Son soupire en lui même était explicite. Les vidéos était le sujet qu'il avait nullement envie de partager avec quiconque si ce ne fut avec sa sœur. Sa confidente.

J'attendis qu'il lâche le morceau mais rien ne vint. Miller évita mon regard et se ferma. Voyant qu'il n'était pas décidé à parler de cette vidéo je me tournai pour prendre le chemin vers la maison. Je n'allais pas continuer à rester à attendre que l'on me considère enfin! J'avais des questions et il ne semblait pas vouloir y répondre. Il comprit bien assez vite que je boudai de son silence qui me semblait tout à fait raisonnable et justifié.

_ Bérénice attends. Fit-il en attrapant mon bras.

Sa poigne se fit ferme sur mon bras, mais je notai qu'il relâcha très vite la pression et attendit que je lui fasse face.

_ Pourquoi êtes-vous toujours à jouer au jeu du chaud et du froid avec moi ? Demandai-je en fronçant les sourcils devant son air contrarié.

_ Je ne joue pas à ce jeu. Répliqua-t-il en me lâchant.

_ Alors répondez à ma question.

_ Tu ne vas pas aimer.

J'imaginai très bien que je n'allai pas aimer sa réponse mais je voulais quand même l'entendre. Mais il était assez pénible qu'il  veuille toujours décider pour moi.

_ Il me semble que je suis la plus à même de juger ce que j'aime ou non entendre.

Il se ferma de nouveau et soupira d'exaspération cette fois-ci.

_ C'est moi qui ai récupéré la vidéo.

_ Pourquoi ? Pour mater à loisir ?! M'écriai-je incrédule.

_ Tu vois, je savais que c'était une mauvaise idée ! Bon sang ! S'exclama-t-il en portant ses deux mains sur sa tête pour agripper ses cheveux d'énervement.

_ Alors ?

Il laissa tomber ses deux bras le long de son flanc et prit une grande aspiration avant de déballer sa réponse.

_ La vidéo fait partie de tout un tas d'autres preuves. Des preuves qui confirment que les Martin sont des manipulateurs, qui veulent uniquement foutre la merde dans la vie des autres. Juste pour leur propre gloire et si possible se faire un peu d'argent sur leur dos.

_ Comment avez-vous fait pour récupérer la vidéo?

Il évita mon regard un instant et je vis son visage se crisper quelques secondes. Me devoir des explications semblait le déranger, mais jouer franc jeu serait bien plus sain pour lui comme pour moi. Surtout concernant ce qu'il venait de me révéler.

_ Il y a une période de ma vie ou je n'étais pas dans la meilleure des formes. C'était 4 ou 5 mois  après mon divorce avec Hélène. J'ai retrouvé Agathe par hasard à Fallesville alors que je venais régler quelques points avec mon notaire. Nous avons commencé à nous revoir avec elle et Daniel durant quelques semaines et ils m'ont aidé à sortir de ma déprime. Je venais de perdre la femme que je pensais être celle de ma vie, régler un divorce qui m'a couté une fortune et mon quotidien avait changé du tout au tout. Il faut que tu saches que j'ai perdu énormément d'argent dans ce divorce. Ce qui a bien entaché mon patrimoine.

_ Vous êtes sorti avec Agathe? Je n'en ai jamais rien su! Comment a-t-elle fait pour que je ne sache pas? Je veux dire, vous ne veniez pas chez elle? Parce que je vous aurais remarqué quand même! M'exclamai-je en fouillant dans ma mémoire voir si je ne l'avais pas remarqué,  sans vraiment y prêter attention.

Il sourit. Je comprenais mieux. En même temps il était bel homme, je l'aurais forcément remarqué! Et ce même si j'étais amoureuse de Daniel.

_ Avec Agathe nous nous sommes rapprochés et comme tu peux l'imaginer nous avons eu une relation suivie. C'est à ce moment là que j'ai trouvé les vidéos. Un jour je l'aidai à mettre sa valise dans sa voiture après un week-end à la capitale. Et  j'ai découvert un carton dans le coffre de sa voiture. Et pour répondre à ta question nous allions toujours chez moi. Agathe prétextait toujours un problème de rats , puis de fuite d'eau et tant d'autres qui m'ont alors mit la puce à l'oreille.

Je restai silencieuse. Il m'étais difficile de comprendrece que Miller lui avait trouvé.Surtout maintenant que je découvrais le vrai visage d'Agathe.

_ Notre relation n'a duré que 3 mois. Reprit-il en fourrant ses mains dans ses poches. J'ai très vite remarqué qu'Agathe recherchait quelque chose de précis chez moi et ce quelque chose était mon argent. Cela m'a suffit pour rompre, parce que c'était presque le même schéma qu'avec Hélène mais en version plus rapide.

_ Agathe en avait déjà après votre argent? C'était il y a combien de temps?

_ C'était il y a à peu près 4 ans.

Ce qui expliquerait sa façon de s'approprier Miller comme sa propriété. Elle espérait sans doute remettre le couvert pour pouvoir profité des largesses du compte en banque de mon boss.

Tout à coup quelque chose qu'il avait dit frappa mon esprit. Et ce quelque chose ne me plaisait pas du tout.

_ Attendez, vous avez dit " LES " vidéos? Demandai-je sentant une chaleur envahir mon corps et monter lentement vers mon visage.

Il me dévisagea un court instant et baissa la tête.

_ Oui, il y a plusieurs vidéos. Elles ne te concernent pas toutes rassures-toi.

Mon sang se glaça et je cessai de respirer le temps de réaliser ce que j'avais bien entendu. Et quand bien même elles ne me concernaient pas toutes, cela voulait quand même dire que quelques une l'étaient.

_ Je les ai subtilisées à Agathe et cachées chez moi. Ici à Londres, là ou elle n'ira jamais les chercher. Si elle découvre que c'est moi qui les ai.

_ Elle ne sait pas que c'est vous qui les avez?

_ Non. J'ai fait en sorte d'incriminer Daniel. J'ai comme qui dirait manipulé Daniel un soir après un diner bien arrosé. Et cet idiot n'y a vu que du feu.

_ Pourquoi avoir fait cela? Enfin pourquoi avez-vous reprit les vidéos?

Il resta silencieux et me fixa avec un étrange regard. Il baissa les yeux et croisa les bras sur son torse, plus pour se rassurer que par témérité.

_ Je voulais obtenir des preuves que tout ce qu'ils faisaient n'était pas uniquement pour s'amuser, mais juste pour leur bénéfices et la satisfaction qu'ils en tiraient. Tous les deux se fichent pas mal de l'ensemble des personnes qui gravitent autour d'eux. Ils y trouvent de l'importance que si ces personnes peuvent leur apporter quelques choses.

Je réfléchis à ce qu'il venait de dire et je compris, que pour lui, ce qui attirait Agathe en particulier c'était l'argent qu'il représentait si elle devenait sa compagne. Elle l'avait tenté et avait échoué. Mais en ce qui me concernait, franchement je ne voyais vraiment pas ce qu'Agathe et Daniel avaient  à en retirer?

_ Vous avez visionné les vidéos?

Il évita soigneusement de me regarder en face et se contenta de détailler la roseraie pour chasser le malaise qui raidissait sa posture.

_ Oui. Une grande partie concerne des petits détails qui pourraient servir aux Martin à faire chanter telles ou telles personnes. Pour toi ce fut surtout celle du pari et quelques blagues débiles alors que tu cuvais ton vin... Ce qui maintenant, au regard de la découverte sur la possibilité qu'ils t'aient drogué, pourrait vouloir dire que tu dormais plus que tu ne cuvais.

En effet.

_ Ils m'humilient seulement sur ces vidéos?

Miller mit un temps pour me répondre ce qui n'augurait rien de bon.

_ ...Oui.

Pourquoi je ne le croyais pas?

_ Vous en êtes sur?

_ Filmer tes ébats sans ton consentement est une preuve qui pourrait les accabler si jamais ils allaient trop loin. Et il me semble qu'au regard de ce que nous venons de découvrir...

_ Quoi? Vous avez dit " filmer mes ébats" ?

Il rougit et détourna encore les yeux de moi.

_ Oui, souffla-t-il seulement.

Ma réaction fut immédiate. Je reculai de quelques pas la main sur mon cœur battant et le souffle court.

_ Mon dieu mais ils n'avaient pas de limites!

_ Il me semble que ce sont tes "amants d'anniversaire" ce qui expliquerait la date qui était toujours la même mis à part l'année.

Un long silence s'installa entre nous. Ce fut très prévenant de la part de Miller de me laisser me reprendre et de digérer cette nouvelle révélation. Une de plus!

Je soufflai plusieurs fois pour calmer mon palpitant et refouler des larmes qui tentaient de percer mes paupières que je serrai un peu trop fort.

_ Bérénice... avec ces vidéos et le peu de souvenirs que tu as nous pourrions monter un dossier. Dit Miller d'une voix douce et posée.

J'ouvris les yeux, le toisai incrédule avant de lui balancer la panique de la situation:

_ Nous n'avions rien! Je...Je ne me souviens de rien! Et je ne sais même pas qui étaient mes amants d'anniversaire! Que voulez vous que nous montions comme dossier? La seule chose que l'on retiendra, c'est que j'ai un manque de maturité évident et qu'Agathe ma meilleure amie n'avait fait que répondre à ma demande. Et elle serait bien capable de me faire passer pour la cinglée de service! Sans doute cela ressemble pour vous à des preuves accablantes au sujet d'Agathe!  Mais en ce qui me concerne ce sera pour moi, qu'elles seront accablantes!

_ A ce sujet tu n'as pas à t'inquiéter. Sur ces vidéos Agathe est on ne peut plus manipulatrice et naturelle de méchanceté. Écoutes avec les crises d'Agathe, nous concernant tous les deux, j'ai supposé que nous étions liés par quelques façons que ce soient. Et je ne veux pas qu'ils continuent à te faire du mal...à nous faire du mal.

Je l'observai quelques secondes pour tacher de comprendre ce qu'il m'arrivait. Que Miller mettait toutes nos chances de notre coté et qu'il semblait être prêt à tout pour sortir gagnant du merdier dans lequel Agathe venait de nous plonger. Je plissai des yeux et une larme perla avant de s'échapper laissant le chemin libre pour toutes les autre à venir.

Et merde!

_ Je ne comprends pas pourquoi?...Qu'est ce que j'ai bien pu leur faire pour qu'ils soient si méchants avec moi? Hoquetai-je en essuyant rageusement mes larmes qui devinrent plus nombreuses à se faire la malle. OK je peux être pénible quand j'ai bu mais delà à me rabaisser...

Miller s'approcha de moi et m'attira contre lui. Ses bras chauds m'entourèrent et une de ses mains vint agripper ma nuque qu'il caressa doucement de son pouce. Cela déclencha un long frisson dans tout mon dos et je fermai les yeux pour en savourer la vague qui s'échoua jusqu'à mon bas ventre.

Comment dans un moment pareil pouvais-je ressentir des choses hors sujet!

_ Je n'ai jamais su pourquoi ils en avaient après toi. Et je n'ai jamais cherché non plus a le demandé. J'avais surtout envie de découvrir s'ils n'y étaient pas pour quelque chose dans l'échec de mon mariage. Et si il a foiré, ce n'est pas qu'en partie de la faute de mon ex. Et je sais que ces deux là y sont pour quelques choses ! M'expliqua-t-il en posant sa joue sur ma tête.

_ Pourquoi avoir gardé toutes les vidéos qui ne vous concernaient pas? Après tout rien ne destinait à nous revoir?

_ C'est vrai mais c'est aussi un gage de toutes leur malversations. Il y a eut trop de choses de faites pour que je laisses passer ça. Que ce soit pour mon compte comme le tien. Répondit-il en me détachant de lui pour plonger son regard dans le mien. J'essuyai les sillons de mes larmes de la paume de mes mains, jusqu'a ce que je pense qu'il n'en restait plus aucune trace. et me souvins que j'avais le mouchoir de Cassandre dans l'autre. Et bien il me servit à m'essuyer le nez!

Il avait tellement raison que je me sentie terriblement idiote d'avoir eu tous ces sentiments pour Daniel. De ma confiance aveugle en l'amitié d'Agathe.

_ Oh... et dire que Daniel me trouvait enfin à son goût. Et que j'étais prête à le croire...

_ Je suis aussi passé par là avec Agathe puis avec Hélène. Dit il en posant un regard bienveillant sur moi.

Oh ! Il me parlait de son ex-femme. J'avais aimé savoir à quoi ressemblait cette fameuse Hélène. 

_ Le mieux est de t'éloigner de Daniel le plus possible. Fit-il en me tirant de mes pensées.

_ Ça ne va pas être facile, mais je pourrais toujours vivre dans la suite de mon amant, si celui ci le veut bien.

_ Ton amant ? Demanda-t-il en fronçant les sourcils presque surpris.

Oups ! Euh je crois que j'ai manqué une occasion de réfléchir avant de parler. Je vis qu'il serrait les poings un peu trop fort pour n'être que de la colère. Merde je n'en loupai pas une. Je pensai qu'il était à moitié au courant que je voyais mon amant. Avec Milla nous n'étions pas forcément discrètes à ce sujet. Comment vais-je m'en sortir ?

_ Oui... j'ai suivit le conseil que vous m'aviez donné. Balbutiai-je en sentant mon visage prendre des couleurs.

Ce qui était la vérité et qui ne voulait pas dire que c'était moi qui l'avais cherché.

_ C'est lui qui m'a contacté. Repris-je pour me justifier.

Pourquoi avais-je à me justifier ? Je n'étais pas mariée avec Miller ! Je n'étais même pas avec lui ! C'est lui qui me cherchait sans cesse !

_ Cela fait longtemps ? Demanda-t-il la voix très grave. Un timbre que je n'appréciai pas du tout.

J'évitai moi aussi de le regarder parce que je ne voulais pas voir toute la déception qui se peignait sur son visage. Car j'en étais responsable et je ne voulais l'être en aucun cas.

_ Bérénice? Redemanda-t-il en s'approchant un peu trop près.

_ Depuis mon anniversaire...enfin 3 semaines. Balançai-je pour avoir la paix, espérant qu'il s'en tiendrait à cette seule réponse.

_ Qui est-il ?

Ah la question piège, à laquelle je n'avais pas très envie de répondre. Je fuyais encore ses yeux interrogateurs.

_ Bérénice? Gronda-t-il en relevant mon visage en tenant mon menton.

_ ...Je n'en sais rien. Répondis-je en retirant mon visage d'entre ses doigts d'un geste de la tête énervée.

_ Comment ça tu n'en sais rien ? S'exclama-t-il incrédule.

C'est vrai que ce n'était pas la meilleure des idée mais jusqu'ici nos rencontres se passaient très bien.

Il semblait furieux de comprendre que si je lui résistai, c'était en partie parce que j'étais à moitié prise. Bon je ne sortais pas avec mon amant et nous n'étions pas exclusifs...Enfin nous ne l'avions pas formalisé non plus. Ou bien il semblait furieux que j'ai pu avoir cette idée et de l'avoir mis en œuvre.

_ Je ...j'ai instauré la même règle de jeu que pour mon anniversaire.

_ Qui est ? M'interrogea-t-il alors qu'il cherchait mes yeux pour y lire je ne sais qu'elle vérité sur mes émotions. Je n'avais qu'une envie ; m'éloigner de lui et de cette conversation car il était devenu plus que tendu par la tournure de cette dernière.

Et voilà le week-end qui avait commencé sous tension et qui avait baissé de régime, revenait à sa forme initiale ! Et merde quand allait-il prendre fin ?

_ Je porte un masque et je ne dois jamais entendre sa voix... ni son nom.

_ Bon sang ! Souffla-t-il en rejetant la tête en arrière incrédule face à la description de la situation que je lui faisais.

_ Je sais que ce n'est pas Daniel ! Ajoutai-je aussitôt pour me défendre. Ce qui fut peine perdue.

Il redressa la tête vers moi en colère que je puisse lui dire cela.

_ Encore heureux ! De toute façon il s'en serait déjà vanté et t'aurait humilié comme Agathe. Il va falloir que tu saches qui est ton amant pour découvrir s'il n'est pas de mèche avec eux ! Ordonna-t-il en me jetant un regard froid.

_ Quoi ? Non ! Il ne ferrait jamais ça ! Il a fait en sorte qu'Agathe ne sache pas que l'on se voit.

_ Comment peux-tu en être sure ? Tu ne sais pas qui il est !

_ Sinon Agathe aurait fait en sorte de me le faire payer ! Et vu qu'elle croit que je couche avec vous en plus, elle aurait déjà fais entendre sa rancœur !

_ C'est comme si nous le faisions...fit-il

_ Nous ne faisons rien ensemble. Nous ne faisons non plus qui pourrait laisser penser que nous sommes en couple ! Le coupai-je aussitôt pour lui retirer cette idée de la tête. Mais ce fut comme pisser dans un violon !

_ Excuses-moi mais maintenant si !

_ Pas du tout !

_ Rappelles-toi hier soir.

_ C'est différent ! C'est vous qui me cherchez sans cesse !

_ Vraiment ? Tu me donnes du Miller et du Colonel je te signale ! Si tu t'en fichais pas mal de moi tu te contenterai de m'appeler Jaime.

Ah ! Là il n'avait pas tord. Bon les fautes sont à 50 /50. Merde j'ai trop honte. Me rappeler de notre intermède d'hier soir,  alors qu'il était tout à coté de moi, fit réagir une partie de mon corps qui n'était pas censée le faire. Oh Non!  Je baissai les yeux et rougis comme une tomate. Un silence plomba l'ambiance et instaura un malaise qui semblait s'éterniser pour moi.

_ Tu aimes me donner des petits noms hein ? Demanda-t-il doucement en se rapprochant de moi.

Son intervention sans animosité soulageait l'atmosphère ce qui me permit de me détendre un petit peu. Et de me rappeler que, oui j'aimai à lui donner des petits noms. Ce qui me fit rougir de plus belle.

_ Désolée. Soufflai-je.

_ Regardes-moi. Ordonna-t-il d'une voix rauque.

Je secouai la tête trop honteuse.

_ Regardes-moi Bérénice. Répéta-t-il de sa même voix.

_  Non! J'ai trop honte.

_ Et moi alors ?

Je relevai la tête intriguée. C'est vrai, comment pouvait-il avoir honte lui qui était si sûr de lui? Si entreprenant !

_ Je t'ai menti pour t'avoir avec moi ce week-end. Je voulais...que tu sois en bonne compagnie loin d'Agathe et ses plans foireux. Et tu sembles à l'aise avec ma famille. Tu les as tous séduit. Adam t'aime bien, il te trouve très jolie...et ma mère t'adore. Elle aimerait beaucoup que je t'épouses. Rit-il doucement.

Sa colère s'était évanouie ce qui me rassura à moitié. Car il fallait bien l'avouer la conversation que nous avions maintenant n'était pas pour me détendre non plus.

_ Mais nous ne sommes pas ensemble. Ajoutai-je en baissant les yeux sur mes mains qui trituraient le pauvre mouchoir de Cassandre.

_ ...Je sais.

Il silence gênant s'installa entre nous et seul le chant des oiseaux ponctuait cet entre fait.

_ Tu te sens bien ici ? Demanda-t-il doucement.

_ Oui la journée a été très agréable si on oublie cette conversation. Et votre famille est vraiment très gentille et accueillante. Répondis-je sans pour autant lever de nouveau les yeux sur lui. Ma honte n'était toujours pas partie.

_ Tu sais nous pouvons être amis. Dit-il de but en blanc.

Je levai les yeux sur lui. Et nos yeux s'accrochèrent quelques secondes avant que je ne les baissai de nouveau, trop timide face à son assurance. Et je savais que ce n'était pas ce qu'il recherchait. Sinon pourquoi avions-nous cette conversation? Il ne s'amusait pas à me chercher comme il le faisait juste comme ça. Non il ne tentait pas de me protéger des malversations d'Agathe pour le fun. J'étais quasiment sûre qu'il avait quelques sentiments pour moi que je ne partageai pas malheureusement. Ou du moins pas des sentiments qui ressemblaient à ce que je pensais qu'il ressentait pour moi. Et pour cela il fallait que j'en sois sûre.

Aussi demandai-je le cœur battant à mille à l'heure :

_ Est-ce, ce que vous voulez ?

Il fuit mon regard un instant puis vint planter ses beaux yeux chocolat dans les miens et murmura presque :

_ Non ce n'est pas ce que je veux...je veux plus...

Mon cœur explosa dans ma poitrine et j'eus un mouvement de recule. Je le savais. Bon sang cela n'allait pas arranger notre situation. Comment allai-je devoir me comporter avec lui ? S'il continuait à me séduire comme il le faisait, je ne serais pas toujours en mesure de lui résister. Mais il se ferra du mal s'il pensait que je pouvais changer d'avis à son sujet, à ses sentiments. Et il comprit que je prenais peur face à cet aveu. Il passa sa main dans ses cheveux courts en rougissant.

_ Je suis désolé...

Cela me surprit de l'entendre s'excuser.

_ Non !... C'est flatteur... mais je n'ai pas ce que vous voulez de moi.

_ Milla t'a déjà dit de ne jamais douter de ton pouvoir de séduction. Et sur moi il a opé...

_ Jaime ? Bérénice ?...Ah vous êtes là tous les deux ! On vous attend pour le café avant que vous ne repartiez pour la France. S'exclama la voix d'Anderson qui apparut.

Miller ne me quittait pas des yeux et sa phrase restée en suspend fit battre mon cœur bien plus fort que tout à l'heure. Anderson s'approcha un peu plus de nous. Sa présence sonna le glas de notre conversation, et je devinai alors qu'elle n'était pas terminée et qu'elle serait reprise de toute évidence un moment ou un autre.

_ On arrive. Dit simplement Miller en se tournant vers son frère avant de lui faire signe que nous arrivions.

Nous remontages l'allée jusqu'à la véranda ou Catherine avait dressé sur la table du salon en rotin, le café. Je profitai d'aller me rafraichir aux toilettes et me rincer la bouche et remettre de l'ordre dans mon maquillage qui avait été malmené par mes sanglots quelques minutes plus tôt. Je récupérai mon smartphone pour consulter mes messages. Comme je l'imaginai Daniel avait encore allonger la liste de ses griefs et je découvris trois messages de mon amant. Mon palpitant s'accéléra et je souris malgré moi. J'étais toute contente de voir qu'il ne m'avait pas oublié.

"  Désolé je ne t'ai pas envoyé de message hier soir, un rendez-vous important qui a été un peu long à gérer. J'espère que ton gala s'est bien déroulé? Tu as du voir du beau monde? David t'attendra à l'aéroport comme convenue. Bon vol belle Bérénice..."

Il était trop chou de penser à moi. Par contre moi je n'ai pas eu totalement le loisir de penser à lui. Avec Miller dans les pattes...

" PS : J'ai pensé à toi toute la journée...Et je n'ai jamais  passé autant de temps sous la douche pour me calmer...comme tu peux le comprendre tu me manques!"

RRRRRrr! Qu'est-ce qu'il ne fallait pas me dire pour réveiller chez moi une certaine excitation!

" Tu pourrais me faire plaisir et enfiler tes nouveaux dessous ce soir?  J'ai trop hâte de te les retirer...avec les dents ça t'ira?"

J'éclatai de rire tout haut dans le hall d'entrée et m'en rendis compte. Je me retins en me cachant la bouche de ma main libre. Le sourire coller sur les lèvres je lui répondis.

" Salut mon bel amant. Désolée de te répondre que maintenant, nous étions à un déjeuner chez les parents..."

Oh là! Je ne devais surtout de lui révéler ce genre d'information. Je ne voulais surtout pas foutre en l'air la soirée de sexe tant attendue. J'effaçai donc la fin de mon message et le remplaçai par:

"... nous étions à déjeuner chez un très bon client de mon patron. Nous allons bientôt quitter Londres pour rejoindre l'aéroport. La soirée était agréable et sympathique. Pas de problème pour les dessous. Et ils seront à enlever exclusivement avec les dents. Terminé la douche froide! Gardes-toi pour moi! A tout à l'heure".

J'envoyai mon message et ramassai mon téléphone dans mon sac à main pour rejoindre la famille Miller au salon de la véranda.

Une heure après nous avions quitté Londres et trois heures plus tard nous débarquions à l'aéroport de Fallesville.

La nuit était tombée.

Une autre nuit allait commencer pour moi.