39. Ultimatum.
Milla m'avait déposée devant l'arrêt de bus en me souhaitant une bonne soirée.Le bus avait prit sa place lorsqu'elle s'en était allée. Je me laissai alors tomber sur mon siège coté vitre et collai ma tête contre cette dernière. Je rêvassai à ma nuit de folie ou j'avais enfin pu voir le corps de mon amant à défaut de son visage. Chose dont je n'étais pas encore prête à faire. Je me rappelai la soie de sa peau sous mes doigts, le parfum musqué de son corps et son souffle contre ma joue quand son excitation devenait de plus en plus grande. Je rougis de repenser à toutes les choses que je faisais avec lui que je n'avais jamais fait avec mes amants précédents.J'aimai la façon dont il me désirait, me portait vers un meilleur "moi". Le cheminement de mes pensées débouchèrent sur Miller.
Jaime Miller.
Mon dieu qu'est-ce qu'il m'avait pris aujourd'hui ? Pourquoi avais-je eu un tel comportement ? La honte me submergea et je me passai les mains sur mon visage comme pour m'en débarrasser définitivement. Mais dés que je repensai à ma façon de faire je rougis de plus belle. Miller avait lui aussi eut un comportement des plus ...audacieux, durant ce week-end. J'étais prête à parier sur cela comme possibilité de conséquence de mes actes. Oui ! Tout ceci résultait de son comportement à lui et non du mien !
Voilà, c'était la vraie raison ! Si seulement Milla n'avait pas sortit cette maudit phrase !
Mon bus fit un arrêt dans ma rue et je descendis. Je me sentais fatiguée. Je me traînai jusqu'au loft et me retrouvai enfin devant le bâtiment. Mon cœur se mit à cogner un peu plus fort. Je savais que Daniel et Agathe étaient présents et qu'il était fort probable qu'ils m'attendent de pieds fermes. De guerre lasse, je ne voulais pas les affronter, surtout après leur rafales d'insultes bien senties qu'ils avaient envoyées pendant le week-end.
Je pris sur moi.Je n'allais pas rester sur le trottoir toute la nuit par peur de me faire brusquer. En même temps si j'en jugeai par la possibilité qu'Agathe ait pu me droguer il y a quelques années pour se débarrasser de moi durant nos soirées, j'avais toutes les raisons de me méfier d'elle et de Daniel. Finalement je ne savais pas jusqu'où ils pouvaient aller, puisqu'ils étaient quand même capable de droguer leur soi disant amie.
Je resserrai l'anse de mon sac à main sur mon épaule et celles de mon sac de voyage et entrai enfin dans le hall qui menait à l'escalier. Que je montai dans le plus grand silence. Si je pouvais éviter de me faire remarquer, j'allai mettre toutes les chances de mon coté. Je passai devant la porte de mon ancienne amie et sortis mes clefs de ma poche. Je fis en sorte de faire un minimum de bruit et entrai enfin dans mon petit appartement. Je refermai la porte en silence toujours et clanchai. Je soufflai en collant mon front contre la porte. Voila déjà une bonne chose de faite. Pourvue que le reste de la soirée se passe aussi dans le calme.
Heureusement pour moi, rien ne vint bousculer le calme relatif de ma fin de journée. Je me fis un plateau repas devant une série débile avant de jeter l'éponge pour me doucher et me laisser tomber dans les bras de Morphée.
Mon téléphone bipa plusieurs fois avant que je ne me décide enfin à sortir de mon lit. J'avais fais une bonne nuit, peuplée de corps d'hommes nus.Mais quand je cherchai à voir leur visage je découvrais invariablement celui de Miller. Cela eut le don de me mettre de mauvaise humeur. Je m'extirpai de mon lit pour me planter devant mon dressing. Je piochai dans ma penderie une robe droite grise, choisie avec soin par Milla lors de notre après midi shopping. Je tirai de mon tiroir à chaussettes une paire de collants noirs opaques et un ensemble de sous-vêtements de dentelle noir, de celui à lingerie. Je m'habillai un peu au radar et j'en fis autant pour me coiffer. Je rassemblai ma chevelure en une queue de cheval haute et fis le minimum syndicale en ce qui concernait le maquillage. Je rejoignis ma petite cuisine dans laquelle je me fis chauffer un thé et beurrer deux tranches de brioche. La gourmandise me perdra mais j'adorai cela !
Installée devant l'îlot centrale qui me servait de table à l'occasion, je petit-déjeunai tranquillement, remâchant les rêves troublants que j'avais fait de Miller. J'avais réussi à transposer le visage de mon boss sur le corps de mon amant. Merde Milla avait peut être raison. Pourquoi revenait-il toujours dans mes pensées alors que j'étais occupée à ressasser sur autre chose ?
Un bruit de clef dans la serrure de ma porte me surprit et je vis entrer, Agathe parfaitement pomponnée une tasse de café à la main droite et un sac Chanel dans l'autre.
_ Salut !! Fit elle à la cantonade.
Je restai circonspect. Elle s'approcha de moi et posa son sac et sa tasse Starbuck sur l'îlot.
_ Tu sais qui est-ce que j'ai croisé ce week-end en ville ? Me demanda-t-elle avec un grand sourire.
Je n'arrivai même pas à décrocher le moindre mot, tant j'en étais abasourdie par la situation. Agathe venait de débarquer chez moi comme si de rien n'était et ne cachait même pas qu'elle pouvait entrer chez moi comme bon lui semblait. Alors même qu'elle avait fait l'apologie de sa haine pour moi ces deux derniers jours.
_ Bon je vais te le dire parce que tu ne trouveras jamais. En plus c'est un ex à moi dont tu ne dois pas te rappeler. C'est Vincent.
Et bien il n'aura pas mit longtemps lui non plus pour renouer avec elle !
_ Tu te souviens de Vincent ?
_ Oui je me souviens de lui. Mais je peux savoir ce que tu fais là ?
_ Et bien je viens te chercher pour t'envoyer à ton boulot !
Mon dieu !Elle devait être bipolaire ou elle avait problème dans sa tête, ce n'était pas possible ! Elle ne pouvait pas faire l'impasse sur ce qu'il s'était passé ce week-end !
_ Euh...il va falloir que tu m'expliques deux trois choses Agathe, parce que là je ne comprends plus rien...
_ Bah ça ce n'est pas nouveau ! Bon j'étais sortie avec Daniel et on est allé prendre un verre au Sycomore. C'est là bas que je l'ai revu.
_ Je ne te parles pas de ça Agathe ! Grognai-je en me levant de ma chaise pour lui faire face.
Elle m'observa un instant et elle secoua la tête l'air de dire « Et alors c'est quoi le problème ? »
_ Tu crois que je vais te laisser te foutre de ma gueule encore longtemps ? Lui demandai-je.
_ Pardon?Demanda-t-elle avec un air presque halluciné que je lui parle ainsi.
_ Alors déjà d'une tu vas me rendre les clefs de mon appartement. De deux...
_ Ton appartement ? Ici tu es chez moi !
_ C'est vrai que les murs t'appartiennent mais je te paie un loyer donc entrer chez moi est une violation de domicile. Tu es au courant puisque tu es agent immobilier non !
Elle devint rouge de colère et je ne me laissai pas démonter en tendant ma main pour récupérer la clef. Certes j'avais le cœur qui battait vite et les mains qui commençaient à trembler, mais je me devais de ne rien lâcher. J'en serai d'autant plus fière !
_ De deux, il se trouve que tu as été des plus mesquines, méchantes, enragée et j'en passe et des meilleures, ce week-end ! Tu crois que je vais passer l'éponge sur tout ce que tu as pu dire sur moi depuis que l'autre jour, lorsque Miller et moi sommes venus chez toi pour mettre les choses au point.
_ Jaime ne sera pas toujours derrière ton dos pour te défendre Bérénice !
_ Est-ce que tu le vois là ? Non ! Tu vois je me débrouille très bien. Donnes moi les clefs Agathe !
_ Tu peux toujours rêver ! Sale garce ! Siffla-t-elle hargneuse en récupérant son sac et son café d'un geste brusque. Elle se retourna et s'en alla d'un pas tapant et elle essayait de garder une tenue digne mais la colère la faisait pencher en avant et la rendre plus ridicule qu'autre chose.
_ A la bonne heure ! Je te souhaite une excellente journée ! Ah et au fait Vincent Luthier travaille dans ma boite ! Et C'est moi que le chaperonne ! Sur ordre de Jaime ! Hum que de beau mecs rien que pour moi !!!
Alors qu'elle ouvrait la porte en grand dans un geste théâtral, elle se retourna vers moi les yeux sombres de colère. Bon peut-être n'aurais-je pas du le dire. Du moins pas de cette façon ! Mais elle l'avait bien cherché ! Mal m'en a prit. Elle claqua la porte, non sans m'insulter par tous les noms d'oiseaux les plus vilains qu'elle connaissait.
Son intervention m'avait coupée l'appétit et je regardai ma tranche de brioche que je tenais encore en main. De toutes façons il était temps pour moi de partir au boulot. Et je me promis qu'à midi je ne ferai pas l'impasse sur l'achat d'un nouveau cylindre pour ma serrure. Il était hors de question que je laisse Agathe entrer de nouveau chez moi aussi facilement.
Je ramassai mon bol et jetai ma tranche de brioche à la poubelle. J'allais me laver les dents et filai directement à mon arrêt de bus. Quand j'arrivai devant l'immeuble de mon travail, Milla débarquait elle aussi.
_ Salut ma belle bien dormi ? Dis donc tu en fais une de ces têtes !
_ Oui mais trop peu encore ! Et pour ce qui est de ma tête, tu ne devineras jamais qui a débarqué chez moi la fleur au fusil ce matin ?Lui répondis-je tout en l'accompagnant jusqu'à l'ascenseur que j'appelai.
_ Miller ?
_ Pourquoi lui ? Lui demandai-je en me tournant vers elle étonnée.
Milla rougit et se reprit :
_ J'en sais rien j'ai dit cela au hasard. Alors qui est-ce ?
_ Agathe !
Nous entrâmes dans la cabine l'une après l'autre et je lui fis un rapide résumerde la situation.
_ Nom de Dieu !Siffla-t-elle les yeux écarquillés de stupeur.
_ Ouais comme tu dis !
J'appuyai sur le bouton de notre étage et les portes se fermèrent avant de prendre son ascension.
_ Elle est gonflée tout de même ! S'invectiva Milla l'air aussi contrarié que moi.
_ C'est le mot oui.
_ Tu vas en parler au colonel ?
Ah oui je n'y avais pas penser ! Oui je devais le faire. Il devait être mis au courant, juste histoire de nous préparer au retour de manivelle qu'Agathe va se faire un plaisir de nous envoyer.
_ Oui je vais faire en sorte de le lui dire dés qu'il arrive.
Que n'avais je pas dit ! Une fois arrivée a notre poste nos tasses de thé fumantes en main, ce dernier arriva fort mécontent. Mon cœur se mit à battre un peu plus rapidement et une honte s'empara de moi. Il semblait vraiment de mauvaise humeur. Mais de quoi était-il désappointé ? Je n'en avais aucune idée, mais je n'allais pas tarder à le savoir.
Il ne nous salua pas et s'enferma directement dans son bureau. J'observai Milla l'air circonspect et elle me souffla.
_ Peut-être qu'il a eut vent de ta rencontre avec Agathe !
_ Tu crois qu'elle serait allée se plaindre auprès de lui ? Non, elle n'est pas aussi puérile que cela !
Bon sang j'espérai qu'il n'allait pas faire la tête toute la journée, parce que j'étais déjà bien ennuyée d'avoir eu un comportement des plus déplacés la veille ! Alors, si en plus il ajoutait de la distance, la froide atmosphère qui régnait allait s'intensifier et il ne sera pas le seul à jouer sa majesté des glaces.
Mon téléphone fixe sonna et je décrochai. C'était le colonel. Je soufflai, ça y était la journée de stress pouvait commencer.
_ Oui Monsieur ?
_ Dans mon bureau.
_ Oui Monsieur. Fis-je et je raccrochai la main atteinte de tremblements soudain.
Milla posa sa tasse et me fixait d'un air inquiet.
_ Ça va Bérénice ?
Je pris une grande inspiration et me levai.
_ Tu pourras mettre sur ma pierre tombale que j'étais une chouette fille ?
_ Qu'est ce qu'il veut ?
_ Je n'en sais rien mais je vais le découvrir.
Puis le cœur battant à tout rompre je me levai de mon siège et me dirigeai vers le bureau de mon boss.
Je frappai doucement à la porte et entrai sans qu'il ne me le dise.
_Fermes la porte derrière toi s'il te plaît. Dit-il d'un ton ferme, sans tourner la tête vers moi pour poser les yeux sur moi.
Ah ! Il n'était pas question de travail, sinon il ne m'aurait pas tutoyé. Je sentais que cela allait être le quart d'heure le plus long de mon existence. Il se tenait face à la fenêtre, dos à moi les mains dans les poches. Un silence pesant prit toute la place dans la pièce et je me sentis abattue tout à coup.
_ Je suis là. Dis-je à mi-voix.
Il ne dit rien puis se tourna vers moi. Son regard était triste. Je réussis à le détailler rapidement, et aujourd'hui il avait revêtu un costume gris classique et une chemise noire. Son visage devint grave et fermé, ses sourcils froncés et ses lèvres pincées, ne formant qu'une simple ligne.
_ Aimes-tu t'amuser à me torturer ? Demanda-t-il
_ Euh...Non. Je ne saisissais pas trop ou il voulait en venir.
_ Alors à quoi es-tu en train de jouer avec moi ?
Quoi ?
_ Je ne joue à rien...
_ Je voudrais que nous parlions de ta façon d'agir d'hier matin ?
Oh ! OK ! Je comprenais enfin. Et pourquoi voulait-il en parler là, maintenant ?
_ Je ne sais pas ce qu'il m'a pris...pardon.
_ Et avec ton amant fais-tu pareil ? Sait-il que tu me séduis aussi? Demanda-t-il en contournant son bureau pour se planter devant moi. Mince alors mes mains avaient très envie de se poser sur ses bras qu'il croisait sur son torse. Cela eut pour effet de tendre les manches de sa veste. Mais merde à quoi pensai-je ?
_ Non !...Je ne voulais pas faire ce que j'ai fait...Fis-je avec véhémence.
_ Tu me...commença-t-il avant de décroiser ses bras puissants et de venir frotter son visage désespéré. J'aurais tellement aimé être à la place de ton amant avant hier soir...mais c'est lui que tu as choisi. Continua-t-il d'une voix très basse, extrêmement basse. Ce qui me rappela la façon dont mon amant me parlait. Ce qui me troubla légèrement. Je reculai bien malgré moi d'un pas.
Il posa ses beaux yeux chocolat sur moi et son regard blessé me brisa le cœur. Je n'aimais pas ce que je voyais. Je n'aimais pas savoir que c'était moi qui était à l'origine de sa tristesse et de ses maux.
_ Jaime je suis...
_ Ne m'appelle pas comme ça ! Trancha-t-il d'un ton sec ce qui me fit sursauter. Je reculai d'un autre pas.
Il était en colère. Et je le comprenais. Merde ! Je reculai encore et me retournai pour sortir. Je ne pouvais pas rester ici, à le regarder me détester pour ce que j'avais fait ou pour ce que je ne pourrais jamais lui donner. Ou du moins pas pour l'instant.
_ Restes ici ! Ordonna-t-il au moment ou j'appuyai sur la béquille de la poignée.
_ Je ne vois pas pourquoi je resterais. Répondis-je sans me retourner. Mon cœur battait si fort que j'en avais mal. D'ailleurs quand j'y repensai mon cœur me faisait toujours mal lorsque j'étais en sa présence.
_ Si tu ne vois pas ce que j'ai à t'offrir. Alors poses-toi la question sur ce que tu as fait. Dit-il tout près dans mon dos
_ C'est vous qui êtes responsable du chaos dans mes sentiments ! Fis-je en baissant la tête, refusant ce qu'il essayait de me faire comprendre. Ma respiration commençait à être difficile. Je sentais que j'allais pleurer. Me voilà à fleur de peau maintenant.
_ Moi ? Tu n'as qu'à choisir entre lui et moi ! S'exclama-t-il la voix grondante.
_ Je ne peux pas ! Soufflais-je le cœur cognant toujours plus fort et la voix fébrile.
_ Si tu savais qui était ton plan cul peut-être que tu te rendrais à l'évidence que je suis bien mieux pour toi que lui ! Dit-il dédaigneux.
Comment pouvait-il dire cela ? Pourquoi tentait-il de me faire culpabiliser de ne pas le regarder lui, de ne pas le choisir ? Une migraine pointait son nez et battait mes tempes. J'hésitai entre la douleur d'avoir blessé Miller ou la blessure de mon amour propre qu'il venait piétiner en toute conscience. Mais je me retournai piquée au vif. Savait-il qui était mon amant ?
_ Vous savez qui il est ? Demandai-je méfiante.
Il ne dit rien mais à son regard, je compris que peut être il savait quelque chose. Il avait ce petit air triomphant de celui qui avait un coup d'avance.
_ Vous êtes simplement jaloux que lui ait le droit de me toucher et que vous, vous devez vous contenter de rêver ! Répondis-je, le doigt pointé dans sa direction, en ne lui laissant pas le choix de répondre.
Je me retournai vivement et ouvris la porte pour sortir au plus vite de ce bureau. Mais il me retint par le bras :
_ Si je savais réellement contre qui je devais me battre peut être que les choses seraient beaucoup plus simples. Dit-il très près dans mon dos d'une voix totalement différente.
Milla s'arrêta dans ses gestes et nous observa. A son regard, je compris qu'elle comprenait mon désarrois mais qu'elle était d'accord avec lui.Mon comportement venait de gâcher ma journée et ma relation naissante avec Miller. Parce que c'était bien de cela dont il s'agissait. Une relation bien plus personnelle que professionnelle.
Je tirai sur mon bras en fusillant Miller du regard et une fois sortis de son bureau, je laissai tomber mes épaules et me dirigeai vers les toilettes. J'avais besoin d'évacuer ce trop plein d'émotions qui venaient m'assaillir sans commune mesure. Je m'enfermai dans un cabinet et laissai libre court à mes larmes jusqu'à ce que je ne puisse plus pleurer. Bon sang j'étais vraiment fatiguée pour me mettre à pleurer ainsi ! Et Miller qui avait totalement raison. Si je ne savais pas qui était mon amant jamais je ne pourrais savoir le quel des deux étaient fait pour moi. Mais je n'avais jamais chercher à ce que Miller soit un amant pour moi. Bon si hier avec mon rentre dedans inconscient et honteux. Est-ce que je voulais aussi que Miller soit attiré par moi et qu'il soit un possible amant ? Oui ? Non !...Merde, je crois que oui, j'avais envie qu'il me désire et qu'il ne me lâche pas des yeux ! Je voulais qu'il me séduise tout le temps ! Je voulais qu'il me dise qu'il avait envie de moi ! Parce que je savais qui il était et que je le voyais! Contrairement à mon amant. Et que bon dieu oui ! C'était vraiment super agréable d'être le centre de l'attention d'un homme comme lui!
Il fallait que je prennes une décision. Ma décision et celle de personne d'autre.On frappa à la porte. Milla devait s'inquiéter.
_ Je vais sortir Milla ne t'inquiètes pas ! J'ai fini de pleurer.
_ C'est Vincent. Répondit une voix d'homme.
Vincent ? Que faisait-il dans les toilettes des dames ? J'essuyai mes yeux et mon nez avec du papier toilette et déverrouillai la porte pour découvrir Vincent appuyé contre un des lavabos.
_ Ce sont les toilettes des femmes ici tu sais ! Fis-je en jetant le papier toilette roulé en boule dans la cuvette avant de tirer la chasse d'eau.
_ Je sais, mais je m'inquiétai pour toi.
_ Pourquoi ? Demandai-je en prenant un essuie-main pour l'imbiber d'eau afin d'essuyer le peu de mascara qui avait coulé sous mes yeux.
_ Est-ce que Miller te fait du mal ?
_ Non... c'est plutôt moi. Répondis-je indignée qu'il pense cela.
_ Et c'est toi qui part en pleurant ? Demanda-t-il les sourcils froncés.
Il commençait à me gonfler avec ses questions. De quoi se mêlait-il ?
_ C'est compliqué Vincent. Soupirai-je en m'inspectant le visage sous toutes les coutures, cherchant encore du noir s'il en restait.
_ Racontes-moi.
Il rigolait ou quoi !
_ Sûrement pas !
_ Pourquoi ? Demanda-t-il en se décollant du lavabo contre lequel il s'était appuyé.
_ C'est entre lui et moi. Et en plus c'est personnel !
_ Ah si c'est personnel !
_ Qu'est-ce que tu veux ?
_ Juste te consoler. Dit-il avec un petit sourire malicieux.
Comment pouvait-il faire dans la drague alors que c'était un moment critique pour moi ?
_ Merci mais j'ai Milla qui le fait très bien. Dis-je en me redressant pour retrouver un semblant de fierté après la conversation avec Miller.
_ Ah ! Très bien j'ai compris. Je croyais qu'une épaule amicale masculine te serait d'un aussi grand secours que celle d'une femme. Fit-il en se redressant et en levant les bras.
_ Écoutes Vincent... c'est gentil de ta part mais ça va aller. Je vais bien j'ai repris le dessus et je vais retourner à mon bureau, j'ai du travail.
_ Très bien. Mais si tu as le moindre soucis avec lui tu peux compter sur moi. S'il abuse de son autorité, de son poste pour t'obliger à faire des choses, dis le moi. Je sais que nous n'avons jamais eut le temps de faire connaissance du temps ou je sortais avec Agathe, mais je t'ai toujours apprécié. Tu as toujours été gentille avec moi.
C'était ça le truc, j'avais toujours été la gentille copine d'Agathe, et rien d'autre !
Bon il fallait que je sorte de ces toilettes et que j'affronte Miller de nouveau et très certainement Pacôme qui a dut voir ce qui se passait depuis son bureau ouvert. Je me regardai une dernière fois dans le miroir sous l'œil attentif de Vincent.
_ Ceci dit ne t'inquiètes pas ton patron te dévorera des yeux à la moindre occasion.
_ Comment sais-tu cela ? Demandai-je en reculant d'un pas face à son visage fermé.
Vincent venait d'arriver dans la boite. Il n'avait effectué qu'une seule journée de travail et il avait déjà repéré le manège de Miller ?
_ Il y a des choses que tu ignores belle Bérénice...dit-il en me souriant de toutes ses dents avant de sortir des toilettes.
Je restai interdite. Il venait de m'appeler « belle Bérénice » . Comme mon amant le faisait. Merde alors ! Non ! Non ! Cela ne pouvait être lui ! Je devais me tromper ou me faire des idées ! C'était cela je me faisais des idées ! Je secouai la tête pour chasser cette idée complétement idiote de mon esprit et sortis enfin des toilettes. Lorsque je me dirigeai vers mon bureau je vis que Milla m'attendait en regardant à droite et à gauche. Elle se leva de son siège et vint jusqu'à moi sur la pointe des pieds :
_ Alors ?
_ C'est bon j'ai pleuré tout mon saoul.
_ Non je parlais du colonel.
_ Oh !... Je n'ai pas fait preuve de retenue Hier. Et il sait que je vois mon amant régulièrement.
_ Aïe !
_ Oui et il n'a pas apprécié. Et il n'appréciera pas tant que je continuerai.
_ Pourquoi ?
Comment pouvais-je lui dire sans que tout le monde sache que j'ai batifolé avec mon boss durant le week-end.
_ Alors ?
Bon je vis qu'elle ne lâchera pas l'affaire et puis finalement cela allait me faire le plus grand bien de me libérer du poids de ce secret.
_ Il y a eut des baisers et plus et affinités ce week-end. Avouais-je à mi-voix rapidement.
_ Okaaaaay... ceci expliquant alors ce qu'a dit le colonel tout à l'heure.
_ Oui.
_ Je sais que tu n'aimes pas quand je te fais mes remarques pleines de bon sens, mais il serait peut être temps que tu saches qui est ton amant et ce que tu veux réellement.
_ Ce que je veux réellement ?
_ Oui ! Le colonel ou ton mystérieux amant ?
_ Aaaah oui...Je sais. Soupirai-je, lasse qu'elle ait toujours raison elle aussi.
_ Non, parce que c'est vrai que cela n'avait vraiment rien d'innocent ton comportement auprès de Miller hier !
_ Crois-moi je m'en suis rendue compte toute seule.
_ Bon une chose est sûre le colonel est celui qu'il te faut.
_ Pourquoi tu dis ça ?
_ Il est beau, sexy, magnétique et surtout il ne te laisse pas indifférente.
_ Il y a quand même un petit détail que tu oublis !
_ Et quoi donc ?
_ C'est mon patron !
_ Par intérim.
_ Oui mais c'est mon patron !
_ Oh Bérénice arrêtes ! Dans quelques semaines il ne le sera plus et il retournera chez lui outre manche.
_ Qu'est-ce que tu essaie de me dire Milla ?
_ Que tu perds ton temps avec ton amant et que celui qu'il te faut est dans ce bureau.
_ Est ce que tu saurais quelque chose au sujet de mon amant ?
Elle regarda vers le bureau de Miller puis vers le coin des nouveaux et elle me chuchota :
_ J'ai découvert quelque chose oui... Mais j'ai promis de me taire.
_ Tu sais qui il est ?
_ Je...je sais qui il n'est pas. Et ce n'est pas Daniel.
Ce fut comme soulagement d'entendre cette réponse. Mais cela ne me disait pas qui il était.
_ Milla qui est mon amant ?
_ Je croyais que tu ne voulais pas savoir ! Faudrait savoir ce que tu veux ! S'exclama-t-elle les mains sur les hanches
_ OK ! OK !! Désolée tu as raison ! Fis-je en reddition.
_ Prends d'abord ta propre décision et après on en reparlera.
Et Miller sortit de son bureau et planta son regard dans le mien, que je détournai aussitôt tant il fut dur. Il me tendit une petite feuille.
_ Pourriez-vous aller me chercher deux-trois bricoles ? J'imagine que cela est dans vos attributions ? Demanda-t-il d'un ton froid.
_ Oui. Répondis-je simplement.
Et bien le vouvoiement est de nouveau de rigueur. Mais, n'est-ce pas ce que je voulais ? Après tout je ne voulais pas qu'il s'approche trop de moi mais en même temps je ne crachai pas non plus sur l'intérêt qu'il me portait. Du coup le retour du vouvoiement de sa part sonna comme un choc pour moi. Et je ressentis un pincement au cœur. Je l'avais sans doute un peu cherché.
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