38. Reprise et débordements.
J'étais en panique. Oui c'était le mot. Encore une réflexion sans aboutissement équivoque qui venait s'ajouter à la longue liste que j'avais déjà établi. Et malheureusement ce n'était pas ce matin là que j'allais en débattre. Ce n'était pas le moment. Tout se bousculait dans ma tête et avec mon amant collé à moi cela n'aidait en rien pour reprendre pied.
Tout cela parce que j'avais parlé d'Agathe. Pourquoi fallait-il que je l'ouvre ainsi ? Bah oui tiens comment gâcher une journée qui avait si bien commencé ! J'espère seulement que les choses n'allaient pas se dégrader avec Agathe. Du moins, plus qu'elles ne l'étaient déjà. Car en réfléchissant un peu, si Agathe pensait que je lui avais coupé l'herbe sous le pied en profitant des bons coté de son ami, ce n'était pas de ma faute. Je lui avais fait entièrement confiance. Et pour le coup elle avait perdu. Et cela avait fait ressurgir toute la haine qu'elle contenait à mon endroit. Et pour mettre fin à ses angoisses tortueuses, elle avait du, j'imaginai, elle-même chercher à savoir ce qui avait poussé son ami à coucher avec moi et pourquoi il s'était entêté à rester toute la nuit. Et très certainement que ce dernier lui avait alors raconté la vérité. Ce qui avait du lui déplaire et ainsi la rendre encore plus jalouse. Ma foi si toute cette histoire avait simplement pour fond : la jalousie. C'en était pathétique pour Agathe. Et Daniel bien sûr. Car ce dernier la suivait sans se poser de question. Même s'il était son frère, il n'avait pas beaucoup de caractère pour se contenter de rester son petit chien, fidèle à ses caprices.
Daniel, quand j'y repensai, j'avais longtemps été amoureuse de lui. Du moins je le croyais. Et avec ce qu'il avait balancé par SMS durant ce week-end, je n'étais non pas en colère contre lui, mais furieuse! Et je m'étais demandée comment pouvais-je être amoureuse d'un homme qui m'insultait et me rabaissait. Et au regard de ce qu'il avait pu faire, selon les dire de Miller et de Cassandre, ne faisait que me répugner un peu plus dés que j'y repensais. J'avais beau essayer de lui trouver un attrait qui prouverait que ce qui m'attirait chez lui l'était toujours, et je devais me rendre à l'évidence rien ne me faisait baver d'envie comme auparavant. Comment avais-je pu être aussi aveugle? Maintenant je n'avais que du dégoût à son encontre. Parce que ce dernier m'avait bien fait comprendre par ses SMS que je me trompais lourdement. Enfin bref, si le sentiment amoureux c'était ce que je ressentais à ce moment exacte. Et bien la merde dans laquelle je pensais être, est encore plus grande que je ne l'imaginais.
Parce que je venais de réaliser que ce que je ressentais à ce moment là pour mon amant était de la même nature que ce que j'avais ressentis pour Miller ce week-end. Comment était-ce possible d'avoir des sentiments pour deux hommes différents ? Il fallait que je me concentre. Il devait bien y avoir une différence quand même entre les deux ? Oui, me direz-vous. L'un est le patron le plus canon que je n'avais jamais vu. Et l'autre un parfait inconnu. Voilà la différence !
_ Bérénice ?
Réagir, il fallait que je réagisse bon dieu !!! Je fis la première chose qui me passa par la tête. Je lui pris la main et la portai à ma bouche pour y déposer un baiser des plus tendres et tentai de me serrer encore plus prés de lui. En fait j'avais autant que lui envie de passer les nuits à venir en sa compagnie. Et je sentis son cœur se ralentir et se calmer. Et je reconnus que le mien en avait fait autant. Cool, je venais de désamorcer une bombe que j'avais moi même allumée. Je dois être dans un bon jour. Pourvu que cela dure.
Mon amant partit le premier comme prévu après un dernier baiser. Je le suivis 20 minutes plus tard. David m'attendait dans le hall de l'hôtel et discutait avec Alice à mi-voix. Lorsqu'il me vit, il salua Alice et vint à ma rencontre. Je fis un signe de la tête à Alice accompagnée d'un sourire et suivis David dehors. Nous gardâmes le silence durant tout le trajet jusqu'à mon travail. Il me déposa devant l'immeuble et je le remerciai gentiment. Et il disparut dans sa voiture.
Je fus encore en retard mais j'avoue que j'ai eu un week-end éprouvant émotionnellement et une nuit follement mouvementée jusqu'au matin. Lorsque je fis mon entrée dans les bureaux, Milla m'attendait de pieds fermes pour avoir le résumé détaillé de mon week-end.J'imagine que ma tête de débauchée, fatiguée et bien baisée la renseigna très vite. Mais ce n'était pas tout à fait cela. Enfin en partie.
_ Salut l'anglaise ! S'exclama-t-elle en s'approchant de moi toute guillerette.
_ Salut Milla toujours sur le pont ! Tiens j'ai pensé à toi.
_ Oh un cadeau pour moi ? Du thé ! T'es trop chou ! Toi, t'es une amie...Tout ça ! Et bien je ne vais pas en manquer !
_ Comme ça tu vas être obligée de m'inviter plus souvent chez toi pour en boire.
_ Excellente idée ! Mais dis moi pourquoi ce petit cadeau ?
_ Pour te remercier de m'écouter me lamenter sur mes déboires amoureux !
_ Oh t'inquiètes ! Moi j'adore ça, t'écouter me faire des confidences. Et en parlant de confidences comment c'était ce week-end ? Me questionna-t-elle en me suivant jusqu'à mon bureau ou je rangeai mon sac dans mon tiroir.
_ Et bien que dire ?...Il est arrivé ? Demandai-je m'inquiétant tout à coup de me faire surprendre en plein debriefing.
_ Qui ça ?Le colonel ? M'interrogea Milla qui remettait son pull noir sur ses hanches.
_ Oui.
_ Non pas encore.Pourquoi ?
_ Parce que je n'ai pas envie qu'il entende ce que je vais te dire. Dis-je plus bas en cachant ma bouche de ma main.
_ Ok alors fais moi les grandes lignes et ce soir tu viens à la maison pour les détails.
_ Euh tu sais je n'ai pas beaucoup dormi cette nuit j'étais avec mon amant.
_ Han ! Haaan ! Je vois ce que tu veux dire. Sourit-elle complice.
_ Mais demain soir tu pourrais passer à la maison si tu veux.
_ Je vais devoir attendre encore jusqu'à demain soir !
_ Bon ce midi situ préfère.
_ Chouette ! Sautilla-t-elle sur place en se tapant les mains contente comme si elle venait de gagner au loto. Ses boucles rousses lâchées sur ses épaules l'accompagnaient en rythme.
_ Toi alors ! Souris-je en fermant sur mon sac le tiroir de mon bureau ou m'attendait ma tasse de thé.
_ Bon alors fais moi un résumé.
Je lui appris que ce ne fut pas un gala mais l'anniversaire de mariage des parents de Miller.
_ Quoi ! Mais pourquoi a-t-il fait ça ?
_ Il voulait me faire passer un bon moment avec lui et sa famille, qu'il m'a dit.Pour me faire oublier mes déboires d'avec Agathe... Et je crois que je lui plais beaucoup.
_ ...
Milla resta sans voix et la bouche grande ouverte. Ouais, m'entendre le dire m'en bouchait un coin aussi.
_ Enfin ce n'est pas le plus grave. Il a fait croire à sa famille et aux amis de celle-ci, que j'étais sa fiancée.
_ Merde alors !
_ Tu l'as dit. Je ne lui ai pas fais de cadeau!
_ C'est à dire ?
_ Je l'ai plus ou moins éblouie avec ma robe de princesse et quand j'ai appris qu'il avait mentit à sa famille et surtout à moi... je me suis vengée.
_ Noon !
_ Ouaaaais ! J'ai, du coup, raconté qu'il était tellement dingue de moi qu'il me couvrait de cadeaux tous plus beaux les uns que les autres. Que pour lui rien, n'était trop beau pour moi.
_ Noon ! Et alors ?
_ Il n'a pas trop aimé mais je n'ai fait que lui rendre la monnaie de sa pièce.
_ Et le reste de la soirée ?
_ Étrangement tout s'est bien passé et sa famille est très sympa. Sa sœur et son frère sont très gentils. Ses parents très bavards et ce sont de vrais bout-en-train. Et Miller et bien il a été fidèle à lui même. Quoi que malgré cela il a été prévenant et entreprenant à mon encontre.
_ Pas de tripotage et de baisers ?
J'évitai son regard. Que pouvais-je lui répondre ? Il s'était passé tellement de chose durant ce week-end, en ce qui concerne les baisers et les tripotages que si je lui racontais superficiellement elle décèlera que je ne lui disais pas tout. Mais est-ce que j'avais envie de lui donner les détails sur mon passé dissolu et sur les horreurs qu'Agathe m'avait infligées et qu'en réalité je ne m'en souvenais pas ?
Le ding de l'ascenseur se fit entendre. Sauvée par le gong, enfin par le« Ding ». Miller fit son entrée, les traits légèrement tirés.
_ Mesdemoiselles bonjour.
_ Monsieur Miller. Dit Milla avec un sourire qui voulait tout dire.
_ Monsieur. Dis je d'une voix à peine audible.
Je croisai le regard de Miller et de l'ascenseur jusqu'à son bureau il ne me quitta pas des yeux. Je détournai les miens gênée. Nous nous étions quittés bizarrement et en froid hier soir. Mon cœur se serra. Je n'eus pas trop le temps de m'appesantir, les petits nouveaux arrivèrent aussitôt. Miller sortit de son bureau et les accueillit avec un sourire chaleureux. Il les dirigea vers Milla et moi, nous représenta pour la forme et m'ordonna de les mener à leur poste de travail. Son ton avait été froid et il s'éclipsa dans son bureau à l'arrivée de Pacôme. Je laissai courir et avalai ma tasse de thé assez rapidement tandis que Milla commençait à dispatcher les petits nouveaux à leur poste. Je les rattrapai au petit trot pour reprendre le flambeau et ainsi laisser Milla reprendre son travail. Les anciens s'étaient déjà installés et bûchaient comme s'ils n'avaient pas quitté leur table de travail la veille. Je rencontrai les yeux gris de Vincent qui, d'un sourire qui se voulait satisfait, me fit un clin d'œil. Je rougis aussitôt. Merde alors n'avais-je aucune tenue ?
Je me repris en inspirant discrètement.
_ Voilà vous êtes tous à la même enseigne, les logiciels et le matériel que vous avez demandé sont installés à vos postes respectifs.
_ Avez-vous établi des plannings ? Demanda une jeune femme du nom de Zoé
_ Oui tenez. Pour les heures supplémentaires il y a une feuille à remplir dans le bureau de Pacôme. Répondis-je en leur tendant les emplois du temps.
_ Cela vous convient-il ? demanda la voix de Miller dans mon dos.
Je sursautai. Je ne l'avais pas entendu arriver.
_ Oui. Répondirent-ils tous ensemble.
_ Nous pouvons faire quelques ajustements si des obligations familiales posent problèmes. Reprit Miller
Tiens finalement il était assez conciliant compte tenue de la conversation que nous avions eut au tout début de notre coopération professionnelle. Enfin il régla avec les petits nouveaux, les horaires pour cette semaines puis je retournai à mon bureau. Miller passa devant mon bureau et je rencontrai son regard qui laissait présager bien des choses. Celles qui n'appartenaient qu'à notre intimité pure et celles qui allaient faire de ma journée, qui avait si bien commencé, un enfer dont je ne suis pas sûre de survivre. Et je me rendis compte enfin que mon cœur battait à la chamade à m'en faire péter les cotes. En réalité il battait ainsi depuis que Miller était entré dans les bureaux. Mon cœur avait subit tellement d'assauts de la part de mes émotions durant le week-end que je n'arrivai pas à me détendre comme je le voulais.
En vérité je m'étais imaginée que Miller se serait terré dans son bureau à négocier des contrats avec de nouveaux clients. Et que moi, je me serais contentée de m'occuper des petits nouveaux tranquillement. Mais non il passa sa matinée à me suivre, en me demandant des contrats anciens et ensuite d'aller chercher Pacôme une dizaine de fois pour des questions juridiques. Je m'étais même demandée s'il en faisait pas exprès de me solliciter juste pour être en ma présence et voir comment je pouvais réagir en la sienne. Et bien je réagissais ! Bon sang ! Les images très sexy et excitantes de samedi soir se bousculaient dans ma tête et ma petite culotte en faisait les frais !!
Merde ! Miller me mettait dans un état tel de désir et d'excitation que je ne me contrôlais plus. Et pourtant mon amant m'avait amplement satisfaite cette nuit et ce matin ! Serais-je devenue nymphomane ? Je faisais tout ce que je ne devais pas faire !Lui toucher le bras ou la main quand nous consultions un document ensemble et qu'il ne me laissait pas le temps de tout lire. Ou me coller à lui et frotter malencontreusement mes seins contre son bras de façon tout à fait délibérée quand nous débattions sur un autre document sur son ordinateur... Ouais je passai pour une grosse chaudasse et je ne savais pas pourquoi je faisais ça ! J'y avais beaucoup réfléchi et je crois bien que je culpabilisai de lui avoir dit que je passai la soirée avec mon amant et que je l'avais blessé. Je voulais qu'il me pardonne. Mais on ne demandait pas pardon comme ça !
Hein, on était d'accord ?
_ Bérénice ça va ? Me demanda Milla qui me sortit de ma réflexion, alors que je venais de poser mes fesses après une maladresse de ma part envers mon boss intérimaire.
Elle avait quitté son poste et s'était plantée devant mon bureau. Je la vis vérifier que Miller avait bien fermé sa porte.
_ Oui oui ! Fis-je en regardant l'heure sur mon écran d'ordinateur. 11heures.
_ Tu es sûre ? Parce que tu as un comportement bizarre.
_ Tu trouves toi aussi ? Demandai-je espérant que mon comportement justement était passé inaperçu aux yeux de tous.
_ Je peux être franche ? Me demanda-t-elle d'une voix basse.
_ Quand est-ce que tu ne l'es pas ?
_ Non sans déconner ! Je pense sérieusement qu'entre le colonel et toi il se passe quelque chose !
_ Ah ! Trouvai-je seulement à dire en plongeant mon visage entre mes mains pour me cacher.
_ Oui tu peux le dire ! Tu n'es pas si innocente que ça quand tu es en sa présence ! Qu'est-ce qu'il s'est passé entre vous durant ce week-end ?
_ Oooh tellement de choses inavouables ! Répondis-je désabusée.
Peut être que lui raconter tout mais vraiment tout me libérerait d'un poids et peut être même qu'elle me trouverait une solution à mon incapacité à définir ce que je ressentais pour mon amant ou Miller. Enfin pour y voir plus clair je savais très bien ce que j'avais à faire et je ne voulais pas encore le faire.
_ Ah !
_ Tiens toi aussi tu le dis !
_ Non mais tu t'es vue tout à l'heure ?
_ Oui je sais !!!
_ Je ne t'avais jamais vu faire du rentre dedans à quelqu'un mais là, bon sang le message était clair comme de l'eau de roche ! Même un aveugle pouvait ressentir tes phéromones se battre autour de toi pour se déployer sur Miller !! Fit elle à voix basse pour être sûre que personne ne nous entende.
_ Non pas tant que ça quand même ! M'exclamai-je sur le même ton.
_ Oh à peine ! C'est comme si tu lui disais que tu étais open !
_ Oooh mon Dieu je suis si pathétique ! Gémis-je en laissant tomber ma tête contre mon bureau lourdement. Aïe !
_ Je ne dirais pas cela, mais tu te débrouille de façon si particulière pour montrer aux gens que tu les aimes plus au moins bien.
Je relevai la tête pour l'observer. Ce n'était pas faux ce qu'elle venait de dire.
Elle garda le silence en me toisant et après un soupire elle me balança juste quand Miller débarqua derrière elle :
_ Le Colonel te plaît tellement que tu ne sais vraiment pas comment t'y prendre pour le lui dire !
Ah ! Comment mettre les deux pieds dans le plat ?
Je rougis violemment et fis de grands yeux à Milla qui en un quart de secondes comprit que Miller était derrière elle. Elle se redressa raide comme un balai, et ce fut à celui ou celles qui rougira le plus. Car Miller aussi passa par cette jolie couleur. Oh mon dieu !
Il se racla la gorge et Milla fila directement à son bureau la tête baissée pour ne pas à avoir à rencontrer le regard de mon boss.
_Mademoiselle Lorne vous pouvez me taper cette lettre pour Seruse ?
_Oui Monsieur. Murmurai-je en lui prenant la feuille A4 des mains en prenant soin de ne jamais rencontrer ses yeux.
Il retourna dans son bureau et ferma la porte derrière lui en silence. C'en était finit de moi ! Après cette gaffe de Milla, j'étais sûre qu'il n'allait pas me lâcher. Qu'il mettrait même un point d'honneur à gagner sa place dans ma vie. Je soupirai et m'enfonçai dans mon fauteuil désespérée par la tournure de la situation. Merci Milla !
Je l'observai à son bureau et elle ne s'était pas départie de sa honte car ses joues étaient toujours aussi rouges. D'ailleurs elle n'osait même plus me regarder. Je décidai de la laisser tranquille. Elle devait se fustiger à grands coups de bâton dans son esprit et elle soupira à plusieurs reprises. Quand elle répondait au téléphone sa voix n'avait plus la même assurance que quelques minutes auparavant. Il allait falloir que je la rassure mais pour l'instant j'étais encore en colère après elle. Même si aucune de nous deux avions pensé un seul instant que le colonel sortirait de sa tanière à ce moment là. J'allais donc laisser filer jusqu'à l'heure du déjeuner.
Ce fut elle, à midi, qui revint vers moi le feu aux joues avec un mouchoir en papier en guise de drapeau blanc.
_ Je te présente mes excuses les plus sincères Bérénice. J'aurais du faire plus attention.
_ Nous aurions du toutes les deux faire plus attention Milla. C'est bon t'inquiètes.
_ Comment réparer mon erreur ?
Je haussai des épaules ne sachant pas exactement comment elle pouvait se rattraper. Elle pouvait toujours me payer le déjeuner. Ce que je m'empressai de lui proposer. Elle reprit des couleurs normales et un sourire désolé éclaira son visage taché de son.
_ Tout ce que tu voudras.
_ Un déjeuner c'est très bien.
_ Super. Fit-elle soulagée.
Je me levai et vins la prendre dans mes bras pour lui montrer que je n'étais plus fâchée. Vincent allait partir au même moment que Milla et moi pour le déjeuner. Alors que nous attendions devant l'ascenseur, Milla lui demanda :
_ Vincent c'est bien ça ?
_ Oui.
_ Alors comment se passe cette premier journée ?
_ Très bien. Bérénice répond à toutes mes demandes et Mr Miller est toujours disponible quand moi et les autres avons des questions. Je n'ai pas encore eu l'occasion de parler avec Mr Lévy.
_ Oh il pense faire une petite réunion en fin de semaine pour débriefer un peu avec vous. Miller et lui pourront répondre sûrement aux questions que générera cette nouvelle semaine.
_ Super parce que j'ai déjà commencé ma liste avec Zoé.
_ Il ne faut pas trop t'inquiéter, il y a toujours un temps d'adaptation. Lui dis-je en entrant la première dans la cabine de l'ascenseur.
Milla et Vincent me suivirent. J'observai Vincent à la dérobée. Il portait un jean un peu large sur une paire de caterpillar à peine lacées. Il n'avait pour manteau qu'un gilet irlandais épais noir, fermé par une fermeture zippée.
_ Je sais, mais c'est quand même la boite de pub la plus en vogue à Fallesville !Faut pas jouer au con.
Milla et moi nous regardâmes avant de sourire.
_ Ça ta dirait de déjeuner avec nous ? Demanda Milla en lui offrant son plus beau sourire.
Elle semblait moins timide que la fois ou il avait débarqué pour son entretien. A moins qu'elle avait l'intention d'en faire son quatre heure, ce qui voulait dire qu'elle allait le travailler au corps avant de se lancer...
_ Avec plaisir ! J'allais vous demander si vous connaissiez pas une cafeteria ou un petit resto pas cher dans le coin.
Nous remontâmes la rue en direction du centre ville et traversâmes la grand rue pour entrer dans un petit restaurant familiale. La cuisine de Victor était comme son noms l'indiquait : une cuisine maison qui vous remplit l'estomac pour pas cher. C'est Milla qui avait découvert ce petit restaurant qui ne payait pas de mine. Très peu de table et il fallait parfois réserver en semaine pour être sur d'en avoir une.Nous étions des habituées. Nous y déjeunions environs deux à trois fois par semaine et Victor était devenu un ami. Enfin surtout celui de Milla. Il avait l'age de nos pères et était marié depuis25 ans à Graziella. Notre hôte avait une belle moustache noire striée de blanc et des yeux bleus perçants. Il avait toujours le sourire. Sa femme la cinquantaine bien portante faisait le service quand la salle était pleine.
Graziella nous accueillit avec un grand sourire et son accent chantant italien. Elle nous dirigea vers une petite table au fond de la salle et nous présenta le menu. En règle générale nous prenions le plat du jour juste pour le plaisir de découvrir un plat que nous n'avions pas décidé. C'était une surprise à chaque fois.
Vincent se montra assez timide à table il prenait son temps pour nous répondre sur ses impression de la matinée.Mais quand la discussion dériva sur des sujets plus légers et moins professionnels, il était très intéressant et cultivé. Et finalement il me semblait bien plus sympathique que le Vincent que je gardai en mémoire du temps ou il sortait avec Agathe. C'était même à se demander ce qu'il lui avait trouvé pour s'acoquiner avec elle.
A 13 heures 30 nous réglâmes notre déjeuner et retournâmes à l'agence l'estomac plein. Miller était déjà là en compagnie de Pacôme. Ils devisaient sur le plus gros projet que l'agence de Paris avait contracté et que nous devions absolument honorer. Anastasia en était la nouvelle responsable et fourmillait d'idée.
Quand nous apparûmes dans le hall d'entrée ils se tournèrent tous les deux vers nous. Miller capta aussitôt mon regard. La matin même il avait été des plus présent, ce qui ne m'avait pas arrangé. Mais ses yeux sur moi avaient quelque chose de gratifiant que j'appréciai malgré moi. Et même s'il fut souvent à mes cotés et que je lui avais fait un rentre dedans des plus équivoques, j'avais toujours fais en sorte de ne pas croiser ses beaux yeux chocolat. Et de ne pas les avoir rencontré ce matin avait généré une certaine frustration chez moi. Mais cela était uniquement de mon fait. Je secouai la tête et me rendis compte que je ne savais vraiment pas ce que je voulais. Car comme le dit bien l'adage, je ne pouvais avoir le beurre et l'argent du beurre. Et dans ce cas là le crémier en prime. Oui je ne pouvais pas me contenter de mon amant tout simplement ?
Je baissai les yeux sous le regard appuyé de Miller et rejoignis mon poste rapidement. L'après midi avait suivi le même tempo que le matin.Nous ne vîmes pas le jour jusqu'à ce que 18 heures sonnent de l'église Saint-Michel au loin. Il faisait déjà nuit et le vent s'était levé. Je me laissai tomber contre le dossier de mon fauteuil après avoir terminer de taper les notes que mon boss m'avait données puis me décidai à mettre les voiles après avoir rangé mon poste de travail. Milla faisait de même.
_ Bon toujours pas de debriefing ce soir ? Quémanda-t-elle encore pleine d'espoir.
_ Non Milla je suis fatiguée et je n'aspire qu'à me coucher aussitôt rentrer chez moi.
_ D'accord. Tu veux que je te dépose à ton arrêt ?
_ Si tu veux.
J'enfilai ma veste et accrochai mon sac à main sur mon épaule avant d'éteindre la lampe de mon bureau. Je rejoignis Milla qui m'attendait devant l'ascenseur qu'elle appela quand je me présentai à ses cotés. Une fois dans la cabine elle se tourna vers moi.
_ Bérénice je tenais à te réitérer mes excuses les plus sincères pour ce matin. Tu ne t'imagines pas comme je me sens mal !
_ Je n'ai aucun mal à imaginer dans quel état tu te sens. T'inquiètes c'est bon tu es pardonnée.
_ Sûre ?
_ Oui sûre.
_ Alors demain tu veux bien venir chez moi dîner pour me raconter ton week-end chez les Miller ?
_ Oui j'espère être en meilleure forme qu'aujourd'hui. Je suis complètement naze !
L'ascenseur s'arrêta et ouvrit ses portes. Nous en sortîmes de concert pour nous diriger vers la sortie. L'air ambiant extérieur s'était refroidi et je remontai le col de ma veste pour cacher mon cou. Milla s'était garée plus bas dans la rue.
_ Ton amant ne t'a pas laissé de répit ?
_ Non pas vraiment. Mais c'était génial ! Souris-je au souvenir de tout le bien qu'il m'avait fait.
Notre Bérénice commence à se lâcher avec Miller. Bien malgré elle.
Que pensez-vous de la gaffe de Milla?
Que pensez-vous que Miller va faire avec cette information?
Merci d'avoir lu.
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