4. Le colonel "la frayeur".

Le reste de la journée se déroula comme chaque vendredi après-midi. Dernière course pour régler les derniers points des projets en cours. Gwladys se fit discrète et partit la première sans un mot. Vers 17 heures l'équipe s'en alla dans une bonne humeur signifiant le début du week-end. Je rentrai en métro et en bus pour rejoindre l'usine ou se trouvait mon studio. C'était sans compter sur la présence d'Agathe qui s'impatientait. Elle m'attendait déjà chez moi. Elle était en train de préparer un petit apéritif dînatoire comme elle savait si bien le faire. Gourmand et un brin alcoolisé.

- Alors Bérénice, cette journée enfin terminée? Aurai-je le droit à la version longue de ta nuit d'anniversaire? Attaqua-t-elle directement en ramenant un plateau chargé de légumes et de petits fours diététiques.

- Oui enfin terminée!! Beaucoup trop longue à mon goût! Fis-je en repensant à la nouvelle du jour et à Miller.

Je laissai tomber mon sac et ma veste sur mon petit divan tout défraîchi.

- Eeeet? Quémandait Agathe qui s'en foutait pas mal de ma journée. Mais j'allai la faire mariner un peu.

- Et bien Gwladys s' est fait remettre propre et net en place par notre gros client Cabin. Tu aurai dut voir sa tête!! Et puis...

- Oh Bérénice je m'en fiche de Gwladys!! Je veux les détails de ta nuit!! Me coupa-t-elle sur un ton autoritaire que je ne lui connaissais pas. Ce qui me surprit je dois dire.

- Je ne suis pas sûre que ton ami ait envie que j'étale ses prouesses sexuelles au public! M'exclamai-je en me laissant tomber sur mon divan.

- Attends ce matin tu m'as juré que tu avais eu trois orgasmes. Si c'était vrai tu ne rechignerai pas à me les raconter. Donc tu m'as menti ce matin!

- Mais pas du tout!! Il m'a fait bien plus de choses que les autres que tu m'as trouvé!

- Genre? Demanda-t-elle en me servant un verre de cosmopolitain.

- Genre euh...me toucher. Il n'est pas allé directement au dessert. Si tu vois ce que je veux dire! Et puis il est très doué avec ses mains, sa bouche et son sexe. Expliquai-je en rougissant.

Je bus rapidement une gorgée pour me cacher.

- Et quoi d'autres? M'interrogea-t-elle en s'installant dans mon gros fauteuil club tout aussi usé que mon divan.

- J'ai beaucoup apprécié la levrette! Dis- je rapidement avant de replonger dans mon verre.

- Nooon! Fit elle les yeux gros comme des soucoupes. Tu as fait ça toi?

Elle ricana comme si cela était risible.

- Et autrement?

- Quoi autrement?

- Et bien pour que cela doit si sensationnel il a bien dut te faire quelque chose de sensationnel non?

- Tu sais ce n'est pas parce que je m'envoie en l'air une fois l'an que je vis les mêmes trucs que toi qui change de mec toutes les semaines.

- Oh t'es pas marrante! Si on peut même plus blaguer! Gémit -elle alors que je la regardai remonter ses longues jambes parfaites sous ses fesses telle une diva et plonger délicatement ses lèvres dans son cocktail.

Ah parce que c'était censé être drôle son interrogatoire?

- Tu vois moi ce que je trouve drôle c'est ta façon d'agir! Autant les anniversaires précédents tu en avais rien à cirer de savoir si j'avais pris mon pied. Alors que cette année cela relève d'une importance capitale. Pourrais-je savoir ce qui t'importe autant?

- Écoutes tu me fais l'apologie des prouesses de mon pote et tu m'affirmes qu'il t'a fait grimper au rideau. Excuses moi d'être assez surprise de ses faits.

- Pourquoi il n'était pas censé me faire plaisir?

Elle me toisa un instant et me sourit. Un sourire quelque peu contrit. Comme si elle savait déjà ce qu'il devait se passer dans la garçonnière et que cette fois ci elle n'avait rien put contrôler.

- Bien sur que si! Ce qui veut simplement dire qu'il m'a bien caché son jeu!

- Ah et bien tu n'auras qu'à lui en vouloir à lui et pas à moi! Tu devrais plutôt te réjouir pour moi non tu ne crois pas?

Elle garda le silence, semblait réfléchir un court instant puis se reprit.

- Tu as raison. Excuses moi Bérénice.

Cette tension soudaine retomba. Il était rare que nous nous fâchions. Mais sa façon de réagir était des plus étranges.

- Peut être devrais tu l'inviter à sortir avec toi. Sait on jamais il pourrait aussi te gratifier de ses honneurs. Moi j'ai eut mon cadeau et comme je ne désire pas le revoir, il est tout à toi.

- C'est vrai tu n'as pas envie de le revoir malgré ce qu'il t'a offert cette nuit?

- Non je n'aurais pas de temps à lui consacrer. Il est tout à toi. Continuai-je avant d'avaler une gorgée de cosmopolitan.

- D'accord tu as raison. Vaut mieux que je vois par moi-même. Fit elle pas mécontente à l'idée qu'elle aussi pourrait goûter à mon amant d'anniversaire.

- Bon tu veux une nouvelle? Changeai-je de sujet.

Je me penchai sur le plateau de victuailles et piochai deux olives que je croquai.

- Vas-y je suis toute ouïe. Répondit -elle en prenant son Smartphone.

- Georges s'en va et c'est Pacôme qui reprend sa place. Du coup Milla devient son assistante.

Agathe leva les yeux de son Smartphone et demanda:

- Ah bon et toi? Tu es virée?

- J'ai cru un instant que cela allait être le cas. Mais cela ne l'est pas. Mais j'ai un nouveau boss du coup. Un boss " intérimaire". Expliquai-je en signant des guillemets.

- Et comment il ce boss intérimaire? Il est beau gosse? Il est bien sapé? C'est quoi son nom?

C'était du Agathe tout craché! Un nouveau débarque à mon boulot et la seule chose qui l'intéresse c'est à quoi ressemble cet homme. Pas un instant elle ne cherche à savoir pourquoi Georges s'en va et pourquoi on m'attribuait un nouveau supérieur. Seuls les cancans sur le sexé, les chiffons et ses problèmes personnels l'intéressaient. C'en était parfois désarmant car nos discussions s' en trouvaient limitées.

- Alors il est vraiment beau gosse. Mais je dirai qu'il est un peu coincé et autoritaire. Détaillai -je en attrapant un carotte que je trempai dans la crème citron ciboulette.

- Beau gosse comment?

- Genre le sosie de Sam Worthington. Je répondis en m'enfonçant dans mon divan.

- Rien que ça!! S'exclama-t-elle de son air " je ne te crois pas du tout".

Je levai un sourcil étonnée par sa nouvelle réaction et enchaînai:

- Si tu le voyais tu t'en rendrais compte. En même temps j'ai comme l'impression de l'avoir déjà vu.

- Et c'est quoi son petit nom? Me demanda Agathe en piochant une carotte qu'elle plongea dans la crème.

Je la regardai faire et remarquai qu'elle faisait sa précieuse à lécher son doigt plein de crème.

- Jaime Miller. Un copain d'enfance de...

Je vis le regard d'Agathe se poser sur moi et le reste de son visage se décomposer.

- Quoi? Qu'est-ce qu'il y a? Demandai-je inquiète par la pâleur soudaine de son visage un peu trop maquillé.

- Quoi? Demanda-t-elle en avalant ce qu'elle avait dans la bouche avec difficulté.

- Pourquoi tu fais cette tête? La questionnai-je avec méfiance.

- Quelle tête? Eluda-t-elle en rejetant une mèche de cheveux derrière son oreille.

- Celle de quelqu'un qui a avalé un truc de travers. Et je ne parle pas de nourriture.

- C'est la carotte. Tu ne trouves pas qu'elles ont un drôle de goût?

- Les carottes?

- Oui goûte tu vas voir. Insista-t-elle en faisant la grimace avant d'avaler une longue rasade de cosmopolitan.

Je n'ajoutai rien et lui lançais un regard suspicieux. Déjà qu'elle n'avait pas été des plus enthousiaste ce matin ce soir elle semblait me cacher quelque chose. Je laissai couler une nouvelle fois et embrayai avec un interrogatoire sur sa journée. Je l'écoutai d'une oreille distraite me raconter les derniers potins sur ses collègues de boulot. Vers minuit je lui signifiai gentiment qu'il était l'heure pour moi d'aller dormir étant donné que j'avais eut une nuit très courte la veille.

Je passai un week-end relativement calme. M'adonnant au ménage de la garçonnière et de mon petit studio tout en rêvant à mon cadeau d'anniversaire. Pour l'occasion j'avais ressorti le vibro qu' Agathe m'avait offert il y a 3 ans à noël!

Mais le retour à la réalité a été soudain quand il a fallu reprendre le boulot le lundi matin. Milla arriva en même temps que moi et son humeur joyeuse perdit un peu de force quand Georges annonça au reste de l'équipe la fermeture de l'agence de Paris. Bien sûr la présence de Miller avait calmé les ardeurs quand celui ci expliqua que notre agence allait devoir mettre les bouchées doubles dans les semaines à venir. Et que très certainement de nouveaux effectifs devraient venir gonfler l'équipe afin de tenir les délais pour les projets parisiens. Je passai donc les journées de la première semaine dans le bureau de mon nouveau supérieur. Et je l'avoue il m'intimidait énormément. J'osai tout juste le regarder tant sa présence en imposait. En fin de semaine nous en étions à étudier les derniers cv reçus pour les embauches de la nouvelle équipe. Il se faisait tard et nous étions fatigués, mais Miller ne semblait pas vouloir mettre à terme cette journée arrassante. Assise sur le bord de mon siège, j'attendai que Miller prenne sa décision. Il allait et venait tout en comparant deux CV de candidats potentiels. Je le regardai marcher en long et en large derrière son bureau ce qui me permis d'apprécier sa carrure. Epaules carrées, pectoraux moulés dans une chemise immaculée de grande marque et pantalon anthracite qui mettait en valeur un postérieur rebondit. J'aimerai bien voir ce à quoi il ressemble en dessous. Perdue dans ma contemplation j'en oubliai d'être discrète.

- ...je pense donc qu'il faut prendre le candidat masculin. Cela me semble évident qu'il sera bien plus enclin à ne pas compter ses heures. Ainsi cela vous permettra de reluquer un autre postérieur que le mien.

Hein? Quoi?

- Quoi? Qu'est ce que vous venez de dire? C'est n'importe quoi!! M'exclamai- je en me levant d'un bond.

Puis je réalisai alors la fin de sa phrase. Je rougis instantanément. Ce n'est pas que je ne l'écoutai pas c'est juste que je l'écoutai d'une oreille. Comment voulez vous vous concentrer quand défile un bellâtre au corps athlétique et sexy? Même si j'ai mis au point une technique pour le mater discrètement, en fin de semaine ma vigilance n'est plus vraiment au top.

- J'ai toute votre attention maintenant? Demanda-t-il en s'installant dans son fauteuil.

- Oui.

- Bien. Alors expliquez moi pourquoi devrions nous embaucher la femme plutôt que l'homme? Continua-t-il en s'enfonçant dans son siège tout en laissant sa cravate.

Oui, tiens expliques nous ça!

- Euh...

Je le vis prendre appui sur les accotoirs de son siège et faire se rejoindre le bout de ses doigts. Il attendait ma réponse en me fixant avec son petit sourire sournois qu'il m'avait servit tout la semaine.

- Alors? Me demanda-t-il. D'un ton froid et sévère.

- Et bien je ne suis pas d'accord avec vous. Si nous voulons garder l'image de parité de l'entreprise nous devrions embaucher quelqu'un pour ses capacités de travail et non ses disponibilités.

- Voyez vous ça! Fit-il puis il enchaîna. Et bien je vous laisse prendre la décision.

Il me tendit les deux CV que je pris en évitant de croiser son regard suffisant. Il fallait que je lui prouve qu'il avait tort. Mais lorsque je lus les cv je compris que je m'étais fourvoyée. Si nous embauchions la femme nous aurions l'assurance de son expérience. Tandis que si nous prenions l'homme sa jeunesse ne jouerait pas en sa faveur. Mais il avait une solide expérience dans les réseaux sociaux et les médias d'internet.

Je dus avouer qu'il avait raison. Pour l'homme et non parce qu'il ne compterait pas ses heures comme Miller le disait ou pour pouvoir reluquer le postérieur de ce dernier.

- Quel est votre verdict?

- Nous devrions embaucher l'homme. Avouai-je du bout des dents.

Il sourit franchement d'avoir raison et m'avoir rabattu le caquet. Je le toisai à mon tour d'un regard le plus glacial et croisai les bras indignée.

- Bien vous voyez quand vous voulez!

- Vous n'êtes pas sérieux? Demandai-je incrédule face à son comportement.

Il posa un étrange regard sur moi qui me déstabilisa. Il sourit amusé.

- Je vous trouve amusante Mademoiselle. J'aime beaucoup votre style.

Quoi? C'est quoi son délire? Moi amusante?

- Il ne vous reste plus qu'à le prévenir pour un entretien. Vous pouvez disposez. Dit il en retournant à son ordinateur sans un regard.

- Sale con! Marmonnai-je en m'en allant de son bureau rouge comme tomate. La colère me submergea d'un seul coup. Pour qui se prenait-il?

- Mademoiselle Lorne? M'appela-t-il.

Je soupirai en posant brutalement les deux cv sur mon clavier avant de faire demi-tour. Un bloc note à la main j'attendis qu'il me dicte ce qu'il désirait. Il était en train de se préparer à partir.

- Je veux que vous envoyez un mail dès ce soir. Cela est il dans vos cordes? Me demanda-t-il en prenant son attaché case avant de se planter devant moi.

- Oui.

- Très bien je vous fait confiance. Sur ce le sale con que je suis vous souhaite une excellente soirée.

Je passai au rouge écarlate en moins de temps qu'il en faut pour le dire. Puis me décalai quand il me fit signe qu'il voulait sortir de la pièce.

Je le laissai passer et retournai à mon bureau sans vérifier qu'il avait bien disparu derrière les portes de l'ascenseur. Mais c'est sans compter sur Milla qui me rejoignit alors que je tapai le mail pour le futur candidat.

- Qu'est-ce qu'il vient de se passer là?

- Rien de bien grave...il m'a juste remis à ma place.

- Toi? S'étonna-t-elle. Racontes moi ça.

Je lui fis un rapide résumé et elle tenta de me rassurer.

- Tu ne l'as pas vu passer chez les graphiste mercredi? On aurait dit un colonel qui passait ses troupes en revue! Et crois moi ils filaient tous droit. Je lui ai trouvé un petit noms si tu veux savoir.

- Vraiment? Vas-y je suis toute ouïe.

- Que dis tu du colonel la frayeur?

- Top! Souriais-je.

- Bon c'est pas que je m'ennuie mais je vais rentrer il se fait tard. Dit elle en retournant à son bureau pour éteindre son pc. J'en fis de même et nous nous en allâmes ensemble jusqu'au métro puis nous nous séparâmes. Assise sur mon siège je consultai mes messages. Agathe m'en avait envoyé deux.

" Passes à l'appart Daniel ramène des potes la soirée sera sympa"

" Tu ne devineras jamais qui est là ce soir!"

Oh non j'étais loin de m'imaginer qui fut cette personne dont elle fut si heureuse de voir.

Alors que pensez-vous de la relation entre Bérénice et Jaime? Vous avez put faire un peu connaissance avec Agathe. ( en média )Sympa non?

Merci d'avoir lu et désolée pour les erreurs que je n'aurais pas vu. N'oubliez pas la petite étoile si ce chapitre vous a plu.

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