur ses gardes. Il était plus de 22 heures et les appels si tardifs n'étaient jamais bons.
— Allô?...Oui lui-même.
Il resta un moment sans répondre. Il écoutait sagement sans nous regarder. La couleur de son visage changea à un moment puis il redevint normal. Je posai mes yeux sur Viviane qui me scrutait elle, discrètement. Je vis de l'inquiétude dans ses prunelles. Elle avait peur que je reparte dans mon chagrin et que je sois inconsolable. Elle n'avait pas tort car je crois que j'aurais fait de même. Elle gagnait des points dans mon estime.
— Vous avez un sacré culot je dois dire. Mais je comprends tout à fait ce que vous me dites. Cependant ne pensez-vous pas qu'elle avait peut-être ses raisons vous ne croyez pas?... Il faut lui laisser un peu de temps pour digérer... Oui... Je vais voir ce que je peux faire mais je ne vous garantis rien... Bonsoir.
Papa raccrocha et posa le combiné sur son socle. Il mit un temps avant de se retourner vers nous. Il était mal à l'aise. Je savais qui il venait d'avoir au téléphone. Il posa ses yeux sur moi un court instant et m'offrit un sourire rassurant avant de venir rejoindre sa place et de continuer de dîner avec nous. Il ne dira rien car tout avait été dit. Et il savait que j'avais deviner qui était son interlocuteur.Il n'avait pas envie de gâcher le repas de ce soir par cette interruption.
— Mangeons mesdemoiselles sinon vos assiettes vont refroidir! S'exclama-t-il d'une voix de ténor!
Il tentait d'alléger l'ambiance qui s'était quelque peu alourdie durant l'appel.
Jusqu'à ce que nous allions nous coucher à aucun moment il souleva la question de l'appel téléphonique. Il se garda bien d'y faire référence, me préservant j'imagine. Je pensai sincèrement qu'il allait en parler après le dessert histoire de tâter le terrain et voir comment j'allai réagir. Mais il était trop prudent et se contenta de me souhaiter bonne nuit lorsque je décidai de rejoindre les bras de Morphée.
Pas un instant,il ne fit allusion à cet appel durant les trois jours que nous passâmes en famille. Ce qui me permit d'oublier le choc de la révélation de Miller. Nous partageâmes des moments complices comme j'en avais pas eu depuis très longtemps, et ce malgré mon humeur maussade et déprimée. D'ailleurs la dernière fois, c'était lorsque maman était encore en vie. Ce ne sera jamais comme avec elle, mais on s'y rapproche un peu quand même.
Viviane m'avait emmené faire les boutiques, car bien sur étant venue les mains vides je n'avais de quoi me vêtir et elle et moi n'étions pas taillée pareil. Puis nous avions visité le musée du Louvre. Elle fit de son mieux pour m'être agréable sans toute fois jouer le rôle d'une mère, encore moins la mienne. Mais elle avait été extra et attentionnée avec moi. Elle gagnait de plus en plus de points!
Et puis au bout de ces trois jours, je me décidai de donner de mes nouvelles à Milla. Par conséquent de rallumer mon smartphone et de faire l'état de ma messagerie vocale et de mes textos.
Installée devant la grande fenêtre de ma chambre je consultai ma messagerie. Beaucoup de messages de Miller, qui me suppliait de le rappeler pour le rassurer que j'allais bien et surtout pour me dire à quel point il était désolé. Et que par amour parfois nous pouvions commettre des fautes. Que l'être humain était plein de contradiction et faisait plus d'erreurs que les éviter. Ayant appelé quelques jours plus tôt chez mon père, il devait être à présent au courant ou j'étais et voyant que je ne daignai pas lui répondre, il devait supposer que j'allais au plus mal. Enfin c'était ce que m'étais dit.
Ceux de Milla allaient de l'inquiétude à la colère puis à la lassitude. Ce changement d'attitude de sa part m'inquiéta. Je ne voulais pas la perde elle non plus. Je la rappelai aussitôt.
La sonnerie sonna dans le vide pendant un long moment avant que je me décide de raccrocher et d'attendre quelques minutes pour essayer de nouveau plusieurs fois. Je consultai les message de Pacôme et il était partagé entre la colère de m'avoir prévenue que les histoires au travail étaient une très mauvaise idée, et l'inquiétude de savoir si j'allais bien et si j'allais bientôt revenir. Et bien il fallait que je le rassure. Cela faisait deux fois que je lui faisais le coup de ne pas venir au travail à cause de problèmes personnels. Je me demandai si je n'étais pas sur la sellette à cause de cela. Je composai alors son numéro de téléphone, le cœur battant. J'avais une certaine appréhension quant à la façon dont mon patron allait me recevoir.
Il répondit à la deuxième sonnerie avec un certain soulagement.
— Bérénice ! Enfin des nouvelles ! Comment vas-tu ? S'enquit-il sans me laisser le temps de dire ouf.
— Salut Pacôme. Je vais bien. Enfin mieux qu'il y a trois jours. Lui répondis-je d'un ton terne. Je n'allais pas si bien que cela, car dès que je repensai à Miller mon cœur me faisait atrocement mal! Il me faisait suffoquer comme si un serpent constrictor venait s'enrouler autour et serrer si fort que même en cherchant de l'air à la fenêtre je m'asphyxiai.
— Je sais que je me mêle de ce qui ne me regarde pas mais ne t'avais-je pas prévenu ?
— Oui. Fis-je d'une toute petite voix, en tournant le dos à la fenêtre afin de m'y adosser.
— Et quelle est la situation maintenant ?
— Je vais rentrer lundi, je ne vais pas continuer à percevoir un salaire alors que je ne travaille pas.
— Je me fiche de savoir quand est-ce que tu vas rentrer Bérénice ! Jaime est dans un état pitoyable !! Je ne l'avais jamais vu ainsi ! Bon sang il faut que tu l'appelles, que tu te réconcilie avec lui !
— Je ne peux pas encore... je...
— Pourquoi tu ne le pourrais pas ? Tu es amoureuse de lui bon sang !
Je rougis de l'entendre de sa bouche. Lui aussi voyait la même chose à mon sujet vis à vis de Miller. Mince alors, mon patron me faisait la morale sur ma vie amoureuse et affective !
— Ce n'est pas si facile que ça...
— C'est très simple au contraire !
— Tu ne connais pas toute l'histoire Pacôme !
— Quoi ? Tu crois qu'il ne s'est pas penché sur mon épaule pour me demander conseil? Bon sang Bérénice! Il regrette tellement d'avoir été si maladroit et d'avoir pensé maîtriser un temps cette double identité. Il faut que tu te réconcilie avec lui, et très vite! Aboya-t-il dans le téléphone. C'est la première fois que je l'entendait si mécontent après quelqu'un. Et que ce quelqu'un fut moi.
— Pacôme écoutes, je ne suis pas encore prête ! Il me faut encore un peu de temps pour que je réalise certaines choses sur moi. La réaction que j'ai eu face à sa trahison est juste due à mon passé. Je ne maîtrise rien sur ce que je ressens. Parce que je ne comprends pas ce que je ressens. J'ai besoin de temps.
— Il est retourné à Londres. Lâcha-t-il comme une bombe au milieu de tout.
Car c'est comme cela que je pris cette info. Comme une bombe. Et elle m'avait coupé la chique et obligé mon cœur à redoubler d'effort alors que mon sang se glaça en moi.
Miller était retourné en Angleterre. Impossible!
— Bérénice tu es toujours là ? Demanda la voix de Pacôme plus douce à l'autre bout du fil.
— Ou-oui...
Je peinai à rester dans la réalité. Le brouillard dans mon esprit empêchait mes yeux à se concentrer sur la commode qui se trouvait en face de moi. Tout devint flou et mes joues se mouillèrent instantanément. Les battements de mon cœur faisaient tant de bruit dans ma tête et ma respiration commençait à être obstruée par le nœud qui avait élu domicile dans ma gorge. Mais que m'arrivait-il?
— Je comprends que parfois certaines choses font mal. Mais la douleur ne l'a pas épargné lui non plus. Tu n'es pas la seule qui en souffre.
— Je sais. Réussis-je à sortir tant ma gorge était douloureuse. Je reniflai et de ma main libre essuyai mes yeux.
— Et Milla aussi est fâchée.
Je levai les yeux au ciel par cette nouvelle. Je me sentais tellement mal après être partie et maintenant voila qu'à cela s'ajoutait la culpabilité à mes maux. Car dans cette histoire, tout partait en vrille. Tout était de ma faute, si Miller avait repris sa vie à Londres. Si Milla me faisait la tête. Quand on vous ignore il ne faut pas vous attendre à ce qu'on vous ouvre les bras dès que la tempête est passée. Ce que je compris ce jour là. J'étais entrain de les perdre un à un. Miller puis Milla. Et Merde!
— J'ai essayé de l'appeler avant toi... Mais elle n'a pas répondu. Sanglotai-je bruyamment.
— Alors tu sais ce que cela fait lorsqu'on est ignoré.
— Pacôme, j'ai vécu pendant près de 15 ans de ma vie le dénigrement et l'ignorance du garçon dont je pensais être amoureuse. Mon père m'a abandonnée durant 4 ans après la mort de ma mère. Alors oui! Oui! Je sais ce que cela fait d'être ignorée, abandonnée. M'exclamai-je à mon tour, hors de moi.
Un petit silence occupait l'autre bout de la ligne.
— Excuses moi Bérénice...je suis maladroit... Ce n'est pas contre toi mais j'aimerais que tous les deux vous soyez heureux. Finit-il par dire le ton un peu gêné.
Je soupirai ouvertement et lui dis
— Je ferrais ce que j'ai à faire ne t'inquiète pas et je vais revenir lundi à la première heure travailler
— D'accord. Je compte sur toi.
— Tu peux compter sur moi. Est-ce que tu peux dire à Milla que je veux lui parler et que je suis désolée de ne lui avoir répondu durant ces trois jours. Dis lui que la situation a été le trop plein qui a fait déborder le tout. Que j'avais besoin de recul...
— Je le lui dirais. Ou es-tu au fait ?
— Chez mon père. J'avais aussi des choses à régler avec lui. Des choses qui vont me permettre de voir la situation d'un autre œil et de peut-être pouvoir me réconcilier avec Jaime.
— Je te le souhaite sincèrement. Je te le souhaite sincèrement. Répéta-t-il d'une voix atone.
— Tu pourras prévenir Milla ? M'enquis-je inquiète qu'il oublie de le faire.
— Oui je lui passerais le message.
— Merci Pacôme... et je te demande pardon pour le tracas que j'ai pu causer et les emmerdes que j'ai pu occasionner.
— Bah Milla a fait quelques heures sup' et elle a toujours été très bien accompagnée. C'est peut-être un mal pour un bien finalement.
— D'accord. Merci de tes conseils avisés et ne t'inquiète pas je vais vite revenir, mais je ne suis pas sûre qu'en ce qui concerne Jaime cela se fasse aussi vite que tu l'espères.
— Je voudrais que vous soyez heureux.
— Je sais.
— Bonne soirée Bérénice prends soin de toi
— Merci Pacôme. Bonne soirée à toi aussi.
Nous raccrochâmes en même temps. Je fermai les yeux et écoutai mon cœur qui ralentissait progressivement son allure. J'avais terminé avec Pacôme maintenant je devais espérer que Milla soit d'aussi bonne composition. Et puis l'info principale qui m'avait bouleverser tout à l'heure revint en force.
Miller était rentré à Londres.
C'est si près, mais si loin en même temps. Merde Miller était rentré à Londres ! Je commençai à avoir du mal à respirer. Ma gorge se nouait et mes yeux me piquaient.
Miller était parti. Il n'était plus là. Je ne pourrais pas le voir. Je ne pourrais pas venir frapper à sa porte pour lui expliquer mes réactions et encore moins écouter ce qu'il avait à dire.
Il était parti.
Je me laissai glisser le long de la vitre de la fenêtre et tremblai. Je me laissa envahir par le raz de marée de cette douleur lancinante qui me tenaillait déjà deux trois jours. Mes larmes débordèrent sans que je n'y puisse faire quoi que ce soit. Mon cœur me faisait mal, tellement mal ! Entourée de mes propres bras je tentai de me consoler comme je pus mais ce fut peine perdue. Je me faisais mal à moi même et rien ne pourrait me réconforter tant que je ne réalisai pas ce que je ressentais pour lui. Tous sans exception m'ont parlé d'amour, m'ont parlé de mes sentiments qui se battaient pour être reconnus comme tel.
Mais je n'y arrivai pas. J'avais beau entendre que j'étais amoureuse je ne percutai pas cette notion. Comment intégrer cette émotion si jusqu'ici ce que je croyais être de l'amour, avait été broyé par l'insolence et la méchanceté de la personne pour qui je croyais ressentir cela. Je me laissai alors aller à mon chagrin, que je croyais tarit, jusqu'à ce que je ne puisse plus.
On frappa à ma porte et la tête de Viviane apparut. Lorsque je relevai la mienne vers elle, elle comprit aussitôt que quelque chose n'allait pas et elle se précipita vers moi.
— Bérénice tout va bien ? Demanda-t-elle en me prenant dans ses bras.
— Non !...il est parti.
— Qui ça ?
— Jaime...il est parti. Bégayai-je entre mes sanglots;
— Oooh je suis tellement désolée pour toi. Me berça-t-elle doucement.
— Il est retourné à Londres... Il est loin maintenant.
Viviane se détacha de moi et me força à le regarder dans les yeux.
— Il n'est pas si loin tu sais. Il s'est peut être rendu dans sa famille comme toi. Pour faire un point sur la situation. Il a peut être besoin de réfléchir lui aussi.
— Il est parti... je ne le reverrais plus jamais.
— Tu le crois sincèrement ?
— Comment pourrais-je le revoir ? Sa vie est à Londres, son entreprise est à Londres. Et il est à Londres maintenant.
— Ce n'est pas si loin. Heureusement d'ailleurs. Il aurait très bien pu vivre aux États-Unis tu sais. Et pourtant il n'est que de l'autre coté de la manche seulement.
Je m'essuyai les yeux et me mouchai bruyamment dans un mouchoir en tissu plié que Viviane sortit de sa poche. Elle avait raison mais cela restait quand même loin de moi.
— Qu'est-ce qui t'embête dans le fait que ce soit Londres ?
— Je ne pourrais pas frapper chez lui pour lui présenter mes excuses et écouter sa version. Je ne pourrais pas avoir de pied à terre pour me préparer, ni personne pour me donner un coup de main.
— Je peux t'aider moi.
Décontenancée par sa réponse rapide et sans arrière pensée je toisai Viviane un instant:
— Tu-tu ferrais ça?
— Si cela pouvait te rendre le sourire. Cela rendrait ton père heureux et toi aussi.
Je me redressai et m'essuyai de nouveau les yeux avec un coin du mouchoir de ma belle mère.
— J'ai juste une petite question avant d'entreprendre quoi que ce soit.
— Oui ?
— Pourquoi cela te fait-il si mal qu'il soit si loin de toi ?
J'avais retourné longtemps cette question dans ma tête ces trois derniers jours. Et avec ce que Pacôme avait ajouté comme évident, sur les impressions que je laissai sur mon comportement envers Miller, il était clair que finalement j'étais belle et bien amoureuse de lui.
— Je ne suis pas sûre de la réponse. Rougis-je en baissant les yeux.
— Moi je suis sûre que si. Au plus profond de toi même tu le sais depuis le début.
Je levai les yeux sur Viviane et rencontrai ses iris grises joliment maquillés de rose. Ses pattes d'oies lui donnant ce petit je ne sais quoi qui devait en fasciner plus d'un. A force d'introspection depuis trois jours et de pleurs je devais me rendre à l'évidence que oui cette douleur au creux de la poitrine s'était intensifiée à l'idée de savoir que Miller était repartit pour Londres. Rien que l'idée de ne plus le voir m'était insupportable. Comme le jour ou j'avais compris que plus jamais je ne reverrais ma mère.
Alors c'était cela l'amour? Aimer sans retenue, ni condition et souffrir le martyre quand tout déraillait ? Quand tout s'arrêtait ? Oui l'amour ça vous laminait comme un tsunami et ne laissait que des cadavres de regrets et de remords quand vous comprenez que c'était trop tard. Je me refusai, depuis le début de ma relation avec Jaime, d'y croire et de voir en face cette vérité. Parce que j'avais déjà été abandonnée par le seul amour qui devait m'aider à grandir il y a 20 ans. L'amour d'une mère mourante et l'amour d'un père à l'agonie d'avoir perdu lui aussi l'amour de sa vie. Mon dieu que mon père avait du souffrir! Plus que je n'avais souffert moi même à l'époque. Voila pourquoi je me refusai de prendre part aux sentiments que j'éprouvais pour Jaime. Je ne voulais pas être abandonnée par lui, parce que nous avions été bien plus loin que je ne l'avais été avec Daniel.
Je comprenais tellement mon père à présent. La vie peut être garce parfois. C'est pour cela que j'avais préféré me cacher derrière un pseudo amour pour un connard, qui en joua sans se faire prier.
Nous étions toutes les deux silencieuses et Viviane me caressait doucement la tête avec un petit sourire rassurant. Elle venait devoir sur mon visage, que je venais enfin de comprendre ce que cela était être amoureux pour de vrai. Ce qu'était le véritable sentiment d'amour et tout ce qui allait avec. Les bonnes comme les mauvaises choses.
— L'amour c'est terrifiant. ça fait mal. Lâchai-je avant de renifler bruyamment.
— Oui mais c'est une aventure que pour rien au monde ton père et moi ne voudrions que tu rates, Bérénice.
— Je ne sais pas comment faire pour commencer.
— Peut être devrais-tu chercher à le joindre ma belle.
— Et s'il ne répond pas ?
— Alors tu ré-essaieras.
Ah! Oui c'était une bonne idée. Une bonne et terrifiante idée.
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