41. Soirée improvisée.




Oui,je réfléchissais beaucoup trop. En même temps la tournure de ma vie faisait que je fusse sans cesse en pleine cogitation. Et pour en sortir je devais parfois m'obliger à fermer les yeux sur certaines situations pour y revenir plus tard.


—Bon racontes-moi ce que Miller t'a envoyé acheter ? Fit Milla, son verre de vin à portée de lèvres.

—Oh pas grand chose d'intéressant. Des achats personnels comme des chocolats, une cravate hors de prix, un bouquin, deux carnets et deux bouteilles de vin.

—C'est tout ?

Elle fut assez surprise, mais pas longtemps.

—Oui...ah si j'oubliai ! Comment ai-je pu oublier ça !! Ce petit con m'a envoyé acheter ses capotes !! Déclarai-je outrée avant de m'enfiler une bonne gorgée de chablis dans le gosier.

—Nooon !!! Fit-elle les yeux gros comme des soucoupes et le sourire coquin.

—Sssssiiii ! Lui répondis-je d'un air entendu très prononcé.

Elle prit une pose de dame distinguée pour porter son verre et d'un air très intéressé demanda :

—Et quelle taille fait le colonel ?

— XL. Répondis-je du tac au tac.

Milla m'observa toujours avec ses yeux grands ouverts, tandis que j'avalai une seconde gorgée de vin l'air de rien.

—Tu rigoles !

—Je dirais que c'est normal. Non ?

—Oui. Enfin ça dépend pour qui. Mais c'est pas pour cela que je réagis ! Tu as vraiment acheté des capotes au colonel ?

Milla s'était exclamée tellement fort que je fus bien obligée de vérifier si personne autour de nous n'avait entendu.

Moi, trop prude ?

Je me penchai légèrement vers elle et lui répondis :

—Bah oui c'était sur la liste ! Je n'avais pas envie d'avoir à l'affronter parce que j'avais été trop pudique de lui faire cet achat ! Enfin moi ce que j'en dis c'est qu'il ne pourra pas les utiliser.

—Pourquoi ?

— La pharmacienne s'est trompée dans la taille ! Comme ça la pouffe qu'il comptait s'envoyer ce soir n'aura pas son quart d'heure « fourres-moi la profond » avec lui ! M'exclamai-je en buvant une bonne gorgée de Chablis et en remettant une mèche de cheveux rebelle derrière mon oreille.

Milla rit de ma sortie puis enchaîna :

—La pharmacienne s'est plantée ?

—Oui bon avec un peu d'aide...grognai-je en baissant les yeux comme prise sur le fait d'avoir fait une bêtise. Je ne pus m'empêcher de rougir.

Milla éclata de rire à en pleurer, que je fus bien obligée de rire moi aussi.

—On dirait que tu es jalouse.

Sa remarque ne me plut pas trop, parce qu'elle était vraie et que cela m'énervait que mon amie voit aussi bien en moi. Je ne pus me résoudre à ne pas protester.

—Pas du tout !

—Non en effet tu ne l'es pas du tout ! Renchérit-elle avec un sourire en coin malicieux.

—Oui bon si !! Finis-je par avouer exaspérée. Je terminai d'avaler mon verre que j'avais avalé comme du petit lait. Bon sang j'avais une sacrée descente quand même.

—Enfin si tu es love de Miller, laisses tomber ton amant et consacres toi uniquement à lui !

Je vis bien que Milla ne voulait pas lâcher l'affaire. Mais que pouvais-je bien lui dire ! Elle avait raison de toute façon. Je fis ce que je savais faire le mieux : me trouver des excuses.

—Non j'ai pas envie...parce qu'avec mon amant on est en phase. On s'amuse bien coté sexe.

—Oui coté sexe. Mais est-ce qu'il a des sentiments pour toi ? Et est-ce que tu en as, toi, pour lui ?

Mais pourquoi posait-elle toujours des questions qui m'agaçaient ?

—Je n'en sais rien.

Et ça c'était la vérité pure ! Je jetai un œil à Milla qui m'observait avec ses beaux yeux bleus. Elle essayait de me percer à jour et elle y arrivait haut la main. Vous voyez pour garder un secret avec elle, c'est assez difficile. Ou bien était-ce moi qui étais nulle comme une bille !

—Et tu sais pourquoi tu ne sais pas ? Demanda-t-elle comme un couperet qui tombait.

Je fis une grimace et soupirai. Je la vis faire un hochement de tête entendu ce qui fit bouger des cheveux en rythme.

—Je me doute très bien de ta réponse Milla.

—On est d'accord. Tant que tu ne sais pas qui il est, tu ne sauras jamais le quel des deux est celui qu'il te faut. Par contre moi je vote le colonel !!!

—Je suis sûre que si tu savais qui était vraiment mon amant tu ne dirais pas ça !

—Bof, c'est pas si c'était difficile de le découvrir !Admit-elle en faisant un geste de la main pour appeler un serveur.

—Comment ça c'est pas difficile de le découvrir ? Qu'est ce que tu sais pour dire ça ?

—Tu n'es pas très observatrice Bérénice.

—Serait-ce parce que je t'ai parlé de Vincent et que par déduction tu en as convenue que c'était lui ?

—Ce que j'en penses n'a aucune valeur Bérénice. Mais en effet je penses aussi que cela peut- être lui.

—Parce-que cela peut-être quelqu'un d'autre ? M'exclamai-je tout fort, très étonnée qu'elle puisse présumer un autre homme.

Elle ne répondit rien à cela. Alors, cela voulait dire que Milla savait finalement quelque chose et elle ne voulait rien me dire. Je pouvais toujours enquêter. Mais ce serait vraiment plus simple si je me laissai convaincre qu'il fallait juste retirer ce fichu masque.

Un serveur apparut et Milla commanda la même chose. Je m'affalai dans le fauteuil sur lequel j'étais installée et soupira. La conversation m'avait agacée. Et je boudai de mécontentement.

—Allé Bérénice...peu importe qui il est véritablement ! Du moment que tu prennes ton pied.

Ce qui n'était pas faux.

Nous restâmes au bar jusqu'à 20 heures, puis je proposai à Milla devenir manger à la maison. Comme le loft n'était qu'à quelques rues du bar, nous y allâmes à pieds. Milla me parla de l'homme qu'elle avait dragué le samedi soir. Et qui lui avait posé un lapin à la sortie de la boite ou elle avait rejoint sa sœur et quelques copines à elle. Cette dernière avait réussit à laisser ses fils à son homme, pour prendre un peu de bon temps. Parfois je me demandai ce qui plaisait tant à Milla dans son célibat ? Elle avait 35ans et pas d'amoureux. Elle n'avait jamais formulé d'envie de foyer, d'enfants et de bonheur. Enfin quelque chose de très classique,comme je le rêvai parfois. Peut être devais-je me pencher plus souvent sur la vie de mon amie au lieu de l'assommer avec mes aventures pittoresques d'amant d'anniversaire inconnu et un patron intérimaire séducteur ! Oui c'était assez bien résumé !

Nous entrâmes dans le petit hall du loft avant d'entamer les quelques marches de l'escalier qui menaient à mon appartement et celui d'Agathe. Il semblait qu'il y avait du monde de l'autre coté. Je n'allai pas m'en formaliser et fis entrer Milla dans mon petit chez moi.

—On commande chinois ? Me demanda-t-elle.

— Oui si tu veux. Lui répondis-je en posant mon sac sur l'îlot de ma petite cuisine.

J'observai Milla prendre son téléphone et appeler un resto chinois qui pourrait nous livrer. Nous choisîmes nos plats sous l'assurance de Milla et de son expérience dans le domaine culinaire chinois, tandis que je nous servais un verre de vin blanc pour attendre notre commande.

Le livreur chinois arriva trente minutes plus tard alors que je relatai quelques détails de mon week-end dont Milla n'avait pas encore eu connaissance. Et nous nous goinfrâmes avec appétit et descendîmes cette bouteille de chablis avec allégresse. Faudrait penser à me calmer niveau alcool, nous n'étions que mardi soir et j'avais un week-end dans les valises qui commençait à peser lourd sur mes épaules. Je regardai l'heure et il était déjà 22 heures. Je devais aller me coucher. Mais quand je regardai Milla, je préférai rester avec elle encore un moment. Elle était toujours joyeuse et me confiait des tas de secrets de ses aventures ou flirts passés. Elle riait toujours de tout et surtout d'elle même. En fait je me sentais bien en sa compagnie. Bien mieux qu'avec Agathe. En réalité j'étais toujours tendue avec Agathe. Toujours prête à recevoir un remarque désobligeante, déplaisante et essayer de faire comme si cela ne me touchait pas. Mais en fait si, j'avais beau laisser toujours couler sur moi, en vérité je n'avais fait qu'encaisser,subir et ranger tout ce mal dans un tiroir au fond de mon esprit. Et je ne m'en rendais compte que maintenant en la compagnie de Milla.

On frappa à la porte et nous nous regardâmes toutes les deux.

—Tu attends de la compagnie ?

—Non. J'ai refusé un rendez-vous avec mon amant justement ce soir,parce que j'étais trop fatiguée.

—Oh et moi qui t'embêtes !

—Non ne t'inquiètes pas Milla. Tu ne m'embêtes pas. C'est toujours un plaisir d'être avec toi, et c'est pour cela que j'ai refusé de voir mon amant. Je voulais passer du temps avec toi.Répondis-je en me dirigeant vers la porte d'entrée.

Alors que j'ouvris la porte en grand, je découvris une personne que jamais je n'aurais imaginée poster devant chez moi à cette heure si tardive du soir.

—Bonsoir Belle Bérénice. Dit Vincent appuyé contre la rambarde de l'escalier une bouteille de moelleux à la main qu'il tenait contre son ventre comme un bébé.

—Vincent ?

Sa présence me mit mal à l'aise tout à coup. Il me fixait de façon bizarre et il affichait un petit sourire tout aussi étrange.

—Est-ce que je peux me joindre à vous ?

Ma soirée n'était pas prévue ainsi mais c'est sans compter sur Milla qui s'approcha de la porte et qui décida à ma place. Mais comment avait-il su que j'étais avec Milla ?

—Et bien si tu ne comptes pas nous saouler jusqu'à pas d'heure...oui ce serait sympa. Qu'en penses-tu Bérénice ?

J'hésitai, prise au dépourvue et ils s'en rendirent compte tous les deux.

—Je suis toujours de très bonne compagnie ma belle. Essaya Vincent en faisant une petite moue qu'il transforma en un immense sourire quand il vit que je flanchai.

—Tu t'ennuyais chez toi ? Demanda Milla en se décalant pour le laisser entrer dans mon studio.

Je refermai la porte derrière eux. Je vis que Milla prenait la situation en main et cela m'intriguait. Je venais de lui dire que j'avais refusé une soirée avec mon amant pour être avec elle. Il n'était pas question qu'une tierce personne se greffe à notre soirée ou j'avais espéré avoir des conseils avisés au sujet de mes amours...si je puis dire. Alors si en plus cette tierce personne était un homme, je n'avais plus qu'à espérer que cela ne remonte jusqu'aux oreilles de mon amant. Quoique soit-dit en passant j'avais tout à fait le droit de voir qui je voulais ! Nous n'avions pas, lui et moi, signé un contrat d'exclusivité, non plus !

Je reportai mon attention sur mes deux invités.

—Et bien oui. Et j'avais envie de faire plus ample connaissance avec vous. Hier midi a été trop court pour en profiter.

Il entra dans le salon et vint poser sa bouteille sur la table basse ou notre dîner gisait. Je me dirigeai vers la cuisine pour y trouver un verre pour Vincent.

—Tu me connais déjà. Fis-je de ma petite cuisine.

Je le regardai retirer sa veste et je le vis me jeter, lui aussi des coups d'œil en coin. Mon cœur s'emballa. Pourquoi réagissais-je ainsi ? Je pensai qu'il était mon amant d'anniversaire, mais je n'avais que quelques indices qui pouvaient prétendre prouver la vérité. Mais si je me trompai ?

—C'est Agathe que je connaissais. Toi un peu moins. Tu n'es vraiment pas du tout l'image qu'elle me peignait de toi !

Je revins dans mon petit salon et déposai le verre pour Vincent à coté de celui de Milla. Elle s'était déjà installée sur le divan et lui fit signe de s'asseoir auprès d'elle. Il s'exécuta sans rechigner. Je me penchai vers la table basse et entrepris de servir à boire à Vincent.

—Oh Agathe a un problème d'infériorité vis à vis de moi. Elle pense que je suis un obstacle pour elle. Une sorte de rivale. Ce que je ne suis pas. Enchaînai-je en posant enfin mes fesses dans mon fauteuil préféré après avoir emporter mon verre dans mon élan.

—Et quelle image elle peignait de Bérénice ? Demanda Milla en fronçant des sourcils.

Je sentais venir la fronde qui habitait parfois Milla quand elle avait une dent contre quelqu'un.

—Euh ...Ne le prends pas mal Bérénice, mais je ne fais que répéter ce qu'elle me disait. Commença Vincent en se redressant quelque peu tendu.

Ce qui tout à coup me rendait nerveuse. Non ce n'était même pas cela,c'était de la colère que je gardai soigneusement au chaud en attendant de la laisser jaillir au moment opportun.

—Oh tu sais avec elle, je m'attends à tout. Dis je les dents un peu serrées.

Je serrai les poings en attendant de voir ce qui Vincent allait dire.

—Alors que disait-elle ? Redemanda Milla en se raclant la gorge.Elle semblait prête à en découdre alors que Vincent n'avait encore rien dit.

Vincent concentra son attention sur moi et il prit une grande inspiration avant de balancer :

—Elle disait que tu étais trop bête de ne pas voir à quel point elle te manipulait. Que tu ne faisais aucun effort pour t'améliorer physiquement. Que tu lui mangeais dans la main et qu'elle pouvait faire de toi ce qu'elle voulait tant tu étais naïve.

Je ne devais pas être surprise par cette déclaration. Je devais être simplement ennuyée puisque je savais tout cela. J'y avais pensé longuement. Mais sans doute de voir Milla toute aussi fâchée au sujet de mon ancienne amie, cela avait sûrement attisé ma colère sous-jacente qui explosa aussitôt. Le fait de parler d'Agathe à ce moment précis de la soirée, ma colère était apparue d'un coup.Elle pressait contre ma peau, ma tête et ma langue n'attendait plus que Vincent déclare une ineptie qu'Agathe avait pu balancer, pour la laisser se déverser sans discontinue ! Ce qui fut la cas.

—Que je faisais aucun effort pour m'améliorer ! M'exclamai-je en me levant en colère. Mais cette saloperie n'arrêtait pas de me dire de ne pas me maquiller, que j'étais mieux sans ! Que lorsque je voulais faire du shopping, cette grognasse trouvait toujours une excuse à deux balles pour y échapper afin que je me débrouille toute seule ! Et que peu importe ce que je pouvais acheter, c'était jamais bien ou que j'étais trop difficile pour passer du temps à faire les boutiques avec elle. Éructai-je à bout de souffle.

Milla et Vincent me regardaient d'un drôle d'air. Je crois bien que j'avais assombris la soirée qui avait pourtant bien commencée.

—Nooon ! Mais elle a un grain cette fille ! S'exclama Milla avant de prendre son verre. Et que disait-elle d'autre ?

—Que tu étais le pire coup que ses potes s'étaient fait en couchant avec toi.

Une main sur la hanche et l'autre tenant mon verre, je toisai Vincent qui se rencogna dans le divan. Je plissai des yeux et demandai encore :

—Es-tu en train de parler de ceux avec qui on traînait à l'époque ou tu sortais avec elle ?

Merde alors, il venait de confirmer une chose à laquelle je m'étais quand même interrogée régulièrement. Agathe avait donc bien pioché dans son groupe d'amis avec sui elle trainait à la même époque ou elle sortait avec Vincent pour me trouver un amant d'anniversaire. J'espérai alors sincèrement que ce n'était pas deux de ceux auxquels je pensai. Brrrr!

—Oui. Des abrutis si tu veux mon avis. D'ailleurs saches qu'avant qu'on couche ensemble elle et moi, Agathe se les faisait à tour de rôle ! Par contre quand j'ai compris qu'elle le faisait toujours quand nous étions ensemble, je l'ai dégagé aussitôt.

Il afficha un air froissé qui assombrit ses prunelles grises et croisa les bras sur ses pectoraux.

—Peut-être que tu devrais leur demander quel genre de coup elle était, elle ! Mais pourquoi faisait-elle cela ? Je veux dire, pourquoi faisait-elle du mal à Bérénice ? Demanda Milla peinée par la situation que j'avais du endurée et dont je n'avais même pas eu conscience.

—Je ne sais pas trop. Je me souviens d'un soir ou elle a piqué une crise à propos de ton père qui croulait sous le fric. Ou quelque chose de ce genre. E elle n'arrêtait pas de râler au sujet de sa célébrité dans le milieu de la mode et qu'il ne lui en faisait pas profiter !

—En quoi en aurait-elle profité ? Ce n'est pas son père !C'est le mien !

—Et bien pour elle c'était tout comme, puisque tu étais son amie.Affirma-t-il en imitant des guillemets avec ses doigts au mot amie.

Cette révélation me faisait en partie comprendre pourquoi elle était devenue si méchante à mon égare. Moi qui croyais que c'était uniquement le fait que son ami, mon dit amant, m'avait envoyé goûter le septième ciel alors qu'ils avaient convenu qu'il devait s'en tenir au basique. C'est à dire « tu prends et tu dégages ».

_Ouais bah je confirme, elle a vraiment un sérieux problème cette nana !! Répéta Milla en se resservant du vin. Tu as bien fait de te débarrasser d'elle. Tu sais si jamais elle vient encore te chercher des merdes, tu peux compter sur moi Bérénice. Parce que je suis prête pour lui régler son compte à cette grognasse !

Vincent et moi la regardâmes avant de rire de son emportement. C'était du Milla tout crachée. Puis nous ne dîmes plus rien mais je croisai les yeux, couleur d'orage de Vincent posé sur moi. C'était un regard intense et tout à fait étrange. Presque comme s'il me découvrait pour la premier fois. Et surtout comme s'il laissait présager bien des choses. Je rougis, il sourit et rougit à son tour. Il plongea le nez dans son verre, et je fis de même. Sauf que le mien était vide et je vis du coin de l'œil Milla qui nous observait avec un air bizarre. Elle se pencha prit la bouteille de chablis qu'elle vida dans mon verre et la secoua pour me signifier qu'elle était vide. Dans son regard insistant, je compris qu'elle me lançait un message. Mais faut croire que pour décoder le message j'avais encore du boulot! Ou peut-être bien qu'elle essayait tout simplement de me dire que Vincent n'était pas si innocent dans ce qu'il m'arrivait. Milla devait savoir quelque chose au sujet de mon amant c'était évident. Et cela concernait Vincent ! Je me levai pour aller chercher mon tire-bouchon dans ma cuisine et revins pour ouvrir la bouteille de Vincent. Le silence qui s'était installé me rendait mal à l'aise. Je me dépêchai à ouvrir cette fichue bouteille et servis Milla qui tendait son verre à bout de bras. Il me semblait qu'elle commençait à être un peu gaie. Et moi aussi,je devais bien l'avouer l'alcool arrivait à faire son effet décontractant mais une certaine retenue m'empêchait de me laisser aller. Sans doute à cause de la présence de Vincent.

—Dis-moi Vincent qu'est-ce que tu faisais avant d'atterrir chez nous ?Demanda Milla en retirant ses chaussures pour se mettre à l'aise sur le divan. Elle avait remonté ses jambes sous ses fesses et mit son coude en appui sur le dossier du divan. Elle observa Vincent s'installer plus confortablement lui aussi.

—Je travaillai pour une boite d'architecte. Répondit-il en faisant tourner l'alcool dans son verre.

—Ou ça ?

Milla était terrible avec ses interrogatoires. Mais Vincent donnait ses réponses de bonne grâce.

—A Cannes.

Elle enchaîna d'une voix douce en penchant la tête sur le coté. Et en plus elle lui fit le coup de la fille séductrice très intéressée.Comment arrivait-elle à conjuguer les deux ?

—Pourquoi tu es parti ?

—Je ne voyais pas d'avenir dans ce que je faisais.

—Tu faisais des plans de maison ? L'interrogeai-je à mon tour.

—Ouais...des plans de villas et autres conneries pour la haute bourgeoisie. Fit-il blasé.

—Tu devais bien gagner ta vie.

—Si tu savais toute la magouille qu'il y avait ! Je ne voulais en aucun en faire partie. J'ai démissionné avant que je sois trop impliqué. Fin de l'histoire.

— Et sinon tu as quelqu'un dans ta vie ?

—Pourquoi cette question ? Demanda-t-il en la fixant d'un air sombre.

—Moi je suis célibataire. Fit Milla pour l'inciter à se dévoiler,avant de lui jeter un œil pour jauger sa réaction et avoir une réponse.

—Et toi Bérénice ?

—Moi aussi. Si j'avais un mec le monde entier le saurait.

—Alors ?

Vincent avala une gorgée de sa boisson ambrée et sourit d'un air satisfait.

—Je suis ce qui s'appelle un entre deux plans.

— C'est à dire ?

—C'est à dire que je côtoie une jeune femme régulièrement et de façon spontané si l'envie m'en prend.

— Et elle a un petit nom la demoiselle ?

—Je ne révèle jamais le nom de mes conquêtes. Même si cette dernière est la meilleure d'entre toutes ! Déclara-t-il en posant ses prunelles grises sur moi.

Milla me jeta un regard discret et quant à moi je rougis. Je fus obligée de baisser les yeux sur mon verre tant j'étais gênée. Mon dieu était-ce possible alors ? Non ! Non ! Cela ne pouvait être aussi facile ! Il avait dit qu'il était gérant d'une boite de communication en ville ! Vincent n'était que graphiste dans une boite de pub. La notre qui plus est ! Cela me donna assez vite mal a la tête. Ce qui ne m'empêcha pas de continuer à avaler le vin qui se réchauffait dans mon verre que je serrai un peu trop fort.

—Tu es amoureux de la demoiselle ?

Mais pourquoi Milla avait-elle posé cette question ? Franchement je n'avais pas envie de connaître la réponse ! Parce que je ne voulais pas avoir un nouveau problème sur le dos. Si tant est que Vincent soit mon amant comme Milla et moi le pensions.

—Je n'irais pas dire ça. Mais elle me plaît beaucoup.

—Cela fait combien de temps que vous êtes ensemble ?

Vincent sourit et pencha la tête en arrière nous donnant en spectacle son cou musclé et sa barbe naissante. Sa pomme d'Adam remonta et il redressa la tête pour poser ses yeux sur moi.

—Cela fait un peu moins d'un mois.

—C'est tout frais dis moi ! Enchaîna Milla avec un sourire dans la voix.

Mon cœur s'emballa de nouveau. Oui si je faisais le calcul avec mon amant cela faisait aussi moins d'un mois...

—On ne sort pas ensemble en fait.

—On avait bien comprit que c'était ton plan cul régulier.

—Je dirais plutôt que nous avons acté sur le mot « sex-friend ». Nous ne sommes pas exclusif et donc libre de voir ailleurs.

—Cela peut être à double tranchant votre pacte. Si l'un de vous tombe amoureux ?

Tous deux me toisèrent. Vincent plissa des yeux et Milla me lança un regard l'air de dire : « Pardon mais ce ne serait pas l'hôpital qui se fout de la charité ! » et elle avait totalement raison ! Je rougis encore une fois et retournai à la contemplation de verre de vin que j'avais presque terminé.

—C'est vrai, reprit Vincent. Mais si jamais cela devient le cas, nous aviserons.

—Elle voit D'autres hommes ?

—Je n'en ai aucune idée. Et en toute franchise je ne tiens pas à le savoir.

A sa place moi non plus je ne voudrais pas le savoir.

—Et vous les filles ? Même si vous êtes célibataires votre cœur ne bat pas pour un prince charmant ?

—Oh non Milla préfère courir le gueux ! Ricanai-je pour alléger l'atmosphère.

—C'est vrai que j'aime bien butiner dans toutes les fleurs de Fallesville ! Mais hélas aucune n'a trouvé grâce à mes yeux.

—Bérénice ? Pas d'homme qui fait battre ton cœur ?

Je n'étais plus amoureuse. De cela j'en étais certaine. Maintenant il y avait bien Miller qui faisait faire n'importe quoi à mon corps et ce contre le contrôle total de mon esprit. De là à dire que mon cœur battait pour lui...cela était vite dit. Il était clair que Miller me faisait ressentir des choses mais en aucun cas de l'amour.Pas selon moi !

Je n'osai pas chercher un appui auprès de Milla parce que j'étais coup sur de rougir et de me trahir. Et Vincent verrait venir le truc et me poserait sûrement des questions auxquelles je n'avais surtout pas envie de répondre. Et puis soyons réaliste, de quoi aurais-je l'air à lui expliquer qu' à l'occase je me faisais peloter par mon patron dans les ascenseur et que je m'envoyais régulièrement en l'air avec un inconnu dont je n'avais jamais vu le moindre trait de son visage. Sauf si bien sur c'était lui le dit amant.

—Non personne qui fait battre mon cœur.

Vincent plissa des yeux et semblait chercher à percer je ne sais quel secret. Et je ne savais plus ou regarder tant sa façon de faire me perturbait ?

Voyant mon malaise, Milla changea de sujet et dériva sur le boulot. Elle demanda les impressions de Vincent au sujet de l'équipe et la séance de critique débuta puis se termina dans un fou rire et la bouteille de moelleux vidée.

La soirée se déroula relativement vite. Sans compter sur l'arrivée de Vincent dans les entre faits. Il y avait eu un moment de flottement qui m'avait vraiment mis mal à l'aise et finalement l'alcool aidant,il me dérida assez vite.

Je profitai pour inspecter Vincent alors qu'il racontait une intervention de Gwladys et je fus bien obligée de remarquer qu'il était vraiment très bel homme. Ses cheveux blonds avaient l'air doux au touché et sa peau était bronzée comme s'il avait passé tout l'été au bord de la mer. Quant à sa bouche elle était pulpeuse et un début de barbe brillait sous la lumière de mon unique lampe de salon. J'aimerais bien y passer la main pour voir si elle était rêche ou douce. Tout comme ses cheveux d'ailleurs.

Perdue dans mon observation je n'avais pas fait attention qu'ils me fixaient tous les deux. Mais pourquoi je me faisais toujours griller ? Pourquoi ?

Je pouvais bien implorer n'importe quel dieu, la réponse était assez évidente, je n'avais aucune discrétion quand j'avais un petit coup dans le nez. Et ce soir là je ne dérogeai pas à la règle.

Je me levai d'un bond et claquai des mains avant de bailler pour signifier à mes invités qu'il se faisait tard, que demain était encore une journée de travail et que j'étais fatiguée.

—Bon les enfants ce n'est pas que je m'ennuie mais on a encore une longue semaine à faire et moi je suis rincée. Dis-je en m'étirant les bras vers le haut.

Vincent se leva et tendit sa main à Milla pour l'aider à se lever du divan,mais c'était moi qu'il reluquait. Elle avait but et vacilla un petit instant un fois debout puis se reprit en se collant à Vincent, tout en s'excusant avec un gloussement d'ado.

— Je crois bien que je ne vais pas pouvoir conduire. Rit-elle en posant ses deux mains sur le torse de Vincent.

— Je te raccompagne si tu veux. Je n'ai bu que deux verres.

— Oh tu seras un amour ! Fit elle tout sourire.

J'espérai qu'il ne leur arrive rien et les laissai partir. Milla me souhaita un bonne nuit et quand elle me fit un clin d'œil je m'étais demandé si sous l'influence de l'alcool elle n'allait pas dévoiler des choses qu'elle ne devait pas.


Bonsoir à toutes.

Alors il me semble que les choses se précisent pour Bérénice et ses doutes sur l'identité de son amant d'anniversaire. Alors dites moi ce que vous en pensez?

Est-ce vraiment Vincent qui se cache de l'autre coté du masque?

Ou bien est-ce un autre homme?

N'hésitez pas à me laisser vos impressions en commentaire je me ferai très plaisir!

J'espère que ce chapitre vous a plu.

Bonne soirée à toutes!

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top